Academia.eduAcademia.edu
Schittly Marie-Aude Année Universitaire 2016-2017 Archéologie d’une Seigneurie l’exemple de Granges dans le Pays de Montbéliard (XVe-XVIIe siècles) Tome I Sous la direction de Monsieur Jean-Jacques Schwien, maître de conférence en Archéologie Médiévale Illustration de couverture Production d’Adrian Duchemin, collègue du Master, ami et virtuose du pinceau, commandée spécialement pour l’illustration de ce mémoire. Pour citer ce document Schittly 2017 : Schittly Marie-Aude, Archéologie d’une seigneurie : l’exemple de Granges dans le Pays de Montbéliard (XVe-XVIIe siècles), 2 Tomes, Mémoire de Master sous la direction de JeanJacques Schwien, Strasbourg, 2017, 243p. Remerciements J’adresse mes premiers remerciements à mon directeur de mémoire, Jean-Jacques Schwien, qui me suit depuis plusieurs années sur le projet de Granges malgré toutes les incertitudes que ce sujet laissait planer. Il a répondu présent quand cela était nécessaire et a réussi à effacer les doutes qui ont pu se mettre en travers du chemin. Je remercie ensuite tous les professionnels et les universitaires, encore en poste où à la retraite, qui m’ont aiguillée pendant ma recherche. Je commence par René Locatelli qui a accepté de lire mon projet intermédiaire de recherche, m’a donné de nombreuses données et de précieux conseils pour améliorer ce travail. Puis, par ordre d’apparition et de contact, mes remerciements vont à Paul Delsalle et André Bouvard qui, dès le départ du projet, m’ont aidée à m’orienter dans la bibliographie et les archives. Leur assistance a été extrêmement précieuse. Merci également à Yves Vachet et au personnel du service de l’Inventaire et du Patrimoine, à Nathalie Bonvalot qui a tenté de sauver le potentiel archéologique du château de Granges et au personnel des Archives du Doubs et de la Haute-Saône pour sa disponibilité et à celui de la Société d’Emulation de Montbéliard, au personnel de la Drac de Besançon et particulièrement à Marie-Hélène Chenevoy pour son efficacité et sa disponibilité. Un remerciement profond également à Jean Hennequin, dont la rencontre fut tardive mais si constructive. Enfin, je tiens également à présenter ma plus profonde gratitude à Stéphane Guyot dont le professionnalisme et la sincérité m’ont permis de garder foi en mon projet et dans mon orientation professionnelle. Je désirais également remercier mes amis comtois qui m’ont fait découvrir le merveilleux pays haut-saônois et la commune de Granges-le-Bourg. A mes amis de la faculté les plus proches, j’offre ma reconnaissance éternelle pour toutes ces heures à se soutenir pendant ces années de recherches : à Anne, Laura, Alissia, Amélie, Manon M, Thibaud, Rémy, Benjamin, Alexandre, Maxime, et tous les autres, je leur souhaite bonne continuation. A Adrian, j’exprime ma plus profonde gratitude d’avoir accepté d’illustrer mon master. Merci également à Rachel pour son accueil et pour ses encouragements. Enfin, je souhaite remercier ma famille. Tout d’abord mon conjoint, Valentin, qui supporte, avec courage, au quotidien, l’ascenseur émotionnel qui siège en moi. Je n’oublie pas JR et Hélène même s’ils n’ont pas toujours compris mon activité, ils ont respecté mon travail. A mes parents, un merci particulier. Je leur dois la réussite de toutes ces années. Ils m’ont appris la rigueur, la persévérance, la bonté, ils m’ont toujours laissé croire en mes rêves. Merci de m’avoir soutenue depuis le début de l’aventure archéologique. Merci de m’avoir poussée à suivre mes projets malgré certaines difficultés de la vie qu’il a fallu traverser et particulièrement ces dernières années. Merci pour ces heures supplémentaires de lecture qui ont été consacrées à ce travail. Merci d’être ce que vous êtes, et de m’avoir donné ce qu’il y a de meilleur en moi. Je suis fière d’être votre fille. Merci pour tout ! Et pour n’oublier personne, merci à toutes celles et tous ceux qui, de près ou de loin ont contribué à mon projet universitaire dans son ensemble. Ma dernière phrase est destinée à tous ceux qui veulent se lancer sur les traces de la seigneurie de Granges, elle en vaut la peine, bon courage ! Sommaire Remerciements .....................................................................................................................3 Introduction .....................................................................................................................6 I. A la découverte de l’histoire d’une seigneurie .......................................................17 A. Le territoire de Granges avant la seigneurie .......................................................17 1. A la conquête de la Porte de Bourgogne .......................................................17 2. L’installation humaine dans la Porte de Bourgogne, des origines à la fin de l’époque romaine ...........................................................................................20 3. La porte de Bourgogne jusqu’au XIe siècle : l’émergence du comté de Montbéliard et d’une nouvelle élite locale .......................................................24 B. La maison de Granges, des origines au XIVe siècle ...........................................27 1. Les origines incertaines d’une nouvelle puissance locale ...................27 2. De l’affirmation du lignage à son basculement (XIIe-XIVe siècles) .......31 3. Conclusions principales sur la seigneurie indépendante de Granges .......33 C. La seigneurie de Granges à partir du XIVe siècle : de la mouvance des ducs- comtes de Bourgogne à la dépendance germanique .......................................................35 1. Le développement de la seigneurie sous les Montfaucon ...................35 e 2. Le XIV siècle, temps de crises, temps d’espoir : difficultés politiques et ascension bourgeoise ...............................................................................36 3. La domination wurtembergeoise : cadre historique de nos archives .......37 II. Le dépouillement des archives comptables .......................................................41 A. L’évolution et le développement d’un outil de gestion ...........................................41 1. Historiographie de la gestion comptable seigneuriale ...............................41 2. Vers l’apogée de la «civilisation comptable» ...........................................42 B. La pratique comptable dans la seigneurie de Granges ...........................................44 1. Corpus documentaire et méthodologie .......................................................44 2. L’objet comptable : analyse codicologique du livre de compte ...................54 3. Rappel des grandes évolutions codicologiques ...........................................72 C. Les receveurs de Granges dans la «civilisation comptable» bourguignonne .......76 1. Les connaissances sur la gestion comptable dans les terres bourguignonnes .76 2. Le receveur de Granges : acteurs, victimes ou exclus de la normalisation financière .......................................................................................................79 4 III. L’organisation seigneuriale «matérielle» : les équipements ...............................81 A. Lecture des comptes et repérage des mentions : élaboration du catalogue .......81 1. Question de définition ...............................................................................81 2. Question de méthodologie ...............................................................................86 3. Question de chronologie ...............................................................................89 B. Typologie des équipements : présentation du catalogue ...........................................93 1. L’organisation de chaque présentation .......................................................93 2. Présentation des catégories d’équipements ...........................................97 3. Etude de cas : analyse géographique comparative des fours et des moulins .125 C. Répartition générale des équipements : exploitation du catalogue ..................129 1. Catégorisation des équipements .................................................................129 2. Répartition des équipements par commune .........................................130 3. Répartition typologique des équipements par commune .............................133 IV. Cartographier la seigneurie .............................................................................140 A. Une seigneurie matérielle évolutive .................................................................140 1. Carte récapitulative de l’exploitation du catalogue .............................140 2. Construction chronologique de l’espace matériel .............................142 3. Evolutions du paysage matériel seigneurial : bilan, précisions et mise en contexte .....................................................................................................150 B. Des ressources cartographiques complémentaires abondantes .............................152 1. Des nouvelles sources primaires : les montres d’armes .............................152 2. Les productions cartographiques locales .....................................................163 3. Les études récentes .............................................................................182 C. Bilan cartographique : reconstruire une seigneurie .........................................195 1. Comparaison et complémentarité des sources : croiser les documents pour affiner la carte .........................................................................................195 2. La seigneurie de Granges, cartographie unique et figée ou réalités multiples et évolutives ? .............................................................................204 3. Un espace hiérarchisé : centres et périphéries .........................................210 Conclusion .............................................................................................................................214 Table des figures .................................................................................................................219 Table des tableaux .................................................................................................................223 Bibliographie .................................................................................................................224 5 Introduction Démarrer une monographie dans le cadre d’un mémoire de Master apparaît comme un défi risqué quelque peu cloisonnant pour l’étudiant. Pourtant, les recherches nécessaires à une production scientifique de ce type permettent au chercheur de se familiariser avec une multitude de sources. Bien souvent confiné dans sa spécialité, l’érudit exclut un nombre considérable de documents parce qu’il estime ne pas avoir les connaissances et/ou les techniques nécessaires pour les étudier. Pourtant, c’est bien cette abondance de sources et leur multiplicité qui caractérisent le monde médiéval qu’on ne pourrait prétendre comprendre en se bornant à une approche unilatérale et uni-disciplinaire. Il serait bien prétentieux d’aspirer à produire un ouvrage sur la seigneurie de Granges, d’une aussi bonne qualité que ce qui fut fait pour le château de Montfaucon par les deux principaux contributeurs, le professeur René Locatelli et le maître de conférence en archéologie médiévale Jean-Jacques Schwien1. C’est pourtant avec l’optique similaire d’offrir une approche historique et archéologique de la seigneurie, que ce projet vit le jour. La seigneurie de Granges prend place dans l’espace de la vallée de l’Ognon en plein centre du Pays de Montbéliard. Elle se développe autour de son chef-lieu Granges-le-Bourg [Fig.1] localisé en Haute-Saône (70) pour s’étendre jusque dans le département du Doubs (25). LANGRES HAUT RHIN e ôn Sa Og no n Luxeuil-les-Bains TERR.DEBELFORT HAUTE-MARNE LURE BELFORT Og non VESOUL e ôn Sa Granges-le-B. Héricourt MONTBELIARD Légende Gray Limites départements Hydrographie s Doub Voirie (nationales et départementales) COTE-D’OR Principales villes Saône n no Og s Doub BEASANCON DOUBS Localisation de Granges-le-Bourg (Centre de seigneurie) JURA Figure 1 : Localisation de Granges-le-Bourg sur une carte générale de la Haute-Saône Sources : Fond de carte France http://histgeo.ac-aix-marseille.fr/webphp/carte.php?num_car=1515&lang=fr (Données : ESRI Inc, Eurogeographics, IFREMER, Institut national de l'information géographique et forestière) DAO : Schittly Marie-Aude 2017 1 Association du Château de Montfaucon, Le Château de Montfaucon (Doubs), du bourg au village, 2012 6 Mise en place du sujet : coupler l’archéologie avec l’histoire pour créer une problématique nouvelle Avant de poursuivre cette présentation de la seigneurie de Granges, il est nécessaire de définir plus précisément les termes du sujet exposé en couverture. Dans la vision populaire, l’archéologue recherche des objets de valeur, des trésors qui lui apporteront gloire et fortune. Si cela a pu être vrai au XVIIIe et XIXe siècle, l’archéologie recouvre aujourd’hui une toute autre réalité. Menant une «étude des civilisations anciennes réalisée à partir des vestiges matériels d’une activité exercée par les hommes, ou à partir des éléments de leur contexte», l’archéologue est davantage anthropologue que chasseur de trésors1. En France, l’archéologie médiévale se développe au XIXe siècle sous l’impulsion de deux passionnés d’architecture : Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879) et Camille Enlart (1862-1927). Le premier fait partie, à partir de 1830, d’un vaste programme de restauration de monuments initié par Prosper Mérimée, connu sous l’appellation des Monuments Historiques2. Sa renommée provient notamment de la publication, entre 1854 et 1868, d’un Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVe siècle3, accompagné d’un second dictionnaire sur le mobilier. De formation d’architecte, il produit des dessins précis et techniques en plan, en coupes et en élévations avec des données métriques et les descriptions des matériaux. Certains monuments, religieux comme laïcs, sont encore connus aujourd’hui uniquement par son travail. Camille Enlart, quant à lui, juriste de formation mais passionné d’histoire médiévale, publie en 1902 le Manuel d’Archéologie Française du Haut Moyen Âge à la Renaissance, dans un but pédagogique à destination, notamment, des étudiants désireux de connaître l’architecture médiévale. Au XIXe siècle, ces premiers pas de l’archéologie médiévale sont encore étroitement liés à l’histoire de l’art. Cependant, cette discipline nouvelle se constitue progressivement sa propre identité. La création du premier Centre de Recherches Archéologiques Médiévales (Cram) à Caen en 1955 par Michel de Bouard, marque un nouveau temps fort dans la genèse de l’archéologie médiévale et une réelle volonté de fonder une discipline indépendante4. Les historiens de formation, qui officient au sein de ces groupes de recherches au nombre croissant, sont les nouveaux archéologues médiévistes. Ils continuent de se concentrer, dans un premier temps, sur des thématiques traditionnelles, issues de l’histoire ou de l’histoire de l’art, et principalement orientées vers l’étude des lieux de culte et de pouvoir5. Ils s’attaquent ainsi aux symboles les plus caractéristiques et emblématiques du Moyen Âge. Toutefois, ces problématiques s’étoffent grâce à des approches et des raisonnements nouveaux. De nouvelles thématiques, notamment sur l’organisation des territoires par rapport à ces lieux centraux ou encore sur l’archéologie du paysage au sens environnemental, se développent. De nombreux travaux sont alors engagés et aboutissent, encore récemment, à d’importants ouvrages sur les réseaux, à l’exemple des oeuvres de Michelle Colardelle, Alain Kersuzan ou encore Hervé Mouillebouche, traitant, tous trois 1 Larousse en ligne : http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/archeologie 2 Pesez, « Archéologie », in Dictionnaire du Moyen Âge, 2012, p.77 3 Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVe siècle, 1854-1868 4 Ce centre existe encore aujourd’hui sous le sigle : Craham Centre de Recherches Archéologiques et Historiques anciennes et médiévales. Toute l’histoire et l’évolution de ce centre est développée sur le site internet : http://www. unicaen.fr/crahm/spip.php?article166 5 Burnouf, Archéologie médiévale en France : Le second Moyen Âge (XIIe-XVIe siècle), 2011, p.15 7 des réseaux castraux1. Certes, l’arrière-plan socio-économique dans lequel s’inscrit ces édifices, autrement dit la «seigneurie», n’est pas réellement pris en compte dans ces travaux. Cependant, ces thématiques innovantes incluent l’édifice, étudié jusqu’alors de manière ego-centrée, dans un espace beaucoup plus large et le confronte à des pouvoirs parallèles. A titre d’exemple, le travail d’Alain Kersuzan comprend une importante démonstration sur l’architecture castrale et l’aspect matériel de ces constructions. C’est une approche relativement classique du sujet, mais ses analyses lui permettent d’intégrer chaque édifice dans un plus large réseau qui se forme dans un contexte politique conflictuel particulier2. L’édifice s’ouvre ainsi à un espace dépassant les limites de son enceinte. Le développement de l’archéologie préventive à partir des années 1980, conséquence des grands scandales de la fin des années 1970 et du développement du concept de «patrimonalisation»3, offre à l’archéologie médiévale sa dernière grande évolution4. Elle permet de connaître aussi bien le paysage rural qu’urbain, que les sols par la fouille traditionnelle et les élévations à travers le développement de l’archéologie du bâti. Ainsi, dès les années 1990, près de la moitié des prescriptions portent sur le Moyen Âge5. En ce qui concerne l’archéologie de la période Moderne, son développement est plus tardif et se place dans ces mêmes dernières décennies du XXe siècle. Si elle n’en est encore aujourd’hui qu’à ses débuts, elle fait l’objet d’un nombre croissant d’actions de préservation et bénéficie des dernières méthodes de recherches déjà utilisées pour la période médiévale. La discipline archéologique a donc profondément évolué et sa pratique s’est élargie à de nouvelles périodes, de nouvelles approches mais aussi de nouvelles méthodes d’investigations à travers la création de nombreuses structures. L’objet est important, mais les faits archéologiques et les murs dans lesquels il s’inscrit le sont peut-être encore plus. L’artefact devient souvent l’outil de datation du complexe architectural dans lequel il est découvert mais l’organisation interne du site et son implantation dans son environnement sont des problématiques actuellement majeures en archéologie. L’accent est donc aujourd’hui davantage mis sur la compréhension du paysage ancien et sur l’organisation de l’espace aux époques antérieures. Dans l’intitulé, la notion d’ «archéologie» s’oppose, ou s’appose, à un concept spécifiquement historique, celui de la «seigneurie». Terme utilisé couramment dans les textes à partir du XIIIe siècle, la seigneurie est habituellement définie comme un territoire, appelé «domaine», soumis à la puissance d’un seigneur qui y exerce un certain nombre de pouvoirs6. Toutefois la notice 1 Colardelle, Mazard, Verdel, Les châteaux de la seigneurie de Clermont au Moyen Âge : XIIe-XIVe siècles, 1997 Kersuzan, Le réseau castral savoyard de Bresse et de Bugey pendant la guerre delphino-savoyarde : 1282-1355, 2002 et sa publication Kersuzan, Défendre la Bresse et le Bugey : les châteaux savoyards dans la guerre contre le Dauphiné, 1282-1355, 2005 Mouillebouche, Les maisons fortes en Bourgogne du Nord du XIIIe au XVIe s : approches archéologiques et sociohistorique, 2001 2 Kersuzan, Défendre la Bresse et le Bugey..., p.11 3 Dans les dernières décennies du XXe siècle, une réelle volonté de préservation du patrimoine se fait sentir et se concrétise légalement par la mise en place de plusieurs projets de loi dont la loi Malraux. 4 Burnouf, Archéologie médiévale..., p.19 5 Burnouf, Archéologie médiévale..., p.20 6 Gérard Thill considère, à contrario, que le domaine, fondé sur la détention de la terre seule, est profondément différent de la seigneurie fondée sur un ensemble de droits sur les personnes et les biens. 8 explicative fournie par Robert Fossier, spécialiste de la question, relève, sur le sujet, un certain nombre de problèmes qui prouvent la complexité d’établir une définition générale de la seigneurie capable d’englober, en son sein, l’ensemble des entités seigneuriales existantes1. En effet, le terme de « seigneurie » représente une multitude de réalités qui évoluent suivant les siècles, l’espace (France ou Empire Germanique), le statut du seigneur (laïc ou ecclésiastique) ou encore la puissance de ce dernier. Robert Fossier pointe ces différences trop souvent mises de côté par souci de simplification de définition entre les régions et les époques2. Gérard Thill, quant à lui, parle même de «montage photographique» qui gomme toutes les spécificités locales3. Ces problèmes sont accentués par le manque de sources avant le XIVe siècle. Supprimer ce terme complexe faciliterait la tâche des historiens mais son utilisation omniprésente dans les textes médiévaux et modernes rend le concept seigneurial inhérent à ces deux périodes4. Entre seigneurie « privée », « foncière » ou « politique », les historiens s’entendent sur l’utilisation de l’appellation de « seigneurie banale », plaçant ainsi le ban, et les droits qui en découlent, au centre de la construction seigneuriale. De cette manière, le ban incarne le pouvoir public qui « groupe les notions romaines d’auctoritas (prestige moral), de potestas (puissance matérielle, notamment militaire), de districtum (droit de poursuivre, juger et punir) »5. Cependant, il ne faut pas oublier, comme l’explique parfaitement Gérard Thill, que «définir c’est atteindre au général en éliminant le particulier, en faisant fi de la complexité et de la diversité du concret, et donc, sinon trahir, du moins appauvrir la réalité»6. Du point de vue archéologique, il n’existe pas de définition du terme de «seigneurie» : à ce jour, aucun archéologue ne s’est encore demandé si les trois notions majeures d’auctoritas, de potestas et de districtum se perçoivent archéologiquement. En d’autres termes, une réflexion seigneuriale matérielle permettrait-elle, pour la première fois, de donner une définition archéologique de la seigneurie ? L’organisation seigneuriale est-elle réfléchie et méthodique ou aléatoire et empirique ? Ces questions restent, pour le moment, sans réponse et la manière dont s’inscrit une seigneurie sur son sol est pour le moment une énigme. Entre le Xe et le XVIIIe siècle, la seigneurie est la «cellule première de la vie quotidienne» et se décrit comme une «forme coutumière [...] d’encadrement des hommes» sur tous les aspects sociaux, économiques et politiques à travers la signature d’un «contrat» d’aide et de protection entre seigneur et sujets7. Le seigneur se différencie des autres par le prestige qu’il a acquis, par ses possessions qui lui concèdent un pouvoir économique et par un pouvoir politique attribué par la protection qu’il peut fournir8. L’apogée de ce système est traditionnellement situé autour de 1050-1057, il décline vers 1250 mais ne s’éteint pas pour autant9. Aussi, le concept ne s’arrête pas en 1492, à la fin présupposée du Moyen Âge, mais perdure encore pendant de longs siècles. Thill, «La seigneurie en Lotharingie au Moyen Âge : quelques constatations et propositions », in La seigneurie rurale en Lotharingie, 1986, p.146 1 Fossier, « Seigneurie », in Dictionnaire du Moyen Âge, pp.1314-1317 2 Fossier, «Seigneurs et seigneuries au Moyen Âge», in Seigneurs et Seigneuries au Moyen Âge, 1993, p.10 3 Thill, «La seigneurie en Lotharingie au Moyen Âge...», p.145 4 Fossier, «Seigneurs et seigneuries au Moyen Âge», p.10 5 Fossier, « Ban », in Dictionnaire du Moyen Âge, pp.128-129. 6 Thill, «La seigneurie en Lotharingie au Moyen Âge...», p.145 7 Fossier, «Seigneurs et seigneuries au Moyen Âge», p.9 8 Fossier, «Seigneurs et seigneuries au Moyen Âge», pp.15-17 9 Fossier, «Seigneurs et seigneuries au Moyen Âge», p.20 9 L’historiographie offre peu d’informations sur le devenir de la seigneurie et de son système pendant l’époque moderne, et particulièrement au début de cette dernière. Robert Fossier clos son explication de l’évolution seigneuriale sur une «crise du féodalisme» des XIVe et XVe siècles1. Par ailleurs, les études produites sur le sujet se bornent souvent au XIIIe siècle, à l’instar du travail de Robert Boutruche2. Des cas seigneuriaux sont à nouveau étudiés à partir de 1650 jusqu’à la Révolution Française mais l’évolution de la seigneurie entre le XIIIe et le milieu du XVIIe siècle est relativement mal connue3. Si quelques études de cas observent une continuité entre le Moyen Âge et l’époque Moderne, une analyse plus précise sur la longue durée de la notion de «seigneurie» reste encore à produire4. Philippe Contamine pointe dans l’une de ses nombreuses contributions cette absence d’«étude complète sur le sujet»5. Il ne prétend pas y remédier, mais son approche est importante et pionnière dans la tentative de cerner les caractéristiques générales de la seigneurie au-delà du XIIIe siècle jusqu’au XVe siècle. De son analyse, il ressort, que vers 1500, les principes originels de la seigneurie persistent, à savoir le contrôle d’une terre par un puissant seigneur qui dispose d’un certain nombre de droits qu’il protège. L’auteur met ainsi en avant le risque de créer involontairement des coupures dans l’évolution de la seigneurie dont l’existence historique n’est nullement prouvée mais qui sont induites par les compétences chronologiques respectives des intervenants sur le sujet6. Sa remarque remet en question la «chute» seigneuriale autour de 1300 et traduit également une importante réalité scientifique perceptible à travers l’historiographie : la césure entre les spécialistes de deux périodes académiques importantes, en l’occurrence le Moyen Âge et l’époque Moderne. Pourtant, les informations et les ressources disponibles semblent propices à l’étude de l’évolution du cas seigneurial à la jonction de ces deux époques. L’abondance des archives avec la création de nouveaux types documentaires, le développement et l’organisation plus rigoureuse de l’administration et les récentes recherches archéologiques offrent beaucoup d’indices pour comprendre l’évolution du système seigneurial entre les XIIIe et XVIIe siècles7. Le choix est donc volontaire de lier, dans l’intitulé de ce mémoire, deux éléments qui ne semblent, à priori, pas associables : l’archéologie, science basée sur des faits concrets et observables, et un concept historique qui frôle l’idéologie, la seigneurie. L’objectif final réside dans la démonstration de l’importance de l’interdisciplinarité. Ce concept ne doit pas être confondu avec celui de la pluridisciplinarité qui aborde un thème commun sous plusieurs disciplines. Dans le cas de l’interdisciplinarité, chaque discipline apporte des éléments complémentaires aux autres. Ainsi, une découverte dans un domaine permet d’éclaircir un point obscur dans un autre. Cela explique 1 Fossier, « Seigneurie », in Dictionnaire du Moyen Âge, p.1317 2 Boutruche, Seigneurie et féodalité, 1968-1971 3 A titre d’exemple : Dattler, Le Comté de Belfort (1659-1791). Etude d’une seigneurie : son fonctionnement, ses hommes, ses revenus, 1984 4 Deux exemples d’étude transpériode : Larigauderie Beijaud, De l’ermitage à la seigneurie : l’espace économique et social de Grandmont, XIIe-XVIIIe siècles, 2009 Gallet, La seigneurie bretonne (1450-1680) : l’exemple du Vannetais, 1983 5 Contamine, «La seigneurie en France à la fin du Moyen Âge : quelques problèmes généraux», in Seigneurs et Seigneuries au Moyen Âge, p.21 6 Contamine, «La seigneurie en France à la fin du Moyen Âge : quelques problèmes généraux», in Seigneurs et Seigneuries au Moyen Âge, p.21 7 Contamine, «La seigneurie en France à la fin du Moyen Âge : quelques problèmes généraux», in Seigneurs et Seigneuries au Moyen Âge, p.22-23 10 qu’il peut y avoir, dans le développement de cette étude, certaines anticipations par rapport à un élément ou type documentaire qui n’est pas encore présenté, ou des retours en arrière sur une donnée déjà exploitée mais qui peut apporter de nouvelles conclusions sur un aspect exposé plus tardivement. Il est question, dans notre cas, de justifier que l’archéologie peut encore offrir des renseignements sur certains aspects de l’histoire médiévale et, à contrario, que les sources historiques sont nécessaires aux archéologues médiévistes. Dans les années 1970, de nombreux érudits prétextaient que les sources textuelles étaient bien suffisantes pour connaître le Moyen Âge et qu’il n’était pas nécessaire de recourir aux « archives du sol »1. Les recherches menées depuis, notamment grâce au développement de l’archéologie préventive, ont irréversiblement démontré le caractère erroné de ces arguments et l’archéologie a profondément modifié les connaissances sur de nombreux domaines et notamment sur l’occupation et l’organisation de l’espace2. 1 Burnouf, Archéologie médiévale..., p.13 2 Zadora-Rio (dir.), Des paroisses de Touraine aux communes d’Indre-et-Loire : la formation des territoires, 2008, p.13 11 Mise en place du sujet : corpus archivistique, chronologie et corpus d’étude Dans le cadre de la seigneurie de Granges, l’enjeu de l’interdisciplinarité réside dans le fait qu’aucune nouvelle fouille archéologique n’est, pour l’heure, envisageable. L’objectif est donc de développer un raisonnement archéologique, sans recourir à ces «archives du sol» et, pour cela, il faut se baser sur des ressources annexes : les archives. Le fond documentaire ancien concernant la seigneurie de Granges est, par chance, très dense. Il faut compter plus de 150 dossiers contenus dans la série E des archives de Vesoul concernant les anciennes seigneuries du comté de Montbéliard, auxquels il faut rajouter ceux de la série E des archives du Doubs ainsi que ceux de la série K des archives nationales. D’autres archives qui comportent également beaucoup de documents, notamment sur les filiations, sur les fiefs et terres des Comtes de Montbéliard se trouvent aussi à Stuttgart et Ludwigsburg1. De précieuses informations historiques, particulièrement sur les origines de la famille, sont aussi conservées dans les fonds diplomatiques des abbayes de Belchamp et surtout de Lieucroissant, ou encore à la bibliothèque municipale de Besançon2. Le fond documentaire sur la seigneurie de Granges est dispersé entre diverses structures mais l’ensemble demeure impressionnant malgré les péripéties et les destructions. En effet, les documents concernant le comté de Montbéliard fut plusieurs fois déplacé, notamment en 1677 et 1735, et en partie brûlé en 17933. Christian Meyer pointe aussi les dégâts de la Révolution subis par les archives conservées dans les complexes religieux4. Il apparaît évident que tout dépouiller est impossible. L’attention s’est donc concentrée sur un type documentaire particulier pour réaliser notre étude : la comptabilité seigneuriale. Au fil de la recherche, le corpus est comparé et la démonstration est appuyée par d’autres documents, tels que les montres d’armes ou encore la cartographie locale. Un dépouillement systématique a été effectué sur l’ensemble des comptes de seigneurie conservés jusqu’en 1700. Ils recensent l’ensemble des recettes et des dépenses faites sur le budget seigneurial. Au total, 138 comptes, regroupant près de 20 000 pages écrites, conservées entre 1423 et 1689 ont été lus intégralement5. Les annotations présentes sur les documents prouvent que ceux-ci ont déjà été consultés, ne seraitce que par l’archiviste, sans qu’une étude spécifique ait été réalisée. Ainsi, l’ère chronologique servant de base à l’étude est cloisonnée, pour la date de commencement, par le premier compte rédigé en 1423, et pour la date terminale, par le dernier du XVIIe siècle, soit l’année 1689. Le dépouillement de la comptabilité permet d’en extraire le «corpus d’étude» défini par l’ensemble des entités à relever dans ces documents pour répondre à notre problématique interdisciplinaire. Les comptes regorgent d’informations mais seules les mentions de certains édifices ont été relevées : ceux des équipements seigneuriaux. Ils sont caractérisés par toutes les élévations, édifices et autres aménagements, à la charge du seigneur. Ces «aménagements publics» 1 Pigallet, Le Comté de Montbéliard et ses dépendances, 1915, p.8 2 François-Xavier-Joseph Droz a effectué une copie du cartulaire de Lieucroissant (MS 2117) 3 Pigallet, Le Comté de Montbéliard …, p.3 4 Meyer, Collection d’Alsace, de Franche-Comté et de Lorraine. T.2 : Besançon, Epinal, Metz, Mulhouse, Nancy, Rambervillers, Saint-Dié, Saint-Mihiel, Salins-les-Bains, Sélestat, Strasbourg, Verdun, Vesoul, 2008, p.8 5 Ces 138 comptes représentent 151 ans répartis de la manière suivante : les années entre 1423 et 1491 se trouvent aux archives nationales sous la côte K2272.1, tandis que tous les autres sont consultables aux archives départementales de la Haute-Saône entre les côtes E145 et E168, auxquelles il faut rajouter le carton E137. Seul le compte de l’année 1612, regroupé avec les recettes et dépenses de Clerval et Passavant, est conservé aux archives départementales du Doubs sous la côte ECM2250 mais n’a pas pu être consulté. 12 peuvent alors traduire la potestas, le pouvoir matériel, du seigneur dans sa seigneurie. Par conséquent, dans quelle mesure l’analyse des équipements seigneuriaux présentés dans la comptabilité permet-elle d’élaborer «un paysage archéologique» de la seigneurie et son évolution entre le XVe et le XVIIe siècle dans l’espoir de proposer une première définition archéologique, mais aussi historique, de la seigneurie pour cette même période ? Une étude exhaustive est ambitieuse mais le cas de la seigneurie de Granges, du fait de l’importance de son fond d’archives, permet d’introduire cette nouvelle problématique entre histoire et archéologie. 13 La seigneurie de Granges, terra (presque) incognita Les randonneurs de la région connaissent bien les terres de Granges à travers un parcours, proposé par l’office du Tourisme, d’une vingtaine de kilomètres menant sur les traces de «la seigneurie de Granges». Mais elle ne suscite pas de grand intérêt, ni auprès des historiens de la région, ni dans les sociétés savantes, ni dans le milieu archéologique alors même qu’elle est incluse à un espace historiquement remarquable. Plusieurs auteurs se sont attachés à copier et éplucher une partie des archives portant sur le pays de Montbéliard dans lequel prend place cette seigneurie. Les principaux témoignages de ces travaux sont les manuscrits laissés respectivement par François-Xavier-Jospeh Droz et Charles-Léopold Duvernoy1. D’autres auteurs, tel que Léon Viellard, ont privilégié leur activité dans l’édition de sources2. Par ailleurs, l’académie de Besançon a également publié, à partir de 1838, une série d’ouvrages intitulés Mémoires et documents inédits pour servir à l’Histoire de la Franche-Comté regroupant copies d’archives et analyses. De nombreux outils permettent donc de connaître, par le moyen de copies, les textes les plus anciens concernant la Franche-Comté et le comté de Montbéliard qui, parfois, ont disparu depuis. Ce travail conséquent sur les sources entamé au XIXe siècle, qui accompagne une volonté certaine de préserver l’information, a permis l’édition de nombreux articles et livres traitant de cet espace politiquement remarquable. Les sociétés savantes ont été, et restent encore aujourd’hui, des associations importantes pour la production de données historiques concernant la FrancheComté. En effet, les articles produits dans le cadre de ces sociétés d’émulation, répertoriés dans des tables3, forment l’essentiel du corpus disponible sur l’histoire locale et offrent des études pointues et de précieuses informations4. Les thèmes abordés sont divers avec des sujets traitant aussi bien d’histoire que d’histoire de l’art, ou encore d’histoire industrielle. Toutefois, ces sociétés ne sont pas l’unique ressource documentaire disponible sur cet espace, il existe d’autres ouvrages complémentaires à cette bibliographie savante. Les ouvrages sur la Franche-Comté sont nombreux. Il est ainsi indispensable de citer les deux productions de Pierre Gresser ou encore ceux de Claude-Isabelle Brelot5. Des ouvrages plus spécialisés sont produits, autour des XVIIIe ou XIXe siècles, sur la généalogie de l’aristocratie locale. Ces oeuvres permettent de bien connaître la noblesse franc-comtoise. Parmi tous les travaux sur le sujet, ceux de François-Ignace Dunod, complétés par le travail de Jean-Tiburce de Mesmay, et de Jean-Baptiste Guillaume sont essentiels dans la connaissance de la famille de Granges6. La précision de ces deux études, principalement en ce qui concerne le référencement des mentions et de l’information, accroît considérablement 1 Leurs travaux et notes sont intégralement numérisés sur le site memoirevive.besancon.fr 2 Viellard, Documents et mémoire pour servir à l’histoire du Territoire de Belfort (Haut-Rhin français), 1884 3 A titre d’exemple : «Tables générales des bulletins et mémoires», in SEM, n°120bis (1998) 5 Locatelli, Fiétier, Moyse, «Aux origines du Comté de Montbéliard», in Mémoires SEM, n°101 (1978), p.20 5 Gresser, La Franche-Comté au temps de la guerre de Cent Ans, 1989 Gresser, Le crépuscule du Moyen Âge en Franche-Comté, 1992 Brelot, Histoire de la Franche-Comté, 2 tomes, SD 6 Dunod, Histoire des Séquanois et de la province séquanoise, des bourguignons et du premier royaume de Bourgogne, Tome II, 1734 Mesmay, Dictionnaire historique, biographique et généalogique des anciennes familles de Franche-Comté, t. 2, 2006 Guillaume, Histoire généalogique des sires de Salins au comté de Bourgogne, avec des notes historiques et généalogiques sur l’ancienne noblesse de cette province, Tome I, 1757 14 la crédibilité scientifique et facilite la recherche des sources. Enfin, des productions plus récentes, comme les atlas, renseignent davantage sur le paysage archéologique et monumental du secteur. A titre d’exemple, le travail commun d’Éric Affolter, André Bouvard et Jean-Claude Voisin, offre des notices pour chaque village qualifié de «bourg castral». Les auteurs regroupent ainsi des plans et une courte notice descriptive comprenant de nombreuses références d’archives1. Cette abondance documentaire sur la région entraîne la création, à partir des années 1950, de plusieurs répertoires bibliographiques afin d’orienter et de faciliter les recherches. Jean Girardot et Jules de Trevillers publient ensemble, en 1957, un Répertoire Bibliographique des ouvrages concernant le département de la Haute-Saône2. Quelques années plus tard, à partir de 1961, Claude Fohlen et Jacques Mironneau supervisent la création d’une Bibliographie franc-comtoise regroupant en 5 tomes les oeuvres produites entre 1940 et 19953. Ces répertoires réorientent vers les principaux chercheurs montbéliardais tel que Louis Suchaux qui donne dans son dictionnaire sur les communes de la Haute-Saône (1866), réactualisé en 1974, de nombreuses informations sur certains villages4. Cependant, l’historien expose majoritairement l’état des communes au XIXe siècle, et la fiabilité des informations fournies est aujourd’hui remise en cause. C’est pourquoi il a fallu se tourner vers d’autres travaux, à l’exemple de ceux de Maurice Pigallet (1915) d’une crédibilité scientifique plus grande5. Récemment, plusieurs historiens se sont véritablement spécialisés sur ce secteur du Pays de Montbéliard, à l’instar de Pierre Pegeot, Maurice Gresset ou encore Jean Vartier6. Toutefois, la production historique et archéologique spécifique à la seigneurie de Granges reste maigre7. Au niveau historique, nous pouvons citer les deux mémoires de maîtrise de JeanLouis Cuenot et Pascale Demouge8 dont l’étude porte sur un dénombrement de 1424 des seigneuries de Granges, Clerval et Passavant ; le second actualisant le dossier à l’ère de l’informatique et des graphiques. Ces deux travaux sont exemplaires et proposent un argumentaire si bien mené qu’il est légitime de se demander, à sa lecture, si tout n’a pas déjà été dit sur Granges et sa seigneurie. Cependant, comme le souligne Jean-Louis Cuenot lui-même, un dénombrement ne fournit que des informations ponctuelles sur la situation des seigneuries. Il ne permet en rien de savoir ce qu’il en était avant et ce qu’il en sera après. Le dernier travail important est celui réalisé par une association locale : La Renaissance des Deux Granges, soucieuse du patrimoine local, qui 1 Affolter, Bouvard, Voisin, Atlas des villes de Franche-Comté, 1 : Les bourgs castraux de la Haute-Saône (série médiévale), 1992 2 Girardot, Trevillers, Répertoire bibliographique des ouvrages concernant le département de la Haute-Saône imprimés jusqu’en 1957, 1957 (suppl. jusqu’en 1977) 3 Fohlen, Mironneau (dir.), «Bibliographie Franc-Comtoise, 5 tomes», in Annales littéraires de l’Université de Franche-Comté, 1961-2002 4 Suchaux, La Haute-Saône. Dictionnaire historique, topographique et statistique des communes du département de la Haute-Saône, avec plans et dessins, 2 vol., 1866 Suchaux, La Haute-Saône, nouveau dictionnaire des communes, 6 tomes, 1969-1974 5 Pigallet, Le Comté de Montbéliard…, 1915 6 Gresset, Gresser, Debard, Histoire de l’annexion de la Franche-Comté et du Pays de Montbéliard, 1988. Vartier, Histoire de la Franche-Comté et du Pays de Montbéliard, 1975 Pegeot Pierre, Le pays de Montbéliard et la région de Porrentruy au Moyen-Âge,1983 7 Cependant, faute d’en comprendre suffisamment la langue, la bibliographie allemande sur la Comté de Bourgogne et le Pays de Montbéliard n’est pas exploitée dans ce mémoire. 8 Cuenot, Etudes des seigneuries de Granges, Clerval, Passavant d’après un dénombrement de 1424, 1969 Demouge, Etude du dénombrement de 1424 des seigneuries de Granges, Clerval et Passavant, 1988. Consultable à la Bibliothèque Universitaire de Lettres de Besançon sous les côtes respectives D.862 et D.88060.1/.2 15 a produit, voilà une dizaine d’années, un unique numéro de périodique, mais la vie culturelle locale semble s’être endormie depuis1. Il s’agit là des trois seuls travaux traitant véritablement de la seigneurie de Granges. La connaissance de cet espace est donc majoritairement tributaire des données acquises plus largement sur l’histoire du Pays de Montbéliard ou sur les notices par village fournies dans les Atlas et les Dictionnaires puisque peu de travaux se consacrent exclusivement à la seigneurie de Granges. Le présent travail, premier essai d’analyse de la seigneurie de Granges entre le Moyen Âge et l’époque Moderne, s’articule en quatre parties. La notice historique proposée en première partie présente l’implantation humaine dans la vallée de l’Ognon, et ses évolutions administratives depuis l’émergence de la seigneurie particulière de Granges dans le comté de Montbéliard jusqu’à sa sujetion à l’empire germanique, contexte de nos archives. Le développement de ces points historiques introduit la seconde partie de cette étude qui porte sur la présentation du corpus financier du point de vue codicologique pour cerner les principales évolutions de la gestion comptable et estimer la fiabilité des informations présentées. Une troisième partie analyse plus spécifiquement le contenu textuel de la comptabilité, elle présente les équipements seigneuriaux qui ont été extraits de cette documentation et elle détermine leur implantation géographique. Enfin, la dernière partie reprend la cartographie des équipements seigneuriaux pour la comparer avec d’autres outils, à savoir les montres d’armes et la cartographie locale ancienne, et pouvoir ainsi reconstruire la seigneurie entre le XVe et XVIIe siècle. 1 Renaissance des Deux Granges, Du bourg…à la ville, 2004. Uniquement disponible à la Bibliothèque Nationale de France. 16 I. A la découverte de l’histoire d’une seigneurie Comprendre l’organisation d’une seigneurie d’un point de vue archéologique nécessite de connaître en amont au minimum les grandes lignes de son histoire. Le corpus archivistique présenté brièvement en introduction et utilisé dans la suite de l’étude ne remonte pas avant le XVe siècle, mais l’histoire de la seigneurie de Granges tire ses origines bien antérieurement à ces documents. L’émergence de ce territoire au sein du Pays de Montbéliard est emplie de zones d’ombre. Cependant, les connaissances acquises permettent de faire ressortir les particularités et l’importance de la famille de Granges sur cet espace jusqu’à la fin du XIIIe siècle avant l’acquisition du territoire par des seigneurs plus puissants. A. Le territoire de Granges avant la seigneurie La seigneurie de Granges se développe dans un territoire dont l’histoire du peuplement est très ancienne et prend place dans un espace qui s’est formé durant le haut Moyen Âge : le Comté de Montbéliard. Pour comprendre la volonté d’installation sur cette zone, il faut découvrir les raisons pour lesquelles les anciens peuples avaient érigé leurs habitations au même endroit, voici plusieurs milliers d’années. 1. A la conquête de la Porte de Bourgogne Le noyau de la seigneurie de Granges s’étend entre les montagnes des Vosges et la rivière du Doubs, en plein centre de la vallée de l’Ognon, dans une région surnommée la «Porte de Bourgogne»1. Cet espace, nivelé par les plateaux caractéristiques de l’est de la Haute-Saône, devient très vite, par son installation entre deux massifs montagneux imposants, les Vosges et le Jura, un lieu de passage obligé pour tous les peuples désireux de traverser l’Europe occidentale d’Est en Ouest. Que ce soit au IIIe siècle, lors des nombreuses incursions germaniques dans l’espace galloromain, ou à l’époque du Roi Soleil, Louis XIV, qui considérait primordiale la surveillance de ce territoire, la Porte de Bourgogne est un espace convoité et un lieu de contrôle capital. Le relief dans cet espace rural ne correspond pas encore aux grands sommets vosgiens et jurassiens. Mais à Saulnot, au niveau du Chérimont, le massif culmine tout de même à 590m d’altitude2. Selon les données mises à disposition par l’IGN3, la légende de leur carte topographique précise que les zones dites de montagnes sont celles «occupées par des terrains d’altitude supérieure à une altitude définie entre 600 m et 800 m selon les régions, ou bien dont le relief comprend des pentes supérieures à 20%». Le noyau de la seigneurie de Granges, autour de Granges-leBourg, se trouve à la limite des zones de montagnes, dans l’espace de la «dépression périphérique» des Vosges, ou «dépressions et collines sous-vosgiennes»4, avec des sommets qui culminent généralement entre 400 et 500m [Fig.2]. Le terrain de l’ensemble de la dépression périphérique 1 Gibert, La porte de Bourgogne et d’Alsace, 1930 2 Cuenot, Etudes des seigneuries de Granges, Clerval, Passavant…, p.12 3 L’Institut National de l’Information Géographique met en libre consultation une série de cartes sur le site du gouvernement Géoportail. 4 Jacquet, « Présentation géographique de la Haute-Saône », in CAG (70), p.43. Voir aussi dans le même ouvrage, la carte des principales unités du bassin supérieur de la Saône qui présente les grands espaces topographiques du département : Fig. 1, p.45 17 apparaît hétérogène. Il se partage entre des bassins réduits aux sols imperméables, des buttes et des petits plateaux achevés par des talus1. Cet espace se termine aux alentours de Vesoul, là où débute la zone proprement dite des plateaux et de la plaine de la Saône. La carte du détail du relief autour de Granges-le-Bourg [Fig.3] présente un réseau hydrographique fin mais relativement important où chaque vallée comprend un ou plusieurs ruisseaux, tels que le Scey ou le Rognon, qui forment en aval les principaux cours d’eau de la Saône et de l’Ognon. Légende 330m Limites départements Hydrographie Principales villes Granges-le-Bourg Altitude en mètre 337 m Zones de Montagne Plateaux Plaine Espace approximatif LANGRES de la seigneurie de Granges HAUT RHIN e ôn Sa Og no n Luxeuil-les-Bains HAUTE-MARNE 448 m TERR.DEBELFORT 406 m LURE S BELFORT Og non VESOUL ne aô Granges-le-B. 448 m 530 m Héricourt MONTBELIARD 433 m Gray Doub s COTE-D’OR Saône n no Og Doub BESANCON s DOUBS 723 m JURA Figure 2 : Relief général de la Haute-Saône Sources : ESRI Inc, Eurogeographics, IFREMER, Institut national de l'information géographique et forestière, Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie DAO : Schittly Marie-Aude, 2017 1 Jacquet, « Introduction », in Carte archéologique de la Gaule : la Haute-Saône (70), p.43 18 Légende 330m Limites départements Hydrographie Principales villes Granges-le-Bourg Altitude en mètre R Le in ah Frotey-lès-Lure Etobon Plateaux Plaine Le R og no n Espaceoapproximatif n gn de laL’Oseigneurie de Granges L La 336 m ine iza 333 m 464 m n 420 m Le R og no Héricourt S Le 465 m cey cey 432 m ine iza S Le L La Granges-le-B. 397 m 338 m 434 m 383 m Villersexel 421 m DOUBS Arcey 469 m Figure 3 : Détail du relief autour de Granges-le-Bourg Sources : ESRI Inc, Eurogeographics, IFREMER, Institut national de l'information géographique et forestière, Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie DAO : Schittly Marie-Aude, 2017 19 2. L’installation humaine dans la Porte de Bourgogne, des origines à la fin de l’époque romaine L’occupation de la Porte de Bourgogne avant le bas Moyen Âge est mal connue. Il existe peu d’articles sur la question en raison de l’absence manifeste de sources et du nombre restreint de fouilles archéologiques concernant ces périodes anciennes. Toutefois, certains espaces sont mieux connus que d’autres. Ainsi, à titre d’exemple, les installations autour de Mandeure et Besançon bénéficient d’études intéressantes. Cependant, l’occupation gallo-romaine plus générale dans la région mérite encore d’être approfondie car l’analyse faite, jusqu’à présent, des modifications toponymiques apportées par les burgondes ne suffit pas à cerner pleinement cette installation ancienne1. Toutefois, il faut noter que les recherches récentes, particulièrement dans le domaine archéologique, ont considérablement fait progresser la recherche à ce sujet et une organisation, jusque là insoupçonnée, apparaît peu à peu. En 1930, lorsqu’André Gibert, premier grand spécialiste de la topographie, de la géologie et de l’histoire de cette région, propose une première occupation humaine dès le Paléolithique dans les grottes de la région de Gonvillars, les données archéologiques sont encore peu nombreuses2. Les études entreprises depuis, particulièrement en Protohistoire, ont totalement remis en question cette occupation préhistorique et démontrent une forte occupation aux âges du Bronze, et particulièrement au Bronze final qui correspond à 62% des sites recensés dans le cadre du groupe culturel Rhin-Suisse-France-Orientale3. L’installation dans les grottes aux âges des métaux est une pratique très connue de l’espace jurassien et semble se développer, dans le territoire de la HauteSaône, parallèlement à un habitat de plaine4. Ce dernier perdure à l’âge du Fer mais, pour cette période, les principales données sur l’habitat proviennent de l’occupation des sites de hauteur fortifiés, souvent créés au Néolithique moyen puis réoccupés. Ainsi Cita, Noroy-les-Jussey et Bourguignon-les-Morey sont des exemples majeurs5. Ces sites fortifiés sont abandonnés à la fin de l’âge de Fer. Cette étape reflète une période importante de transitions socio-économiques entre la Tène moyenne et la Tène finale6. La carte de répartition des témoins archéologiques montre que seules les grottes de Gonvillars se trouvent dans l’espace de notre zone d’étude (cercle rouge) pour l’âge du Bronze [Fig.4]. L’âge du Fer est plus généreux en indices. En bordure sud du département, entre Héricourt et Magny, de nombreux sites, à l’instar de Corcelles, Grammont ou encore Fallon, ont livré des complexes d’habitats ou de sépultures [Fig.5]. 1 Locatelli, Fiétier, Moyse, «Aux origines du Comté de Montbéliard», in Mémoires SEM, n°101 (1978), pp.20-21. Les auteurs offrent une présentation plus précise de l’état de la question en présentant notamment les auteurs ayant fait particulièrement avancer la recherche dans ce domaine. 2 Gibert, La porte de Bourgogne…, p.196-198 3 Piningre, « Les âges du Bronze et le premier âge du Fer en Haute-Saône », in CAG (70), 2002, p.49-51 4 Piningre, « Les âges du Bronze …», in CAG (70), p.52 5 Piningre, « Les âges du Bronze …», in CAG (70), p.56 6 Barral, «La fin de l’âge du Fer en Haute-Saône (IIe-Ier siècle av. J.-C), in CAG (70), p.59 20 Figure 4 : L’occupation à l’âge du Bronze en Haute-Saône Sources : Jean-François Piningre, « Les âges du Bronze et le premier âge du Fer en Haute-Saône », in CAG (70), 2002, p.49 Figure 5 : L’occupation à l’âge du Fer en Haute-Saône Sources : Jean-François Piningre, « Les âges du Bronze et le premier âge du Fer en Haute-Saône », in CAG (70), 2002, p.54 21 Grâce à l’expansion romaine, les informations se multiplient sur le peuple qui occupe alors ces terres, les Séquanes, et qui intègrent la « Maxima Sequanorum »1. Sur l’ensemble du territoire haut-saônois, une douzaine de sites forment un réseau d’agglomérations secondaires2. C’est un nombre relativement restreint comparé à celui de la Côte-d’Or ou du Jura mais qui transcrit une réalité d’occupation et non une lacune scientifique3. Un important réseau de voies romaines relie ces agglomérations, groupées autour de la Saône [Fig.6]. Cette organisation routière favorise l’installation d’établissements ruraux, ou villae, dont le développement démarre au Ier siècle après J.-C [Fig.7]4. Cependant, la première carte présente une vallée de l’Ognon d’une part excentrée des grandes voies de communications, la plus proche étant celle qui rejoint Luxeuil à Vesoul pour aboutir à Besançon, et d’autre part éloignée des centres formés par les agglomérations secondaires. Pourtant, l’occupation rurale dans le secteur n’est pas négligeable et se concentre le long de la rivière de l’Ognon. Le manque de réseau routier dans cette partie Est du territoire est compensé par un réseau fluvial développé et attesté par plusieurs découvertes de barques et de fragments d’amphores dans le lit des différentes rivières, et notamment dans celui de l’Ognon5. Cette utilisation considérable des cours d’eau a favorisé une certaine continuité de l’installation humaine dans le secteur avec une centralisation des habitats autour de ce cours d’eau malgré l’éloignement de cet espace de principaux centres formés par les agglomérations secondaires. Figure 6 : Les agglomérations secondaires et les voies de communications à l’époque romaine en Haute-Saône Sources : Odile Faure-Brac, « Les voies de communication en Haute-Saône à l’époque romaine », in CAG (70), p.61 1 Cuenot, Etudes des seigneuries de Granges, Clerval, Passavant..., p.130 2 Mangin, Bonvalot, «Les agglomérations secondaires en Haute-Saône», in CAG (70), p.67 Sur ces douze sites, les auteurs considèrent que seuls 6 sont incontestablement des agglomérations secondaires : Luxeuil, Mantoche, Port-sur-Saône, Seveux-Savoyeux, Corre, Vesoul. 3 Mangin, Bonvalot, «Les agglomérations secondaires en Haute-Saône», in CAG (70), p.67 4 Charlier, « L’occupation rurale à l’époque romaine », in CAG (70), p.68. L’auteure favorise le terme d’établissement rurale plutôt que de villa qui regroupe des caractéristiques particulières. 5 Charlier, « L’occupation rurale... », p.70 22 Figure 7 : L’occupation rurale à l’époque romaine en Haute-Saône Sources : Laurence Charlier, « Les voies de communication en Haute-Saône à l’époque romaine », in CAG (70), p.69 Les investigations archéologiques récentes ont renouvelé les connaissances sur les périodes antérieures à l’époque médiévale. Les nouvelles informations ont ainsi permis de réinterpréter les données, d’aboutir à une nouvelle chronologie et d’élaborer de nouvelles cartes de l’occupation du territoire haut-saônois et, a fortiori, de la Porte de Bourgogone et de la vallée de l’Ognon. Celles-ci démontrent une occupation continue et progressive de l’espace depuis les âges des métaux jusqu’à l’époque romaine, ce qui favorise l’hypothèse d’une zone de passage et d’installation humaine conséquente et, de fait, stratégiquement importante. 23 3. La porte de Bourgogne jusqu’au XIe siècle : l’émergence du comté de Montbéliard et d’une nouvelle élite locale A partir du haut Moyen Âge, nos connaissances générales sur l’occupation du territoire haut-saônois émanent majoritairement de textes et les fouilles archéologiques répondent à des problématiques orientées principalement sur les espaces funéraires et religieux [Fig.8]. Les historiens avancent tout de même deux limites à l’étude des écrits alto-médiévaux : d’une part, l’authenticité de certains documents est controversée, d’autre part, ils ne permettent pas de connaître la situation de la porte de Bourgogne avant le VIIIe siècle, période des plus anciens documents conservés. Figure 8 : Les indices archéologiques mérovingiens en Haute-Saône (O.Faure-Brac) Sources : Jean-Louis Odouze, « L’époque mérovingienne », in CAG (70), p.76 Sous les Mérovingiens, entre le Ve et le VIIIe siècle, lors de l’installation des Burgondes sur les terres haut-saônoises, les Alamans envahissent ce territoire austrasien en passant par la Trouée de Belfort (460-465)1. Peu de temps après la création du royaume burgonde (vers 500), Clovis vainc les Burgondes et les Alamans et fait passer, au début du VIe siècle et pour deux cents ans, la Séquanie sous souveraineté franque2. Par la suite, différents traités entraînent des changements de pouvoir rapides pour la Porte de Bourgogne. Lors du traité de Verdun (843), elle passe à Lothaire Ier3. En 870, cet espace est cédé à Louis le Germanique lors du traité de Meerssen4. Alors intégrée au royaume de Bourgogne, la Comté toute entière passe sous influence impériale germanique en 1032, suite à la mort de Rodolphe III qui reconnaît l’empereur Conrad II 1 Odouze, « L’époque mérovingienne », in CAG (70), p.76 2 Odouze, « L’époque mérovingienne », in CAG (70), p.76-77 3 Vienot, Histoire du Pays de Montbéliard, p.44 4 Walter et alii, Histoire de la Franche-Comté, 2006, p.70 24 protecteur et héritier de son royaume1. Par ailleurs, à partir du Xe siècle, dans la partie occidentale de l’Europe, l’affaiblissement politique des rois carolingiens entraîne la décentralisation des pouvoirs qui favorise la formation de grands lignages locaux2. Des personnages importants profitent de cette opportunité pour asseoir leur puissance sur de nouvelles possessions, se proclamer seigneurs, comtes ou ducs et contrôler ainsi le territoire et les hommes qui y résident, notamment à travers les châteaux : c’est l’ère des châtellenies3. Un morcellement territorial s’opère et, avec la naissance de la féodalité, se forment les premiers duchés et comtés héréditaires, y compris en Franche-Comté. Cette noblesse médiévale, en opposition à l’ancienne noblesse carolingienne, se caractérise par le remplacement dans les textes du terme de « noble » par celui de « chevalier », et, surtout, par une transmission héréditaire masculine des terres et des pouvoirs4. Les premiers découpages administratifs dans le secteur sont attestés à la fin de la période mérovingienne. L’espace se divise alors en pagi [Fig.9]. Au nombre de six sur l’ensemble du territoire haut-saônois, la vallée de l’Ognon est intégrée à celui de l’Ajoi (ou Elsgau en allemand), mentionné pour la première fois sur un triens vers 640 et dans les textes en 735-7365. Selon René Locatelli, Roland Fiétier et Gérard Moyse, le pagus d’Ajoie est alors considéré par les historiens comme «la seule réalité administrative qui se rencontre dans la porte de Bourgogne avant le comté de Montbéliard»6. Cette cartographie des diocèses et des pagi fait ressortir un problème important. Il semblerait que les limites des pagi aient été définies d’après les contours des circonscriptions administratives des doyennés du XIIIe siècle7. Les chercheurs supposent ainsi que l’organisation religieuse du bas Moyen Âge est en continuité avec l’organisation civile mérovingienne. Or, aucun texte ne permet de prouver la pérennité des organisations administratives entre le Ve et le XIIIe siècle et donc de confirmer cette théorie8. En ce qui concerne le pouvoir et le gouvernement alors en place, l’identité des puissances locales et leur rôle sur cette terre ne sont pas bien connus avant le Xe siècle. Si quelques noms importants apparaissent au cours du VIIe siècle, tel que Rabiacus ou encore Boronus, rien ne prouve qu’il s’agisse d’un comte ou d’un prince administrant Figure 9 : La division en pagi de la Haute-Saône l’ensemble du pagus d’Ajoie9. Sources : Jean-Louis Odouze, « L’époque mérovingienne », in CAG (70), p.76 1 Locatelli et alii, «Aux origines du Comté...», p.23 2 Clerc, Essai sur l’histoire…, p.278 3 Locatelli et alii, «Aux origines du Comté...», p.26 4 Gauvard, La France au Moyen Âge du Ve au XVe siècle, 2010, p.215-216 5 Odouze, « L’époque mérovingienne », in CAG (70), p.77 6 Locatelli et alii., «Aux origines du Comté...», p.28 7 Locatelli et alii, «Aux origines du Comté...», p.28 8 Locatelli et alii, «Aux origines du Comté...», p.28 9 Locatelli et alii, «Aux origines du Comté...», p.29 25 A partir du Xe siècle, cette fraction de l’Elsgau est appelé « Pays de Montbéliard ». Cette expression toute particulière qui permet de bien discerner cet espace du reste de la Franche-Comté, encore régulièrement utilisé dans l’intitulé des études historiques, traduit la singularité ainsi que la complexité de ce territoire1. La situation historique du Pays de Montbéliard se clarifie au XIe siècle2. Le pays de Montbéliard apparaît comme une seigneurie indépendante en 1034 ayant pour premier représentant véritablement connu, Louis de Mousson (1005-1073), mais sans précisions sur l’époque et le contexte de cette évolution3. Il est avéré que Louis prend possession de cette terre mais les historiens ignorent de quelle manière et par qui cet espace lui a été cédé. Il existe plusieurs hypothèses probables. Une théorie principale, qui n’exclut aucune autre possibilité, semble cependant ressortir. Louis de Mousson appartient très probablement à l’aristocratie régionale. C’est sa fidélité sans faille aux empereurs, notamment lors des conflits entre ces derniers avec la féodalité régionale bourguignonne, qui favorise son ascension rapide concrétisée par son mariage avec Sophie de Lorraine, qui lui apporte en dot un certain nombre de terres4. Pour le remercier, de sa loyauté, l’empereur Henri III (1017-1056), dont il est le vassal direct, l’honore du titre de comte que portera l’ensemble de ses successeurs. Après 1066, le territoire de Montbéliard appartient au fils de Louis, Thierry, qui confirme la création du nouveau comté de Montbéliard5. 1 Pigallet, Le Comté de Montbéliard..., p.9 2 Vienot, Histoire du Pays…, p.47 Locatelli et alii, «Aux origines du Comté...», p.19 3 Vienot, Histoire du Pays de Montbéliard, p.55 4 Locatelli et alii, «Aux origines du Comté...», p.23 5 Locatelli et alii, «Aux origines du Comté...», p.25-26 26 B. La maison de Granges, des origines au XIVe siècle C’est dans cet espace du Pays de Montbéliard, tout jeune comté, qu’apparaît pour la première fois, au XIIe siècle, la seigneurie de Granges et son lignage. 1. Les origines incertaines d’une nouvelle puissance locale La qualité du référencement des mentions contenues dans les ouvrages généalogiques diffère suivant l’auteur. Cependant ces travaux sont indispensables pour cerner les origines du lignage de Granges. Lorsque la source a disparu, ou n’est pas référencée, l’auteur du recueil généalogique devient l’unique témoin de la mention et une nouvelle critique des appellations latines n’est plus possible. Or, l’évolution de cette langue entre l’Antiquité tardive et la fin du Moyen Âge a entraîné des changements profonds dans le sens de certains mots et, par conséquent, dans le résultat de leur traduction. Le généalogiste se confronte également aux problèmes traditionnaux liés à l’état des fonds documentaires les plus anciens. L’analyse établie à l’époque de la rédaction de ces recueils peut, de fait, comporter des erreurs. Ainsi Jean-Tiburce de Mesmay a pu confondre certaines mentions et certaines dates et les explications de François-Ignace Dunod rendent très difficile la différenciation des personnages, particulièrement en ce qui concerne les premiers sires de Granges. Cependant, ces réflexions théoriques anciennes offrent un point de départ à l’élaboration d’une généalogie plus précise et permettent, par comparaison entre elles, la proposition d’un nouvel arbre généalogique regroupant à la fois les certitudes et les éléments encore problématiques [Fig.10]1. La première mention avérée d’un membre de la famille de Granges apparaît en 1105 dans l’acte de fondation du prieuré clunisien de Froidefontaine par Ermentrude, veuve de Thierry Ier de Mousson-Montbéliard, aux côtés de l’héritier Thierry II2. Il est signalé dans la liste des testibus (témoins) un certain Morando de Grangiis. Alors que ce personnage est complètement absent du travail de François-Ignace Dunod, Jean-Tiburce de Mesmay, reprit par Jean-Louis Cuenot, nous précise qu’il s’agit de Guillaume Ier de Granges, un chevalier qu’il présente comme « sire du lieu » de Granges. Maurice Pigallet suppose qu’il s’agit alors du tout premier seigneur de cette famille de Granges nouvellement entrée dans le monde de l’aristocratie comtoise3. Pourtant, le nom n’est pas précédé d’un attribut tel que dominus comme cela sera le cas dans un document de 1134 pour Guy, et qui rendrait indiscutable le statut de seigneur du lieu4. Si la mention date de 1105, le caractère diplomatique de la visite laisse supposer que l’existence d’un seigneur à Granges est antérieure. De plus, le document ne consistant pas en une investiture, on peut penser que le seigneur occupe son rôle de souverain sur les terres de Granges depuis plusieurs années. Enfin, l’achèvement de la liste des témoins par l’expression « aliisque multis, quorum nomina longum est enumerare » (et de nombreux autres [témoins] qu’il serait long d’énumérer), démontre que seuls les personnages les 1 Guillaume, Histoire généalogique des sires de Salins..., p.100-106 Voir également : Tome II, Annexe 1, p.3 2 Viellard, Documents et mémoire..., p.169 Schoepflin, Alsatia aevi Merovingici, Carolingici, Saxonici, Salici, Suevici diplomatica ; Alsatia periodi regum et imperatorum Habsburgicae, Luzelburgicae, Austriacae tandemque Gallicae diplomatica, t.2, 1772, p.186. Cette fondation est attribuée à tort à Thierry II de Montbéliard (1080-1163), fils d’Ermentrude dans Mesmay, Dictionnaire historique, biographique et généalogique…, p.110 3 Pigallet, Le Comté de Montbéliard…, p.17-19 4 Mesmay, Dictionnaire historique, biographique et généalogique …, p.110 27 plus importants sont nommés et que Guillaume en fait partie, probablement en tant que seigneur. S’il n’y a pas d’indices qui nous permettent d’affirmer l’origine de la famille de Granges plusieurs théories proposent d’en faire la descendante d’un autre grand lignage. Pour J-T de Mesmay la maison de Granges est l’héritière des premiers comtes de Bourgogne, d’autres auteurs proposent un cousinage avec les comtes de Montbéliard qui leur aurait concédé le droit de s’installer sur une portion de leurs terres1. En supposant que cette dernière théorie soit exacte, Guillaume de Granges, considéré comme le premier seigneur de Granges, serait le descendant des comtes de Montbéliard que tout le monde recherche. D’ailleurs, Georges Poull affirme que l’un des fils de Thierry Ier et d’Ermentrude, un certain Guillaume, est décédé avant le 8 mars 1105, lors de la fondation de Froidefontaine, car sa mère évoque, à cette date, son souvenir2. Pourtant l’énumération des enfants de Thierry Ier présente dans le document en question ne permet pas de confirmer ce décès: «[…] filiorum autem Theoderici atque uxoris sue Hermentrudis, Ludovici, Willermi, Hugonis, Deo sanctoque Petro ejus vicario […]» . Cette mort est-elle donc attestée par un autre document ou bien juste supposée par la disparition du nom dans les textes anciens ? Nous voilà devant une étrange coïncidence : alors que Guillaume, fils de Thierry Ier, disparaît en 1105, Guillaume de Granges, premier du nom, apparaît dans les textes cette même année. La théorie avancée par plusieurs auteurs n’est donc, pour le moment, pas éliminée et cette piste reste intéressante à explorer pour éclaircir les origines de la famille de Granges. Il reste à savoir si Guillaume possède déjà un château sur le promontoire du bourg de Granges. J-L Cuenot affirme «qu’un château existait à Granges et que des seigneurs particuliers y résidaient» à la même époque3. Deux documents du XIIe siècle mentionnent respectivement «in castro de Grangiis»4 et « apud Castrum Granges »5 et insistent sur le caractère fortifié du lieu. Malheureusement, castrum fait partie de ces nombreux mots latins d’utilisation problématique dans un contexte médiéval. Aussi bien employé pour désigner le château que pour désigner la simple fortification d’un bourg ou d’une abbaye, ce terme ne permet pas d’affirmer avec certitude la présence d’un château à Granges. Les indices de la présence d’un tel édifice semblent se multiplier sous le fils de Guillaume Ier, Guy Ier de Granges. Plusieurs documents, principalement des donations faites à l’abbaye de Lieu-Croissant, font allusion à «Bernard, Capitaine de son Château [de Granges]», ou en latin «testes Wido de Granges, et Bernardus Castrensis Dux suus»6. D’autres l’honorent du titre de «capitanus de Granges»7. Le terme capitanus n’est décisif qu’à partir du XIVe et XVe siècle, époque où il désigne «des personnages investis du commandement d’une ville fortifiée, d’un château voire d’une maison forte»8. Dans notre cas, la signification du premier terme de castrensis est plus déterminante. Cet adjectif servant à définir une chose relative au camp militaire et à l’armée, Felix Gaffiot lui attribue le second sens «d’officier du Palais» qui 1 Mesmay, Dictionnaire historique, biographique et généalogique …, p.110 2 Poull, La Maison souveraine et ducale de Bar, 1994, p.84 Viellard, Documents et mémoire …, p.23 3 Cuenot, Etudes des seigneuries de Granges, Clerval, Passavant…, p. 20 4 Bibliothèque Municipale de Besançon, Ms 2117 Bl.448 5 Guillaume, Histoire généalogique des sires de Salins…, p.101 6 Guillaume, Histoire généalogique des sires de Salins…, p.100-101. En latin : « testes Wido de Granges, et Bernardus Castrensis Dux suus » ou « Bernardus Castrensis, miles de Granges » 7 Guillaume, Histoire généalogique des sires de Salins…, p.101 8 Schnerb, « Capitaine », in Dictionnaire du Moyen Âge, p.217 28 se rapproche davantage de la signification médiévale du dictionnaire spécialisé Mediae Latinitatis Lexicon Minus. Il n’est plus question alors d’associer le terme castrensis au camp militaire, car il désigne désormais, dans sa forme adjectivale, un élément ou une personne indissociable d’un château. C’est ainsi que, sous sa forme substantivée, le terme castrensis se traduit par la «garnison militaire», «le vassal qui doit le service de guet dans un château de son seigneur», ou bien encore simplement par «châtelain». Dans tous les cas, l’utilisation dans un document médiéval du terme de castrensis permet de supposer très fortement l’existence d’un château à Granges au XIIe siècle. Aussi, la présence presque systématique de ce «châtelain» de Granges aux côtés de son seigneur et l’importance de la charge qu’il occupe nous permettent de confirmer les suppositions de J-L Cuenot. 29 30 Guy II de Granges Guillaume V Guillemette de la Guiche (branche Grammont-Fallon) - 1338 : partage du château de Grammont - 1355 : Meurt Adam F -I D Guy de Granges un o d Guy III de Granges Armangars - 1284 : fille de Bocardin et soeur de Guilaume Alix - entre 1140 et 1190 Guillaume II de Granges - 1134 : Vido dominus de Granges - 1140 : Vido de Granges Henri de Granges Thierry Guyot - 1327 : tient le (branche Grammont-Melisey) - 1338 : partage château château - 1366 : meurt Chevalier de Rhodes - 1366 : meurt - 1347 : meurt Henri Jeanne Chanoinesse de Remiremont Guillaume le Jeune Richard Chanoine de Montbéliard Renaud Seigneur de Marvelize et de Bournois - 1267 : échange avec Lieu-Croissant Chanoine Montbéliard Richard Jean Abbé de Lieu-Croissant Bailli général du Comté de Bourgogne Poncette de Vauquaire (1226) - 1226 : Hugues fils de Guillaume II de Granges - 1230 : gage le mariage d’Alix Simon Moine Elisabeth Jeanne Guyette Isabelle Dames de Remiremont des seigneurs de Granges-Grammont Début de la branche cadette Hugues de Granges - 1118 : Hugone Grangias Hugues II de Granges - 1136 : Charte de confirmation de la fondation de l’abbaye de Lucelle - 1150 : donation à l’abbaye de Bithaine - 1150 : Henricus et Cono fratres, [...], milites de Grangis Guillaume IV Damar - 1279 : Confirmation des possessions du pères léguées à Lieu-Croissant - 1282 : Hommage à Renaud de B pour la sie de Grammont - 1298 : Donne sa part du «puy de Granmont» - 1311 : Renouvellement hommage - 06/01/1335 : Meurt à Grammont thèse Alix Henri Richard - 30/12/1323 : Meurt Hypo Henri - 1240 : chanoine puis archidiacre Fin de la branche principale des seigneurs de Granges Isabelle d’Uzelle - 1244 : hommage à Otton III - 1268 : obtient terre à Grammont - 1278 : présent dans plusieurs actes Guillaume III de Granges - 1190 - Château de Granges vendu aux Montfaucon Guillaume Ier de Granges - 1105 : Morando de Grangiis Ynfinmannus de Grangiis Figure 10 : Généalogie du lignage de Granges 2. De l’affirmation du lignage à son basculement (XIIe-XIVe siècles) A partir du XIIe siècle les mentions se multiplient. Faire la biographie de chaque seigneur de Granges alourdirait notre propos et perturberait la compréhension de l’histoire de la seigneurie, c’est pourquoi, seuls les principaux éléments sont présentés. Seul J-B Guillaume affirme être en possession d’un document qui permet de prouver les trois premières générations. Mais sa justification reste mince. S’il cite en intégralité le document, la seule indication de datation qu’il peut donner est que le recueil qui contient l’acte a été produit au même siècle que la fondation de l’abbaye de Lieu-Croissant, à savoir au XIIe siècle. Ce siècle représente une période d’ascension pour le lignage de Granges. Les liens étroits qu’entretenait déjà Guillaume Ier avec le monde ecclésiastique s’amplifient sous ses successeurs qui multiplient les donations et bienfaisances. Les documents dont nous disposons renseignent sur des donations faites à au moins trois établissements religieux différents et d’importance diverse. Il s’agit tout d’abord du prieuré de Froidefontaine, puis de l’abbaye de Bithaine, et enfin de l’importante abbaye de Lieu-Croissant. Ces actes de donations et de participation à la vie religieuse ne sont-ils que la preuve d’une piété pure et inintéressée ? Lorsque Guillaume Ier assiste à la fondation du prieuré de Froidefontaine, il se trouve aux côtés du fils de la fondatrice, Thierry II, avec qui il semble entretenir de très bons rapports. Ces liens étroits avec les comtes de Montbéliard sont maintenus par le fils, Henri (ou Hugues), puisque Thierry II accepte de lui fournir protection sans demander en contrepartie un quelconque droit d’ingérence dans l’administration de la seigneurie de Granges. Ainsi, Guy Ier par ses donations à l’abbaye de Lieu-Croissant semble se rapprocher des personnages les plus puissants de la région, en l’occurrence la famille des Montfaucon, également bienfaitrice de cette institution, qui contrôle le comté de Montbéliard entre 1162 et 1273. Dans la dernière décennie du XIIe siècle, des modifications importantes s’opèrent. Le château de Granges change de main et revient, en 1190, au comte de Montbéliard, Richard de Montfaucon1. Les historiens ont longtemps cru, à tort, que le château lui était revenu suite à son mariage avec Alix, fille aînée de Guy II de Granges. Or, les transcriptions des différents documents d’archives recueillis par Léon Viellard lui permettent d’affirmer que cette union entre Alix et Richard n’existe pas2. J-B Guillaume propose plutôt une transmission du château de Granges par simple vente au comte de Montbéliard dont les raisons ne sont pas connues et dont il ne reste aucun document3. Le château de Granges vendu, ses seigneurs s’établissent quelques lieues plus loin, sur la butte de Grammont. Toutefois, selon Charles Duvernoy, la possession de l’ensemble des terres de la seigneurie de Granges par les comtes de Montbéliard n’est avérée qu’à la fin du XIIIe siècle, en 12824. Au final, les seigneurs de Granges ne sont restés sur cette terre qu’un siècle environ, maximum deux entre le XIIe et la fin du XIIIe siècle. Cette installation sur un nouvel espace est important dans l’histoire de la seigneurie et fait même l’objet d’une légende mais dans laquelle les raisons de cet exode sont fondamentalement différentes5. Cette histoire raconte que Guy, le second fils de Guillaume est à la chasse sur la butte de 1 La Haute-Saône, nouveau dictionnaire des communes, p.213 2 Viellard, Documents et mémoire…, p.388 3 Guillaume, Histoire généalogique des sires de Salins…, p.102 4 La Haute-Saône, nouveau dictionnaire des communes, p.214 5 Tome II, Annexe 2, p.4 31 Grammont lorsque qu’une jeune fille l’interpelle pour lui demander son aide et sauver les trois filles du roi d’Angleterre victimes d’une injustice. Après avoir accompli son devoir, il rentre à Granges mais, son père étant mort pendant son absence, son frère aîné a hérité du château et des terres. Il est alors contraint de s’établir ailleurs, et choisit la butte de Grammont en souvenir de son aventure et de la jeune fille qui lui a demandé de l’aide. Dans cette légende les liens généalogiques établis se retrouvent. Il est toutefois possible que les deux personnages de Hugues et Guy aient été intervertis puisque les sources démontrent que c’est Hugues qui porta le premier le nom de «chevalier, sire de Grammont» et qu’il fut le premier à recevoir des terres sur la localité de Grammont1. Cependant, il n’est nulle part mentionné la vente du château au comte de Montbéliard. A partir de Hugues, les seigneurs prennent la double titulature de seigneurs de GrangesGrammont, jusqu’au règne de Guy III de Granges (fin du XIIIe siècle - début XIVe), appelé aussi Guyot II de Grammont, qui fut le premier à ne conserver, dans les textes, que le nom de Grammont2. Figure 11 : Blason des sires de Grammont Source : Manuscrit 186 (Armorial), Bibliothèque de Montbéliard 1 Mesmay, Dictionnaire historique, biographique et généalogique…, p.111 2 Dunod, Histoire des Séquanois…, p.482 32 3. Conclusions principales sur la seigneurie indépendante de Granges A partir de toutes les données recueillies, plusieurs conclusions peuvent être tirées sur la famille de Granges et son émergence dans le Pays de Montbéliard. Les premières mentions et les premières appellations sous le terme de dominus se partagent entre la fin du XIe et la première moitié du XIIe siècle. Cette datation fait du lignage de Granges l’une des plus anciennes familles de l’aristocratie connue dans le pays de Montbéliard et dans l’ensemble de la Franche-Comté et concorde parfaitement avec l’évolution de l’aristocratie dans le Comté de Bourgogne et l’affirmation de nouvelles puissances familiales. Le lignage entretient d’étroits contacts avec les plus grandes familles de l’époque. La famille de Granges s’attache à établir et à sauvegarder d’importants liens avec les institutions les plus influentes du Pays de Montbéliard au XIIe siècle. Elle s’accorde les faveurs du pouvoir ecclésiastique régional par de nombreuses donations et échanges faits aux différentes abbayes, ainsi qu’aux multiples fondations de prieurés. Aussi, l’abbaye de Lieucroissant devient la demeure éternelle de plusieurs seigneurs de Granges, à l’exemple de Guillaume III. A cela s’ajoute les différentes vocations religieuses de certains membres de la famille, hommes comme femmes, qui intègrent les ordres, comme Henri, fils de Guy II chanoine puis archidiacre de Besançon, ou encore Jean, fils de Guillaume IV, abbé de Lieu-Croissant. Cette dévotion religieuse ne s’estompe pas avec les siècles et, même après l’évolution de la famille de Granges vers celle de Grammont, les comptes dont nous disposons mentionnent des donations annuelles à l’abbaye de Lieucroissant pour les «anniversaires» des seigneurs défunts, cela jusqu’au XVIIe siècle. La famille de Granges est également très soucieuse des relations qu’elle entretient avec les puissances politiques locales. Ses membres sont notamment très proches de la famille des comtes de Montbéliard et particulièrement des Montfaucon. Souvent associés aux déplacements et aux bonnes oeuvres de ces derniers, ils obtiennent des privilèges et une protection sans failles. Cette politique semble être fructueuse puisque les membres de la famille de Granges figurent toujours en bonne position dans la liste des témoins des différents documents. Cependant cette protection ne signifie pas une soumission contraignante au pouvoir des comtes, elle récompense davantage la loyauté des seigneurs de Granges. Les XIe-XIIe siècles marquent aussi l’émergence de nouvelles structures sur le plan territorial. Si les attestations manquent pour le bourg, la construction du château semble contemporaine des premiers seigneurs, autour du XIIe siècle, et passe entre les mains des comtes de Montbéliard à la fin de ce même siècle. Le bourg pourrait être légèrement plus tardif, construit à proximité de la vieille cité de Granges-la-Ville, autour du nouveau château dont le pouvoir d’attraction favorise le développement de ce nouvel habitat1. Le statut féodal de ces terres de Granges est complexe. L’analyse de Maurice Pigallet, à partir des données disponibles tirées de la collection de Charles Duvernoy, a permis de remarquer que les comtes de Montbéliard possèdent deux appellations différentes suivant les seigneuries pour lesquelles ils produisent des actes. Dans le cas des seigneuries de Blamont, Clémont, Héricourt et Châtelot, ils sont dits «souverains seigneurs», tandis que pour les seigneuries de Granges, Clerval, 1 Bouvard, «Les bourgs castraux...», p.10 33 Passavant, Horbourg et Riquewihr ils sont seulement «seigneurs»1. Que signifie cela ? PaulEdmond Tuefferd explique que cette appellation unique de «seigneurs», valable jusqu’à la fin du XIIIe siècle, résulte directement du fait que les comtes de Montbéliard «devaient foi et hommage aux comtes de Bourgogne pour Granges, Clerval et Passavant»2. En conclusion le territoire de Granges est une terre impériale qui appartient aux comtes de Bourgogne qui la cède en fief aux comtes de Montbéliard, mais la gestion revient à des seigneurs particuliers, jusqu’à la fin du XIIe siècle, peut-être même du XIIIe siècle. Aux XIIe et XIIIe siècles, la seigneurie de Granges aux armes «d’azur (alias : de gueules) au sautoir d’or»3 [Fig.12], est donc une terre inféodée puissante, influente et bien installée. Le XIIIe siècle marque la naissance de la branche cadette des Grammont, qui déplace son centre sur le lieu du même nom. C’est une grande famille qui fournit, encore entre le XVIIe et le milieu du XVIIIe siècle, d’illustres personnes4. Ce déplacement vers Grammont signifie la fin progressive du lignage principal de Granges mais ne signifie absolument pas la disparition de la seigneurie qui reste un ensemble central important dans le Pays de Montbéliard entre les mains directes des comtes de Montbéliard. Figure 12 : Armoiries de la famille de Granges Source : Manuscrit 186 (Armorial), Bibliothèque de Montbéliard 1 Pigallet, Le Comté de Montbéliard…, p.11-12 2 Tuefferd, « Histoire des comtes souverains de Montbéliard d’après les documents authentiques. Avec carte », SEM, n°30-31 suppléments (1877), p.31 3 Mesmay, Dictionnaire historique, biographique et généalogique…, p.110 4 Dunod, Histoire des Séquanois et de la province séquanoise…, p.478-479 34 C. La seigneurie de Granges à partir du XIVe siècle : de la mouvance des ducs-comtes de Bourgogne à la dépendance germanique Suite au déplacement de la famille de Granges vers le sommet de Grammont, la seigneurie évolue dans l’entité plus large des possessions des Comtes de Montbéliard. Il faut donc, afin de comprendre les modifications qui s’opèrent à partir du XIIIe siècle, se tourner vers l’histoire plus générale de la Franche-Comté. 1. Le développement de la seigneurie sous les Montfaucon En 1330, Henri de Montfaucon, marié à Agnès de Montbéliard, fille aînée de Renaud, réunit à ses possessions les terres de Granges qui deviennent alors l’un de ses fiefs1. De nombreux historiens utilisent cette date pour jalonner le rattachement définitif et indéniable des terres de Granges aux possessions des comtes de Montbéliard2. Ce rattachement ne se fait pas sans contestations. En 1332, ces terres font l’objet de discordes entre les héritiers du comte Renaud mais Henri de Montfaucon affirme que cette terre est un héritage obtenu de sa femme. Le problème s’achèvera par la rédaction d’un acte le 3 mai 1332, établi et signé à Granges même, en faveur d’Henri3. Jean-Louis Cuenot, qui a essayé d’appréhender les modifications territoriales de la seigneurie et de placer chronologiquement les acquisitions des différents fiefs, remarque un nombre important d’inféodations au profit des terres de Granges. Ce mouvement perdure même jusqu’au XVe siècle. Ainsi, Lomont passe dans le territoire de Granges à la fin du XIIIe siècle lors de l’extinction de la lignée qui y tenait le château. Le château de Moffans est dit fief de Granges au début du XIVe siècle. Villafans, possession des seigneurs de Faucogney, passe sous la mouvance de Granges à la fin du XIIIe siècle après l’affaiblissement de ladite famille par diverses luttes et la désagrégation de son territoire. Au XIVe siècle, Fallon passe dans la seigneurie de Granges suite au mariage de Marguerite de Fallon avec Guy de Granges. N’omettons pas les terres de Grammont pour lesquelles Guy III de Granges rend hommage au comte de Montbéliard autour de 1308 et auxquelles s’ajouta la commune de Vellechevreux après l’extinction des seigneurs particuliers qui tenaient le village à la même époque. Plus tardivement, durant le XVe siècle, J-L Cuenot recense encore l’intégration de trois nouveaux grands territoires : Saulnot, Saint-Ferjeux et Gouhenans. Loin de disparaître, la seigneurie va se développer grâce à l’utilisation subtile du système féodal et de la pratique des inféodations pour agrandir progressivement le territoire de Granges4. 1 Vienot, Histoire du Pays…, p.74 2 Debard, «Pourquoi une carte de la principauté de Montbéliard en 1616?», p.10 3 Cuenot, Etudes des seigneuries de Granges, Clerval, Passavant…, p.21 4 Cuenot, Etudes des seigneuries de Granges, Clerval, Passavant…, p.22-23 35 2. Le XIVe siècle, temps de crises, temps d’espoir : difficultés politiques et ascension bourgeoise Au XIVe siècle, la Comté, et particulièrement le Pays de Montbéliard, s’apprête à entrer dans un «conflit féodal», une véritable guerre privée, entre Henri de Montfaucon (1332-1367) et Louis de Neuchâtel (1305-1373). Suite à la mort de son père Rodolphe IV, Louis Ier de Neuchâtel hérite et peut jouir de toutes ses possessions en mars 1343. Il devient ainsi vassal d’Henri pour les possessions qui dépendaient autrefois de Jeanne de Montfaucon, épouse de Louis, décédée en 13371. Toutefois, n’ayant pas prêté hommage pour cet héritage au comte de Montbéliard «belliqueux et chevaleresque»2, ce dernier le destitue d’une partie de ses possessions. La «guerre de Réaumont» qui débute entre les deux protagonistes, met en difficulté, pendant plusieurs années le comte de Montbéliard, qui doit alors faire des concessions3. Parmi celles-ci, Henri multiplie l’octroi de franchises urbaines à partir de 1339 pour s’assurer le soutien des principales cités de son comté4. La charte de franchise, ou plus précisément la charte urbaine, est un moyen de mettre par écrit des coutumes établies depuis longtemps sur le territoire mais aussi, pour les sujets, d’obtenir de nouveaux privilèges, donc, par définition, des avantages de statuts ou de faits, exclusifs à une catégorie de personne5. Ainsi une franchise est «un privilège octroyé par une autorité seigneuriale à ses sujets, […] on les appelle aussi « libertés » car elle produit un sentiment de liberté vis-à-vis du seigneur»6. Cet aspect libertaire se trouve dans la racine même du mot qui renferme la notion d’ «affranchissement» et donne naissance au XIXe siècle à l’adage utilisé par les historiens allemands «l’air de la ville rend libre»7. Le mouvement des chartes de franchise semble débuter, au plus tôt, en parallèle du développement démographique, à savoir autour de 950, sous l’impulsion première du nord de la France8. Toutefois, ce phénomène s’accroît principalement au XIIe siècle après le développement considérable du nombre de villes. Dans les années 1970, les historiens, tels que Charles Petit-Dutaillis9 ou Robert Fossier10, considéraient que ces chartes étaient le résultat de la dynamique de la ville et de l’unique revendication bourgeoise, et, par conséquent toujours à l’encontre du seigneur. S’il est vrai que la montée en puissance de la bourgeoisie en ces derniers siècles du Moyen Âge joue un rôle important dans l’octroi de chartes de franchise, les études récentes, et notamment celle menée par Pierre Charbonnier11, montrent que cela résulte majoritairement d’une volonté seigneuriale de ménager ses sujets et d’établir une relation de confiance avec la ville. Par ailleurs, l’étalement du mouvement sur près de deux siècles justifie l’hypothèse de l’absence d’insurrection générale et le fait qu’il s’agit bien d’un processus 1 Tuefferd, « Histoire des comtes souverains …», p.141-142 2 Tuefferd, « Histoire des comtes souverains …», p.120 3 Tuefferd, « Histoire des comtes souverains …», p.143 4 Henri accorde sa première franchise à aux habitants de Passavant en 1339, voir : Tuefferd, « Histoire des comtes souverains …», p.135 5 Fossier, « Privilège », in Dictionnaire du Moyen Âge, pp.1149-1150 6 Saint-Denis, « Franchises », in Dictionnaire du Moyen Âge, pp.553-554 7 Schneider, « Libertés, franchises, communes : les origines. Aspects d’une mutation », p.13 8 Saint-Denis, « Franchises », in Dictionnaire du Moyen Âge, pp.553-554 Fossier, « Franchises rurales, franchises urbaines dans le nord de la France », p. 245 9 Petit-Dutaillis, Les communes françaises, 1970, p.44 10 Fossier, Chartes de coutumes en Picardie, 1974, p. 116 11 Charbonnier, « Les chartes urbaines dans la France centrale : un mouvement seigneurial ? », p. 265-280 36 lent. Dans le Comté de Bourgogne, l’attribution de telles chartes est plus tardive puisque cela semble s’accentuer véritablement aux XIVe-XVe siècles et Henri fut un acteur principal. Le 29 juin 1343, les habitants de Granges-le-Bourg, et uniquement le bourg, obtiennent leur charte de franchise, et, excepté pour quelques hommes, ils se voient affranchis de la mainmorte par Henri de Montfaucon1. Dans le cas de Granges, la situation délicate dans laquelle se trouve alors Henri n’est pas l’unique justification possible à l’octroi de cette charte. En effet, il est possible qu’il s’agisse d’un «cadeau» seigneurial à une localité dans laquelle il séjournait régulièrement et qu’il «affectionnait» particulièrement2. A l’appui, il est écrit que ce document est attribué «regardant et considérant les plaisirs, bons et agréables services et bénéfices que lesdits nos hommes de ladite ville de Granges nous ont fait et s’efforcent faire de jour en jour, et aussi la grande affection d’amous [amour] qu’ils ont toujours à nous devanciers» (l.7-9). Henri connaît aussi très bien les règles diplomatiques de l’époque avec ses pairs et obtient, dans cette lutte contre Louis, l’appui de Philippe de Rouvres, le nouveau duc-comte de Bourgogne. Il lui rend hommage et effectue ainsi une reprise de fief des terres de Granges et Passavant un jour de Noël, le 25 décembre 13563. Il s’agit là de la première inféodation des terres de Granges aux ducs de Bourgogne constatable par une charte4. 3. La domination wurtembergeoise : cadre historique de nos archives Les archives comptables conservées pour la seigneurie de Granges (1423-1689), et qui forment notre ensemble documentaire, s’intègrent dans la dernière période de domination importante dans le Pays de Montbéliard : celle de la famille des Wurtemberg qui dirige cet espace de 1407 à 17935. Le 31 octobre 1397, Henri de Montbéliard n’ayant laissé pour successeurs que des filles, l’aînée, Henriette, alors âgée de 10 ans, reçoit par testament l’ensemble du comté de Montbéliard ainsi que les seigneuries de Granges, de Porrentruy, de Clerval et de Passavant6. Elle doit faire face aux prétentions des ducs-comtes de Bourgogne jusqu’à ce que son mariage avec Eberhard IV, fils d’Eberhard le Débonnaire, en 1407, ramène toutes ses terres à la maison des Wurtemberg, famille allemande mais au parler français7. A la mort de son époux en 1419 elle se retrouve seule à la tête de toutes les possessions qu’elle protège solidement de la menace des puissances voisines8. Ce changement de main marque le passage à une nouvelle politique successorale basée sur la loi 1 Tome II, Annexe 5, p.5-6. Il est souvent répété «la ville de Granges», mais cette appellation englobe uniquement le Granges-le-Bourg, considéré comme le prouve la citation «en nostre ville de Granges-le-Chastel» (l.5). Cuenot, Etudes des seigneuries de Granges, Clerval, Passavant…, p.21 2 Tuefferd, « Histoire des comtes souverains …», p.133 3 Mesmay, Dictionnaire historique, biographique et généalogique…, p.112 4 Cuenot, Etudes des seigneuries de Granges, Clerval, Passavant…, p.21 5 Tchirakadze, «La réalisation à partir des documents d’archives...», p.37 6 Vienot, Histoire du Pays…, p.81 Cuenot, Etudes des seigneuries de Granges, Clerval, Passavant…, p. 20. L’auteur note que la comtesse reçoit Grangesla-Ville mais cela est certainement une erreur et la comtesse reçoit en héritage l’ensemble des terres liées à Granges-leBourg, siège du château et de la justice. 7 Cela, ajouté à l’étroite relation qu’entretient l’aristocratie locale avec la France, explique pourquoi les documents d’archives continuent à être écrits en français après cette transmission des possessions à la maison allemande des Wurtemberg. 8 Cuenot, Etudes des seigneuries de Granges, Clerval, Passavant…, p.20 37 salique encore utilisée dans les terres wurtembergeoises, et la transformation de la seigneurie de Granges en fief d’empire «passant aux agnats à défaut de descendance masculine»1. En 1424, lorsqu’Henriette demande un dénombrement sur ses terres, la seigneurie de Granges fait partie des fiefs de la comtesse de Montbéliard qui la tient du comte de Bourgogne comme pour ses prédécesseurs2. En administratrice exemplaire, elle lègue une documentation qui offre de précieuses informations sur les territoires qu’elle domine jusqu’à sa mort en 14443. C’est d’ailleurs sous son règne qu’est rédigé le premier compte de la seigneurie de Granges à disposition, en 1423-14244. Sous la domination des Wurtemberg la région du Pays de Montbéliard subit de nombreux conflits, surtout à la fin du XIVe siècle et au début du XVe siècle. Si aucun document ne parle spécifiquement de la situation à Granges, rien ne laisse penser que ce secteur est davantage épargné qu’un autre puisqu’il occupe une position centrale entre Héricourt, Blamont et Etobon, trois terres très touchées par les conflits. La situation fut particulièrement délicate lorsque les Écorcheurs écumaient la région entre 1435 et 1445. Pour lutter contre ces mercenaires sanguinaires, ces «brigands de grands chemins» que la paix d’Arras avait rendus oisifs, il fallut que Thiebaud IX de Neufchâtel s’empare du château d’Etobon ainsi que de ceux de Granges, Clerval et Passavant5. Les positions dont il avait pris le contrôle, s’ajoutant à ses possessions personnelles, formaient un enclos fortifié autour de Montbéliard, ville occupée par les Écorcheurs. La pression diplomatique exercée sur les ennemis entraîne la libération de la ville en 14456. Après cela, Granges reste entre les mains de Thiébaud quelques temps jusqu’à ce que celui-ci restitue le fief au duc de Bourgogne à une date antérieure au 6 octobre 1446, date à laquelle Louis de Wurtemberg prête foi et hommage au duc pour récupérer ces terres7. Dans les années qui suivent, les tensions ne s’estompent pas. Ainsi, en 1465, Granges se prépare à la «guerre des Sinchas/Suichas8» ; en 1468-1469, Henry de Bavans, de passage à Granges, annonce que les «armees (?) de monseigneur avoient en voulentey de bruller le conte de Montbeliart»9. Les tensions atteignent leur paroxysme dans les années 1470. La création en 1474 de la Ligue Héréditaire qui coalise les Suisses, Sigismond, Louis XI, le duc de Lorraine et le comte de Montbéliard, Henri de Wurtemberg, contre les prétentions de Charles le Téméraire provoque le début des guerres de Bourgogne10. De ces épisodes, le siège d’Héricourt par les Suisses en 1474 et la destruction de plusieurs villes, dont Blamont, sont bien connus. Les vicissitudes de la seigneurie de Granges ne sont pas négligeables11. Aux prémices du conflit, son receveur cherche de l’aide, sur ordre du Monseigneur de Neufchâtel, à Luxeuil et Faucogney, mais ne trouve aucune réponse favorable12. Granges se retrouve par conséquent, par son alliance avec les Neufchâtel, du côté du 1 Vienot, Histoire du Pays…, p.82 2 Cuenot, Etudes des seigneuries de Granges, Clerval, Passavant…, p.19 3 Vienot, Histoire du Pays…, p.88 4 AN, K2272.1, Compte 1423-1424 5 Tuefferd, « Histoire des comtes souverains …», p.228 et 242 6 Tuefferd, « Histoire des comtes souverains …», p.242 7 Tuefferd, « Histoire des comtes souverains …», p.245 8 AN, K2272.1, Compte 1460-1465, f.35. Le terme n’a pas été identifié. Peut-être s’agit-il des Suisses qui saccagèrent le pays autour de 1470. 9 AN, K2272.1, Compte 1468-1469, f.33 10 Vienot, Histoire du Pays…, p.90-91 11 Vienot, Histoire du Pays…, p.93 12 AN, K2272.1, Compte 1473-1476, f.31 38 duc de Bourgogne, Charles le Téméraire. Cela lui nuit. Entre «la saint George 1476 et de lan finir a lad saint George 1477 [le receveur] ne fait nulle recepte pour ce que la ville et terre de Granges est este destruite et les povres gens futif (fuient)»1 et il faut «deslogier les gens d’armes»2 basés à Moffans. Les soldats rôdent partout, Lomont est occupé en 1475 et il faut installer une garnison au château de Granges3. Le receveur n’ose même plus sortir du bourg à cause de l’armée4. Aussi, à partir de 1474 de nombreux villages de la seigneurie sont brûlés, abandonnés et cela pendant plusieurs années5. Par la suite, le règne d’Eberhardt le Barbu (1482-1496), frère d’Henri, semble plus pacifique6. Le XVIe siècle est marqué, dans le Pays de Montbéliard, par l’accueil favorable de la Réforme en ces terres7. Son implantation dans les terres de Granges n’est pas renseignée dans les comptes et il semble qu’elles restent catholiques. La seigneurie est traversée globalement par des problèmes plus matériels comme la peste, les incendies, les intempéries ou encore les procès de sorcellerie. Du point de vue économique, la viticulture se développe fortement à partir des années 1520. Cela est relativement précoce dans la région puisqu’on attribue traditionnellement le développement de la viticulture, de l’agriculture et de l’industrie à Férédéric Ier (1568-1608). En 1561, le receveur évoque rapidement la guerre d’Héricourt ainsi que quelques autres passages belliqueux tout au long du siècle, mais rien d’aussi important que ce qui a été subi au siècle précédent8. Le Pays de Montbéliard est prospère au XVIe siècle, favorisé par l’établissement de comtes réformateurs et favorables au développement économique dont profite les terres de Granges9. Cette situation d’opulence n’est pas définitive. Entre 1634 et 1644, les Suédois n’épargnent pas Granges lors de la guerre de 10 ans. En 1641, le receveur écrit qu’il n’a presque aucun revenu «a raison de l’habandonnement des subuects qui ont quittez les maisons de leurs residences et a cause du malheur des guerres ayant continuez l’an du pnt compte»10. En 1644, le château de Granges «s’embrase»11. La guerre coûte cher et détruit ville et campagne, abandonnées pour plusieurs années. La menace plane jusqu’à la signature du traité de Westphalie (1648). La situation semble calme, malgré quelques passages de troupes, jusqu’à l’arrivée de Louis XIV et des espagnols qui aboutit à la destruction définitive du château de Granges en 167312. Granges, par sa position privilégiée, voit le défilé régulier de nombreuses troupes entre le XVe et la fin du XVIIe siècle. Tantôt alliées, tantôt ennemies, ces passages coûtent cher en argent et en hommes. La guerre occupe donc une place importante dans la comptabilité seigneuriale dont seuls quelques exemples sont exposés ici. Mais les comptes ne servent pas uniquement à faire de l’histoire événementielle articulée autour des guerres et des conflits. Ils renseignent également sur des aspects plus quotidiens qui permettent de mieux cerner l’organisation et l’administration 1 AN, K2272.1, Compte 1473-1476, f.14 2 AN, K2272.1, Compte 1473-1476, f.17 3 AN, K2272.1, Compte 1473-1476, f.26 4AN, K2272.1, Compte 1473-1476, f.28 5 AN, K2272.1, Compte 1473-1476, f.36-38 6 Vienot, Histoire du Pays…, p.94 7 Vienot, Histoire du Pays…, p.107 8 AD HS, E151, Compte 1561, f.23 et 76 9 Vienot, Histoire du Pays…, p.121-130 10 AD HS, E165, Compte 1641, f.03 11 AD HS, E165, Compte 1644, f.23 12 Vienot, Histoire du Pays…, p.159-170. Pour la mention du château de Granges : AD HS, E178 39 seigneuriale dans sa globalité. Cette notice historique permet d’aborder la formation progressive de la seigneurie, depuis les premiers seigneurs de Granges, dans l’entité formée par le jeune Comté de Montbéliard, ainsi que son évolution ultérieure dans le contexte historique plus large franc-comtois à partir du début du XIVe siècle. La situation féodale de Granges est aussi mieux comprise : terre impériale, elle dépend des ducs et comtes de Bourgogne qui la cèdent en fief aux comtes de Montbéliard, qui l’inféodent aux seigneurs de Granges jusqu’à la fin du XIIe siècle voir du XIIIe siècle. Cependant ce n’est qu’en 1330 que les preuves sont suffisantes pour affirmer que la seigneurie de Granges est désormais directement régie par les comtes de Montbéliard. Le contexte historique général éclaircit certains aspects présents dans la comptabilité seigneuriale qui résultent d’événements antérieurs à la production des comptes. Ainsi, la connaissance des alliances dans les strates supérieurs du pouvoir explique les choix stratégiques des seigneurs de Granges et leur promiscuité avec les ducs de Bourgogne et leurs alliés1. Aussi, nous comprenons également mieux les liens entre la famille de Granges et les institutions ecclésiastiques qui justifient certaines dépenses. Par ailleurs, l’établissement de la charte de franchise explique l’exemption pour une grande partie de la population de Granges-le-Bourg de la mainmorte. Enfin, la connaissance des différents conflits qui ont touché la Franche-Comté justifie la nécessité de certaines dépenses militaires extraordinaires. Les exemples ainsi tirés des archives, et proposés dans cette notice, démontrent que cette production documentaire offre de précieuses informations et précisions sur la gestion, sur la perception et sur l’impact, à l’échelle seigneuriale, d’événements jusqu’alors connus à l’échelle régionale mais également sur une gestion plus quotidienne du territoire à partir du XVe siècle. 1 Cette ambiguïté de la Comté entre France et Empire qui dure tout au long du Moyen Âge et de l’époque moderne mériterait son étude propre jusqu’ici inexistante. 40 II. Le dépouillement des archives comptables L’«extraordinaire» contenu dans les comptes est un bon outil pour proposer une histoire événementielle locale. Cependant, les comptes sont avant tout des écrits «ordinaires» qui renseignent sur la gestion quotidienne de la seigneurie. A. L’évolution et le développement d’un outil de gestion La comptabilité n’est pas une notion ni une pratique récente, elle tenait déjà une place importante dans l’administration de l’Ancien Régime. 1. Historiographie de la gestion comptable seigneuriale Dans les années d’après guerre se développe une histoire plus «mathématique» avec un intérêt croissant pour l’élaboration de statistiques et pour les analyses sur la longue durée. Cette histoire statistique est bénéfique à la connaissance des comptabilités anciennes. Le document financier n’est pas encore considéré comme une réelle source historique si l’on se reporte aux différents fascicules de la «Typologie des Sources» initié par Léopold Genicot1. Cependant, les travaux sur la question se multiplient. De nombreuses recherches traitent de comptabilités privées ou seigneuriales et cela dès les années 1970. Christine Goldmann présente, au colloque de Clermont-Ferrand, un cas du Calvados. Gérard Guie s’intéresse dans sa thèse au territoire de Sully-sur-Loire. Monique Chauvin préfère se pencher sur un cas breton, tandis que Benjamin Allart établit un comparatif entre deux années au sein de la comptabilité de la ville de Metz2. Les quelques exemples présentés ci-dessus permettent d’établir un constat bibliographique frappant. Les travaux sur la comptabilité médiévale et moderne résultent pour la très grande majorité d’une production estudiantine dans le cadre de mémoire de Maîtrise, de Masters ou, pour la plupart, de Thèses de 3e Cycle, rarement publiées. En 2008, la table ronde organisée à Lille marque un tournant décisif dans la connaissance de la comptabilité médiévale et moderne. Alors que seule l’information chiffrée avait de l’importance, les historiens développent une nouvelle approche en appliquant les principes de la codicologie au document comptable. Filière de la paléographie, cette pratique apparaît dans les années 1970 et correspond à l’étude du document manuscrit dans son aspect et non dans son contenu. Cela est souvent considéré comme de l’archéologie des archives. En France, les adeptes de cette nouvelle approche suivent alors un courant venu d’Allemagne avec le concept de «pragmatische Schriftlichkeit», ou «scripturalité» en français3. Elle s’intéresse en premier lieu aux chartes et particulièrement au processus de production des cartulaires ou des livres de bibliothèques et 1 Genicot (dir.), Typologie des sources du Moyen Âge Occidental, 1972-2017 2 Goldmann, «La seigneurie de Fontenay-le-Marmion (Calvados) : analyse d’une comptabilité seigneuriale (13771380)», in Seigneurs et Seigneuries au Moyen Âge, 1993, p.275-288 Guie, Etude d’une comptabilité seigneuriale : les comptes des receveurs et fermiers généraux de Sully-sur-Loire au XIVe siècle, 1985 Chauvin, Les comptes de la seigneurie de Lamballe, 1974 Allart, Les finances de la ville de Metz au XVe siècle : comparaison entre deux années des comptes du receveur Jehan d’Ancy, une année de guerre et une année de paix (1444-1446, 1448-1449), 2007 3 Mattéoni, «Codicologie des documents comptables (XIIIe-XVe siècles). Remarques introductives», in Comptabilités [En ligne], N°2 (2011), URL : http://comptabilites.revues.org/382, p.1 41 consiste à repérer les erreurs, les ajouts, les corrections et divers autres éléments présents dans chaque cahier et sur chaque feuillet du document1. Elle est essentielle dans la compréhension de la logique de conception d’un registre et permet également d’évaluer l’efficacité de l’administration et de ses agents2. Les écrits religieux sont étudiés depuis plus de 40 ans sous cet angle, mais cela fait moins de 10 ans que les comptes bénéficient d’un traitement similaire. Les actes du colloque de 2012 publiés dans Classer, dire, compter : Discipline du chiffre et fabrique d’une norme comptable à la fin du Moyen Âge est la première analyse synthétique sur la codicologie et la diplomatique des comptes de la fin du Moyen Âge. Il regroupe ainsi d’importantes études qui démontrent le travail conséquent nécessaire d’une telle approche. A partir de 2010 est mis en place le site internet Comptabilités. Revue d’histoire des comptabilités où sont présentés, chaque année, les articles des différentes rencontres à ce sujet3. Ce nouveau lien devient, dès lors, un outil essentiel pour la compréhension de la pratique comptable. Le compte, et sa conception du point de vue matériel, prend une place majeure dans la compréhension de la comptabilité, de son évolution et de la diffusion des différents modèles4. Un nombre croissant d’historiens, et spécifiquement d’historiens de l’économie médiévale, considère à présent ces documents comme des écrits particuliers qui observent leur propre organisation et leur propre mise en page. En conséquence, les groupes de recherche et de travail sur ce domaine se multiplient, à l’exemple de ScriptHis à Strasbourg, pour essayer de comprendre ces créations matérielles5. 2. Vers l’apogée de la «civilisation comptable» La perception existe déjà au haut Moyen Âge mais c’est à partir du Xe siècle, alors que se développe et se met en place le système seigneurial, que les archives comptables semblent se diversifier et se multiplier dans toute l’Europe occidentale6. Michel Le Mené répartit ces documents en plusieurs catégories. Tout d’abord, il regroupe la comptabilité d’exploitation d’entreprises agricoles, artisanales ou industrielles qui peuvent être rapprochées avec d’autres documents portant sur les taxes à la production. Puis, il pointe l’apparition des premières enquêtes à l’image du Domesday Book de 1086. Enfin, il souligne l’importance et la précision des écrits qui portent sur les péages, les douanes ou les fonds notariaux7. Cependant, certaines de ces séries présentent quelques limites. La comptabilité d’exploitation, par exemple, porte sur un élément ou un bâtiment précis qui ne correspond qu’à un espace restreint et ses données ne peuvent être extrapolées au niveau d’un territoire plus large. Aussi, la fluctuation rapide de la superficie des domaines rend une 1 Mattéoni (dir.), Beck (dir.), Classer, dire, compter..., p.9 Beck, «Forme, organisation et ordonnancement des comptabilités...», p.32 2 Beck, «Forme, organisation et ordonnancement des comptabilités...», p.39 Beck, «Codicologie d’un compte de châtelain bourguignon : Michel Girost et les pressoirs de Chenôve (1401-1404)», in Comptabilités [En ligne], N°1 (2010), URL : http://comptabilites.revues.org/76, p.1 3 Mattéoni (dir.), Beck (dir.), Classer, dire, compter ..., 2015, 490p. Beck, «Forme, organisation et ordonnancement des comptabilités...», p.32 4 Beck, «Forme, organisation et ordonnancement des comptabilités : pour une approche codicologique archéologique - des documents de la pratique», in Mattéoni (dir.), Beck (dir.), Classer, dire, compter ..., p.32 5 Groupe de travail rattaché à l’EA ARCHE 3400 6 Le Mené, L’économie médiévale, p.15 7 Le Mené, L’économie médiévale, p.10-14 42 comparaison dans le temps peu pertinente1. A l’échelle de la seigneurie, les documents existent. Jusqu’au XIIIe siècle, les documents comptables seigneuriaux conservés sont majoritairement ponctuels. Jean Favier donne plusieurs exemples anciens dont Le Gros Bref du comte de Flandre de 1187, et le compte de Colchester, ou Pipe Roll, non daté2. Pour les siècles suivants, entre le XIIIe et le XVe siècle, les études produites sur le sujet démontrent un accroissement considérable de «séries documentaires» comptables. Pour les historiens, cet essor, que ce soit au niveau des comptes proprement dits ou de tous les documents annexes qui servent à leur production (quittances, lettres, comptes particuliers3...), représente l’épanouissement de la «civilisation comptable»4. Cette multiplication de documents, à partir du XIIIe siècle, traduit un aspect du mouvement de transformation générale qui s’opère en cette période et un changement culturel important dans la société médiévale avec le passage d’une culture de l’oral à une culture de l’écrit dont les documents financiers ne représentent qu’une infime partie5. C’est le temps de «la révolution de l’écrit»6. Cependant, selon Paul Bertrand, l’accroissement documentaire qui s’amorce dès la fin du XIIe siècle est davantage la conséquence d’une révolution de la conservation, avec le développement d’un certain goût de l’accumulation et un souci croissant pour la préservation, que d’une révolution de la production écrite7. L’acte d’archivage ou la question de la conservation ne se pose pas pour des documents qui n’ont plus d’utilité mais, dès les XIe-XIIe siècles, le document «retrouve une valeur juridique qu’il avait perdue»8. L’écrit se pare alors de plusieurs fonctions. Il permet la mise par écrit du passé9. A travers les encyclopédies et les dictionnaires, il sert à analyser, comprendre, contrôler et prévoir10. Il est également utilisé pour communiquer, publier et conforter ce qui était jusqu’alors transmis à l’oral: c’est le développement du concept de «public»11. Enfin, c’est un outil de communication avec une autorité qui lui confère du crédit et une validité et fiabilité12. Au plus grand bonheur des spécialistes le système seigneurial bénéficie de cette «révolution documentaire» et ces séries permettent des analyses non plus ponctuelles, mais sur la durée13. La pratique comptable subit donc une évolution majeure à partir du XIIIe siècle. Les différentes mutations et les nouveaux enjeux sociaux entraînent une nouvelle organisation qui favorise la production et la conservation des documents financiers sériels. Ainsi, les historiens disposent aujourd’hui de nombreuses séries comptables sur une multitude de territoires et de seigneuries. 1 Le Mené, L’économie médiévale, p.10 2 Favier, Finance et fiscalité..., p.25-27 3 Goldmann, «La seigneurie de Fontenay-le-Marmion...»,p.282-283 4 Leguil, «Faire et ordonner ses comptes dans les deux Bourgognes...», p.60 5 Gauvard, La France au Moyen Âge..., p.142 Bertrand, Les écritures ordinaires..., p.353 6 Bertrand, Les écritures ordinaires..., p.353 7 Bertrand, Les écritures ordinaires..., p.22 et 386 8 Bertrand, Les écritures ordinaires..., p.385 9 Bertrand, Les écritures ordinaires..., p.355 10 Bertrand, Les écritures ordinaires..., p.372 11 Bertrand, Les écritures ordinaires..., p.359 12 Bertrand, Les écritures ordinaires..., p.361 13 Le Mené, L’économie médiévale, p.9 Leguil, «Faire et ordonner ses comptes dans les deux Bourgognes...», p.61-62 43 B. La pratique comptable dans la seigneurie de Granges L’analyse codicologique des comptes de la seigneurie de Granges permet de cerner les grandes évolutions et les grandes modifications dans la gestion comptable de ce territoire dans le but de les comparer avec les données fournies par d’autres spécialistes sur des territoires voisins. 1. Corpus documentaire et méthodologie Base de données et méthodologie Dans le cadre des comptes de Granges, seules les caractéristiques globales sont abordées. En effet, l’étude du document en lui-même n’a pas été définie comme un axe majeur de l’étude mais certains points permettront une meilleure connaissance et compréhension du contexte de production, et d’en conclure sur leur fiabilité à travers la présence de codes dans l’écriture de ces comptes et des modalités de conservation des documents. De fait, afin de pouvoir pointer des différences et les modifications au fil des ans et de discerner les évolutions, il est essentiel de déterminer, en amont, des critères communs à tous les documents. La base de données [Fig.13] devient, dès lors, un outil indispensable dans la comparaison de ces critères afin d’établir les caractéristiques générales des archives1. Cette base de données «codicologique », tripartite, classe les comptes chronologiquement. Chaque entrée correspond à un document qui, dans le cas présent, équivaut à la période couverte par un compte, soit une ou plusieurs années. Pour la collecte des informations nécessaires à cette étude codicologique, le travail a été effectué en deux étapes distinctes. Dans un premier temps, les données nécessitant un contact direct avec le document (prises des dimensions, repérage du nombre de cahiers, observation des types de reliure et des types de matériaux...) ont été relevées in situ pour les documents conservés aux Archives Départementales de la Haute-Saône (AD70). Dans un second temps, afin de pouvoir disposer librement de l’information textuelle, les comptes de ce même fond ont été systématiquement photographiés, puis exploités, a postériori, sur ordinateur. La comptabilité conservée aux Archives Nationales (AN) a subi un traitement légèrement différent. Les photos n’ont pas été prises personnellement mais fournies par un intervenant extérieur2. Le travail a donc été exclusivement fait sur ordinateur et les éléments nécessitant une vision et une manipulation directe des documents ne pourront donc pas être analysés pour ce groupe d’archives. La première partie de la base correspond à la fiche d’identité du document. On y trouve l’année, la localisation avec la côte des archives, la langue, l’auteur (autrement dit le receveur), le destinataire (ou l’institution supérieure à laquelle il est destiné) et, enfin les dates de début et de fin de la tenue du compte. Lorsque l’information est disponible il est également précisé le numéro de compte par receveur. La seconde partie traite davantage de la matérialité du document. Le format est donné de manière globale. Les dimensions ont été relevées en millimètres mais ces mesures sont rapprochées des formats traditionnaux actuels (A3, A4 ou A5), afin de cerner, de manière générale, si une évolution significative existe. Le type de document offre une indication sur son histoire et, 1 L’ensemble des informations de cette base sont présentées sous la forme d’un tableau : Tome II, Annexe 4, p.7-10 2 Je remercie chaleureusement Jean Hennequin de m’avoir fourni les photos prises par son ami parisien. 44 dans le cas du registre, d’un possible remaniement ultérieur de plusieurs comptes. Cette seconde partie est complétée par l’organisation des informations du compte et par des appréciations plus personnelles comme la qualité de l’écriture et du document. La reliure et la couverture améliorent la conservation des documents, mais elles sont également de très bons indicateurs du soin apporté aux manuscrits puisque tous les documents ne subissent pas le même traitement. Le nombre de pages écrites est donné approximativement et a été arrondi au multiple de 5 supérieur ou inférieur pour donner, comme pour le format, un ordre de grandeur. La foliotation, et ses caractéristiques, sont également un point mis en avant puisqu’elle permet d’estimer l’exhaustivité d’un document. Type de document Compte/Comptable Localisation AD HS Côte Archives Dénombrement Année 1569 Auteur Girard Gruet Montre d'Armes Langue N° Compte Auteur E152 Date Début/Fin Format en mm 300x205 Qualité Type Bonne Moyenne Mauvaise Cahier Registre Foliotation Oui Non Origine Folio Emplacement St George 1569 - St George 1570 Reliure Oui Couverture Non Type de Reliure Ficelle, piqûres sur le dessus Organisation/Rythme P Droite, Haut, Droite Recettes/Dépenses Dernier Numéro Folio Visible Rubriques Commune Aucun Origine 88 Archiviste Type Chiffres Arabes PA RT I E I 5 Prince Volgang + Philippe Destinataire Format A3 A4 A5 Inconnu Français Oui Non Type Couverture Papier Nombre pages écrites (approx.) 180 Notes sur organisation PA RT I E II Bilan Annuel Journalier 68 : peste Montenois (droit funériaux) Figure 13 : Exemple d’un enregistrement/d’une page de la Base de Données «Codicologie», logiciel Filemaker 67 : confrérie conception Notre Dame de Granges la Ville N° Photos Mention Habit. 0862/65/70/75/80, 0925/26 45 Généralités du corpus Les comptes de la seigneurie de Granges sont dispersés, d’après l’état actuel des recherches, entre les archives nationales de Paris et les archives départementales de la Haute-Saône à Vesoul. Aux AN sont conservés tous les comptes du XVe siècle, de 1423 à 1491, soit 10 documents qui recouvrent approximativement 22 ans, sous la côte K2272.1. Les AD70 abritent tous les autres comptes, soit ceux du XVIe et XVIIe, entre 1506 et 1689, qui font un total de 127 comptes (70 pour le XVIe siècle, 57 pour le XVIIe siècle) et recouvrent au total 129 années (71 pour le XVIe siècle, 58 pour le XVIIe siècle)1. Ainsi, pour notre corpus, trois siècles sont représentés, du XVe au XVIIe siècle, pour un total de 137 documents qui recouvrent 151 années (soit 50% des années, soit la moitié de l’ensemble de la période). La série documentaire se poursuit aux AD70 pour le XVIIIe siècle mais il a été décidé de s’arrêter au dernier compte du XVIIe siècle, celui de 1689. Par ailleurs, deux autres documents, situés dans nos bornes chronologiques, sont également écartés de l’étude. Le premier est dit de 1513, en allemand, mais s’avère être, à la lecture du prologue et des dates mentionnées, une copie de 1512. Le second est celui de 1548 qui, d’après les informations fournies également dans le prologue, est établi par le receveur de Granges mais concerne la seigneurie de Vellechevreux. Il s’agit certainement d’une erreur de classement puisqu’un carton spécifique regroupe les autres comptes de cette seigneurie2. Il faut également noter que le premier compte de 1423-1424 ne concerne pas exclusivement la seigneurie de Granges mais également celle d’Etobon. Dans ce corpus, le XVIe siècle est très bien représenté puisqu’il couvre près de la moitié des 151 années traitées (71 ans, 47%), suivi par le XVIIe siècle (58 ans, 38%), et enfin, en dernier le XVe siècle le moins représenté (22 ans, 15%) [Tabl.1 et Fig.14]. Le tableau représentant toutes les années calendaires [Tabl.2] permet de bien repérer les lacunes documentaires, particulièrement importantes au début de la période, comme, par exemple entre 1425 et 1456 (32 années sans connaissance de la tenue d’une comptabilité), ou encore entre 1492 et 1505 (14 années sans comptabilité). Au XVIe siècle, les manques sont beaucoup plus réduites et l’absence de document comptable n’excède pas 5 années consécutives comme pour les périodes de 1517-1521, 15231527 ou 1593-1597. Enfin, jusqu’au milieu du XVIIe siècle, les absences comptables sont presque inexistantes (6 années seulement), tandis que, pour la seconde moitié de ce siècle, il n’existe que 4 comptes. La série documentaire de 137 comptes qui subsistent aux archives demeure, toutefois, très importante, d’autant plus que toutes les années d’un siècle n’ont pas forcément fait l’objet d’un compte pour diverses raisons. La numérotation des comptes par receveur à partir de 1528 facilite le repérage de lacunes. Dans un seul cas, entre l’année 1534 et 1535, sous l’office de Richard Perrenon, la numérotation des comptes recommence au cours de son mandat et semble coïncider 1 La série K des archives nationales correspond au fond «Monuments Historiques», et la série E des archives départementales aux «Titres féodaux et familles, municipalités et communes». Les documents sur la principauté de Montbéliard ont été divisés en 1839 entre les Archives générales du Royaume et les archives départementales d’après leur intérêt pour une histoire générale (Paris) ou local (les départements). Pour une description complète du fond des archives nationales : https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/pog/ consultationPogN3.action?nopId=c614vua0wfq-aaexcjeh3ips&pogId=FRAN_POG_02&search= 2 AD 70, E145 46 avec la mise en place d’un nouveau duc de Wurtemberg1. Pour les années 1527 (1er compte de Richard Perrenon), 1536 (1er de Jacques Grevillot), 1542 (7e de Jacques Grevillot) et 1560 (16e d’Estienne Boichot), les manques dans les archives sont certains. Ces comptes ont été perdus, détruits ou déplacés. Dans d’autres cas, le compte n’a tout simplement jamais été produit. Une note dans le document de 1598 précise que le dernier produit est celui de 1591-1592. Il y a donc une coupure entre 1592 et 1598, qui ne correspond pas à une lacune dans les archives mais bien à sept années sans perception, ou du moins sans sa traces sur un document écrit, au sein de la seigneurie. Enfin, pour certaines absences il est plus délicat d’en affirmer la cause. Ainsi, l’année 1544 peut être le 9e compte de Jacques Grevillot ou peut n’avoir jamais existé, tout comme pour l’année 1603. De même, la période entre 1633 et 1639, du fait des conflits, a pu ne pas faire l’objet de comptes mais, contrairement à 1598, aucune notice ne permet de le certifier. Ces différentes observations permettent de conclure que le corpus dont nous disposons est réduit pour le XVe siècle mais régulier pour les XVIe et XVIIe siècle. Il est donc un bon support pour une étude partielle sur la fin du Moyen Âge et plus précise pour les débuts de l’époque moderne. Répartition par siècle du nombre d'années traitées dans les comptes (sur un total de 151 ans) 15% XVe 38% Nombre Nombre de d'années Pourcentage Siècle documents traitées XVe 10 22 15% XVIe 70 71 47% XVIIe 57 58 38% Total 137 151 100% Tableau 1 : Répartition par siècle du nombre d’années traitées dans les comptes XVIe XVIIe 47% Figure 14 : Répartition par siècle du nombre d’années traitées dans les comptes 1 Le duc de l’année précédente, soit l’année 1533, n’est pas dénommé. Cette remarque reste donc au stade de l’hypothèse. 47 48 1440 1457 1474 1491 Année Compte existant Compte perdu Absence comptabilité Receveur Numéro compte receveur Destinataire Année Compte existant Compte perdu Absence comptabilité Receveur Numéro compte receveur Destinataire Année Compte existant Compte perdu Absence comptabilité Receveur Numéro compte receveur Destinataire Année Compte existant Compte perdu Absence comptabilité Receveur Numéro compte receveur Destinataire 1508 1525 1542 Année Compte existant Compte perdu Absence comptabilité Receveur Numéro compte receveur Destinataire Année Compte existant Compte perdu Absence comptabilité Receveur Numéro compte receveur Destinataire ??? ??? ??? 7 Jacques Grevillot 1543 1526 1509 1492 8 1544 1527 1510 1493 Henry de Wurtemberg ??? ??? 1 1545 1528 1 2 ??? 1512 1546 1529 1513 1496 ??? 1514 1497 ??? 2 3 4 5 Richard Perrenon 1531 1547 3 1548 4 ??? Comte de Wurtemberg et de Montbéliard 1530 Duc de Wurtemberg et Comte de Montbéliard ??? + COPIE ALL. 1495 ??? Nicolas Clochier 1480 Henry de Wurtemberg 1479 Prince Ulrich + Cristofle son fils Jean Andrey 1511 1494 ??? 1478 Perrin Chanterey 1477 ??? 1476 Humbert de Montbéliard 1475 Ebreard de Wurtemberg 1463 1446 1429 Henry + Ebreart de Wurtemberg 1462 1445 1428 ??? 1461 1444 1427 Guy de France 1460 1443 1426 ??? 1459 1442 1425 Pierre Berbier 1458 1441 Henriette de Montbéliard (?) Eberard de W Année Compte existant Compte perdu Absence comptabilité Receveur Numéro compte receveur Destinataire 1424 Guillaume Girey Pierre Chanterey 1423 Année Compte existant Compte perdu Absence comptabilité Receveur Numéro compte receveur Destinataire Tableau 2 : Etat du corpus et généralités selon toutes les années calendaires entre 1423 et 1689 1549 1532 5 6 ??? Jean Andrey 1515 1498 1481 1464 1447 1430 1550 1533 1516 1499 1482 1465 1448 1431 6 7 ??? 7 1 1535 1518 1501 1484 1467 1450 1433 Estienne Boichot 1552 Prince Ulrich Prince Cristofle 1551 1534 1517 1500 1483 1466 1449 1432 8 2 ??? ??? 1553 1536 1519 9 1 1554 1537 1520 1503 1486 10 ??? 2 Ebreard de Wurtemberg Eberard de W 1502 1469 1452 1435 Pierre Pillot Jacques de Molans 1485 1468 1451 1434 11 3 1539 1556 ??? 12 Jean Vautherelet 1507 1490 ??? Henry de W. ??? Humbert de Mtbd 1473 1456 1439 1540 1523 5 1557 13 14 6 Prince Friderich 1558 1541 1524 Duc de Wurt. et comte de Mtbd 1506 1489 1472 1455 1438 Prince Ulrich + George 4 Comte de W ??? Henry du Mons 1522 1505 1488 1471 1454 1437 Jacques Grevillot Prince George 1555 1538 1521 1504 1487 1470 1453 1436 49 1559 1576 1593 1610 1627 1644 1661 1678 Année Compte existant Compte perdu Absence comptabilité Receveur Numéro compte receveur Destinataire Année Compte existant Compte perdu Absence comptabilité Receveur Numéro compte receveur Destinataire Année Compte existant Compte perdu Absence comptabilité Receveur Numéro compte receveur Destinataire Année Compte existant Compte perdu Absence comptabilité Receveur Numéro compte receveur Destinataire Année Compte existant Compte perdu Absence comptabilité Receveur Numéro compte receveur Destinataire Année Compte existant Compte perdu Absence comptabilité Receveur Numéro compte receveur Destinataire Année Compte existant Compte perdu Absence comptabilité Receveur Numéro compte receveur Destinataire Année Compte existant Compte perdu Absence comptabilité Receveur Numéro compte receveur Destinataire 8 13 5 1679 1662 1645 6 1680 1663 Claude Gurnel 7 14 9 14 ??? 1646 1629 1612 1595 1578 17 13 Mathieu Belot 1628 1611 1594 1577 16 1561 Prince Louys Friderich 12 7 12 15 1560 18 10 15 1614 1597 1580 1563 1681 1664 1647 8 1 + CARNET 1630 1682 1665 1648 1631 Prince Jehan Friderich Deile Gurnel 1613 1596 1579 Prince Friderich Estienne Boichot 1562 1632 1615 1598 1581 12 3 17 20 3 1601 3 5 7 1689 1672 1655 1638 1622 1605 1588 1571 7 2 24 7 ??? ??? ??? CARNET 8 ??? ??? 1673 1656 1639 9 Prince Louys Friderich 6 Mathieu Belot 1621 1 Joseph Monnier 1688 1671 1654 1637 5 ??? 1604 23 ??? 6 ??? 4 1620 1603 22 1587 ??? 1687 1670 1653 1636 1619 Prince Friderich 7 21 1586 6 Girard Gruet Deile Gurnel 1686 1669 Prince Leopold Firderich 4 Deile et Nicolas Devaux 1652 1635 1618 6 1602 5 1570 ??? 1685 1668 1651 2 5 Prince Friderich 20 1585 1569 Prince Wolgang + Philippe 4 + COPIE ??? 1684 1667 3 19 1584 1568 ??? 2 1650 4 1634 1617 3 + COPIE Prince Wolgang + Cristofle 2 1567 Desle François Sauvaige 1600 Girard Gruet 1583 1566 CARNET (+ COPIE) 1683 1666 1649 1 4 18 1 + CARNET 1633 1616 1599 1582 1565 CARNET 1 COPIE Son Altesse de Wirtemberg 2 Claude Baptiste Vernerey 11 16 19 1564 1640 1623 1606 1589 9 10 8 3 25 9 4 1 1675 Deile Devaux 1658 11 + COPIE 10 1592 1575 5 1609 1642 1625 1676 1659 12 + COPIE 3 10 1677 1660 1643 1626 Prince Jehan Friderich 1608 2 Desle François Sauvaige 1591 Prince Léopold Friderich 2 Claude Gurnel 1641 1624 Deile Gurnel 1607 1590 1574 4 11 + COPIE 6 11 Légende : + COPIE ALL : existence du compte et d'une copie allemande + COPIE : existence du compte et de la copie + CARNET : existence du compte et du carnet des revenus CARNET : existence du carnet des revenus seulement 1674 1657 1 8 1573 Prince George Friderich + Charles 1572 Par qui ? Pour qui ? Pendant combien de temps ? La question des lacunes qui introduit la personne du receveur, invite à se pencher sur les caractéristiques de cet office. Les personnalités des receveurs sont peu connues. Ainsi, les modalités de leur recrutement, les prérequis nécessaires à cet office et la formation suivie ne sont pas renseignés dans les comptes1. Les indications sur le statut social de ces personnes sont rares. Dans la majorité des cas, seul l’office de receveur est indiqué. Mais il arrive qu’une précision soit ajoutée. Ainsi, Guy de France est un prêtre (1460-1465), Nicolas Clochier également châtelain de Granges (1479-1480), Jean Vautherelet un bourgeois de Montbéliard (1506-1507), Jacques Grevillot clerc et notaire publique (1537-1543), Deile Gurnel procureur (1684), et, enfin, Joseph Monnier notaire (1689). Ces indications, minoritaires par rapport à l’ensemble du corpus, présentent un personnel lettré issu principalement des milieux ecclésiastique (prêtre, clerc) ou judiciaire (notaire, procureur). Ce sont donc des personnes ayant un certain savoir dans la gestion administrative et la manipulation mathématique. Ces lettrés officient dans la seigneurie de Granges pour une durée indéterminée, probablement jusqu’à leur mort ou leur inaptitude à la tâche. Si certains ne sont en fonction que quelques années, beaucoup restent plus de dix ans. L’office le plus long revient à Girard Gruet qui reste au poste pendant 25 ans (1565-1589). Estienne Boichot est receveur pendant 20 ans (1545-1564), Deile Gurnel pendant 12 ans (1604-1615), Mathieu Belot pendant 14 ans (1616-1629) et Deile Devaux pendant 12 ans (1648-1659) dont les huit premières années avec un autre membre de sa famille Nicolas Devaux. Ces officiers seigneuriaux établissent leur compte généralement pour une durée d’une année. Certains cas particuliers, majoritairement au XVe siècle, peuvent recouvrir plusieurs années: 1423-1424 (2 ans), 1457-1459 (3 ans), 1460-1465 (6 ans), 1468-1469 (2 ans), 1473-1476 (4 ans), 1479-1480 (2 ans), 1591-1592 (2 ans)2, et enfin 1639-1640 (2 ans). Pour les comptes du XVe siècle, la date de début et de fin de compte semble assez aléatoire jusqu’en 1485. En 1485, l’ouverture et la clôture du compte est fixée définitivement à la Saint-Georges, soit le 23 Avril3. Excepté pour trois cas, tous les comptes, entre 1485 et 1659, utilisent systématiquement cette date. En 1522 (noté sur la couverture 1523 mais c’est une erreur), le compte commence le 1er Janvier 1522 et s’achève le 1er janvier 1523 sans explication particulière quand à ce changement. En 1639-1640, il est écrit que le compte commence le «31 juillet 1639 jusqu’au premier jour de cest an presentement courant 1640». Enfin, pour le compte de 1684, il est simplement écrit «l’an seize cent quatre vingt quatre». Dans 7 autres cas, les dates ne sont tout simplement pas connues : 1423-1424, 1537, 1587, 1629, 1672, 1682 et 1689. Les destinataires de l’ensemble de ces documents sont les ducs et comtes de Wurtemberg et de Montbéliard, administrateurs directs de la seigneurie. A partir de 1529, un nouvel élément est ajouté sur la dernière page du compte. D’abord en allemand, le même texte semble être écrit en français à partir de 1540. Il explique que le compte est vérifié, et clos, à la Chambre du Conseil de Montbéliard, appelée également Chambre des comptes. Cela signifie que le receveur de Granges, 1 Les comptes n’ont pas pour vocation de présenter ce type d’informations qui sont probablement référencées dans d’autres archives. Monique Chauvin a ainsi retrouvé des lettres d’institution de receveurs établies par le seigneur : Chauvin, Les comptes de la Châtellenie de Lamballe (1387-1482), p.31 2 Ce n’est pas clairement exprimé mais c’est déduit à la lecture du compte. 3 Tous les sites à vocation religieuse proposent cette unique date du 23 Avril pour la Saint-Georges. 50 qui prend ses ordres du duc de Wurtemberg, dépose ses comptes et les fait vérifier à la Chambre des Comptes de Montbéliard1. Les dates de vérification des comptes sont relativement aléatoires. Jusqu’en 1615, elle se fait généralement l’année suivante, de sorte que la reddition du compte de 1609 est faite en 1610, souvent entre la fin avril et la fin août. Il arrive cependant que des cas particuliers soient observables pour certaines années. Le compte terminé à la Saint-Georges le 23 avril 1569 n’est clos qu’en décembre, et le compte de 1574, supposé se terminer le 23 avril 1575, est vérifié avant son terme, le 16 avril 1575. De même, celui de l’année 1604, supposé se terminer le 23 avril 1605, est vérifié le 28 mars 1605. Il arrive également que la vérification soit effectuée plusieurs années après pour toute une série de documents. Les comptes produits entre 1584 et 1587 sont vérifiés ensemble en 1588 ou ceux de 1618 et 1619 en 1629. Ces «anomalies» semblent s’accentuer après 1616. Il n’est alors pas rare que plusieurs années s’écoulent entre la fin du compte et sa vérification et que plusieurs documents soient contrôlés simultanément. En guise d’exemples, l’année 1619 est vérifiée dix ans plus tard et les années entre 1621 et 1629 entre le 17 et le 27 Juillet 1634. Dans d’autres cas, comme pour les années de 1630 à 1633, le paragraphe stipulant la vérification du compte n’existe même pas. Le caractère très aléatoire de ces dates de vérification et de clôture n’est pas expliqué par les comptes. Cependant, cette étape est primordiale. Le receveur peut avoir des modifications à faire, obtenir des conseils de la part de la Chambre pour une meilleure tenue des comptes, subir des remontrances voir un refus de son compte. C’est ainsi que la nota diligente de 1534 demande au receveur de «mettre ces comptes en bonne ordre et toutes certiffication dont il ce vouldra ayder quelle soyent signer et attester et que tout soi prest tousiours a la Saint George»2. Cette note qui demande avec insistance au receveur d’être méthodique dans la tenue de son compte et à jour, quitte à se faire aider par une tierce personne, démontre la rigueur administrative demandée au receveur et la surveillance effectuée par la Chambre de Montbéliard. 1 Aucune étude n’a été trouvée sur cette institution. 2 AD HS, E147, 1534, f°50v 51 Typologie des documents : comptes, carnets, documents annexes et copies L’ensemble du corpus est englobé sous l’appellation de «comptes». Toutefois, il faut noter des nuances au sein de cet ensemble qui peuvent entraîner des particularités et fausser certains points de l’analyse. Pour quelques années, ce sont les «carnets de revenus de la Seigneurie de Granges» qui sont conservés. Ils se trouvent exclusivement dans le carton E137 des AD70. Ils sont souvent définis sur la couverture comme tel avec la mention de «carnet» à la place de «compte». Ils ont la particularité de ne recenser que les recettes de la seigneurie. Leur tenue est relativement brouillonne. Beaucoup de notes sont ajoutées dans les marges, de nombreuses rubriques sont raturées et on peut même y observer les essais de plume du receveur mais aussi ce qui semble être des calculs mathématiques. Ces carnets sont précieux car sur ces documents est présente la mention de «solvit», autrement dit «payé» qui est totalement absente dans les comptes. Dans ce carton E137, d’autres documents, différents des carnets mais qui recensent également uniquement les recettes, sont conservés. Pour l’année 1630, il s’agit des «Escheuttes des fourgs bannaulx, des dixmes, des prels de la seigneurie de Granges faictes par les officiers d’icelle»1. En 1672, le document ne présente aucun titre mais son contenu démontre que ces documents complémentaires peuvent être utilisés pour plusieurs années de perception. Enfin, dans le compte de 1575, un petit document oblong est intercalé entre les pages et porte sur «les graines [...] menez au lieu de Montbéliard des greniers de Granges en l’an 1578» et les données sont classées par commune2. Les caractéristiques physiques de ce dernier document laissent supposer qu’il s’agit d’un «chassereau». La connaissance de ces documents laisse entrevoir une partie du processus nécessaire à l’établissement du compte final. Ils sont les témoins de la création de documents intermédiaires dans la gestion comptable et de l’utilisation d’outils de travail pendant plusieurs années par l’administration seigneuriale dans le domaine la perception des revenus de la seigneurie. Il arrive parfois que les archives possèdent, pour une même année, le compte et le carnet, ou l’un de ces documents annexes complémentaires. Cela est le cas pour les années 1630 ou encore 1633. Les carnets sont comptabilisés dans l’étude uniquement lorsque ces derniers sont les ultimes indices financiers conservés pour une année comptable. Ainsi, comme pour l’année 1630 nous disposons du compte, le carnet est mentionné dans la base générale de données pour signaler son existence et son contenu textuel a été étudié, mais il est exclu de l’analyse codicologique. Le choix privilégie ainsi le document comptable final pour atteindre une homogénéité optimale dans leur étude. A l’inverse, pour les années 1672 et 1682, les carnets restent les derniers indices comptables encore conservés, et sont, par conséquent, intégrés dans l’étude codicologique pour limiter les absences chronologiques, tout en sachant qu’il sont des cas particuliers. Aux «comptes» et aux «carnets de revenus» s’ajoutent, pour plusieurs années, la copie du document. Ces copies sont mentionnées mais ne sont pas prises en compte dans l’analyse générale. Elles peuvent présenter des aspects codicologiques légèrement différents mais leur contenu est 1 AD HS, E137, 1630, f°1r 2 AD HS, E153, 1575, suppl. 52 strictement identique. Cependant, il est difficile de différencier l’original de la copie car ce n’est pas précisé. Seule l’absence des signatures à la fin du compte pourrait permettre d’affirmer lequel est une copie. Le nombre de ces documents conservés reste très faible puisque sur 137 comptes, seules 6 copies sont encore consultables (pour les années 1566, 1567, 1626, 1648, 1658, 1659), auxquelles s’ajoute celle allemande du compte de 1512. Une seule copie est conservée pour les «carnets de revenus» (pour l’année 1689). 53 2. L’objet comptable : analyse codicologique du livre de compte L’analyse codicologique se répartit en six principaux points. Le propos se concentre sur le support utilisé, son format et sa densité, la confection de la couverture et, a fortiori, de la reliure, la foliotation, le plan des comptes et enfin la présence des décors1. Le support : des cahiers de papier2 Pour la seigneurie de Granges, le contenu des comptes est exclusivement rédigé dans des cahiers de papier, du premier compte de 1423 au dernier de 1689. La fragilité des documents rend leur manipulation difficile et complexifie considérablement le dénombrement des cahiers pour chaque compte. Cependant, l’observation a permis de distinguer qu’il n’y pas d’homogénéité dans le nombre de cahiers utilisés par compte tout au long de la période [Fig. 15 et 16]. Il ressort, pour les documents conservés aux AD70, plusieurs phases : • De 1506 à 1523 : un cahier par compte • De 1528 à 1543 : deux cahiers par compte (excepté pour 1528 qui en possède 3) • De 1545 à 1613 : très longue phase où un seul cahier par compte est à nouveau de rigueur. Le compte de 1591-1592, cas particulier, est le seul à être composé de deux cahiers. • De 1614 à 1633 : augmentation impressionnante du nombre de cahiers utilisés par compte qui oscille majoritairement entre 4 et 8 cahiers. • De 1639 à 1647 : à nouveau un cahier par compte • De 1648 à 1659 : augmentation plus limitée du nombre de cahiers qui varie entre 2 et 3 • De 1672 à 1689 : un cahier par compte (sauf pour 1689 qui se compose de 3 cahiers)3. Lors de l’utilisation de plusieurs cahiers, l’observation n’a pas relevé de logique particulière. En effet, dans le cas d’un compte en deux cahiers, ces derniers ne matérialisent pas la division entre recettes et dépenses, et, dans le cas de 4 à 8 cahiers, ils ne forment pas de regroupement par rubrique. L’utilisation des cahiers ne dépend donc pas de l’organisation du contenu de ces derniers. Figure 15 : Utilisation variable du nombre de cahiers En haut, utilisation d’un seul cahier pour le compte de 1563. / En bas, utilisation de 3 cahiers pour le compte de 1528. Source : AD HS, E147, 1528 / AD HS, E151, 1563 1 Se reporter également au Tome II, Annexe 4, p.7-10 2 Information uniquement disponible pour les documents des AD70 3 Ne pas oublier qu’il s’agit d’années particulières pour lesquelles nous disposons principalement des «carnets» et non des comptes. 54 55 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Figure 16 : Graphique récapitulatif du nombre de cahiers par compte Nombre de cahiers Année Nombre de cahiers par compte 1506 1510 1512 1515 1523… 1529 1531 1533 1535 1538 1540 1543 1546 1549 1551 1553 1555 1557 1559 1562 1564 1566 1568 1570 1572 1574 1576 1578 1580 1582 1584 1586 1588 1590 1598 1600 1602 1605 1607 1609 1611 1613 1615 1617 1619 1621 1623 1625 1627 1629 1631 1633 1641 1643 1645 1647 1649 1651 1653 1655 1657 1659 1682 1689 56 Légende : Pas de données 1 cahier 2 à 3 cahiers Plus de 3 cahiers 2 1650 1628 1612 1651 8 1629 1 3 1652 + CARNET 1630 1613 1653 4 1631 1614 1591 2 2 1649 Année Compte existant Nombre de cahiers/compte 7 4 1627 1611 1590 1592 1654 1632 1615 2 1 Année Compte existant Nombre de cahiers/compte 8 ??? 1610 1589 1 1575 1 + CARNET 1655 7 1633 1616 1598 1576 1558 1656 1639 1617 1599 1577 1559 1539 1657 1640 1618 1600 1578 1561 1540 1511 Année Compte existant Nombre de cahiers/compte 1588 1574 1557 1538 1510 1587 1573 1556 1537 1507 Année Compte existant Nombre de cahiers/compte 1572 1555 1535 1506 1 1571 1554 1534 1491 1570 1553 1533 1485 Année Compte existant Nombre de cahiers/compte 1463 1 2 1462 1552 1461 Année Compte existant Nombre de cahiers/compte 1532 ??? 1460 1531 1480 1459 Année Compte existant Nombre de cahiers/compte 1479 1458 1478 1457 Année Compte existant Nombre de cahiers/compte 1424 1423 Année Compte existant Nombre de cahiers/compte Tableau 3: Tableau récapitulatif du nombre de cahiers par compte 1658 1641 1619 1601 1579 1562 1541 2 1512 + COPIE 8 + COPIE ALL. 1 1464 1659 1642 1620 1602 1580 1563 1543 1514 1465 3 + COPIE 1672 1643 1621 1604 1581 1564 1545 1515 1468 CARNET 1 1 1682 1644 1622 1605 1582 1565 1546 1516 1469 1 CARNET 7 1684 1645 1623 1606 1583 1566 1547 1522 1473 8 6 + COPIE 3 3 CARNET (+ COPIE) 1689 1646 1624 1607 1584 1567 1 1549 1528 1474 1647 1625 1608 1585 1568 1550 1529 1475 + COPIE 1648 7 1626 1609 1586 1569 1551 2 1530 1476 2 COPIE + COPIE Format1 et nombre de pages Pour simplifier l’analyse de l’évolution du format, les mesures (hauteur x largeur) prises en millimètres sont ramenées aux formats traditionnaux actuels. Même si dans le détail les dimensions peuvent varier de quelques centimètres, l’ensemble des comptes ont des dimensions proches du format A4 actuel (soit 297x210 mm). Les plus grandes dimensions sont celles de 1643 avec une hauteur de 350mm sur une largeur de 240mm. Le plus petit document est celui de 1672 qui mesure 260mm sur 170mm. Le graphique qui présente le nombre de pages écrites dans chaque compte offre davantage d’indications sur les évolutions possibles [Fig. 17 et Tabl. 4]. Le compte de 1684 est le plus réduit avec une quinzaine de pages écrites tandis que celui de 1659 est le plus conséquent, avec près de 240 pages. Il est certain que le remplissage des pages est variable ou que le receveur peut avoir une écriture plus ou moins grande, mais dans l’ensemble, les feuillets sont optimisés au maximum et le graphique offre des tendances réalistes. Cinq grandes phases se distinguent : • de 1423 à 1485, les comptes sont relativement petits alors même qu’ils réunissent souvent plusieurs années. Ainsi, celui de 1423-1424 fait environ 40 pages, soit une • • • • • vingtaine de pages par année. De même, le document de 1460-1465 semble plus important que les autres (135 pages), mais il regroupe 5 années, soit une trentaine de pages par an. Les comptes les plus représentatifs du XVe siècle sont ceux qui ne couvrent qu’une seule année à l’instar de 1478 et 1479 qui se composent d’environ 20 pages écrites chacun. A partir de 1485, l’utilisation d’un compte par année est définitive. Une première augmentation du nombre de pages est observable avec des comptes oscillant entre 50 et 100 pages écrites. La première évolution majeure se place en 1528. Une augmentation progressive du nombre de pages écrites se fait sentir entre 1528 et 1559, pour se stabiliser jusqu’en 1633. Ainsi, entre 1528 et 1633, les comptes font au minimum près de 135 pages écrites (1535) et au maximum 210 pages (1607), avec une stabilisation à partir de 1559 avec, au minimum, 165 pages écrites. La quatrième phase se situe immédiatement après le compte de 1633. En 1639-1640, une très importante chute est visible et la quantité de pages se rapproche de celle des comptes du XVe siècle. Le redressement se fait sentir entre 1642 et 1647 qui retrouve un état similaire aux premier tiers du XVIe siècle. L’année 1648 marque la transition entre la phase de «crise» et le «renouveau» de 1649. Pendant une dizaine d’années, le nombre de pages oscille entre 140 (1653) et 240 (1659) mais la moyenne reste aux alentours de 170 pages par compte, ce qui était observable avant la baisse de 1639, entre 1562 et 1633. Enfin, une nouvelle baisse conséquente est visible à partir de 1672. On retrouve les tendances de la première crise, entre 60 (1682) et 15 pages (1684). L’étude s’arrête alors qu’un nouveau démarrage semble s’amorcer en 1689 (130 pages). 1 Information uniquement disponible pour les documents des AD70. 57 58 0 50 100 150 200 250 300 Année Nombre de pages écrites par compte (arrondi au multiple de 5 supérieur ou inférieur) Figure 17 : Graphique récapitulatif du nombre de pages écrites par compte Nombre de pages écrites 1423-1424 1468-1469 1479 1491 1510 1514 1523… 1530 1533 1537 1540 1545 1549 1552 1555 1558 1562 1565 1568 1571 1574 1577 1580 1583 1586 1589 1598 1601 1605 1608 1611 1614 1617 1620 1623 1626 1629 1632 1641 1644 1647 1650 1653 1656 1659 1684 59 1424 20 140 145 185 170 185 185 180 1478 1531 1552 1570 1587 1610 1627 1649 Année Compte existant Nombre de pages/compte Année Compte existant Nombre de pages/compte Année Compte existant Nombre de pages/compte Année Compte existant Nombre de pages/compte Année Compte existant Nombre de pages/compte Année Compte existant Nombre de pages/compte Année Compte existant Nombre de pages/compte 1480 1457 200 190 185 180 185 155 145 Légende : 1650 1628 1611 1588 1571 1553 1532 170 185 190 180 185 160 130 1458 1459 190 200 185 160 125 95 1652 150 170 + CARNET 1630 1613 1590 1573 1555 1534 1485 190 160 125 45 1592 1575 1557 1537 1506 1460 200 160 130 70 1653 1631 1614 140 175 185 1654 1632 1615 170 180 190 205 (soit env. 102 pages/année) 1591 1574 1556 1535 1491 80 (soit env. 26 pages/année) Pas de données Moins de 50 pages/compte 50 à 100 pages/compte Plus de 100 pages/compte 1651 1629 1612 1589 1572 1554 1533 45 (soit env. 22 pages/année) 1479 40 (soit env. 20 pages/année) 1423 Année Compte existant Nombre de pages/compte Année Compte existant Nombre de pages/compte Tableau 4 : Tableau récapitulatif du nombre de pages écrites par compte 185 170 190 160 130 70 1655 170 175 + CARNET 1633 1616 1598 1576 1558 1538 1507 1461 1463 190 175 175 165 135 65 1640 1618 1600 1578 1561 1540 1511 190 175 175 165 140 90 1656 170 1657 210 25 (soit env. 12 pages/année) 1639 1617 1599 1577 1559 1539 1510 135 (soit env. 22 pages/année) 1462 1512 1658 1641 1619 1601 1579 1562 1541 180 + COPIE 35 185 175 185 180 140 100 + COPIE ALL. 1464 1659 1642 1620 1602 1580 1563 1543 1514 1465 240 + COPIE 65 185 175 180 175 135 60 1469 1672 1643 1621 1604 1581 1564 1545 1515 45 CARNET 60 180 195 180 175 175 60 1682 1644 1622 1605 1582 1565 1546 1516 60 CARNET 50 190 180 170 200 145 50 105 (soit env. 52 pages/année) 1468 1684 1645 1623 1606 1583 1566 1547 1522 1473 15 65 185 190 180 200 155 70 1475 60 185 210 180 175 + COPIE 150 130 130 CARNET (+ COPIE) 1689 1646 1624 1607 1584 1567 1549 1528 1647 1625 1608 1585 1568 1550 1529 80 185 200 180 180 + COPIE 145 145 80 (soit env, 20 pages/année) 1474 1648 1626 1609 1586 1569 1551 1530 1476 130 COPIE 185 + COPIE 190 185 180 150 160 La couverture et la reliure Bien souvent, la première page, résultant du pliage des feuillets, est utilisée comme page de couverture. On y trouve ainsi généralement l’année, l’auteur du compte et le territoire concerné. Cependant, il arrive que l’extérieur du compte fasse l’objet d’un plus grand soin qui a permis une meilleure conservation du document. Sur les 137 comptes, seuls 5 ne possèdent pas de couverture, ou de page protectrice, et commencent directement avec le prologue et l’énumération des premières ressources. Toutefois, pour les années 1457-1458 et 1473-1476, une feuille non reliée enveloppe le compte et reprend les éléments habituels de la couverture. Il semble que cette feuille soit un ajout postérieur, d’autant plus que les écritures de la couverture et du contenu du compte sont indéniablement différentes. Pour les deux documents du XVIIe siècle (1672 et 1682), cette dernière est absente dès la conception du document1. Cependant un doute subsiste puisque, vu le faible nombre de documents ne disposant pas de première page particulière, il est aussi probable que ces feuilles aient simplement été arrachées comme pour les années 1576, 1656 et 1658 sur lesquelles des résidus de couvertures demeurent dans les points de reliure. Pour les comptes disposant d’une couverture, des choix différents ont été faits tout au long de la période : • De 1423 à 1584, le papier est utilisé pour le corps du document et sa couverture. De temps en temps, cette dernière peut être volante et le receveur se contente de la première page pour y inscrire les informations générales du compte. • A partir de 1585, les tendances changent et jusqu’en 1591 une grande feuille de parchemin écrite est recyclée pour envelopper l’avant et l’arrière du compte2. Un soin tout particulier destiné aux documents financiers est alors, pour la première fois, observable. On adapte le format de la feuille de parchemin au format des feuillets de papier pour créer un «livre» bien mieux protégé. Il s’agit, peut-être, de la première preuve concernant la volonté d’optimiser la conservation de ces documents financiers. Cette combinaison de parchemin avec le papier perdure mais une nouvelle étape est franchie dans l’utilisation de parchemin neuf, et non plus recyclé, entre 1598 et 1613. • • De 1614 à 1633, le parchemin, neuf ou recyclé, est toujours utilisé pour la couverture mais jusqu’en 1633 on colle à cette dernière la première feuille blanche des cahiers. Ce système permet très certainement de cacher le verso de la couverture et le système de reliure. Le document apparaît plus propre et plus soigné. A partir de 1639, l’utilisation de parchemin est abandonnée pour retourner à une couverture papier jusqu’en 1689. Dans l’établissement du compte, les parchemins recyclés semblent correspondre, exceptés pour les textes en latin, soit à des amodiations, soit à des héritages, soit à des comptes sur parchemin qu’il est possible de voir par transparence. Pour connaître la nature exacte du contenu il faudrait 1 Se rappeler cependant qu’il s’agit de «carnets». 2 Le texte, écrit en latin, n’a pas été identifié. Toutefois il semblerait que toutes les pages de parchemin recyclé proviennent du même ouvrage. 60 détruire la reliure pour en sortir les extraits. Quoi qu’il en soit, les contemporains considéraient ces documents comme obsolètes ou inutiles qu’il n’était plus nécessaire d’archiver. Nous rejoignons, de fait, l’idée de Paul Bertrand sur la conservation et la préservation, ou non, d’un document du fait de son obsolescence1. Cette seconde vie a le mérite de les avoir préservés d’une perte certaine, cependant, leur teneur ne sera pas connue avant une prochaine restauration du document. Les techniques de reliure sont également multiples. Il existe 3 grands types de reliure qui restent assez basiques et peuvent observer certaines variantes2 : • A : l’utilisation de ficelle ou de languettes de parchemins vierges ou recyclés simplement piquetées dans le papier (soit au milieu des feuilles, soit par le dessus des folios pliés) [Fig.18], • B : l’utilisation de ficelle ou de languettes de parchemins vierges ou recyclés avec des «renforts» de papier ou de parchemins vierges ou recyclés [Fig.19], • C : le collages de lanières de cuir ou de fils tressés directement sur la couverture [Fig.20]. Ces types de reliures présentent une évolution qualitative du document. Le style A est très simple et, de fait, probablement plus fragile tandis que le style C se rapproche davantage d’une présentation de véritable livre et le style B est une étape qualitative intermédiaire. Le choix entre l’utilisation d’une ficelle ou de languettes de parchemins pourrait être développé mais cela obscurcirait de manière importante l’analyse des évolutions. De plus, ces choix ne sont pour le moment pas expliqués. Tout comme pour les couvertures, les types de reliures ne sont pas utilisés de manière aléatoire : • Entre 1423 et 1480, on utilise exclusivement le modèle A. • Entre 1485 et 1550, le modèle B est privilégié. • Entre 1551 et 1574, une longue utilisation du modèle A est constatée. • De 1575 à 1583, c’est le modèle B. • Entre 1584 et 1602, cela se complique, les traces de piqûres sont encore visibles mais le reste à disparu dans de nombreux cas. Il est donc difficile d’affirmer l’utilisation de tel ou tel modèle. • Entre 1604 et 1613 on retrouve une préférence pour le modèle A. • En 1614 apparaît pour la première fois le modèle C (exception faite pour l’année 1625). • Entre 1639 et 1647 : modèle A • Entre 1648 et 1659 : modèle B • Les dernières années, de 1672 à 1689, voient à nouveau une alternance de style sans cohésion. Un seul document ne comprend pas de reliure ou de traces de piqûres, celui de 1684. 1 Bertrand, Les écritures ordinaires..., p.27 2 L’utilisation de «modèles» facilite l’explication. 61 Il est intéressant, à présent, de voir si ces changements de couvertures et de reliures ont un lien entre elles ou encore si le receveur en poste influence la création du compte [Tabl. 5]. Si la présence du parchemin, à partir de 1585, en guise de couverture semble privilégier l’utilisation d’une simple ficelle pour la reliure, rien ne paraît bien pertinent avant 1604 voir 1614. En effet, jusqu’à cette date, les styles de reliure changent alors que le support de couverture demeure le papier et les receveurs empruntent au précédent ses méthodes et lèguent celles qu’il a développées à son successeur. A partir de 1604, le receveur Deile Gurnel utilise exclusivement la ficelle pour relier son compte recouvert d’un parchemin. Il semble développer, en 1614, la méthode des lanières reprise par ses deux successeurs mais totalement abandonnée en 1639 quand le parchemin est délaissé pour revenir à un support totalement en papier. L’utilisation de la ficelle revient. Mais alors que Claude Gurnel utilise la languette de parchemin seule, ses successeurs préfèrent renforcer la reliure avec des morceaux de parchemins. Il faut toutefois rester prudent quand à cette dernière analyse. Elle n’est valable qu’à la condition que ce soit le receveur qui fasse lui-même sa reliure, ou du moins qui passe la commande. Or, aucun élément, ni externe ni interne au texte, ne permet d’affirmer cela. De fait, il est difficile certifier qu’il ne s’agit pas seulement de coïncidences. Ce qui apparaît clairement dans l’observation des couvertures et des reliures est la forte influence des matériaux dans le choix du relieur. Certains modèles sont réservés au papier, tandis que d’autres sont exclusivement destinés à être utilisé en présence de parchemin. 62 Figure 18 : Modèle reliure A, couverture en papier Source : AN, K2272.1, 1468 Figure 19 : Modèle reliure B, couverture en papier Source : AD HS, E148, 1543 Figure 20 : Modèle reliure C, couverture en parchemin Source : AD HS, E159 1614 63 64 1478 1531 1552 1570 1587 1610 1627 1649 Année Compte existant Couverture Reliure Année Compte existant Couverture Reliure Année Compte existant Couverture Reliure Année Compte existant Couverture Reliure Année Compte existant Couverture Reliure Année Compte existant Couverture Reliure Année Compte existant Couverture Reliure Année Compte existant Couverture Reliure Papier Légende : 1423 Année Compte existant Couverture Reliure (Modèle) A Couverture Pas de données Papier Parchemin Pas de couverture 1650 1628 1611 Parchemin 1588 1571 1553 1532 1479 1424 1651 1629 A 1612 1589 1572 1554 1533 1480 1457 Non 1652 C Parchemin + CARNET 1630 1613 1590 1573 1555 1534 1485 1458 1654 1632 1615 1592 1575 1557 1537 1506 1460 B DIVERS Papier 1655 + CARNET 1633 1616 1598 1576 1558 1538 1507 1461 1656 1639 1617 1599 1577 1559 1539 1510 1462 B Reliure Divers (altrenance des modèles) Modèle A = ficelles ou languettes de parchemin piquetées dans la couverture Modèle B : utilisation de renforts de papier ou de parchemin Modèle C = lanières de cuir ou fils tressés collés à la couverture 1653 1631 1614 1591 1574 1556 1535 1491 1459 Tableau 5 : Tableau récapitulatif des types de couverture et de reliure par compte A Papier Papier Papier A Papier 1657 1640 Parchemin 1618 1600 1578 1561 1540 1511 1463 1512 1658 1641 1619 1601 1579 1562 1541 + COPIE B 1602 1580 1563 1543 B 1514 1465 1659 1642 1620 Parchemin + COPIE ALL. 1464 + COPIE C 1672 1643 1621 1604 1581 1564 1545 1515 1468 CARNET A 1682 Papier 1644 1622 1605 1582 1565 1546 1516 1469 Non CARNET DIVERS 1684 1645 1623 1606 1583 1566 1547 1522 1473 + COPIE Papier CARNET (+ COPIE) 1689 1646 1624 A 1607 1584 1567 1549 1528 1474 1647 1625 1608 1585 1568 1550 1529 1475 DIVERS + COPIE 1648 1626 1609 Parchemin 1586 1569 A 1551 1530 1476 B COPIE + COPIE Foliotation/Pagination La foliotation consiste à numéroter chaque feuillet sur une seule face, généralement le recto contrairement à la pagination qui numérote chaque page, soit sur le recto et verso du feuillet. Il n’est pas possible d’affirmer que les comptes soient complets et qu’aucun feuillet ne manque. Aussi, l’observation de la foliotation ne peut guère renseigner à ce sujet. En effet, son utilisation n’est régulière qu’à partir de 1551, au même moment où les chiffres arabes remplacent définitivement la numérotation romaine [Tabl. 6]. Pour un nombre important de comptes, la foliotation n’existe pas ou a pu disparaître au moment de la mise en place de la couverture et d’un remaniement postérieur. De nombreuses erreurs ont également été repérées tels que des manques ou des ajouts intermédiaires. Rares sont les comptes où les folios sont numérotés jusqu’au dernier sans aucune erreur dans l’ensemble du document et cela ne semble pas résulter du receveur. Cet élément n’est donc pas suffisant pour justifier de l’intégralité du compte. Pourtant, la foliotation est essentielle car elle permet notamment d’éviter certaines fraudes comme des ajouts ou des suppressions volontaires lors de l’écriture du document1. 1 Mattéoni, «Introduction»,p.39 65 66 1478 1531 1552 1570 1587 1610 1627 1649 Année Compte existant Foliotation (Type) Année Compte existant Foliotation (Type) Année Compte existant Foliotation (Type) Année Compte existant Foliotation (Type) Année Compte existant Foliotation (Type) Année Compte existant Foliotation (Type) Année Compte existant Foliotation (Type) Année Compte existant Foliotation (Type) Légende : 1423 Année Compte existant Foliotation Divers Romains Arabes Pas de foliotation 1650 1628 1611 1588 1571 1553 1532 Oui (Lettres) 1479 1424 1651 1629 1612 1589 1572 1554 1533 1480 1457 Non 1652 Oui (Arabes) + CARNET 1630 1613 1590 1573 1555 1534 Oui (Romains) 1485 1458 Tableau 6 : Tableau récapitulatif de la foliotation par compte 1653 1631 1614 1591 1574 1556 1535 1491 1459 Non 1654 1632 1615 1592 1575 1557 Non Non 1655 + CARNET 1633 1616 1598 1576 1558 1538 1507 1461 Oui (Arabes) Oui (Romains) 1537 1506 1460 1656 1639 1617 1599 1577 1559 Oui (Romains) 1539 1510 1462 1657 Non 1640 Oui (Arabes) 1618 Oui (Arabes) 1600 Oui (Arabes) 1578 Oui (Arabes) 1561 1540 1511 1463 1512 1658 1641 1619 1601 1579 1562 1541 + COPIE + COPIE ALL. Oui (Romains) 1464 1659 1642 1620 1602 1580 1563 1543 1514 1465 + COPIE 1672 1643 1621 1604 1581 1564 Non 1545 1515 1468 CARNET 1682 1644 1622 1605 1582 1565 1546 1516 1469 CARNET Non 1684 Oui (Arabes) 1645 1623 1606 1583 1566 1547 1522 1473 + COPIE Oui (Arabes) CARNET (+ COPIE) 1689 1646 1624 1607 1584 1567 1475 1647 1625 1608 1585 1568 1550 1529 + COPIE Non Non Oui (Arabes / Latins) Oui (Arabes) 1549 1528 1474 1648 1626 1609 1586 1569 COPIE + COPIE Oui (Arabes) 1551 1530 1476 Plan des comptes Chaque document recèle un nombre infini d’informations. Entre dépenses domestiques, procédures judiciaires, préparations de conflits, gages d’officiers, dédommagements de voyages, réparations d’édifices ou encore simple perceptions de redevances, les rubriques sont nombreuses et les «entrées» innombrables. Développer chacune des rubriques serait fastidieux. Par conséquent, il est question de cerner davantage le plan général du compte et ses évolutions comme proposé pour les comptes de la trésorerie de Dole par Jean Favier1. Catherine Goldmann discerne, à travers la comparaison de plusieurs comptes ordinaires annuels bien connus, différentes organisations2. Tout d’abord, il y a le simple fractionnement entre les recettes et les dépenses comme ceux de Neubourg. Puis, les comptes peuvent être divisés par catégories dans lesquelles sont séparées les recettes et les dépenses. Le dernier type est un mélange des deux premiers. Le compte est d’abord partagé en recettes et dépenses qui sont elles-mêmes divisés en catégories. Ceux de Fontenay-le-Marmion observent cette dernière organisation, tout comme la très grande majorité de nos comptes de Granges. Les plans de comptes présentés cidessous [Fig.21 à 23] sont ceux estimés les plus pertinents pour illustrer le propos qui va suivre. Trois plans comptables sont présentés, à savoir le premier de 1423-1424, et celui de 1457-1459, auxquels s’ajoutent celui de 1485 (année à partir de laquelle un compte correspond définitivement à une seule année). Plusieurs évolutions se distinguent et trois périodes ressortent dans l’organisation des comptes de notre seigneurie : • Dans le premier compte, de 1423-1424, les recettes et les dépenses s’alternent suivant le type de ressource. Ainsi, par exemple, la recette en froment est directement suivie par la dépense en froment. Par ailleurs, le seul terme calendaire connu est celui de la Saint Martin d’hiver (11 novembre) et les missions du receveur sont peu détaillées. Cependant, il s’agit encore d’une phase de tâtonnements. Une volonté certaine d’organiser clairement et logiquement le propos est observable : les titres des rubriques sont centrés et mis en valeur et les recettes sont mises en pages par rubriques. • La première évolution apparaît dès le compte suivant, celui de 1457-1459. Le compte est bipartite et divisé en recettes et dépenses, elles-mêmes séparées en rubriques suivant la monnaie d’échange (or et argent, froment, avoine...). Ensuite, chaque rente est notée dans le compte de manière chronologique par année pour Saint fêté Date calendaire les recettes : d’abord l’année 1458 puis l’année 1459. En Saint-Michel 29 Septembre 11 Novembre ce qui concerne les dépenses, les divisions se font Saint-Martin Saint-André 30 Novembre également par ressource mais pas par ordre chronologique. Nativité Notre Seigneur 24 Décembre Ce modèle perdure jusqu’en 1672, soit sur la quasi totalité Purification Notre Dame 02 Février Notre Dame de Mars 25 Mars de la période. Aussi, l’analyse des «termes» comptables Saint-Georges 23 Avril 24 Juin permet d’observer, en ce qui concerne les revenus d’or et Saint Jean-Baptiste Terme du mois d’août Août d’argent exclusivement, que la perception est présentée Tableau 7: Termes calendaires et de manière chronologique et s’étale du 29 septembre équivalences pour le compte 1485 1 Favier, Finance et fiscalité..., p.71-92. Il fait une liste de toutes les charges présentes dans les comptes. 2 Goldmann, «La seigneurie de Fontenay-le-Marmion...», p.276-277 67 jusqu’au mois d’août [Tabl.7]. Cependant, pour toutes les autres données, le compte fait référence à la Saint-Martin d’hiver. Cette organisation chronologique est d’autant plus marquée dans l’exemple du compte de 1485. En d’autres termes, le compte débute le 23 Avril, les premières perceptions sont celles de la Saint-Jean-Baptiste (24 Juin) et du mois d’Août, puis la Saint-Michel (29 Septembre), la Saint-Martin (11 Novembre), la Saint-André (30 Novembre), etc... jusqu’à la dernière perception de Notre-Dame-deMars (25 Mars). Cependant, la comparaison avec le plan du compte [Fig.23] montre que le receveur ne note pas les recettes de manière chronologique. • En 1672, le document présente uniquement les recettes par commune. La présentation similaire du document de 1682 permet, par son intitulé «Carnet des revenus de la [seigneurie] de Granges», de savoir qu’il s’agit des communes de la seigneurie. Il faut toujours garder à l’esprit qu’à partir de 1672, ce sont en majorité des carnets de revenus qui sont conservés mais le compte de 1684 permet de confirmer cette organisation recettes/dépenses par commune. Une première évolution s’opère en 1457-1459 avec une organisation calendaire de la perception monétaire retranscrite dans l’intitulé des rubriques qui sont classées par recettes et dépenses. Cependant, la principale modification dans ces comptes est le passage de la classification en rubriques, à l’organisation en communes, soit le changement opéré au plus tard en 1672. Dans les trois périodes mises en avant, de légères variations, suivant les années, peuvent être observées notamment au niveau des rubriques, que ce soit dans leur nombre ou dans leur contenu, mais l’organisation générale reste identique. 68 1423-1424 [1] Préambule [2] Recettes d’argent [2.1] Des corvées ( ?) [2.2] Autres recettes pour la Saint Martin 1424 [2.3] Autres recettes des … et bourgeois la Saint Martin 1424 [3] Dépenses d’argent [3.1] Missions faites par le terme de ce compte [3.2-17] Autres missions [3.18] Missions faites par le châtelain d’Etobon par ce-dit terme [3.19] Missions pour loger des maignies pour un an … a la Saint Martin dud. 1423 et … a la Saint Martin 1424 [3.20] Missions par memoria d’avoine (?) et d’argent baillé par memoria par le terne de ce compte [3.21] Mission d’argent baille par memoria Monnaies mentionnées : Florin d’or, Livre, Sous, Denier [4] Recettes de froment pour la moisson de l’an 1424 [5] Dépenses de froment [5.1] Missions de froment faites par le terme de ce compte [5.2] Missions de froment faites par le châtelain d’Etobon pour l’an 1424 [5.3] Missions de froment pour loger des maignies pour un an … a la Saint Martin 1424 [6] Recettes de blés [7] Dépenses de blés pour loger des maignies pour un an … a la Sainct Martin 1424 [8] Recettes d’avoine de la Saint Martin 1424 [9] Dépenses d’avoine [9.1] Missions d’avoine pour le terme de ce compte [9.2] Autres missions [10] Recettes de cire [10.1] Recettes de cire des dîmes, fours et moulins de la Saint Martin 1424 [10.2] Recette de cire des … et bourgeois de la Saint Martin 1424 [11] Recette de toiles [12] Recettes de gelines Figure 21 : Plan du compte de 1423-1424 Source : AN, K2272.1, 1423 69 1457-1459 1485 [1] Préambule [1] Préambule [2] Recettes [2] Recettes [2.1] Recettes d’or et d’argent pour l’an commençant dessus et finissant la Nativité Nre Sr [2.1] Recettes d’argent [2.1.1] … du terme de Saint Michel 1485 pour la gîte au chiens 1458 [2.1.2] … pour ledit terme de Saint Michel 1485 [2.1.1] Et premièrement pour le terme de la purification Notre Dame dud an 1457 [2.1.3] … du terme de Saint Martin d’hiver 1485 [2.1.2] Autres recettes d’argent pour le terme de la mi-carême dud an 1457 [2.1.4] … pour vente des glands et paissonages du terme de Saint Andrey 1485 [2.1.3] Autres recettes pour la vendue des herbes des prés des foignoisons de l’an 1458 [2.1.5] … du terme de la nativité notre seigneur audit an 1485 [2.1.4] Autres recettes pour le voyin dud an 1458 [2.1.6] … du terme de la purification notre dame 1485 [2.1.5] Autre recettes d’argent appelée la gite aux chiens que se payait chacun an de la Saint [2.1.7] … du terme de notre dame de Mars 1485 Michel et pour ledit an 1458 [2.1.8] … extraordinaire pour le temps et terme de ce pnt compte y compris les meix vacants [2.1.6] Autres recettes d’argent de censes annuelles que se paient chacun an de la Saint Martin [2.1.9] … des pêches des étangs d’Hiver pour ce pour ledit an 1458 [2.1.7] Autre recette d’argent pour le terme de la Saint Martin d’hiver 1458 [2.1.8] Autre recette d’argent pour le terme de Saint Andrey 1458 [2.1.9] Autre recette d’argent pour le terme de la nativité notre seigneur 1458 [2.2] Autre recette d’or et d’argent pour la seconde année commençant a la nativité notre Sr [2.1.10] … des prés appartenant a mesd. seigneurs à cause de la recette dud Granges au terme de la Saint Jean Baptiste [2.1.11] … au terme du moi d’août Monnaies mentionnées : Florin d’or, Livre, Sous, Denier, Gros ( ?) [2.2] Recette de froment 1458 et finissant audit jour 1459 [2.2.1] … fait par led receveur [2.2.1] Et premièrement du terme de ladite purification 1458 [2.2.2] … des dîmes pour ledit an [2.2.2] Autre recette pour le terme notre Dame de Mars et mi-carême dud an 1458 [2.2.3] … des fours dud Granges et de la terre et châtellenie [2.2.3] Autre recette pour la vendue des herbes des prés pour les foignaisons de l’an 1458 [2.2.4] … des moulins de ladite terre de Granges [2.2.4] Autre recette du terme de la Saint Michel 1459 [2.2.5] Autre recette d’argent du terme de la Saint Michel dudit an 1459 [2.2.5] … des rentes des terres pour la Saint Martin d’hiver [2.3] Recettes d’avoine [2.3.1] … faicte par ledit receveur [2.2.6] Autre recette du terme de la Saint Andrey dud an 1459 [2.3.2] … des rentières pour ledit an [2.2.7] Autre recette pour le terme de la nativité notre seigneur 1459 [2.2.8] Autre recette extraordinaire faites par ledit receveur au temps et terme de ce présent [2.4] Recette de cire compte [2.4.1] … du temps et terme de ce pnt compte [2.2.9] Autre recette d’or et d’argent [2.4.2] … audit terme de Saint Martin d’hiver 1485 des dîmes, fours et moulins Monnaies mentionnées : Florin d’or, Livre, Sous, Denier [2.3] Recettes de froment du temps et terme de ce présent compte [2.3.1] Et premièrement pour l’an fini a la Saint Martin d’hiver 1458 [2.4.3] … des fours au temps de ce pnt compte [2.5] Recettes de toiles du terme de Saint Martin d’hiver [2.6] Recette de gélines dues chacun an a ladite recette au terme de Saint Martin d’hiver [2.6.1] … dues chacun an a ladite recette au terme de Saint Martin d’hiver [2.3.2] Autre recette de froment pour la seconde année fini a la saint Martin d’hiver l’an 1459 [2.6.2] … du teme de … [2.3.3] Autre recette de froment [2.4] Recette d’avoine du temps et terme de ce présent compte [2.4.1] Et premièrement pour l’an fini a la Saint Martin d’hiver 1458 [3] Dépenses [3.1] En argent [2.4.2] Autre recette d’avoine pour la seconde année fini a la saint Martin d’hiver l’an 1459 [3.1] Et premièrement deniers payés comptant par ledit receveur [2.4.3] Autre recette d’avoine [3.2] Autre dépense faite par led receveur [3.3] … pour plusieurs ouvrages [2.5] Recettes de cire [3.4] … pour les fenaisons de l’an 1485 [2.5.1] Et premièrement pour le terme de la Saint Martin d’hiver 1458 [3.5] … pour plusieurs messagers [2.5.2] Autre recette de cire due chacun an audit terme 1458 pour censes et par bourgeoisies [3.6] Gages d’officiers que ne croissent ni décroisse [3.7] Aumônes [2.5.3] Autre recette de cire dud terme 1458 due sur les rentes que croissent et decroissent [3.8] Deniers rendus et non reçus au temps de ce pnt compte et dont led receveur est déchargé [2.5.4] Autre recette de cire pour la seconde année et du terme de Saint Martin d’hiver 1459 [2.5.5] Autre recette de cire que croissent et décroissent [2.6] Recette de gélines du temps et terme de ce présent compte [2.6.1] Premièrement des censes de gélines que sont assises sur les héritages de feu le … d’Arcey et autres que ce doivent payer chacun an a la Saint Martin d’hiver rendl ici compte ledit receveur pour les termes des années 1457, 1458 et 1459 [3.2] En froment [3.3] En avoine [3.4] En toiles [3.5] En cire [3.6] En gélines [2.7] Recettes de toiles [2.7.1] Pour le temps et terme de ce présent compte c’est à savoir pour les années 1457, 1458, 1459 [2.7.2] autres recettes de toiles [3] Dépenses [3.1] En argent Figure 23 : Plan du compte de 1485 Source : AN, K2272.1, 1485 [3.1] Et premièrement paiement en deniers ayant baillé et délivré à monsieur le bailli ou a son certain commandement au temps et terme de ce présent compte [3.2] Autre argent baillé comptant par ledit receveur au temps et terme de ce présent compte pour certains anniversaires dus chacune an [3.3] Autre argent baillé contant par l’ordonnance de mondit sieur le bailli [3.4] Autres missions faites et soutenues par ledit receveur pour les gens et officiers de mond. sieur et autres aller et venues audit Granges et autre part [3.5] Autres missions et détours fais … par ledit receveur au temps et terme de ce présent compte pour le fait des pièces [3.6] Autres missions et dépenses … par ledit receveur pour plusieurs menus ouvrages et autres choses [3.7] Autres missions d’argent faites par ledit receveur pour plusieurs gros ouvrages fais [3.8] Autre mission d’argent fais par ledit receveur pour le paiement des officiers dud Granges [3.2] En froment [3.2.1] Missions de froment [3.2.2] Autres missions de froment pour plusieurs ouvrages et autres fais [3.2.3] Autres missions de froment au temps et terme de ce présent compte pour les paiements et salaires des officiers et servants aud Granges [3.3] En avoine [3.3.1] Missions d’avoine faites par ledit receveur [3.3.2] Autres missions d’avoine pour le paiement des officiers [3.4] Missions de cire [3.5] Missions de gélines [3.6] Missions de toiles [4] Dépenses pour le mariage de Madame Figure 22 : Plan du compte de 1457-1459 Source : AN, K2272.1, 1457-1459 70 Décors Les comptes ne sont pas voués, à la base, à être enrichis de décorations. Ce n’est pas le métier des receveurs et des scribes financiers, ils ne sont pas payés pour faire des enluminures1. Cependant certains scribes font un effort de présentation, aussi ces comptes là peuvent être d’une très grande richesse décorative comme ceux de l’Hôtel-Dieu, présentés par Christine Jehanno; magnifiquement illustrés et comprennent même des lettrines historiées2. Dans les comptes de la seigneurie de Granges, il apparaît évident que la personnalité du scribe va très fortement influer sur la tenue d’éléments décoratifs au sein du compte. Si la plupart se concentrent à la simple tâche de l’écriture, d’autres soignent les lettrines. Cependant, aucune «oeuvre d’art» ne ressort des comptes de Granges. Contrairement à ceux de l’Hôtel-Dieu, aucune figure et aucun encart coloré ne sont présents. Figure 24 : Tête zoomorphe (cheval ?) Source : AN, K2272.1, 1485, fo 46v Figure 26 : Lettrine soignée Source : AD HS, E159, 1613, fo 2r Figure 25 : Main accompagnée de «Nota diligente» Source : AD HS, E147, 1534, fo 50v 1 Mattéoni, «Introduction», p.44 2 Jéhanno, «La série des comptes de l’Hôtel-Dieu de Paris à la fin du Moyen Âge : aspects codicologiques», in Comptabilités [En ligne], N°2 (2011), URL : http://comptabilites.revues.org/639 71 3. Rappel des grandes évolutions codicologiques La partie codicologique a été dense. Il semble utile de rappeler brièvement les plus importantes modifications qui ont pu être observées dans chaque domaine analysé et de les mettre en parallèle [Tabl.8]1. Les comptes de Granges recouvrent 151 ans sur trois siècles entre le XVe et le XVIIe siècle, avec une sur-représentation du XVIe siècle par rapport aux deux autres. Si, jusqu’à la fin du XVe siècle, la plupart des comptes couvrent plusieurs années, le canevas se transforme rapidement et, en 1485, un seul compte par année est produit. C’est à cette même date que la Saint-Georges est fixée pour débuter chaque compte. L’ensemble de ces documents financiers sont dédiés aux ducs de Wurtemberg et comtes de Montbéliard et sont vérifiés par la Chambre des Comptes de Montbéliard, au moins à partir de 1529. Le support consiste, sans aucune exception, en cahiers de papier sous un format proche du A4 actuel et comprenant très peu d’éléments décoratifs. A partir du nombre de pages écrites, plusieurs phases ont été mises en avant : les plus anciens comptes ont un nombre réduit de pages, qui s’accroît légèrement entre 1485 et 1527. A partir de 1528 jusqu’en 1633, les comptes sont denses avant un véritable effondrement entre 1639 et 1647. Alors que le redressement se fait ressentir entre 1648 et 1659, une nouvelle crise survient à partir de 1672. Les variantes majeures dans l’utilisation des matériaux s’observent au niveau des couvertures et des reliures. La couverture recense les informations générales du compte. D’abord très classique avec l’utilisation de la première page des cahiers de papier, la couverture se perfectionne à partir de 1585. Entre 1585 et 1633, par l’ajout d’une couverture de parchemin, recyclé d’abord puis neuf, le compte prend l’aspect d’un véritable livre. Au niveau des reliures, la simple ficelle semble être préférée pour l’utilisation d’une couverture de parchemin et notamment entre 1604 et 1614. Entre 1614 et 1633, un nouveau procédé de lanières collées à la couverture fait son apparition. A partir de 1639, l’utilisation de la simple couverture de papier est à nouveau favorisée. L’étude de l’organisation intrinsèque a mis en avant trois grandes phases. Un premier compte illustre le tâtonnement du receveur dans la classification de ses finances jusqu’en 1457, lorsqu’un modèle est trouvé et sera utilisé jusqu’en 1672, date à laquelle les comptes ne sont plus classés par recettes/dépenses, types de ressources et rubriques, mais par communes. Pour conclure, les comptes présentent très peu d’éléments décoratifs. Le soin apporté semble dépendre du scribe en fonction. 1 Se reporter également aux tableaux présentés dans Tome II, Annexe 5, p.11-14 et Tome II, Annexe 6, p.15-16 72 1424 ??? 1552 Année Compte existant Receveur Numéro compte receveur Destinataire Nombre de cahiers/compte Nombre de pages/compte Couverture Reliure Foliotation (Type) 1570 1587 Année Compte existant Receveur Numéro compte receveur Destinataire Nombre de cahiers/compte Nombre de pages/compte Couverture Reliure Foliotation (Type) Année Compte existant Receveur Numéro compte receveur Destinataire Nombre de cahiers/compte Nombre de pages/compte Couverture Reliure Foliotation (Type) 1532 6 Oui (Lettres) A 7 Richard Perrenon 1533 45 (soit env. 22 pages/année) 8 140 180 Parchemin Papier 1 24 170 23 Girard Gruet 185 185 1588 7 1571 155 9 6 145 1553 145 8 160 10 11 125 1 1573 9 160 1589 Non 180 25 A 185 1590 200 1 1 185 1535 ??? 1592 1575 1557 130 2 1598 1576 Estienne Boichot 4 DIVERS 170 3 5 1579 15 180 1580 1563 1543 B 16 175 19 135 8 1581 1564 Non 1545 17 175 20 175 1 60 ??? 2 50 ??? 1547 1582 1565 18 200 1 145 1583 3 150 5 130 3 + COPIE Oui (Arabes) 1567 1 19 200 1584 3 1530 1599 1577 Papier 175 13 Prince Friderich 175 4 1 1600 175 5 Oui (Arabes) 175 1601 175 6 B 185 Parchemin 1602 175 7 180 1604 1 180 Prince Friderich Oui (Arabes) 1605 Girard Gruet 180 2 170 1606 190 3 180 1607 A Deile Gurnel 4 20 175 1585 1568 1550 1569 210 4 180 21 180 Papier 1 180 5 DIVERS 1609 Parchemin 1586 200 Prince Jehan Friderich 1608 5 Oui (Arabes) A 150 7 160 190 6 185 22 180 Prince Wolgang + Philippe 4 1551 2 Prince Cristofle + COPIE Non 145 6 Non 145 Comte de Wurtemberg et de Montbéliard 2 Richard Perrenon 1529 Oui (Arabes / Latins) Prince Wolgang + Cristofle 2 1549 1528 Estienne Boichot Girard Gruet 1566 155 3 70 Comte de W ??? Henry du Mons 1522 Prince Ulrich + Cristofle son fils 1546 1516 ??? Henry de Wurtemberg 1476 A 14 18 140 6 Prince Friderich 1562 1541 Oui (Romains) 60 1515 1475 Humbert de Montbéliard 80 (soit env, 20 pages/année) 1474 Oui (Arabes) 1578 165 17 1 100 ??? ??? Ebreard de Wurtemberg 1473 A Papier 165 1 15 1561 140 Papier 1514 1469 Pierre Pillot 105 (soit env. 52 pages/année) 1468 Oui (Arabes) 1559 1540 90 Papier Jacques Grevillot Oui (Romains) B 135 1512 + COPIE ALL. Jean Andrey ??? ??? Duc de Wurt. et comte de Mtbd Prince Ulrich + George Desle François Sauvaige 190 12 160 14 Non 130 3 1539 65 ??? 1511 1465 1 200 11 160 13 1558 1538 70 ??? 1510 A Papier 135 (soit env. 22 pages/année) ??? Ebreard de Wurtemberg 1464 195 2 2 ??? Oui (Romains) 1537 70 Jean Vautherelet 1507 1463 2 190 10 160 12 125 2 Non 45 1506 Non 1462 205 (soit env. 102 pages/année) 1591 1574 1556 Prince Ulrich Prince George 1555 1534 Oui (Romains) 95 Prince George Friderich + Charles 1572 1554 Non 130 Comte de Wurtemberg et de Montbéliard 5 Prince Cristofle 1531 20 ??? Pierre Chanterey 1491 Eberard de W ??? ??? ??? Henry de Wurtemberg Jacques de Molans Nicolas Clochier Perrin Chanterey 1485 80 (soit env. 26 pages/année) 40 (soit env. 20 pages/année) 1479 ??? 1478 1461 ??? 1460 Guy de France 1459 Pierre Berbier 1458 Henry + Ebreart de Wurtemberg 1480 1457 ??? Guillaume Girey Henriette de Montbéliard (?) 1423 Année Compte existant Receveur Numéro compte receveur Destinataire Nombre de cahiers/compte Nombre de pages/compte Couverture Reliure Foliotation (Type) Année Compte existant Receveur Numéro compte receveur Destinataire Nombre de cahiers/compte Nombre de pages/compte Couverture Reliure Foliotation (Type) Année Compte existant Receveur Numéro compte receveur Destinataire Nombre de cahiers/compte Nombre de pages/compte Couverture Reliure (Modèle) Foliotation Tableau 8 : Tableau récapitulatif de tous les éléments codicologiques par compte 73 74 1627 1649 Année Compte existant Receveur Numéro compte receveur Destinataire Nombre de cahiers/compte Nombre de pages/compte Couverture Reliure Foliotation (Type) Année Compte existant Receveur Numéro compte receveur Destinataire Nombre de cahiers/compte Nombre de pages/compte Couverture Reliure Foliotation (Type) 180 2 185 + COPIE ALL : + COPIE + CARNET CARNET 200 3 10 170 1 + CARNET 1630 190 4 185 8 11 1615 1651 170 3 4 Nombre de cahiers Pas de données 1 cahier 2 à 3 cahiers Plus de 3 cahiers 1653 150 5 Deile et Nicolas Devaux 1652 Oui (Arabes) C 190 1 12 1616 185 4 1 1617 2 8 190 3 175 140 2 6 7 1655 7 Oui (Arabes) Papier Nombre de pages Pas de données Moins de 50 pages/compte 50 à 100 pages/compte Plus de 100 pages/compte B 170 170 1 8 175 4 + CARNET 1633 Prince Léopold Friderich 1654 180 Son Altesse de Wirtemberg 2 Claude Baptiste Vernerey 1632 1 1640 1656 170 9 210 2 10 Deile Devaux 1658 1641 1619 Claude Gurnel 1642 1620 3 C 185 5 180 11 + COPIE 35 1659 A 1 240 3 12 + COPIE 65 Prince Léopold Friderich 2 185 4 Pas de données Papier Parchemin Pas de couverture Parchemin caché en 2nd de couverture par la première feuille Couverture 1657 Non 25 (soit env. 12 pages/année) 1639 190 3 Oui (Arabes) 1618 Prince Louys Friderich Mathieu Belot Parchemin caché en 2nd de couverture par la première feuille de papier 1631 Prince Jehan Friderich 1614 Parchemin caché en 2nd de couverture par la première feuille de papier 185 1613 Deile Gurnel Existence du compte et d'une copie allemande existente Existence du compte et de la copie Existence du compte et du carnet des revenus Existence du carnet des revenus seulement Corpus 2 1650 190 14 ??? 7 13 8 1629 A 190 9 Prince Louys Friderich 12 1 1612 Parchemin Mathieu Belot 185 185 1628 8 1611 7 Légende : 1610 Année Compte existant Receveur Numéro compte receveur Destinataire Nombre de cahiers/compte Nombre de pages/compte Couverture Reliure Foliotation (Type) 7 180 8 190 7 Prince Louys Friderich 6 1622 1623 185 8 8 1624 Mathieu Belot 45 ??? ??? ??? CARNET 60 4 1682 Papier 1644 Non Non 60 1 ??? ??? ??? CARNET 50 5 DIVERS 65 6 Non 15 ??? ??? Deile Gurnel 1684 1645 6 185 A 60 1 Oui (Arabes) 130 3 ??? ??? Joseph Monnier Papier Foliotation (Type) Divers Romains Arabes Pas de foliotation 1647 Oui (Arabes) CARNET (+ COPIE) 1689 10 8 185 80 Prince Léopold Friderich 7 Claude Gurnel 1646 1625 Prince Louys Friderich 9 Reliure Divers (altrenance des modèles) Modèle A = ficelles ou languettes de parchemin piquetées dans la couverture Modèle B : utilisation de renforts de papier ou de parchemin Modèle C = lanières de cuir ou fils tressés collés à la couverture 1672 Oui (Arabes) 1643 Parchemin caché en 2nd de couverture par la première feuille de papier 1621 COPIE 185 11 + COPIE B 130 2 1 Deile et Nicolas Devaux 1648 7 1626 Ce tableau présente plusieurs périodes dans lesquelles des éléments codicologiques se modifient simultanément. Un phénomène à noter se produit à la toute fin du XVe siècle, autour de 1480-1485. Le nombre de pages augmente significativement et, parallèlement, le type de reliure se modifie. Cette étape peut être perçue comme une époque encore de tâtonnement pour le receveur dans la gestion de son compte, mais l’absence d’informations pour le XVe siècle concernant le nombre de cahiers, le format et l’épaisseur des comptes ne permettent pas de mettre en avant l’intérêt particulier de cette période. La situation historique, à la sortie des guerres de Bourgogne (1465-1475) pourrait expliquer ces modifications et l’augmentation progressive de la quantité d’informations à écrire et, de fait, l’accroissement du nombre de pages qui contraint le relieur à s’adapter en renforçant et soignant davantage sa reliure. De même, en 1528, l’augmentation du nombre de pages semble être la raison de l’utilisation de plusieurs cahiers dans la construction du compte, au lieu d’un seul jusqu’alors de rigueur. Cependant, cette année étant précédée d’une période lacunaire de 5 années dans la comptabilité, les indices ne sont pas suffisant pour proposer un marqueur chronologique indéniable en 1528. De manière plus certaine, l’année 1613 marque la fin d’une époque, ou plutôt le début d’une nouvelle ère, dans la production des comptes seigneuriaux. Le nombre de cahiers utilisés s’accroît fortement, l’ensemble est couvert par du parchemin et relié par des lanières. Le travail devient plus soigné et la seconde de couverture est cachée par la première feuille de papier. La première rupture indéniable se situe entre 1633 et 1639. Toutes les caractéristiques, hormis le format, changent négativement : le nombre de cahier retombe à un seul, le nombre de pages dépasse difficilement la dizaine, l’organisation en rubriques disparaît, la couverture en parchemin est délaissée et la reliure stylisée est abandonnée jusqu’en 1647. Cette régression soudaine est directement liée à la guerre de Dix Ans qui dévaste la Franche-Comté et se perçoit dans la comptabilité seigneuriale à partir de 1639. La ruine générale transparaît directement dans la production comptable et ses modalités. Cela est d’autant plus flagrant que la revalorisation du document se fait sentir presque immédiatement après la fin du conflit en 1648 : les cahiers multiples sont à nouveau utilisés pour une moyenne de 85 pages écrites reliées par un reliure plus résistante. Le cas des dernières années, de 1672 à 1689, est toujours très problématique du fait du type même de la majorité des documents qui le compose. L’année 1684 est la seule qui permet d’affirmer qu’il s’agit d’un «compte». Pour les autres, l’appellation de «carnets de revenus» dit clairement qu’il s’agit uniquement des recettes et donc d’une partie seulement d’un compte traditionnel. Les inclure dans l’analyse codicologique des «comptes» pourrait donc fausser l’analyse. Aussi, nous ne connaissons ni la durée de l’exercice comptable pour ces années, ni le seigneur pour lesquels ces documents sont produits. Cependant, cette perte soudaine des comptes postérieurs à 1659 laissent penser à une seconde crise dont les causes sont inconnues : nouvelle guerre, destruction massive des archives dans le démantèlement et l’incendie du château de 1673, changement radical du système administratif... les possibilités ne manquent pas. Toutefois, le cas de la perte d’archives dans l’incendie du château est peu probable au vu de la quantité de comptes qui subsistent encore. 75 C. Les receveurs de Granges dans la «civilisation comptable» bourguignonne Les différents propos, sur la civilisation comptable dans les territoires bourguignons traitent essentiellement de la période du XIVe au XVe siècle et sur les juridictions du ressort des Chambres de Dijon, de Dole, ou de Vesoul1. Pour les périodes postérieures, il n’existe, à notre connaissance, aucune étude sur le sujet. L’analyse des comptes de la seigneurie de Granges permet ainsi de disposer d’un exemple dans le Comté de Bourgogne, sur cette époque encore peu étudiée après le XVe siècle. 1. Les connaissances sur la gestion comptable dans les terres bourguignonnes Les travaux sur la finance et la comptabilité des ducs et comtes de Bourgogne sont relativement nombreux. Qu’il s’agissent de colloques entièrement consacrés à la question, ou bien de thèses et de mémoires estudiantins, la finance et la comptabilité bourguignonne, par son développement précoce, attise l’intérêt des spécialistes, notamment depuis la mise en place du vaste programme d’étude codicologique des objets comptables2. Aussi, on voit progressivement se développer une approche comparative des pratiques entre le duché et le comté. De nouveaux spécialistes de la région se font alors connaître à l’instar de Matthieu Leguil ou encore Sylvie Bepoix3. Malgré l’absence, pour l’instant, de travaux spécifiques fondés sur les sources comptables du pays de Montbéliard, les premières approches de comptabilités seigneuriales dans les espaces bourguignons qu’ils proposent servent de références pour décrire, analyser, comparer et enfin comprendre notre documentation sur la seigneurie de Granges. Il en ressort que des normes comptables se sont diffusées à travers l’ensemble des territoires des ducs de Bourgogne. Les histoires respectives des duché et comté de Bourgogne s’entrecroisent régulièrement. Réunis deux fois sous le pouvoir des ducs, la première de 1330 à 1361 et la seconde de 1384 à 1477, les administrations territoriales ont subi des influences administrative, pour ne pas dire pressions, pour répondre à la volonté unificatrice des princes bourguignons4. De part et d’autre du territoire bourguignon, l’étude de Matthieu Leguil met en avant l’apparition simultanée des premiers documents comptables alors même que les terres n’étaient pas encore réunies sous le pouvoir ducal. A la fin du XIIIe siècle, l’influence du modèle royal 1 Pour la chambre de Vesoul qui gère le bailliage d’Amont voir : Van Nieuwenhuysen, «Les finances du duc de Bourgogne...», 1990 2 Etudes bourguignonnes : finances et vie économique dans la Bourgogne Médiévale : linguistique et toponymie bourguignonne, 1987 Rauzier, Finance et gestion d’une principauté au XIVe siècle : le duché de Bourgogne de Philippe le Hardi (13641384),1994 Van Nieuwenhuysen, Les finances du duc de Bourgogne Philippe le Hardi (1384-1404) : le montant des ressources, 1990 3 Leguil, «Faire et ordonner ses comptes dans les deux Bourgognes aux XIVe et XVe siècle. Uniformité ou diversité des comptabilités des principautés méridionales de l’État Bourguignon», in Mattéoni (dir.), Beck (dir.), Classer, dire, compter ..., pp.59-96 Bepoix, Couvel, Leguil, «Entre exercice imposé et particularismes locaux. Etude codicologique des comptes de châtellenie des duché et comté de Bourgogne de 1384 à 1450», in Comptabilités [En ligne], N°2 (2011), URL : http:// comptabilites.revues.org/491 4 Leguil, «Faire et ordonner ses comptes dans les deux Bourgognes...», p.59 76 français, dont sont très proches les ducs de Bourgogne, se fait sentir sur l’ensemble du territoire1. A partir de 1350, le roi de France prend en charge l’administration des deux Bourgogne. Il impose les méthodes royales et fournit des instructions administratives précises qui doivent être diffusées par l’action de «commissaires royaux» qui se déplacent à Dijon pendant l’audition des comptes2. Ce choix est judicieux et va fortement faciliter la diffusion des modèles administratifs français. En effet, les comptes étant tous auditionnés, ou reddités, le même jour, c’est le moment où les comptables de l’ensemble du territoire se retrouvent, se rencontrent et échangent. Le lieu de ces vérifications devient alors un centre important de communications entre personnels administratifs, dirigeants et subalternes3. En 1386, un étape supplémentaire est franchie avec la promulgation de l’ordonnance qui organise la chambre des comptes de Lille et de Dijon. Elle fixe, notamment, les «modalités du contrôle financier» avec une mise au premier plan des pièces justificatives dans l’étape de vérification, toujours d’après le modèle français4. A partir de cette ordonnance, et jusqu’en 1477, Matthieu Leguil remarque que les receveurs suivent des règles codicologiques rigoureuses qui ont été mises en parallèle par Sylvie Bepoix avec celles des comptes de l’État Royal5. Les titres sont centrés et mis en valeur. La mise en page est standardisée. Cette ordinatio favorise une consultation et un repérage rapide par simple vision directe de la page6. Aussi, ce processus démontre une «banalisation» de la pratique comptable avec une préparation en amont du document en inscrivant les principales rubriques et en réservant des espaces pour entrer la donnée, qui reste vide en cas d’absence7. Cette volonté de clarté de l’information se perçoit également dans l’évolution du support. En Bourgogne ducale, les rouleaux de parchemin utilisés pour les archives publiques jusqu’à la première moitié du XIVe siècle sont progressivement abandonnés pour des registres en parchemin jusqu’à l’arrivée du papier vers 1545. Selon Jehan Kerhervé, cette modification est impulsée par Philippe le Hardi8. Cependant, les variantes régionales et la diffusion de ce changement sont encore méconnues9. Le registre facilite l’accès à l’information grâce aux différents indicateurs, comme l’indexation ou la foliotation, et la présence du dos permet d’optimiser l’archivage10. Dans la Comté de Bourgogne, le papier est préféré au parchemin dès 1329. Il s’agit d’un choix seigneurial mais également d’une conséquence de l’administration particulière du Comté qui possédait un intermédiaire supplémentaire entre le seigneur et le duc : le trésorier11. Le receveur utilise alors le papier car le compte sert uniquement de pièce justificative pour un autre document produit dans les plus hautes instances par le trésorier général12. 1 Leguil, «Faire et ordonner ses comptes dans les deux Bourgognes...», p.71 2 Leguil, «Faire et ordonner ses comptes dans les deux Bourgognes...», p.73-74 3 Leguil, «Faire et ordonner ses comptes dans les deux Bourgognes...», p.73 4 Leguil, «Faire et ordonner ses comptes dans les deux Bourgognes...», p.79 Bepoix, Couvel, Leguil, «Entre exercice imposé et particularismes locaux...», p.2 5 Bepoix, Couvel, Leguil, «Entre exercice imposé et particularismes locaux...», p.24 6 Bertrand, Les écritures ordinaires..., p.386 7 Leguil, «Faire et ordonner ses comptes dans les deux Bourgognes...»,p.93 8 Mattéoni, «Introduction», in Mattéoni (dir.), Beck (dir.), Classer, dire, compter..., p.13 9 Beck, «Forme, organisation et ordonnancement des comptabilités...», p.36 10 Leguil, «Faire et ordonner ses comptes dans les deux Bourgognes...», p.86 Beck, «Forme, organisation et ordonnancement des comptabilités...», p.37 11 Leguil, «Faire et ordonner ses comptes dans les deux Bourgognes...», p.65-67 12 Leguil, «Faire et ordonner ses comptes dans les deux Bourgognes...», p.67 77 La diffusion des modèles passe principalement par l’intermédiaire des chambres vérificatrices, mais elle est également fortement encouragée par la «polyvalence géographique» du personnel, facilitée par l’emploi d’une langue commune : le français. Les comptables ne restent pas éternellement sur la même terre, ils changent régulièrement, alternant entre Duché et Comté. Le ducs exigent des notables une meilleure connaissance du territoire dont ils sont des acteurs de sa prospérité1. L’administration centrale fait d’ailleurs entièrement confiance à ces fonctionnaires locaux. Certes, des vérifications restent toujours nécessaires, car la quantité de chiffres à traiter est immense et des erreurs restent possibles. Mais cette étape de vérification ne semble pas remettre en cause les compétences des notables. Dans le Comté, la situation est légèrement plus complexe. Le receveur est confronté à de multiples difficultés du fait du «carrefour géographique» que cet espace représente2. Parmi celles-ci se trouve la multiplication des monnaies et des mesures bien souvent différentes d’une châtellenie à l’autre. D’ailleurs, Sylvie Bepoix a démontré que le receveur pouvait faire des calculs plus ou moins complexes, allant de la simple addition jusqu’à la division, et parfois même des calculs de pourcentages3. Cela explique l’importance croissante de pièces justificatives dans la conception, puis la vérification du compte. Les receveurs ne sont pas des novices. Ils doivent connaître les chiffres et être formés. Pourtant, l’université n’est pas le parcours classique du comptable. Il semble qu’une activité commerciale antérieure soit davantage mise en valeur dans leur curriculum vitae pour exercer cette profession4. La normalisation et clarification des comptes permet aux institutions centrales de connaître, gérer, vérifier et retrouver plus facilement une donnée chiffrée5. Elle encourage une meilleure gestion du budget, une meilleure connaissance des ressources et du domaine et, si nécessaire, une meilleure préparation à la défense6. Revu et corrigé, le compte devient un outil de travail courant utilisé comme «document de référence» fiable7. Sylvie Bepoix soulève cependant une question intéressante et se demande si ces similitudes entre les différents territoires sont réellement imposées par les institutions centrales ou si elle ont simplement été admises par tout le monde au fur et à mesure du temps, du fait de leur practicité8. 1 Leguil, «Faire et ordonner ses comptes dans les deux Bourgognes...»,p.81 2 Bepoix, «Le savoir-faire comptable des receveurs du comté de Bourgogne au XVe siècle : fiabilité des chiffres et des opérations», in Comptabilités [En ligne], N°7 (2015), URL : http://comptabilites.revues.org/1687, p.2-3 3 Bepoix, «Le savoir-faire comptable...», p5 4 Bepoix, «Le savoir-faire comptable...», p.9 5 Bepoix, Couvel, Leguil, «Entre exercice imposé et particularismes locaux...», p.24 6Leguil, «Faire et ordonner ses comptes dans les deux Bourgognes...», p.75-76 7 Goldmann, «La seigneurie de Fontenay-le-Marmion...», p.281 8 Bepoix, Couvel, Leguil, «Entre exercice imposé et particularismes locaux...», p.2 78 2. Le receveur de Granges : acteurs, victimes ou exclus de la normalisation financière La seigneurie de Granges n’est pas un territoire isolé. Elle fait partie d’un système complexe. Si les liens entre les receveurs soumis aux ducs de Bourgogne dans le duché et dans la Comté sont parfaitement démontrés, il faut établir quelles relations ont pu être entretenues par les receveurs de Granges avec les institutions environnantes, et particulièrement avec cette administration «à la française». Les archives conservées permettent de déduire et de comprendre le processus d’élaboration du compte au sein de la seigneurie. Les officiers de la seigneurie produisent dans un premier temps un «carnet» dans lequel ils recensent toutes les recettes1. Dans ces documents il est possible de voir que certaines rentes sont alors payées en avance par les sujets ou que les carnets sont utilisés pendant plusieurs années. L’organisation de la perception des revenus n’est pas bien connue pour le territoire de Granges. En effet, les documents ne permettent pas de savoir si les officiers se déplacent dans les communes, chez les rentiers, ou si ce sont ces derniers qui viennent déposer la somme due directement à Granges. Cependant, ces carnets et documents annexes correspondent indéniablement aux outils de travail du ou des percepteurs. Ils servent à l’élaboration du «compte» annuel final avant la commande d’une copie. Par la suite, la Chambre des Comptes de Montbéliard reçoit le receveur, étudie son compte avec les pièces justificatives et donne ses appréciations. Pour finir, elle valide, ou non, son contenu. Plusieurs éléments favorisent l’hypothèse d’un particularisme seigneurial dans la pratique comptable à Granges. Tout d’abord, institutionnellement, le receveur de Granges fait partie d’un système administratif différent de ceux étudiés pour les autres territoires comtaux puisqu’il rend ses comptes à la Chambre de Montbéliard. Par ailleurs, les longues périodes pendant lesquelles officient chaque receveur prouvent l’absence de mobilité de ces derniers alors que celle-ci est bien démontrée pour les agents des territoires ducaux. Enfin, le choix de la date pour commencer et clore le compte, soit la Saint-Georges (23 avril) fixée en 1485, est encore un exemple de particularisme par rapport aux régions voisines. Les comptes du duché de Bourgogne s’étendent d’une SaintMichel (29 Septembre) à l’autre, tandis que dans le Comté la Saint Martin d’Hiver (11 Novembre) est privilégiée2. Cependant, la comparaison des comptes de Granges avec ceux, par exemple, de Dole, présente plusieurs similitudes, de sorte que le receveur de Granges devait obligatoirement avoir connaissance de ces modèles limitrophes. Comme l’affirme Catherine Goldmann pour ses propres comptes, l’organisation exemplaire qu’ils observent et surtout la promiscuité impressionnante des aspects codicologiques laissent peu de doute sur la connaissance des scribes d’autres exemples comptables voisins. Ils ont ensuite adopté ces modèles pour leurs propres terres, soumis à des pressions plus ou moins importantes3. Dans la teneur même du compte, les titres sont centrés et mis en valeur même si le résultat est «néant», tout comme pour la comptabilité de Dole. Les similitudes dans l’organisation des comptes sont donc importantes entre ces documents 1 AD HS, E137, 1630, f°1r 2 Leguil, «Faire et ordonner ses comptes dans les deux Bourgognes...», p.64 3 Goldmann, «La seigneurie de Fontenay-le-Marmion...»,p.277 79 émanant d’institutions de vérifications différentes et elles attestent de la diffusion du modèle bourguignon au sein de cette seigneurie comtoise. Les indices semblent démontrer que, dès 1423, le receveur de Granges avait déjà connaissance des normes suivies dans les territoires voisins. Il lui faut encore quelques années, voire quelques décennies, pour finaliser l’organisation de son compte et adopter pleinement le modèle dont il s’est inspiré. Selon la théorie de Matthieu Leguil, la «civilisation comptable» atteint donc son apogée à Granges au début du XVIe, autour de 1530 et s’effondre, au moins temporairement, environ un siècle plus tard autour de 1630. Cependant, cette propagation du modèle ne s’est pas faite à travers la mobilité des receveurs mais a plus probablement été favorisée par la mobilité des examinateurs de la chambre de Montbéliard, amenés à effectuer de multiples voyages dans les terres adjacentes, et qui ont, par la suite, proposé des modèles aux receveurs seigneuriaux lors de la reddition des comptes. Il faudrait que toutes les comptabilités du Pays de Montbéliard soient analysées et comparées à la fois avec ce système mais aussi avec la situation dans l’empire germanique, totalement exclue de cette analyse, et que les historiens se penchent sur l’organisation de la Chambre des Comptes de Montbéliard pour pouvoir cerner plus précisément les circonstances et les facteurs de diffusion des modèles dans l’Est de l’espace comtois. Cela permettrait également de comprendre la destinée et l’utilité de ces comptes seigneuriaux pour la Chambre de Montbéliard. Toutefois, notre corpus permet de disposer d’un exemple d’outil de gestion comptable seigneuriale entre le Moyen Âge et l’époque Moderne pour un espace encore peu connu dans ce domaine. L’analyse codicologique, par la comparaison des informations extraites des comptes de Granges avec les connaissances déjà acquises sur la gestion seigneuriale dans des territoires adjacents, confirme l’importance de cette documentation comptable. Les codes acquis et retranscrits par les receveurs, le soin apporté à la tenue du compte, la volonté de sa préservation, et, surtout, la connaissance d’une étape de vérification par une institution supérieure donne de la crédibilité et valide les informations fournies dans cette comptabilité seigneuriale locale. Le sérieux observé par l’administration locale dans l’élaboration de cette documentation en fait une ressource fiable pour comprendre la gestion et l’organisation seigneuriale entre le XVe et la fin du XVIIe siècle. 80 III. L’organisation seigneuriale «matérielle» : les équipements Dans ce corpus de 137 documents, les informations sur la seigneurie sont innombrables et portent sur des aspects très variés traitant des cultures ou de la pêche, des machines de guerre en passant par la gestion de conflits civils et les procès de sorcières. Afin de pouvoir offrir l’approche interdisciplinaire recherchée pour cerner l’espace «matériel» de la seigneurie, il faut centrer l’étude autour des éléments susceptibles de laisser des traces repérables par l’archéologue et mentionnés dans les comptes, à savoir les édifices. A. Lecture des comptes et repérage des mentions : élaboration du catalogue 1. Question de définition Le choix des mots pour qualifier les équipements est important. Il est question de considérer les équipements seigneuriaux et non pas tous les édifices ayant pu être construits sur le territoire seigneurial. La nuance ainsi appliquée n’est pas anodine. En effet, parler d’équipements seigneuriaux consiste à limiter le corpus aux établissements et aménagements qui appartiennent au seigneur, soit par gestion directe, soit en amodiation, sur lesquels reposent ses revenus et/ou dont il a la charge de l’entretien. Par cette définition, il apparaît que le corpus va principalement être formé à partir des édifices référencés dans les recettes seigneuriales. La connaissance de l’organisation du compte et de son plan devient alors essentielle. Pour reprendre les plans de comptes présentés précédemment1, l’intitulé des rubriques, on ne peut plus explicite, «Recette de cire des dîmes, fours et moulins» (1423-1424), «Recette de froment des fours/des moulins dud Granges» (1485), «Recette d’argent [...] pour le banvin et poids des halles de Granges» (1607) en sont quelques exemples. Cependant, ces rubriques ne sont pas forcément connues et identiques pour l’intégralité du corpus du fait des évolutions dans la tenue des comptes. Aussi, par exemple, dans le compte de 1457-1459, aucun intitulé ne permet de savoir clairement où ces édifices sont mentionnés. Aussi, dans certains cas, l’équipement est uniquement connu par les dépenses engendrées par son entretien et se cache souvent dans la rubrique relativement vague de «Dépenses en argent pour plusieurs réparations». En effet, si les édifices seigneuriaux sont une source de revenus pour le receveur, ces recettes ont des utilités diverses. Elles permettent, entre autres, de financer l’entretien de ces mêmes établissements, mais également celui d’autres qui ne rapportent aucun revenu, à l’exemple des installations hydrauliques ou encore des châteaux. Aussi, si ces édifices ne rapportent rien au receveur mais lui coûtent des ressources, c’est qu’ils ne sont amodiés à un aucune tierce personne et qu’ils dépendent directement du seigneur par l’intermédiaire du receveur. C’est pourquoi il est important de ne pas se fier uniquement aux intitulés des rubriques et qu’il est nécessaire de lire l’intégralité des comptes pour s’assurer de n’omettre aucun édifice seigneurial important. L’intérêt d’étudier des archives de ce type résulte dans la multitude des mentions pour un unique élément à défaut de trouver des éléments exceptionnels et remarquables. Les mentions 1 Voir dans ce même tome, p. 69-70 81 d’équipements seigneuriaux sont nombreuses pour Granges et un référencement méthodique est indispensable. La base de données tripartite, produite à cet effet, liste tous les équipements recensés [Fig.27 à 29]. Dans l’en-tête, est fournie la «fiche d’identité» de l’édifice. Elle permet de savoir à quel type d’édifice correspond l’équipement et sa localisation, si cette dernière est connue. Lorsque cela est possible, l’équipement seigneurial est associé au numéro Dracar et au numéro de site correspondant dans les dossiers de la Carte Archéologique Nationale conservée à la Direction Régionale des Affaires Culturels de Bourgogne-Franche-Comté (Drac) et élaborée par le Service Régionale de l’Archéologie (Sra). L’enregistrement se décompose ensuite en trois onglets. Le premier consiste en une fiche résumant les points importants connus sur l’équipement. Elle fournie la majeure partie des informations présentées dans le catalogue final. Les plus larges bornes chronologiques sont accompagnées d’un résumé historique des importantes périodes et des principaux changements subits par l’édifice au cours de son existence, auxquels s’ajoute la ou les fonctions connues, ainsi que des remarques plus personnelles. Un second onglet recense l’ensemble des sources et références connues à ce jour sur l’édifice : chronologie fine, cartographie, archives, ouvrages scientifiques... La principale partie de cet onglet traite des mentions comptables accompagnées de leur localisation archivistique. Ce référencement permet un retour aisé à la source et est particulièrement utilisé lors de la vérification finale des mentions afin de comprendre ou combler de possibles lacunes dues à différentes raisons et notamment à la perte de feuillets. Le dernier onglet traite de la matérialité de l’équipement. Les mentions spécifiques aux matériaux de construction, aux pièces ou encore aux meubles et aménagements y sont référencées pour tenter d’établir les caractéristiques matérielles générales de l’édifice. Cette base de données a été pensée tel un chantier archéologique dans lequel la seigneurie serait le site, l’équipement, et ses caractéristiques chronologiques et cartographiques générales, correspondrait au fait et l’aspect matériel de l’édifice se rapprocherait de l’unité stratigraphique (US). Dans cette étude, l’important ne réside pas dans l’étude de l’architecture et de la matérialité des équipements même si cela aurait été extrêmement intéressant. Cet aspect peut être mentionné lors de la présentation des édifices mais l’analyse s’articule principalement autour du fait, l’objectif étant de connaître l’édifice et, tout au plus, de savoir son état d’activité. 82 83 Figure 27 : Exemple d’un enregistrement/d’une page de la Base de Données «Equipement», logiciel Filemaker. Partie I qui sert de synthèse 84 Figure 28 : Exemple d’un enregistrement/d’une page de la Base de Données «Equipement», logiciel Filemaker, Partie II qui sert majoritairement de vérification. Permet dans la plupart des cas de retrouver une mention ratée ou de confirmer la non existence d’un équipement avant une date précise, de compléter grâce à la numérotation personnelle des photos. 85 Figure 29 : Exemple d’un enregistrement/d’une page de la Base de Données «Equipement», logiciel Filemaker Partie III qui recense les mentions portant sur les aspects matériels de l’équipement. 2. Question de méthodologie Le dépouillement a permis de distinguer un total de 119 édifices, hors habitations personnelles, mentionnés dans l’ensemble de la comptabilité, mais seuls 56 entrent dans cette catégorie des équipements seigneuriaux pour former notre catalogue1. Plusieurs critères ont permis d’établir cette liste. Dans un premier temps, ont été conservés les édifices pour lesquels une rente régulière, une amodiation ou un acensement, étaient payés pour l’équipement même. Par ailleurs, les édifices situés sur une terre soumise à un acensement régulier sont également conservés. En effet, dans plusieurs cas, il est question de revenus émanant de la rente «pour le chesaul de [nom de l’édifice]» ou bien «pour le chesaul ou est [nom de l’édifice]. A titre d’exemple, il est écrit pour la forge de Granges qu’une rente est payée «pour le chesal ou est la forge de Granges» (fiche catalogue n°13), et cela dès 1506 . Par définition, le chesal est une «[...] métairie, un manoir entouré de terres propres à cultiver»2. Il semble donc que l’édifice et les terres forment un ensemble indissociable et que la bâtisse est incluse dans l’acensement à payer et fait partie de la rente seigneuriale. Enfin, cette liste est également composée des édifices introduits précédemment, pour lesquels aucune rente n’est payée et aucune amodiation ou source de revenus n’est connue, mais qui nécessitent un entretien et dont la charge revient directement au seigneur par l’intermédiaire du receveur. Il a fallu donc chercher parmi les dépenses pour détecter ces édifices. Cette dernière situation concerne surtout les châteaux et les autres aménagements publics mis au service de la population tels que les puits ou encore les fontaines. En revanche, les équipements mentionnés qui ne génèrent aucun revenu régulier et pour lesquels aucun frais d’entretien n’est soutenu par le receveur sont exclus du catalogue. Il en est de même pour les ventes d’édifices, si ce dernier n’est pas connu antérieurement, qui génèrent une rentrée d’argent ponctuelle. Ces 56 édifices font, chacun, l’objet d’une fiche de catalogue [Fig. 30]. L’ensemble des informations et des références figurant dans la base de données ne peuvent être reprise sur une seule de ces fiches. De fait, seules les informations essentielles pour la compréhension de l’édifice et utiles à la connaissance du paysage seigneurial matériel sont résumées. L’en-tête présente la numérotation de l’équipement dans le catalogue [N° Catalogue], qui ne reprend donc que les équipements seigneuriaux, mais également sa numérotation dans la base générale de données qui compte tous les édifices mentionnés dans les comptes [N° Base]. Il permet également de faire la distinction entre les édifices attestés comme seigneuriaux et ceux dont l’appartenance au seigneur reste douteuse. Une première partie reprend l’identité de l’édifice : sa catégorie et son nom ancien et/ou récent, la localité d’implantation et le département, ainsi que son type et la connaissance, ou non, de sa localisation précise au sein du territoire communal. Ce dernier point est principalement établi à partir de la comparaison des mentions comptables avec les informations tirées de la cartographie ancienne classée par ordre chronologique (Cassini, Fallot, Atlas Cantonal, Cadastre...) et couplées à des logiciels de géolocalisation plus récents pour en connaître la situation actuelle (Google Maps). Le référencement de la Carte Archéologique Nationale est également repris. Il est nécessaire de 1 Ensemble du catalogue : Tome II, Annexe 7, p. 17 à 73 2 Dictionnaire Godefroy 86 faire une précision quant aux localisations communales proposées pour chaque édifice. Dans la majorité des cas, le village où se situe l’édifice est clairement exprimé. Mais dans des cas plus rares, il peut également être dit que l’édifice est «proche de [nom du village]». C’est alors ce dernier nom de village qui est pris en compte. Mais il n’est pas exclu que l’édifice se situait sur un autre territoire communal adjacent. Les «Bornes Chronologiques» sont les plus larges connues. Quand trois dates sont proposées, elles correspondent à la date de construction ou de la première mention, à la date de destruction ou d’arrêt de l’activité définitive pour la seconde, et à la date de la dernière mention ou de la dernière représentation cartographique pour la dernière (même en ruine). Lorsque cette dernière date correspond à l’année 2017, cela signifie que des vestiges sont encore visibles aujourd’hui. L’historique principal apporte de plus amples informations sur ces bornes chronologiques et sur les principaux événements qui ont touché l’équipement pendant cette période. Les connaissances sur les sous-équipements donnent les principaux aspects sur la matérialité de l’édifice, notamment sur son organisation interne en terme de pièces, ou encore sur des travaux importants mais plus mineurs que ceux présentés dans la partie précédente. La dernière partie «Usages/Remarques» résume les fonctions de l’édifice, qu’elles soient clairement exprimées ou déduites, et permet d’exposer des questionnements plus personnelles et des problématiques non résolues sur le bâtiment. Chaque fiche de catalogue s’achève par un récapitulatif des cartons d’archives et des ouvrages bibliographiques dans lesquels se trouve une mention de l’édifice avec un référencement complet pour les études traitant spécifiquement du bâtiment. 87 N° Catalogue 1 N° Base 1 Equipement seigneurial Château De Granges Commune : Granges-le-Bourg Département : Haute-Saône Type : Défensif Etat : Localisé Oui Non Douteux N°DRACAR N°Site Chrono 1073 70277001AH MED Cartographie ancienne : AD HS, E177 (XVIIIe s) : comprend un plan ancien non daté qui offre un plan du château Cassini (XVIIIe s): représentation en état JF. Fallot (1750) : représentation en ruine Cadastre (1807-38) : section A5 Atlas Cantonal (1858) : Canton Villersexel I5, ruines d'un château, centre-est localité Bornes Chronologiques : XIIe - 1673 - 2017 Historique Principal : Nombreuses constructions, réparations et transformations tout au long de la période Construction : date exacte inconnue (autour du XIIe s) (Croizat) 1473-1476 : préparation à la guerre, renforcement du château et de ses défenses aussi bien au niveau de l'architecture que de l'armement 1643-1644 : incendie à la fin de la Guerre de Dix Ans, travaux de dégagement, des reconstructions et des réaménagements avec changements de fonction pour certaines pièces (ex : chambres deviennent des greniers) 1673 : Démolition par ordre du gouverneur espagnol en Franche-Comté. Connaissance/Historique sous-équipements : Composition du château : une baraque d'habitation, une basse-cour (pavée, entourée d'une muraille, plusieurs tours, un jardin), une blancherie/boulangerie, une bouteillerie, une carpière, une cave, un cellier, plusieurs chambres, une chancellerie, une chapelle, une citerne, un colombier/pigeonnier, des cuisines, une cuverie, un donjon, des écuries, un four à pain, un four à chaux, une galerie, une grande salle, des granges/étables, des greniers, une guérite, une lanterne, une maison des chiens, une maréchaussée, un moulin(?), des salles du poêle/fourneau, une porterie, un pressoir, des prisons, un puits, des tours (dont une tour de l'horloge), un trippet et plusieurs bâtiments. Usages/Remarques : Défense : architecture imposante (muraille, tours, porte fortifiée...), armement (artillerie), garnison permanente Stockage : matériaux de construction (tuiles, planches de bois, gy, salpêtre...), outils (marteau, enclumes, soufflets, clous...) , denrées (céréales, vin), nécessaire à la vie quotidienne (cyre, toiles...) Habitation : éléments de confort et décoration (fenêtres à croisée, mobilier de valeur, poêle, cheminée...), vaisselle luxueuse. Centre de justice : tenue des procès et des grandes réunions Réf. Archives : AN : K2272.1 AD70 : E137, E146-167, E177 - E178 Bibliographie : DCHS, P.211-217 CROIZAT SALCH, p.586 JEANNIN VIGNIER, p.99 GIROUD Figure 30 : Exemple d’une fiche du catalogue 88 3. Question de chronologie Il est nécessaire de faire certaines précisions sur le référencement chronologique. Les dates présentées dans le catalogue correspondent à un résumé des principales informations fournies dans la comptabilité. Le détail a été exporté sous la forme de plusieurs tableaux dans lesquels chaque colonne correspond à un compte et chaque ligne à un équipement avec les principales informations nécessaires à son identification : n° de catalogue, n° de base, commune, catégorie d’équipement, nom mais aussi degré de certitude de l’appartenance aux équipements seigneuriaux, le type ou encore l’état de localisation [Tab. 9]1. Un code couleur met en avant les différences recensées dans les mentions. Ainsi, une case colorée en vert plein présente une utilisation avérée de l’équipement, et le vert hachuré caractérise une utilisation fortement supposée. Au contraire, les cases en rouge plein correspondent à une destruction ou à une inexploitation avérée : abandon, ruine, manque de personnel pour faire tourner l’édifice ou encore changement de main et perte du contrôle du seigneur de Granges sur le lieu. Le rouge hachuré présente une inactivité fortement supposée. Pour finir, les cases en orange et celles qui abritent des points d’interrogation sont des cas problématiques pour lesquels l’existence est avérée, mais l’état de fonctionnement, et l’appartenance seigneuriale n’ont pas pu être clairement établis. Pour déterminer l’état «actif» ou «inactif» de l’équipement, les mentions principalement utilisées sont celles des amodiations pour lesquelles les raisons d’une absence de revenus sont très souvent précisées : ruine, changement de propriétaire,... En revanche chaque changement d’amodiateur n’est pas pertinent car nombreux sont les édifices qui ont un nouveau locataire tous les ans. Aussi, les réparations ne sont pas prises en compte pour déterminer l’état d’inactivité car ces édifices, qui organisent le quotidien des sujets, sont utilisés continuellement et nécessitent un grand nombre de réparations annuelles pour lesquelles il est parfois complexe de discerner les travaux majeurs ayant pu bloquer l’activité, des travaux mineurs. La principale différence retenue est donc celle de l’utilisation ou de la «destruction» de l’équipement car il s’agit de la seule modification réellement observable dans la comptabilité. Il est impossible de prendre en compte des changements de fonctions car ces derniers n’existent pas. Ces équipements sont construits pour effectuer une tâche précise (cuisson culinaire, production de farine, alimentation en eau...). S’il ne peuvent plus l’effectuer, aucune reconversion n’est prouvée alors que plusieurs destructions et abandons sont clairement présentés. 1 Se reporter également : Tome II, Annexe 8, p.74 89 90 63 Secenans 64 68 88 90 91 92 95 96 101 102 108 116 117 118 119 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 Essouavre Mignavillers Gouhenans Montenois Senargent Granges-le-Bourg Vacheresse Montenois Secenans Onans Taillecourt Moffans Granges-le-Bourg Montenois ??? Saulnot Saulnot Saulnot Saulnot Vellechevreux Arcey Moffans Faymont Courbenans Montenois Montenois Mignavillers Moffans Médière Onans Bournois Saulnot Arcey Arcey Granges-le-Bourg Granges-le-Bourg Granges-le-Bourg Malval Moffans Moffans 22 24 25 26 27 28 29 37 38 39 40 41 42 43 45 47 48 49 51 52 55 57 58 61 62 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 Granges-le-Bourg Granges-le-Bourg Granges-le-Bourg Granges-le-Bourg Crevans Vacheresse Secenans 12 13 14 15 16 17 18 9 10 11 12 13 14 15 Pont Scierie Prison Four Moulin Moulin Scierie Four Moulin Four Four Presbytère Borne Borne Borne Moulin Moulin Fossé Saline Four Four Four Moulin Moulin Four Four Four Moulin Four Four Château Four Puits Fontaine Moulin Chapelle Tuilerie Fontaine Fontaine Four Four Halle Forge Moulin Four Forge Huilerie Moulin N° N° Commune Equipement Cat Base . 1 1 Granges-le-Bourg Château 2 2 Granges-le-Bourg Signe Patibulaire 3 4 Moffans Château 4 5 Saulnot Château 5 6 Vellechevreux Château 6 8 Granges-le-Bourg Fossé 7 9 Granges-le-Bourg Enceinte 8 10 Granges-le-Bourg Moulin Equi. Seign. Oui Oui Oui Saulnot Oui De Velle Douteu Oui Oui du Parc / de Saulant / Oui de Quincampois Oui Oui de la Oui Boulloye/Bouloye Oui Oui Oui de l'Estang /Jehan Mol Oui / Neuf de la Sapoie/Sappoye Oui Oui Oui Oui Oui Oui Neuf (?) Oui Oui Oui Oui Maillard Oui Oui Oui Oui Oui Sandey/Saudel (?) Oui Oui Oui Oui Saint-Sezaire Oui Oui Oui Oui Guillaume Arlet Oui Oui Jehan Boucard / Bouccard Mahuz / Mahoux / Oui Jean Virot Oui Oui Douteu Oui Oui Neuf Douteu Oui du meix Mestenrey Oui Nonat/Novat Oui Douteu Douteu Oui Oui Oui Oui De Granges Nom Voirie Artisanal Judiciaire Service Service Service Artisanal Service Service Service Service Religieux Voirie Voirie Voirie Service Service Défensif Artisanal Service Service Service Service Service Service Service Service Service Service Service Défensif Service Service Service Service Religieux Artisanal Service Service Service Service Service Artisanal Service Service Artisanal Artisanal Service Défensif Judiciaire Défensif Défensif Défensif Défensif Défensif Service Type Non localisé Non localisé Non localisé Non localisé Localisé Non localisé Non localisé Non localisé Localisé Non localisé Non localisé Non localisé Non localisé Non localisé Non localisé Non localisé Localisé Non localisé Non localisé ??? Non localisé Non localisé Non localisé Non localisé Localisé Non localisé Non localisé Non localisé Localisé Non localisé Non localisé Non localisé Non localisé Non localisé Non localisé Non localisé Localisé Fouillé Non localisé Non localisé Non localisé Non localisé Localisé Non localisé Localisé Localisé Non localisé Non localisé Non localisé 12.1455 : Granges est brulée 1465-1476 : Guerre de Bourgogne 1474 1474 1474 1474 1474 1474 1474 1474 1474 1474 1529-1530 : incendies à Medière et Moffans 1531 : Peste sur toute la seigneurie 1545 : Peste à Accolans Statut 1423- 1457- 1460- 1468- 14731479Equipemen 1424 1459 1465 1469 1476 1478 1479 1480 1485 1491 1506 1507 1510 1511 1512 1514 1515 1516 1522 1528 1529 1530 1531 1532 1533 1534 1535 1537 1538 1539 1540 1541 1543 1545 1546 1547 1549 1550 1551 1552 1553 1554 t Localisé Localisé Non localisé Non localisé Non localisé Non localisé Localisé Localisé 1474 Tableau 9 : Chronologie détaillée des équipements seigneuriaux (classement par numéro de fiche catalogue) 91 63 Secenans 64 68 88 90 91 92 95 96 101 102 108 116 117 118 119 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 Essouavre Mignavillers Gouhenans Montenois Senargent Granges-le-Bourg Vacheresse Montenois Secenans Onans Taillecourt Moffans Granges-le-Bourg Montenois ??? Saulnot Saulnot Saulnot Saulnot Vellechevreux Arcey Moffans Faymont Courbenans Montenois Montenois Mignavillers Moffans Médière Onans Bournois Saulnot Arcey Arcey Granges-le-Bourg Granges-le-Bourg Granges-le-Bourg Malval Moffans Moffans 22 24 25 26 27 28 29 37 38 39 40 41 42 43 45 47 48 49 51 52 55 57 58 61 62 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 Granges-le-Bourg Granges-le-Bourg Granges-le-Bourg Granges-le-Bourg Crevans Vacheresse Secenans 12 13 14 15 16 17 18 9 10 11 12 13 14 15 Pont Scierie Prison Four Moulin Moulin Scierie Four Moulin Four Four Presbytère Borne Borne Borne Moulin Moulin Fossé Saline Four Four Four Moulin Moulin Four Four Four Moulin Four Four Château Four Puits Fontaine Moulin Chapelle Tuilerie Fontaine Fontaine Four Four Halle Forge Moulin Four Forge Huilerie Moulin N° N° Commune Equipement Cat Base . 1 1 Granges-le-Bourg Château 2 2 Granges-le-Bourg Signe Patibulaire 3 4 Moffans Château 4 5 Saulnot Château 5 6 Vellechevreux Château 6 8 Granges-le-Bourg Fossé 7 9 Granges-le-Bourg Enceinte 8 10 Granges-le-Bourg Moulin du meix Mestenrey Nonat/Novat Neuf Guillaume Arlet Jehan Boucard / Bouccard Mahuz / Mahoux / Jean Virot Saint-Sezaire Sandey/Saudel (?) Maillard Neuf (?) de l'Estang /Jehan Mol / Neuf de la Sapoie/Sappoye de la Boulloye/Bouloye du Parc / de Saulant / de Quincampois Saulnot De Velle De Granges Nom 1562 : Guerre pour le Roi en Bourgogne 1567 : 1569 -1570 Peste à : Peste à Montenois Montenois + Grêle 1575 : Peste à Arcey 1574 : 1576 : Peste à Peste à Bournois + Onans Danger à Granges 1580 : Incendie Moffans 1580-1581: Peste Accolans 1584 : Plusieurs incendies 1586 : Peste Saulnot 1588 : Peste à Saulnot + Guerre et Peste à Moffans ??? 15911555 1556 1557 1558 1559 1561 1562 1563 1564 1565 1566 1567 1568 1569 1570 1571 1572 1573 1574 1575 1576 1577 1578 1579 1580 1581 1582 1583 1584 1585 1586 1587 1588 1589 1590 1592 1598 1599 1600 1601 1602 1604 1605 1606 1607 1608 1609 1610 92 64 68 88 90 91 92 95 96 101 102 108 116 117 118 119 63 Secenans 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 41 Essouavre Mignavillers Gouhenans Montenois Senargent Granges-le-Bourg Vacheresse Montenois Secenans Onans Taillecourt Moffans Granges-le-Bourg Montenois ??? Saulnot Saulnot Saulnot Saulnot Vellechevreux Arcey Moffans Faymont Courbenans Montenois Montenois Mignavillers Moffans Médière Onans Bournois Saulnot Arcey Arcey Granges-le-Bourg Granges-le-Bourg Granges-le-Bourg Malval Moffans Moffans 22 24 25 26 27 28 29 37 38 39 40 41 42 43 45 47 48 49 51 52 55 57 58 61 62 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 Granges-le-Bourg Granges-le-Bourg Granges-le-Bourg Granges-le-Bourg Crevans Vacheresse Secenans 12 13 14 15 16 17 18 9 10 11 12 13 14 15 Pont Scierie Prison Four Moulin Moulin Scierie Four Moulin Four Four Presbytère Borne Borne Borne Moulin Moulin Fossé Saline Four Four Four Moulin Moulin Four Four Four Moulin Four Four Château Four Puits Fontaine Moulin Chapelle Tuilerie Fontaine Fontaine Four Four Halle Forge Moulin Four Forge Huilerie Moulin N° N° Commune Equipement Cat Base . 1 1 Granges-le-Bourg Château 2 2 Granges-le-Bourg Signe Patibulaire 3 4 Moffans Château 4 5 Saulnot Château 5 6 Vellechevreux Château 6 8 Granges-le-Bourg Fossé 7 9 Granges-le-Bourg Enceinte 8 10 Granges-le-Bourg Moulin du meix Mestenrey Nonat/Novat Neuf Guillaume Arlet Jehan Boucard / Bouccard Mahuz / Mahoux / Jean Virot Saint-Sezaire Sandey/Saudel (?) Maillard Neuf (?) de l'Estang /Jehan Mol / Neuf de la Sapoie/Sappoye de la Boulloye/Bouloye du Parc / de Saulant / de Quincampois Saulnot De Velle De Granges Nom 1634-1644 : Guerre de 10 ans 1644 : château de Granges incendié ??? 1673 : démolition château Grangesle-Bourg, ordre du gourverneur Espagnol ??? 16391611 1612 1613 1614 1615 1616 1617 1618 1619 1620 1621 1622 1623 1624 1625 1626 1627 1628 1629 1630 1631 1632 1633 1640 1641 1642 1643 1644 1645 1646 1647 1648 1649 1650 1651 1652 1653 1654 1655 1656 1657 1658 1659 1672 1682 1684 1689 B. Typologie des équipements : présentation du catalogue Nous savons, à présent, que le catalogue se compose de 56 équipements seigneuriaux recensés par le dépouillement des comptes dont il faut présenter chaque catégorie. 1. L’organisation de chaque présentation Une présentation succincte et générale des édifices est proposée dans cette partie. Principalement établie à partir des données présentées dans le catalogue, elle reprend les plus importants jalons chronologiques (construction/destruction et principales évolutions) résumés par le tableau ci-dessous [Tabl. 10], et les principales caractéristiques (fonctions/utilisations et localisation au sein de la commune). La N° N° Commune Equipement Nom 1ere Mention Destructions Dernière mention unique /Autre prop. mention présentation de chaque catégorie Cat. Fiche 1652 X 56 119 ??? Borne 1565 X Granges-le-Bourg Borne d’équipement s’achève par les connaissances 5455 117 1581 X 118 Montenois Borne 1423-1424 1689 35 52 Granges-le-Bourg Chapelle Saint-Sezaire 1423-1424 1689 1 1 Granges-le-Bourg Château De Granges 1643-1646 sur l’état actuel des bâtiments et par leur 1507 X 3 4 Moffans Château 1423-1424 1478 1659 30 45 Onans Château 1584 1602 4 5 Saulnot Château Saulnot localisation sur une carte reprenant, 1545 1549 5 6 Vellechevreux Château De Velle 1457 1689 7 9 Granges-le-Bourg Enceinte 1506 1682 Arcey Fontaine approximativement, les limites communales 3337 4957 Granges-le-Bourg 1541 1543 Fontaine 1545 X 38 58 Malval Fontaine Forge 1648-1672 avant les fusions. Quand cela est disponible, 13 16 Crevans 1562 1689 1689 1506 1648-1659 1689 10 13 Granges-le-Bourg Forge quelques éléments iconographiques sont 1423-1424 1689 6 8 Granges-le-Bourg Fossé 1506 1682 17 24 Saulnot Fossé 21 28 Arcey Four 1474-1480 ajoutés et utilisent souvent des documents, 1423-1424 1659 1528-1545 1645 31 47 Bournois Four Sandey/Saudel (?) 1474-1479 1659 1423-1424 notamment cartographiques, présentés à 1645 1553 1672 24 38 Courbenans Four 1423-1424 1474 1689 12 15 Granges-le-Bourg Four postériori. 29 43 Médière Four 1474 1529 1423-1424 1659 1645-1650 La chronologie détaillée est un 1656-1659 28 42 Moffans Four 1474 1682 1423-1424 outil complémentaire à la présentation 1645-1647 1556 1563 1591-1592 39 61 Moffans Four Guillaume Arlet Four Jehan Boucard / 1569 1590-1592 1591-1592 chronologique générale. Classée par 40 62 Moffans Bouccard 1672 1682 25 39 Montenois Four 1672 1682 Montenois Four Maillard catégorie d’équipement puis par commune, 4526 9040 Montenois 1633 1645-1646 1682 Four 1672 1682 49 96 Montenois Four du meix 1478 1478 1480 Four elle permet un premier constat frappant 5119 10226 Onans Saulnot Four 1474 1423-1424 1659 1531 1468-1469 X Four [Tabl. 11]1. La donnée disponible sur chaque 5220 10827 Taillecourt Vellechevreux Four 1474 1423-1424 1682 1645-1649 9 12 Granges-le-Bourg Halle 1474 aménagement seigneurial est profondément 1423-1424 1689 1643-1659 1689 1672 1689 inégale. De nombreux vides font face à 14 17 Vacheresse Huilerie 1507 1656 34 51 Arcey Moulin 1485 1648-1659 1672 Moulin des ensembles beaucoup plus compacts et 238 3710 Faymont Granges-le-Bourg Moulin du Parc / de 1474-1485 1423-1424 1689 Saulant / de 1565-1567 (?) Quincampois 1639-1640 complets. Cela rend chaque édifice unique. Si 11 14 Granges-le-Bourg Moulin de la 1474-1478 1689 1423-1424 Boulloye/Bouloye 1522 1639-1640 certains cas feront l’objet d’une présentation 47 92 Granges-le-Bourg Moulin 1689 1689 Neuf 1550 1645-1659 1659 27 41 Mignavillers Moulin Moulin Neuf (?) 1474 plus poussée, il est avant tout question de 22 29 Moffans 1647-1651 1423-1424 1682 1654 1682 trouver des points communs et de cerner des 16 22 Saulnot Moulin de la 1423-1424 1474-1491 1682 Sapoie/Sappoye tendances générales pour chaque catégorie 15 18 Secenans Moulin de l'Estang /Jehan 1474-1556 1423-1424 1689 Mol / Neuf 1645 41 63 Secenans Moulin Mahuz / Mahoux 1581 1647-1659 1659 d’équipement. / Jean Virot Tableau 10 : Tableau récapitulatif de la chronologie des équipements (classement par catégorie d’équipement puis par commune) 50 46 42 53 44 32 18 43 48 2 36 101 91 64 116 88 48 25 68 Secenans Senargent Essouavre Moffans Gouhenans Saulnot Saulnot Mignavillers Moulin Moulin Pont Presbytère Prison Puits Saline Scierie 95 Vacheresse Scierie 2 Granges-le-Bourg Signe Patibulaire 55 Granges-le-Bourg Tuilerie Nonat/Novat 1478 1651 1586 1423-1424 1607 1506 1457-1459 1512 1672 1547 1537 1479 1651 1479 1657 X 1682 X 1590-1659 1612-1615 1648-1659 1598-1604 1604 1684 1659 1689 1615 1633 1 Se reporter également : Tome II, Annexe 9, p.77-79 93 94 63 Secenans 41 50 101 Secenans 46 91 Senargent 42 64 Essouavre 53 116 Moffans 44 88 Gouhenans 32 48 Saulnot 18 25 Saulnot 43 68 Mignavillers 48 95 Vacheresse 2 2 Granges-le-Bourg 36 55 Granges-le-Bourg Moulin Moulin Pont Presbytère Prison Puits Saline Scierie Scierie Signe Patibulaire Tuilerie Moulin Moulin Moulin Moulin Moulin Moulin Moulin 14 92 41 29 22 18 11 47 27 22 16 15 Granges-le-Bourg Granges-le-Bourg Mignavillers Moffans Saulnot Secenans Four Four Four Four Four Four Four Four Halle Huilerie Moulin Moulin Moulin Equipement 25 39 Montenois 26 40 Montenois 45 90 Montenois 49 96 Montenois 51 102 Onans 19 26 Saulnot 52 108 Taillecourt 20 27 Vellechevreux 9 12 Granges-le-Bourg 14 17 Vacheresse 34 51 Arcey 23 37 Faymont 8 10 Granges-le-Bourg Commune Borne Borne Borne Chapelle Château Château Château Château Château Enceinte Fontaine Fontaine Fontaine Forge Forge Fossé Fossé Four Four Four Four Four Four Four Four N° Fich e 119 117 118 52 1 4 45 5 6 9 49 57 58 16 13 8 24 28 47 38 15 43 42 61 62 ??? Granges-le-Bourg Montenois Granges-le-Bourg Granges-le-Bourg Moffans Onans Saulnot Vellechevreux Granges-le-Bourg Arcey Granges-le-Bourg Malval Crevans Granges-le-Bourg Granges-le-Bourg Saulnot Arcey Bournois Courbenans Granges-le-Bourg Médière Moffans Moffans Moffans N° Cat . 56 54 55 35 1 3 30 4 5 7 33 37 38 13 10 6 17 21 31 24 12 29 28 39 40 Neuf (?) de la Sapoie/Sappoye de l'Estang /Jehan Mol / Neuf Mahuz / Mahoux / Jean Virot Nonat/Novat du Parc / de Saulant / de Quincampois de la Neuf du meix Mestenrey Maillard Guillaume Arlet Jehan Boucard / Bouccard Sandey/Saudel (?) Saulnot De Velle Saint-Sezaire De Granges Nom ??? 12.1455 : Granges est brulée 1465-1476 : Guerre de Bourgogne 1474 1474 1474 1474 1474 1474 1474 1474 1474 1474 1474 1529-1530 : incendies à Medière et Moffans 1531 : Peste sur toute la seigneurie 1545 : Peste à Accolans 1423- 1457- 1460- 1468- 147314791424 1459 1465 1469 1476 1478 1479 1480 1485 1491 1506 1507 1510 1511 1512 1514 1515 1516 1522 1528 1529 1530 1531 1532 1533 1534 1535 1537 1538 1539 1540 1541 1543 1545 1546 1547 1549 1550 1551 1552 1553 1554 1555 1556 1557 1558 1559 Tableau 11 : Chronologie détaillée des équipements seigneuriaux (classement par catégorie d’équipement puis par commune) 95 63 Secenans 41 50 101 Secenans 46 91 Senargent 42 64 Essouavre 53 116 Moffans 44 88 Gouhenans 32 48 Saulnot 18 25 Saulnot 43 68 Mignavillers 48 95 Vacheresse 2 2 Granges-le-Bourg 36 55 Granges-le-Bourg Moulin Moulin Pont Presbytère Prison Puits Saline Scierie Scierie Signe Patibulaire Tuilerie Moulin Moulin Moulin Moulin Moulin Moulin Moulin 14 92 41 29 22 18 11 47 27 22 16 15 Granges-le-Bourg Granges-le-Bourg Mignavillers Moffans Saulnot Secenans Four Four Four Four Four Four Four Four Halle Huilerie Moulin Moulin Moulin Equipement 25 39 Montenois 26 40 Montenois 45 90 Montenois 49 96 Montenois 51 102 Onans 19 26 Saulnot 52 108 Taillecourt 20 27 Vellechevreux 9 12 Granges-le-Bourg 14 17 Vacheresse 34 51 Arcey 23 37 Faymont 8 10 Granges-le-Bourg Commune Borne Borne Borne Chapelle Château Château Château Château Château Enceinte Fontaine Fontaine Fontaine Forge Forge Fossé Fossé Four Four Four Four Four Four Four Four N° Fich e 119 117 118 52 1 4 45 5 6 9 49 57 58 16 13 8 24 28 47 38 15 43 42 61 62 ??? Granges-le-Bourg Montenois Granges-le-Bourg Granges-le-Bourg Moffans Onans Saulnot Vellechevreux Granges-le-Bourg Arcey Granges-le-Bourg Malval Crevans Granges-le-Bourg Granges-le-Bourg Saulnot Arcey Bournois Courbenans Granges-le-Bourg Médière Moffans Moffans Moffans N° Cat . 56 54 55 35 1 3 30 4 5 7 33 37 38 13 10 6 17 21 31 24 12 29 28 39 40 Neuf (?) de la Sapoie/Sappoye de l'Estang /Jehan Mol / Neuf Mahuz / Mahoux / Jean Virot Nonat/Novat du Parc / de Saulant / de Quincampois de la Neuf du meix Mestenrey Maillard Guillaume Arlet Jehan Boucard / Bouccard Sandey/Saudel (?) Saulnot De Velle Saint-Sezaire De Granges Nom 1562 : Guerre pour le Roi en Bourgogne 1567 : 1569 -1570 Peste à : Peste à Montenois Montenois + Grêle 1575 : Peste à Arcey 1576 : 1574 : Peste à Peste à Bournois + Onans Danger à Granges 1580 : Incendie Moffans 1580-1581: Peste Accolans 1584 : Plusieurs incendies 1586 : Peste Saulnot 1588 : Peste à Saulnot + Guerre et Peste à Moffans ??? 15911561 1562 1563 1564 1565 1566 1567 1568 1569 1570 1571 1572 1573 1574 1575 1576 1577 1578 1579 1580 1581 1582 1583 1584 1585 1586 1587 1588 1589 1590 1592 1598 1599 1600 1601 1602 1604 1605 1606 1607 1608 1609 1610 1611 1612 1613 1614 1615 96 63 Secenans 41 50 101 Secenans 46 91 Senargent 42 64 Essouavre 53 116 Moffans 44 88 Gouhenans 32 48 Saulnot 18 25 Saulnot 43 68 Mignavillers 48 95 Vacheresse 2 2 Granges-le-Bourg 36 55 Granges-le-Bourg Moulin Moulin Pont Presbytère Prison Puits Saline Scierie Scierie Signe Patibulaire Tuilerie Moulin Moulin Moulin Moulin Moulin Moulin Moulin 14 92 41 29 22 18 11 47 27 22 16 15 Granges-le-Bourg Granges-le-Bourg Mignavillers Moffans Saulnot Secenans Four Four Four Four Four Four Four Four Halle Huilerie Moulin Moulin Moulin Equipement 25 39 Montenois 26 40 Montenois 45 90 Montenois 49 96 Montenois 51 102 Onans 19 26 Saulnot 52 108 Taillecourt 20 27 Vellechevreux 9 12 Granges-le-Bourg 14 17 Vacheresse 34 51 Arcey 23 37 Faymont 8 10 Granges-le-Bourg Commune Borne Borne Borne Chapelle Château Château Château Château Château Enceinte Fontaine Fontaine Fontaine Forge Forge Fossé Fossé Four Four Four Four Four Four Four Four N° Fich e 119 117 118 52 1 4 45 5 6 9 49 57 58 16 13 8 24 28 47 38 15 43 42 61 62 ??? Granges-le-Bourg Montenois Granges-le-Bourg Granges-le-Bourg Moffans Onans Saulnot Vellechevreux Granges-le-Bourg Arcey Granges-le-Bourg Malval Crevans Granges-le-Bourg Granges-le-Bourg Saulnot Arcey Bournois Courbenans Granges-le-Bourg Médière Moffans Moffans Moffans N° Cat . 56 54 55 35 1 3 30 4 5 7 33 37 38 13 10 6 17 21 31 24 12 29 28 39 40 Neuf (?) de la Sapoie/Sappoye de l'Estang /Jehan Mol / Neuf Mahuz / Mahoux / Jean Virot Nonat/Novat du Parc / de Saulant / de Quincampois de la Neuf du meix Mestenrey Maillard Guillaume Arlet Jehan Boucard / Bouccard Sandey/Saudel (?) Saulnot De Velle Saint-Sezaire De Granges Nom 1634-1644 : Guerre de 10 ans 1644 : château de Granges incendié ??? 1673 : démolition château Grangesle-Bourg, ordre du gourverneur Espagnol ??? 16391616 1617 1618 1619 1620 1621 1622 1623 1624 1625 1626 1627 1628 1629 1630 1631 1632 1633 1640 1641 1642 1643 1644 1645 1646 1647 1648 1649 1650 1651 1652 1653 1654 1655 1656 1657 1658 1659 1672 1682 1684 1689 2. Présentation des catégories d’équipements Les bornes sont au nombre de trois (f. n°54, 55 et 56). Connues tardivement, entre 1565 et 1652, et de manière ponctuelle avec une seule mention pour chaque série de bornes, la commune d’implantation de ces éléments est connue pour deux d’entre elles. En 1565, les officiers de Granges font « plussieurs esbonnemens1 […] tant du costel de la vigne de notredit sieur que contre les bourgeois dudit Granges au long du communal tirant a Mallevaulx et le champt de Laige Jourdain et y avoir mis dix sept bornes »2. En 1581, plusieurs personnes sont envoyées « en la Vareinne dez Montenoys pour visiter les bones [bornes] signistrement mis par aulcungs dudit lieu pour la separation de leur bois et de ladite vareinne »3. Enfin, en 1652, suite au partage de la seigneurie Grammont-Vellechevreux, sont mentionnés des hommes « ayant servi audit partage a planté les bosnes [bornes] aux heritages deppendans de ladite seigneurie »4. Ainsi, la série de bornes posée en 1565 (n°54) se situe entre Granges-le-Bourg et Malval, et celle vérifiée en 1581 (n°55) se trouve au niveau du bois de Montenois du côté de la Varenne. En revanche, les bornes posées pour la délimitation de la seigneurie de Grandmont-Vellechevreux (n°56) ne sont associées à aucune localisation précise [Fig.31]. Ces extraits font ressortir plusieurs situations distinctes qui nécessitent la pose de bornes. Dans le premier cas, il est question de planter une série pour délimiter un espace précis. N NO Le second cas fait suite à OG une situation litigieuse puisque des habitants de la localité voisine sont accusés d’avoir implanté certaines bornes incorrectement. Il peut s’agir d’une erreur involontaire ou bien d’un acte de vandalisme délibéré qui pouvait être sévèrement S UB BORNE réprimé. Ainsi, Fernand Légende DO Densité des équipements par commune 1 équipement Limites départements Danger explique que 2 équipements Hydrographie 3 équipements Limites communales 4 équipements avant fusion « partout le déplacement ou Equipement non représenté : 1 l’enlèvement des bornes Figure 31 : Localisation des «bornes» selon les limites communales avant fusion. StGermain Dambenoîtlès-Col. Adelans Bithaineet-le-Val Froideterre Bouhanslès-L. Amblans LaNeuvellelès-L. Malbouhans LURE Palante MagnyVernois EvetteSalbert Clairegoutte Andornay Froteylès-L. Vy-lès-L. Mollans MagnyDanigon Roye Velotte Genevreuille Lyoffans Montjustinet-Vel. LesAynans Gouhenans LaVergenne Vacher. Lomont Frahier-etCh. Valdoie Offemont Cravanche BELFORT Châlonvillars Chenebier Belverne t onto Moffans Lom Arpenans Echavanne Eloie Etobon FrédéricMagny- F. J. Vouhenans Le-Valde Gouh. Chaux Serma magny Errevet CHAMPAGNEY La-Côte Lachapelle/ Chaux Plancher-B. Ronchamp Courmont Chagey Luze Faymont Mandrevillars Buc Echenans/ Mt-Vaudois Essert Danjoutin Bavilliers Urcerey Ardelnans Botans Sévenans CoutheDorans Champey nans tMalval S s LongeCoiserge MignaAilleGeo velle vaux villers GRANGESBrevilliers Bermont . HERICOURT Essou. vans fon Villafans LEGr.oite Verlans OppeEtr TréveBorey BOURG Saulnot Stnans Trémoins Senargent LeChatenoisnans Tavey Sulpice ns laa Vernoy les-Forges af Chavanne n g Moimay i VyansVille Beveuge DamM Laire VILLERAibre le-V. VillersBethonNom- benois Sece- Crevans SEXEL VillersMarast surGdcourt may Gon- Saulnot St- Vellechevreux nans Semond. la-V. Charmont La Chap. s Bron Raynans villars Villar- Ferjeux Désand. na gnard be Vxgent Esprels ur Gémonval Autrey Echen. !Charmont Co Georfans Issans le-Vay AllonSt-JulienMONTSoch. Mélecey Marvelise LesArcey dans Pont/ lès-M. BELIARD Etupes Magny l'Ognon SteExinc. Dung CourGramSuz. chaton PrésenteCourc.mont Fallon SteTaillec. villers lès-M. Marie Onans BonArbouens Bart Cubrial Montenois nal AbbeBavans Bretigney nans Audincourt Accolans Cubry Faimbe Geney Bournois Voujeaucourt CuseValenDampierre/ Beutal Lougres et-Adr. Etratigney D. Berche Nans ROUGEMONT ppe SelonMancecourt Uzelle Médière Etouvans nans LongevelleGondenansAppesur-D. les-M. LaColombiernans Soye BondeMathay Prétière Font. Gouhelans Mandeure L'ISLEval FontenelleSURBlussanThulay M. GondenansRomain LEgeaux St-MauriceM. HuanneDOUBS Ecot Col. VillarsMont. Rochesous-Ecot MésanBourguiRang PompierreBlussans Fontaineles-Bl. dans gnon Viéthorey sur-D. lès-Cl. Sourans Ecurcey Trouvans SantSt-GeorgesRillans p oche am ch GouxMau Armont VergBlamont Autechauxlès-Dambelin L'Hôpitalranne PONTRoide Lanthenans CLERVAL St-Lief. Verne DE-ROIDE Rémondans Voillans HyémonPierrefontainedans Neuchât. Branne Anteuil Villarles-Bl. U. Vaivre Auteles-Bl. ChauxHyèvreLuxiol Mambelin Villars/ chaux lès-Cl. Par. Damp. Montéchéroux RocheChampsol Noirelès-Cl. HyèvreFeule fontaine Mag. VytVellerotSoleCroseyBAUMElès-Bel. lès-B. Valonne mont Dample-Gd LES-DAMES Croseyjoux le-Pt VillersLomont/ Orve VernoisSt-Martin Bief Rahon Crête Les-Terreslès-B. Péseux Chazot Belvoir de-Chaux PontRosièresCusance Velleles-M. sur-B. Guillonvans SanceyRandeles-B. FroideMontiServin le-Lg villers Valovaux vernage Adamreille Provenlès-Pass. chère SanceyLanans Lale-Gd St-Juan VaucluGrange OrgeansVaudrisotte Blanchef. villers Ouvans Surmont CourPassavant St-Maurice Belleherbe Athesans Corc elle s Oricourt Banvillars Aïssey 1 Action de planter des bornes 2 AD Haute-Saône, E151, 1565 f°74v 3 AD Haute-Saône, E154, 1581 f°65v 4 AD Haute-Saône, E166, 1652 f°59v Orsans Couretetainet-Salans Landresse Laviron Vaucluse BattenansVarin Mtde-Vougney 97 était sévèrement puni. On considérait ce fait comme un vol et on le punissait, comme tel, de peines corporelles ou d’amendes »1. Cependant, dans notre cas, aucun procès et aucune condamnation ne semble avoir suivi cet acte malencontreux. Enfin, le dernier cas dans les comptes de Granges présente la modification d’une limite suite à un héritage. Ces éléments du paysage ne sont pas représentés sur la cartographie ancienne mais pour les deux séries géographiquement référencées, la prospection pourrait peut-être permettre d’en retrouver les emplacements exacts. La SHAARL2 propose deux articles traitant spécifiquement ce sujet dans la région. Grâce aux prospections pédestres, nous savons qu’elles sont principalement conservées en milieu forestier, du fait du nombre restreint d’aménagements effectués dans les espaces boisés. Cependant, des découvertes similaires sont recensées au milieu des prés ou des villages et démontrent que la forêt n’est pas le lieu d’implantation exclusif des bornes3. Les membres de la SHAARL, à titre d’exemple, se sont basés sur les indications d’une reconnaissance des limites de la Principauté de Lure de 1572 pour retrouver une borne matérialisant la frontière entre le territoire de Lure et celui de la seigneurie de Granges : « […] une grosse bosne de pierre élevée, étant auFigure 32 : Borne, limite Moffansdessus de l’étang du Révérand Prince de Lure, laquelle bosne est Vouhenans (Face Vouhenans) armoiée des armes de la crosse du côté dudit Vounans, et devers Cliché : Hennequin Jean Sources : Hennequin Jean, « Des le finage dudit Moffans des armes du seigneur de Grange […] »4. nouvelles sur les anciennes bornes », p.163 Sur cette borne du XVIe siècle est donc gravée, sur l’une des faces, la crosse, probablement associée à l’Abbaye de Lure, et, sur l’autre face, deux bars adossés, symbole des comtes de Montbéliard du duché de Wurtemberg5 [Fig. 29 et 30]. Cette dernière borne est un exemple exceptionnel puisque son attestation et sa localisation précise dans les archives a permis de la redécouvrir archéologiquement sur le terrain. Elle permet également de constater que la comptabilité n’est pas le type documentaire privilégié dans la connaissance de ces éléments. Les trois exemples présentés sont des cas tout à fait exceptionnels et le nombre de ces aménagements devaient être bien plus conséquent. Figure 33 : Borne, limite MoffansVouhenans (Face Moffans) Cliché : Hennequin Jean Sources : Hennequin Jean, « Des nouvelles sur les anciennes bornes », p.163 1 Danger, Le bornage, p.36 et repris dans Hennequin, « Des nouvelles sur les anciennes bornes », p.133 2 Société d’Histoire et d’Archéologie de l’Arrondissement de Lure 3 Hennequin, « Des nouvelles sur les anciennes bornes », p.132 4 AD Haute-Saône, H583 repris dans Hennequin, « Des nouvelles sur les anciennes bornes », p.163 5 Hennequin, « Des nouvelles sur les anciennes bornes », p.175. L’identification des deux poissons adossés est une tâche complexe car ce symbole est utilisé par de nombreuses familles. 98 La chapelle Saint-Césaire ou Césarée (Saint-Sézaire dans les comptes) est l’unique chapelle seigneuriale du territoire de Granges (n°35) [Fig. 34]. Construite avant 1385 par un comte Etienne1, elle est mentionnée dès 1423-1424 pour des réparations et dite «appartenant à Son Altesse Sérénissime» en 1601. Cette chapelle occupe une fonction évidemment cultuelle et l’édifice est probablement destiné aux habitants du bourg. Elle est mentionnée presque sans interruption dans la comptabilité et est uniquement absente des documents entre 1639 et 1647, ainsi qu’en 1672. Les archives financières restent, à l’heure actuelle, l’unique indice pour connaître les évolutions architecturales subies entre le XVe et la fin du XVIIe siècle. Voutée, la chapelle se compose d’au moins trois verrières et son intérieur est décoré par de nombreuses étoffes. Aussi, les différents travaux mentionnés dans les comptes laissent supposer que peu d’indices auraient pu subsister des premiers états de la chapelle. En effet, l’effondrement du clocher en 1468-1469 nécessite sa reconstruction complète et la refondation de la chapelle en 1533 a profondément modifié les éléments anciens de la structure entre le dernier tiers du XVe et le premier tiers du XVIe siècle. Les mentions comptables permettent également de déduire l’emplacement exacte de la chapelle dans le bourg de Granges. Située sur une place et accolée aux halles, cette localisation est confirmée par un plan ancien conservé aux AD70, qui ne comporte aucune date précise mais semble avoir été effectué au cours du XVIIIe siècle [Fig 39]2. Un inventaire du patrimoine de Granges, signale que cette chapelle correspond N aujourd’hui au bâtiment de NO OG la poste3. StGermain Dambenoîtlès-Col. Adelans Bithaineet-le-Val Froideterre Bouhanslès-L. Amblans LaNeuvellelès-L. Malbouhans LURE Palante MagnyVernois EvetteSalbert Clairegoutte Andornay Froteylès-L. Vy-lès-L. Mollans MagnyDanigon Roye Velotte Genevreuille LesAynans Gouhenans LaVergenne Vacher. Belverne t onto Moffans Le-Valde Gouh. Lom Arpenans Lomont Offemont Cravanche BELFORT Châlonvillars Chenebier Vouhenans Montjustinet-Vel. Frahier-etCh. Echavanne Eloie Valdoie Etobon FrédéricMagny- F. J. Lyoffans Chaux Serma magny Errevet CHAMPAGNEY La-Côte Lachapelle/ Chaux Plancher-B. Ronchamp Courmont Chagey Luze Mandrevillars Buc Echenans/ Mt-Vaudois Faymont Essert Danjoutin Bavilliers Urcerey Ardelnans Botans Sévenans Dorans Champey Malval St- s e g Mignar AilleGeo villers GRANGESBrevilliers Bermont . HERICOURT Essou. vans fon Villafans LEGr.oite Verlans OppeEtr TréveBorey BOURG Saulnot Stnans Trémoins Senargent LeChatenoisnans Tavey laSulpice s n Vernoy les-Forges fa Chavanne na Moimay ig VyansVille Beveuge DamM Laire VILLERAibre le-V. VillersBethonNom- benois Sece- Crevans SEXEL VillersMarast surGdcourt may Gon- Saulnot St- Vellechevreux nans Semond. la-V. Charmont Brons La Chap. Raynans villars Villar- Ferjeux a Désand. n gnard be Vxgent Esprels ur Gémonval Autrey Echen. !Charmont Co Georfans Issans le-Vay AllonSt-JulienMONTSoch. Mélecey Marvelise LesArcey dans Pont/ lès-M. BELIARD Etupes Magny l'Ognon SteExinc. Dung CourGramSuz. chaton PrésenteCourc.mont Fallon SteTaillec. villers lès-M. Marie Onans BonArbouens Bart Cubrial Montenois nal AbbeBavans Bretigney nans Audincourt Accolans Cubry Faimbe Geney Bournois Voujeaucourt CuseValenDampierre/ Beutal Lougres et-Adr. Etratigney D. Berche Nans ROUGEMONT ppe SelonMancecourt Uzelle Médière Etouvans nans LongevelleGondenansAppesur-D. les-M. LaColombiernans Soye BondeMathay Prétière Font. Gouhelans Mandeure L'ISLEval FontenelleSURBlussanThulay M. GondenansRomain LEgeaux St-MauriceM. HuanneDOUBS Ecot Col. VillarsMont. Rochesous-Ecot MésanBourguiRang PompierreBlussans Fontaineles-Bl. dans gnon Viéthorey sur-D. lès-Cl. Sourans Ecurcey Trouvans SantSt-GeorgesRillans p oche am GouxMauch Armont VergBlamont Autechauxlès-Dambelin L'Hôpitalranne PONTRoide Lanthenans CLERVAL St-Lief. Verne DE-ROIDE Rémondans Voillans HyémonPierrefontainedans Neuchât. Branne Anteuil Villarles-Bl. U. Vaivre Auteles-Bl. ChauxHyèvreLuxiol Mambelin Villars/ chaux lès-Cl. Par. Damp. Montéchéroux RocheChampsol Noirelès-Cl. HyèvreFeule fontaine Mag. VytVellerotSoleCroseyBAUMElès-Bel. lès-B. Valonne HAPELLE mont Dample-Gd LES-DAMES Croseyjoux le-Pt VillersLomont/ Orve VernoisSt-Martin Bief Rahon 1 équipement Crête Limites départements Les-Terreslès-B. Péseux Chazot Belvoir de-Chaux 2 équipements Hydrographie PontRosièresCusance Velleles-M. 3 équipements sur-B. Guillon- Limites communalesvans SanceyRandeles-B. avant Froide4 équipements Monti- fusion Servin le-Lg villers Valovaux vernage Adamreille ProvenEquipement non représenté :0 lès-Pass. chère SanceyLanans Lale-Gd St-Juan VaucluGrange OrgeansVaudrisotte Blanchef. villers Ouvans Surmont CourPassavant St-Maurice Belleherbe Couthenans Coisevaux Longevelle Banvillars Corc elle s Oricourt Athesans S UB DO Légende Figure 34 : Localisation de la «chapelle» selon les limites communales avant fusion. C Densité des équipements par commune 1 Bouvard, «Les bourgs castraux...», p.23 2 AD HS, E177 3 Document acquis par voie extraordinaire, aucune référence à proposer. Aïssey Orsans Couretetainet-Salans Landresse Laviron Vaucluse BattenansVarin Mtde-Vougney 99 Cinq châteaux sont recensés dans la seigneurie (n° 1, 3, 4, 5, 30) et sont tous connus à travers les dépenses qu’engendrent leur entretien, excepté pour le cas d’Onans. Le château de Granges-le-Bourg (n°1) regroupe indéniablement le plus grand nombre de mentions et il serait nécessaire de produire une monographie pour traiter le cas de manière exhaustive. Il est le château principal et le mieux connu de la seigneurie. Probablement construit aux environs du XIIe siècle, il est représenté par une grosse tour au nord-est du bourg sur la Landtafel vom Mömpelgard d’Heinrich Schickhardt. Il est incendié, d’après les comptes, une première fois à la fin de la guerre de Dix Ans en 1643-1644 et de nouveau en état de 1647 à 1659 (dernière mention comptable), avant d’être définitivement détruit par ordre du gouverneur espagnol en 1673. La comptabilité, par les nombreux travaux nécessaires à l’entretien de cet édifice, permet de connaître plus précisément les éléments qui le composent : citerne, écuries, chambres, cave, pigeonnier, prisons, etc... L’édifice n’ayant fait l’objet d’aucune fouille ou d’aucun relevé archéologique, ces indications sont précieuses pour en connaître et en comprendre l’organisation. En effet, le plan ancien des AD 70 [Fig. 39] permet de mieux cerner les contours de l’édifice mais le château étant déjà «en ruine» lors du levé, son organisation précise n’est pas identifiable. De fait, la comptabilité présente un édifice complexe aux fonctions multiples. La défense prédomine en raison d’une architecture imposante composée d’une muraille, de plusieurs tours ou encore d’une porte fortifiée, mais également par l’entretien d’une garnison permanente et d’une artillerie conséquente. Le château est également un lieu d’habitation comme le démontre les nombreuses pièces de vie (chambres, cuisines, salle du poêle...) agrémentées d’éléments de confort et de décorations (mobilier en bois, coffres...). La troisième fonction importante de l’édifice est celle du stockage. Avec ses greniers multiples, le château abrite la réserve en matériaux de construction (tuiles, gy, salpêtre...) mais également en denrées alimentaires (céréales, vin...), non alimentaires (cire pour les chandelles, toiles...), et en outils (marteau, clous...). Enfin, le château est également un centre administratif et judiciaire. C’est le lieu ou se tiennent les grandes réunions, les assises et les procès, et où sont emprisonnés les accusés. Depuis 1879, l’état n’a pas beaucoup changé. Aujourd’hui, le château est Figure 35 : Plan cadastral de Granges-le-Bourg avec son château (cadre rouge) Source : Cadastre napoléonien, Granges-le-Bourg, Section A5 en ruine. Seul un pan de mur 100 demeure encore dressé (Fig. 36 à 38) et une tour a été très récemment restaurée sur l’initiative de la mairie (2015). Ces vestiges confirment son implantation dans le bourg de Granges, en hauteur et sur un éperon, proposée par plusieurs plans anciens et par le plan cadastral [Fig.35]. Figure 36 : Dessin des ruines du château de Granges-le-Bourg en 1879 Source : Manuscrit 186 (Armorial), Bibliothèque de Montbéliard Figure 37 : Carte postale du XXe siècle (?) représentant les vestiges du château de Granges-le-Bourg Source : Patrimoine numérisé des AD70 Figure 38 : Photographie des vestiges actuels du château de Granges-le-Bourg (2012) Source : Photographie personnelle 101 102 Figure 39 : Extrait du «Plan des château, vergers, champs et vigne le joignant». Si aucune date précise n’est connue pour ce plan, l’archiviste propose un levé du XVIIIe siècle. La légende précisant que la château est «en ruine», donc après 1673, corrobore cette proposition. Source : AD HS, E177. Ce carton semble contenir le plan de tout le territoire de Granges-le-Bourg Les quatre autres châteaux sont moins bien connus et renseignés par la comptabilité. Il s’agit de châteaux secondaires. Si par leur apparition très ponctuelle dans les comptes il est difficile de prouver qu’il s’agisse bien d’équipements seigneuriaux, ils ont été conservés dans le corpus car leur entretien semble à la charge du seigneur de Granges et les frais sont pris sur la recette de la seigneurie. La réfection des murs du château de Moffans (n°3) permet d’attester la subsistance en 1507 de cet édifice connu depuis 1310 par Salch1. En 1616, la représentation de l’édifice par Heinrich Schickhardt sur une colline surplombant le village de Moffans utilise l’iconographie du château «en ruine»2 [Fig.40]. Cette ruine se retrouve chez Cassini au XVIIIe siècle. Aujourd’hui la parcelle cadastrale dite «du château» est recouverte de forêt [Fig.41]. Figure 40 : Représentation de Moffans et de son château par Heinrich Schickhardt (1616) Source : Heinrich Schickhardt, Landtafel von Mömpelgard, Société d’Emulation de Montbéliard, 1616 DAO : Thierry Schlee Echelle : 1/56 000 Figure 41 : Parcelle dite «Le Château», commune de Moffans Source : Cadastre Napoléonien, commune de Moffans, Section A3 Le château de Saulnot (n°4) est mentionné en 1584 comme un édifice qui tombe en ruine, dont les murs s’effondrent. Toutefois, le receveur de Granges finance une réparation de la toiture en 1599. En 1616, l’édifice semble en ruine totale, voir rasé, et H.Schickhardt en fait une très simple représentation à travers un bâtiment gris, sans toiture, sur une colline [Fig.42]. Aujourd’hui, s’il demeure une «rue du château» dans le village, la localisation exacte de l’édifice semble perdue. Figure 42 : Représentation de Saulnot et, probablement, de son château au nord par Heinrich Schickhardt (1616) Source : H. Schickhardt, Landtafel von Mömpelgard, SEM, 1616 DAO : Thierry Schlee Echelle : 1/56 000 1 Salch, Dictionnaire des châteaux..., p.761 2 D’après André Bouvard, «Les représentations de châteaux...», p.136, un quadrilatère avec des tours d’angle représente un château en ruine. 103 Le château de Vellechevreux (n°5), appelé également dans la comptabilité le château de Velle, est connu en 1545 et 1549 dans la finance de Granges pour sa production et son centre de stockage de gypse, roche essentielle dans la production de plâtre, dont une mine se situerait à proximité. L’édifice est attesté à partir de 1335 et détruit en 16681. En 1616, tout comme pour Moffans, le château semble en état de ruine Figure 43 : Représentation de Vellechevreux et de son château au nord par Heinrich Schickhardt (1616) sur la carte d’H.Schickhardt [Fig.43]. Il n’en Source : H. Schickhardt, Landtafel von Mömpelgard, SEM, reste aujourd’hui aucun vestige, mais l’Atlas 1616 DAO : Thierry Schlee Cantonal de la Haute-Saône fait mention d’un Echelle : 1/56 000 château au nord-ouest de la localité [Fig.44]. De tous les châteaux, le cas de celui de Velle est le plus problématique. En effet, dans les archives, la comptabilité de la seigneurie de Vellechevreux2 est séparée de celle, contemporaine, de Granges. Il s’agirait donc de deux entités administratives Figure 44 : Représentation de Vellechevreux et de la mention de son château au différentes. Pourtant, le nord-ouest château engendre des frais Source : Hippollyte Dieu, Atlas cantonal de la Haute Saône (1858) mentionnés dans les comptes de la seigneurie de Granges. Le cas étant complexe, il est donc préférable de conserver cet édifice dans notre corpus à ce stade. Le château d’Onans (n°30), ou plutôt la «demeneure» dont la définition se rapproche davantage d’une maison forte que d’un château fort, est mentionné dès 1423, mais il ne s’agit probablement pas de la date de sa construction. Les mentions manquent pour la période de 1639 à 1644. Chaque année, une rente est payée pour son occupation, attestée jusqu’en 1659 (dernière mention). Habitation conséquente utilisée par un groupe de personnes, il est possible que le domaine soit composé d’un four et d’un moulin comme le suppose la mention de 1478. Cette bâtisse semble être un cas tout à fait particulier mais pour lequel les informations comptables ne suffisent pas à en cerner les caractéristiques. Le cadastre mentionne une parcelle «derrière le château» mais l’édifice aurait totalement disparu. 1 Salch, Dictionnaire des châteaux..., p.1205 Beausejour, “Vue d’ensemble sur les anciens châteaux de la Franche-Comté”, in Académie des sciences, Belles Lettres et Arts de Besançon, 1910, p.47 2 AD70, E145 (1513-1660) 104 La carte des limites communales avant fusion présente un château central à Granges-leBourg et une «ceinture» formée par les autres édifices avec Moffans au nord, Saulnot à l’est, Onans au sud et Vellechevreux à l’ouest. StGermain Dambenoîtlès-Col. Adelans Bithaineet-le-Val Froideterre Bouhanslès-L. Amblans LaNeuvellelès-L. Malbouhans LURE Palante MagnyVernois EvetteSalbert Clairegoutte Lyoffans LesAynans onto t Moffans Lom Arpenans Montjustinet-Vel. LaVergenne Belverne Lomont Mandrevillars Buc Chagey Courmont Vacher. Offemont BELFORT Châlonvillars Chenebier Vouhenans Le-Valde Gouh. Valdoie Etobon FrédéricMagny- F. J. Eloie Cravanche Frahier-etCh. Echavanne Andornay Froteylès-L. Vy-lès-L. Mollans MagnyDanigon Roye Chaux Serma magny Errevet CHAMPAGNEY La-Côte Velotte Genevreuille Lachapelle/ Chaux Plancher-B. Ronchamp Luze Essert Bavilliers Urcerey Echenans/ Mt-Vaudois Faymont Danjoutin Ardelnans Botans SéveBannans villars Dorans Champey tMalval S Longees Mignag r AilleGeo velle villers Brevilliers GRANGESBermont . HERICOURT Essou. vans fon Villafans LEGr.oite Verlans OppeEtr TréveBorey BOURG Saulnot Stnans Trémoins Senargent LeChatenoisnans Tavey Sulpice s lan Vernoy les-Forges fa Chavanne na Moimay ig VyansVille Beveuge DamM Laire VILLERAibre le-V. VillersBethonNom- benois Sece- Crevans SEXEL VillersMarast surGdcourt may Gon- Saulnot St- Vellechevreux nans Semond. la-V. Charmont Brons La Chap. Raynans villars Villar- Ferjeux a Désand. n gnard be Vxgent Esprels ur Gémonval Autrey Echen. !Charmont Co Georfans Issans le-Vay AllonSt-JulienMONTSoch. Mélecey Marvelise LesArcey dans Pont/ lès-M. BELIARD Etupes Magny l'Ognon SteExinc. Dung CourGramSuz. chaton PrésenteCourc.mont Fallon SteTaillec. villers lès-M. Marie Onans BonArbouens Bart Cubrial Montenois nal AbbeBavans Bretigney nans Audincourt Accolans Cubry Faimbe Geney Bournois Voujeaucourt CuseValenDampierre/ Beutal Lougres et-Adr. Etratigney D. Berche Nans ROUGEMONT ppe SelonMancecourt Uzelle Médière Etouvans nans LongevelleGondenansAppesur-D. les-M. LaColombiernans Soye BondeMathay Prétière Font. Gouhelans Mandeure L'ISLEval FontenelleSURBlussanThulay M. GondenansRomain LEgeaux St-MauriceM. HuanneDOUBS Ecot Col. VillarsMont. Rochesous-Ecot MésanBourguiRang PompierreBlussans Fontaineles-Bl. dans gnon Viéthorey sur-D. lès-Cl. Sourans Ecurcey Trouvans SantSt-GeorgesRillans p oche am GouxMauch Armont VergBlamont Autechauxlès-Dambelin L'Hôpitalranne PONTRoide Lanthenans CLERVAL St-Lief. Verne DE-ROIDE Rémondans Voillans HyémonGouhenans Athesans Couthenans Coisevaux elle s Oricourt Luxiol Corc N NO OG Branne Autechaux HyèvrePar. Légende BAUMELES-DAMES VillersSt-Martin HyèvreMag. Rochelès-Cl. S UB DO Crosey- Lomont/ le-Pt Crête Limites départements Hydrographie Cusance VelleGuillon- Limites communalesvans les-B. avant Monti- fusion Servin Pontles-M. vernage Adamlès-Pass. Mambelin Vellerot- Solemont Valonne Orve Randevillers Rahon 1 équipement Belvoir 2 équipements 3 équipements Sancey4 équipements le-Lg Vernoislès-B. Péseux Rosièressur-B. Sanceyle-Gd Champsol Dampjoux Les-Terresde-Chaux Froidevaux La- Villarles-Bl. Montéchéroux Noirefontaine Feule Densité des équipements par commune Chazot Pierrefontaineles-Bl. Neuchât. U. Villars/ Damp. Vaivre Vyt- lès-Bel. Clès-B. HÂTEAU Croseyle-Gd ProvenEquipement non représenté :0 chère Lanans St-Juan dans Anteuil Chauxlès-Cl. Bief Valoreille Vauclu- OrgeansVaudrisotte Figure 45 : Localisation des «châteaux» selon les limitesGrange communales avant Blanchef. fusion. villers Ouvans Surmont Passavant Aïssey Orsans Belleherbe Couretetainet-Salans Landresse Laviron CourSt-Maurice Vaucluse BattenansVarin Mtde-Vougney 105 L’enceinte de Granges-le-Bourg (n°7) est l’unique édifice de ce type mentionné dans la comptabilité de la seigneurie de Granges. Attestée à partir du compte de 1457-1459 pour des rénovations au niveau des charpentes des tours, cet aménagement est probablement construit bien antérieurement à cette date. Elle est mentionnée jusqu’en 1689 mais observe quelques lacunes, notamment entre 1639 et 1647, en 1672 et en 1684. Élément défensif en pierre, l’enceinte se compose de 5 tours couvertes de lauzes et de plusieurs portes. Elle fait l’objet de très nombreuses rénovations et réaménagements tout au long de la période. Les mentions Figure 46 : Plan cadastral de Granges-le-Bourg avec les indices d’une enceinte (en rouge) démontrent qu’elle est en étroite relation Source : Cadastre napoléonien, Granges-le-Bourg, Section A5 avec un système fossoyé (n°6). Attestée en état par les mentions jusqu’en 1689, l’analyse du cadastre napoléonien [Fig.46] laisse encore voir une portion constituée de deux tours et, possiblement, d’une porte au début du XIXe N NO OG siècle. L’une de ces deux tours est d’ailleurs encore visible aujourd’hui, dans le jardin d’un particulier. Il semble que c’est justement cet espace qui, en 2002, fait l’objet d’un diagnostic archéologique et révèle des vestiges de fortification S du Bas Moyen Âge et de Légende UB ENCEINTE DO Densité des équipements par commune 1 1 équipement Limites départements l’époque Moderne . 2 équipements StGermain Dambenoîtlès-Col. Adelans Bithaineet-le-Val Froideterre Bouhanslès-L. Amblans LaNeuvellelès-L. Malbouhans LURE Palante MagnyVernois EvetteSalbert Clairegoutte Andornay Froteylès-L. Vy-lès-L. Mollans MagnyDanigon Roye Velotte Genevreuille Lyoffans Montjustinet-Vel. LesAynans Gouhenans LaVergenne Vacher. Lomont Frahier-etCh. Valdoie Offemont Cravanche BELFORT Châlonvillars Chenebier Belverne t onto Moffans Lom Arpenans Echavanne Eloie Etobon FrédéricMagny- F. J. Vouhenans Le-Valde Gouh. Chaux Serma magny Errevet CHAMPAGNEY La-Côte Lachapelle/ Chaux Plancher-B. Ronchamp Courmont Chagey Luze Faymont Mandrevillars Buc Echenans/ Mt-Vaudois Essert Danjoutin Bavilliers Urcerey Ardelnans Botans Sévenans CoutheDorans Champey nans tMalval S s LongeCoiserge MignaAilleGeo velle vaux villers GRANGESBrevilliers Bermont . HERICOURT Essou. vans fon Villafans LEGr.oite Verlans OppeEtr TréveBorey BOURG Saulnot Stnans Trémoins Senargent LeChatenoisnans Tavey Sulpice s laan Vernoy les-Forges f Chavanne na g Moimay i VyansVille Beveuge DamM Laire VILLERAibre le-V. VillersBethonNom- benois Sece- Crevans SEXEL VillersMarast surGdcourt may Gon- Saulnot St- Vellechevreux nans Semond. la-V. Charmont s La Chap. Bron Raynans villars Villar- Ferjeux Désand. na gnard be Vxgent Esprels ur Gémonval Autrey Echen. !Charmont Co Georfans Issans le-Vay AllonSt-JulienMONTSoch. Mélecey Marvelise LesArcey dans Pont/ lès-M. BELIARD Etupes Magny l'Ognon SteExinc. Dung CourGramSuz. chaton PrésenteCourc.mont Fallon SteTaillec. villers lès-M. Marie Onans BonArbouens Bart Cubrial Montenois nal AbbeBavans Bretigney nans Audincourt Accolans Cubry Faimbe Geney Bournois Voujeaucourt CuseValenDampierre/ Beutal Lougres et-Adr. Etratigney D. Berche Nans ROUGEMONT ppe SelonMancecourt Uzelle Médière Etouvans nans LongevelleGondenansAppesur-D. les-M. LaColombiernans Soye BondeMathay Prétière Font. Gouhelans Mandeure L'ISLEval FontenelleSURBlussanThulay M. GondenansRomain LEgeaux St-MauriceM. HuanneDOUBS Ecot Col. VillarsMont. Rochesous-Ecot MésanBourguiRang PompierreBlussans Fontaineles-Bl. dans gnon Viéthorey sur-D. lès-Cl. Sourans Ecurcey Trouvans SantSt-GeorgesRillans oche amp GouxMauch Armont VergBlamont Autechauxlès-Dambelin L'Hôpitalranne PONTRoide Lanthenans CLERVAL St-Lief. Verne DE-ROIDE Rémondans Voillans HyémonPierrefontainedans Neuchât. Branne Anteuil Villarles-Bl. U. Vaivre Auteles-Bl. ChauxHyèvreLuxiol Mambelin Villars/ chaux lès-Cl. Par. Damp. Montéchéroux RocheChampsol Noirelès-Cl. HyèvreFeule fontaine Mag. VytVellerotSoleCroseyBAUMElès-Bel. lès-B. Valonne mont Dample-Gd LES-DAMES Croseyjoux le-Pt VillersLomont/ Orve VernoisSt-Martin Bief Rahon Crête Les-Terreslès-B. Péseux Chazot Belvoir de-Chaux Hydrographie PontRosièresCusance Velleles-M. 3 équipements sur-B. Guillon- Limites communalesvans SanceyRandeles-B. avant Froide4 équipements Monti- fusion Servin le-Lg villers Valovaux vernage Adamreille ProvenEquipement non représenté :0 lès-Pass. chère SanceyLanans Lale-Gd St-Juan VaucluOrgeansGrange Vaudrisotte Blanchef. villers Ouvans Surmont CourPassavant St-Maurice Belleherbe Athesans Corc elle s Oricourt Banvillars Figure 47 : Localisation de l’«enceinte» selon les limites communales avant fusion. 1 Simonin, Granges-le-Bourg (70) : rue du Pavé, 2002 Aïssey Orsans Couretetainet-Salans Landresse Laviron Vaucluse BattenansVarin Mtde-Vougney 106 Les comptes renseignent également sur l’existence de trois fontaines (n°33, 37 et 38) situées respectivement à Arcey, à Granges-le-Bourg et à Malval. La fontaine d’Arcey (n°33) est mentionnée à partir de 1506, et jusqu’en 1682, à travers l’acensement d’un petit pré situé à proximité. Les mentions manquent entre 1639 et 1647. Les deux autres fontaines sont connues de manière beaucoup plus ponctuelle pour les frais d’entretien qu’elles engendrent. Celle de Granges-le-Bourg (n°37) semble être construite en 1541 et l’oeuvre est visitée par les officiers de Montbéliard en 1543, tandis que celle de Malval (n°38) est mentionnée pour quatre jours d’entretien effectués en 1545. Seules les mentions portant sur la fontaine de Granges-le-Bourg (n°37) sont suffisamment précises pour savoir qu’elle se situait «devant l’aule [la halle] dudit Granges» mais aucune carte ni plan n’a permis de confirmer cette information. StGermain Dambenoîtlès-Col. Adelans Bithaineet-le-Val Froideterre Bouhanslès-L. Amblans LaNeuvellelès-L. Malbouhans LURE Palante Clairegoutte Lyoffans LesAynans Gouhenans LaVergenne Vacher. Lomont Frahier-etCh. Offemont Cravanche BELFORT Châlonvillars Chenebier Belverne t onto Moffans Lom Arpenans Montjustinet-Vel. Echavanne Eloie Valdoie Etobon FrédéricMagny- F. J. Vouhenans Le-Valde Gouh. Chaux Serma magny EvetteSalbert Andornay Froteylès-L. Vy-lès-L. Mollans MagnyDanigon Roye MagnyVernois Lachapelle/ Chaux Errevet CHAMPAGNEY La-Côte Velotte Genevreuille Plancher-B. Ronchamp Courmont Chagey Luze Faymont Mandrevillars Buc Echenans/ Mt-Vaudois Essert Danjoutin Bavilliers Urcerey Ardelnans Botans Sévenans Dorans Champey Malval St- s e g Mignar AilleGeo villers GRANGESBrevilliers Bermont . HERICOURT Essou. vans fon Villafans LEGr.oite Verlans OppeEtr TréveBorey BOURG Saulnot Stnans Trémoins Senargent LeChatenoisnans Tavey Sulpice s lan Vernoy les-Forges fa Chavanne na Moimay ig VyansVille Beveuge DamM Laire VILLERAibre le-V. VillersBethonNom- benois Sece- Crevans SEXEL VillersMarast surGdcourt may Gon- Saulnot St- Vellechevreux nans Semond. la-V. Charmont Brons La Chap. Raynans villars Villar- Ferjeux a Désand. n gnard be Vxgent Esprels ur Gémonval Autrey Echen. !Charmont Co Georfans Issans le-Vay AllonSt-JulienMONTSoch. Mélecey Marvelise LesArcey dans Pont/ lès-M. BELIARD Etupes Magny l'Ognon SteExinc. Dung CourGramSuz. chaton PrésenteCourc.mont Fallon SteTaillec. villers lès-M. Marie Onans BonArbouens Bart Cubrial Montenois nal AbbeBavans Bretigney nans Audincourt Accolans Cubry Faimbe Geney Bournois Voujeaucourt CuseValenDampierre/ Beutal Lougres et-Adr. Etratigney D. Berche Nans ROUGEMONT ppe SelonMancecourt Uzelle Médière Etouvans nans LongevelleGondenansAppesur-D. les-M. LaColombiernans Soye BondeMathay Prétière Font. Gouhelans Mandeure L'ISLEval FontenelleSURBlussanThulay M. GondenansRomain LEgeaux St-MauriceM. HuanneDOUBS Ecot Col. VillarsMont. Rochesous-Ecot MésanBourguiRang PompierreBlussans Fontaineles-Bl. dans gnon Viéthorey sur-D. lès-Cl. Sourans Ecurcey Trouvans SantSt-GeorgesRillans p oche am ch GouxMau Armont VergBlamont Autechauxlès-Dambelin L'Hôpitalranne PONTRoide Lanthenans CLERVAL St-Lief. Verne DE-ROIDE Rémondans Voillans HyémonPierrefontainedans Neuchât. Branne Anteuil Villarles-Bl. U. Vaivre Auteles-Bl. ChauxHyèvreLuxiol Mambelin Villars/ chaux lès-Cl. Par. Damp. Montéchéroux RocheChampsol Noirelès-Cl. HyèvreFeule fontaine Mag. VytVellerotSoleCroseyBAUMElès-Bel. lès-B. Valonne ONTAINE mont Dample-Gd LES-DAMES Croseyjoux le-Pt VillersLomont/ Orve VernoisSt-Martin Bief Rahon 1 équipement Crête Limites départements Les-Terreslès-B. Péseux Chazot Belvoir de-Chaux 2 équipements Hydrographie PontRosièresCusance Velleles-M. 3 équipements sur-B. Guillon- Limites communalesvans SanceyRandeles-B. avant Froide4 équipements Monti- fusion Servin le-Lg villers Valovaux vernage Adamreille ProvenEquipement non représenté : 0 lès-Pass. chère SanceyLanans Lale-Gd St-Juan VaucluOrgeansGrange Vaudrisotte Blanchef. villers Ouvans Surmont CourPassavant St-Maurice Belleherbe VauAïssey BattenansLandresse CouretetainLaviron cluse MtVarin et-Salans Orsans de-Vougney Couthenans Coisevaux Longevelle Corc N NO OG Légende Banvillars elle s Oricourt Athesans S UB DO F Densité des équipements par commune Figure 48 : Localisation des «fontaines» selon les limites communales avant fusion. 107 Le receveur de Granges fait également mention de deux forges, l’une à Granges-le-Bourg (n°10), l’autre à Crevans (n°13). Toutes deux sont connues à travers la portion territoriale, le chasel ou le communal, sur laquelle est construit l’édifice et qui nécessite un paiement annuel au seigneur. Les mentions permettent de déduire que la forge de Granges-le-Bourg (n°10) est construite entre 1491 et 1506, tandis que la deuxième, celle de Crevans (n°13), daterait de 1562. En revanche, toutes les deux sont détruites entre 1633 et 1647 puisqu’elle apparaissent abandonnées et en ruine en 1648. Si celle de Granges-le-Bourg est probablement reconstruite entre 1659 et 1682 (pas de mention en 1672), celle de Crevans reste en ruine et n’est jamais remise en état puisqu’elle est encore dite en ruine en 1689 (pas de mention en 1682 et 1684). En ce qui concerne la localisation, ni carte ni plan ne situent les deux forges mais les mentions dans la comptabilité donnent plusieurs indices et permettent de savoir qu’à Granges-leBourg (n°10) elle se trouve «près du chastel» et qu’à Crevans (n°13) elle se situe sur une «portion des communaux dudit Crevans». StGermain Dambenoîtlès-Col. Adelans Bithaineet-le-Val Froideterre Bouhanslès-L. Amblans LaNeuvellelès-L. Malbouhans LURE Palante MagnyVernois EvetteSalbert Clairegoutte Andornay Froteylès-L. Vy-lès-L. Mollans MagnyDanigon Roye Velotte Genevreuille Lyoffans LesAynans Gouhenans LaVergenne Vacher. Lomont Offemont Cravanche BELFORT Châlonvillars Chenebier Belverne t onto Moffans Le-Valde Gouh. Lom Arpenans Frahier-etCh. Echavanne Eloie Valdoie Etobon FrédéricMagny- F. J. Vouhenans Montjustinet-Vel. Chaux Serma magny Errevet CHAMPAGNEY La-Côte Lachapelle/ Chaux Plancher-B. Ronchamp Courmont Chagey Luze Mandrevillars Buc Echenans/ Mt-Vaudois Faymont Essert Danjoutin Bavilliers Urcerey Ardelnans Botans Sévenans Dorans Champey Malval St- s e g Mignar AilleGeo villers GRANGESBrevilliers Bermont . HERICOURT Essou. vans fon Villafans LEGr.oite Verlans OppeEtr TréveBorey BOURG Saulnot Stnans Trémoins Senargent LeChatenoisnans Tavey laSulpice s n Vernoy les-Forges fa Chavanne na Moimay ig VyansVille Beveuge DamM Laire VILLERAibre le-V. VillersBethonNom- benois Sece- Crevans SEXEL VillersMarast surGdcourt may Gon- Saulnot St- Vellechevreux nans Semond. la-V. Charmont Brons La Chap. Raynans villars Villar- Ferjeux a Désand. n gnard be Vxgent Esprels ur Gémonval Autrey Echen. !Charmont Co Georfans Issans le-Vay AllonSt-JulienMONTSoch. Mélecey Marvelise LesArcey dans Pont/ lès-M. BELIARD Etupes Magny l'Ognon SteExinc. Dung CourGramSuz. chaton PrésenteCourc.mont Fallon SteTaillec. villers lès-M. Marie Onans BonArbouens Bart Cubrial Montenois nal AbbeBavans Bretigney nans Audincourt Accolans Cubry Faimbe Geney Bournois Voujeaucourt CuseValenDampierre/ Beutal Lougres et-Adr. Etratigney D. Berche Nans ROUGEMONT ppe SelonMancecourt Uzelle Médière Etouvans nans LongevelleGondenansAppesur-D. les-M. LaColombiernans Soye BondeMathay Prétière Font. Gouhelans Mandeure L'ISLEval FontenelleSURBlussanThulay M. GondenansRomain LEgeaux St-MauriceM. HuanneDOUBS Ecot Col. VillarsMont. Rochesous-Ecot MésanBourguiRang PompierreBlussans Fontaineles-Bl. dans gnon Viéthorey sur-D. lès-Cl. Sourans Ecurcey Trouvans SantSt-GeorgesRillans p oche am GouxMauch Armont VergBlamont Autechauxlès-Dambelin L'Hôpitalranne PONTRoide Lanthenans CLERVAL St-Lief. Verne DE-ROIDE Rémondans Voillans HyémonPierrefontainedans Neuchât. Branne Anteuil Villarles-Bl. U. Vaivre Auteles-Bl. ChauxHyèvreLuxiol Mambelin Villars/ chaux lès-Cl. Par. Damp. Montéchéroux RocheChampsol Noirelès-Cl. HyèvreFeule fontaine Mag. VytVellerotSoleCroseyBAUMElès-Bel. lès-B. Valonne ORGE mont Dample-Gd LES-DAMES Croseyjoux le-Pt VillersLomont/ Orve VernoisSt-Martin Bief Rahon 1 équipement Crête Limites départements Les-Terreslès-B. Péseux Chazot Belvoir de-Chaux 2 équipements Hydrographie PontRosièresCusance Velleles-M. 3 équipements sur-B. Guillon- Limites communalesvans SanceyRandeles-B. avant Froide4 équipements Monti- fusion Servin le-Lg villers Valovaux vernage Adamreille ProvenEquipement non représenté :0 lès-Pass. chère SanceyLanans Lale-Gd St-Juan VaucluOrgeansGrange Vaudrisotte Blanchef. villers Ouvans Surmont CourPassavant St-Maurice Belleherbe Couthenans Coisevaux Longevelle Banvillars elle s Oricourt Athesans Corc N NO OG S UB DO Légende F Densité des équipements par commune Figure 49 : Localisation des «forges» selon les limites communales avant fusion. Aïssey Orsans Couretetainet-Salans Landresse Laviron Vaucluse BattenansVarin Mtde-Vougney 108 Le catalogue comprend aussi deux fossés. Le premier système fossoyé, situé à Granges-leBourg, est à mettre en relation avec l’enceinte du bourg (n°7). Les mentions présentent un fossé déjà en eau en 1423 qui laisse supposer un creusement antérieur à cette date. La période entre 1639 et 1647 est lacunaire, ainsi que l’année 1672 et 1684 mais son utilisation est attestée jusqu’en 1689 au minimum. Le fossé de Granges-le-Bourg regroupe plusieurs fonctions complémentaires à la fonction défensive habituelle d’un tel système. C’est également un lieu de stockage des poissons pêchés dans les étangs voisins mais aussi une voie de «communication» pour transporter du matériel et notamment des lauzes en pierre (1478). Le second système fossoyé est associé à la commune de Saulnot (n°17) et connu à partir de 1506. D’après les mentions, ce second système serait totalement différent de celui de Granges puisqu’il n’est pas en eau et qu’une portion, un «arpent», est soumis au paiement annuel d’une rente. Cependant, le dépouillement de la Carte Archéologique Nationale a permis de découvrir un vestige dénommé «fosse» [n°Dracar : 16495, N°Site : 704770009] qui correspond à des traces de prospection minière d’époque moderne. De fait, ce qui a été perçu comme un aménagement fossoyé pourrait également être un lieu-dit ou les restes de ce vestige minier. De ces deux systèmes fossoyés, il n’en reste aujourd’hui aucune trace pour connaître l’implantation exacte sans une étude plus poussée et sans, notamment, une analyse microtopographique. StGermain Dambenoîtlès-Col. Adelans Bithaineet-le-Val Froideterre Bouhanslès-L. Amblans LaNeuvellelès-L. Malbouhans LURE Palante EvetteSalbert Clairegoutte Lyoffans Montjustinet-Vel. LesAynans Gouhenans BELFORT Lomont LaVergenne Mandrevillars Buc Chagey Courmont Vacher. Châlonvillars Chenebier Belverne t onto Moffans Lom Arpenans Offemont Etobon FrédéricMagny- F. J. Vouhenans Le-Valde Gouh. Eloie Valdoie Cravanche Frahier-etCh. Echavanne Andornay Froteylès-L. Vy-lès-L. Mollans MagnyDanigon Roye MagnyVernois Chaux Serma magny Errevet CHAMPAGNEY La-Côte Velotte Genevreuille Lachapelle/ Chaux Plancher-B. Ronchamp Luze Essert Echenans/ Mt-Vaudois Faymont Danjoutin Bavilliers Urcerey Ardelnans Botans Sévenans CoutheDorans Champey nans Malval St- s Coiserge Mignao e AilleG vaux villers GRANGESBrevilliers Bermont . HERICOURT Essou. vans fon Villafans LEGr.oite Verlans OppeEtr TréveBorey BOURG Saulnot Stnans Trémoins Senargent LeChatenoisnans Tavey laSulpice ns Vernoy les-Forges fa Chavanne na Moimay ig VyansVille Beveuge DamM Laire VILLERAibre le-V. VillersBethonNom- benois Sece- Crevans SEXEL VillersMarast surGdcourt may Gon- Saulnot St- Vellechevreux nans Semond. la-V. Charmont s La Chap. Bron Raynans villars Villar- Ferjeux Désand. na gnard be Vxgent Esprels ur Gémonval Autrey Echen. !Charmont Co Georfans Issans le-Vay AllonSt-JulienMONTSoch. Mélecey Marvelise LesArcey dans Pont/ lès-M. BELIARD Etupes Magny l'Ognon SteExinc. Dung CourGramSuz. chaton PrésenteCourc.mont Fallon SteTaillec. villers lès-M. Marie Onans BonArbouens Bart Cubrial Montenois nal AbbeBavans Bretigney nans Audincourt Accolans Cubry Faimbe Geney Bournois Voujeaucourt CuseValenDampierre/ Beutal Lougres et-Adr. Etratigney D. Berche Nans ROUGEMONT ppe SelonMancecourt Uzelle Médière Etouvans nans LongevelleGondenansAppesur-D. les-M. LaColombiernans Soye BondeMathay Prétière Font. Gouhelans Mandeure L'ISLEval FontenelleSURBlussanThulay M. GondenansRomain LEgeaux St-MauriceM. HuanneDOUBS Ecot Col. VillarsMont. Rochesous-Ecot MésanBourguiRang PompierreBlussans Fontaineles-Bl. dans gnon Viéthorey sur-D. lès-Cl. Sourans Ecurcey Trouvans SantSt-GeorgesRillans p oche am GouxMauch Armont VergBlamont Autechauxlès-Dambelin L'Hôpitalranne PONTRoide Lanthenans CLERVAL St-Lief. Verne DE-ROIDE Rémondans Voillans HyémonOricourt elle s Longevelle Corc N NO OG Luxiol Branne Autechaux HyèvrePar. Légende BAUMELES-DAMES VillersSt-Martin HyèvreMag. Rochelès-Cl. S UB DO Crosey- Lomont/ Adamlès-Pass. St-Juan dans Anteuil Chauxlès-Cl. le-Pt Crête Limites départements Hydrographie Cusance VelleLimites communales Guillonvans les-B. avant Monti- fusion Servin Pontles-M. Banvillars Athesans vernage VytVellerotlès-Bel. lès-B.OSSÉ F Croseyle-Gd Orve Chazot Randevillers Rahon 1 équipement Belvoir 2 équipements 3 équipements Sancey4 équipements le-Lg Vernoislès-B. Péseux Rosièressur-B. Sanceyle-Gd Vaudri- Champsol Dampjoux Les-Terresde-Chaux Froidevaux LaGrange Villarles-Bl. Montéchéroux Noirefontaine Feule Densité des équipements par commune ProvenEquipement non représenté :0 chère Lanans Solemont Valonne Pierrefontaineles-Bl. Neuchât. U. Villars/ Damp. Vaivre Mambelin Bief Valoreille Vauclusotte Orgeans- Blanchef. villers Ouvans Figure 50 : Localisation des «fossés» selon lesSurmont limites communales Cour- avant fusion. Passavant Belleherbe Aïssey Orsans Couretetainet-Salans Landresse Laviron St-Maurice Vaucluse BattenansVarin Mtde-Vougney 109 Le corpus comprend 16 fours (n°12, 19, 20, 21, 24, 25, 26, 28, 29, 31, 39, 40, 45, 49, 51, 52). Tous les fours sont destinés à des cuissons culinaires. Ce sont des fours à pain. Malgré l’inégalité dans le nombre de mentions, il ressort trois statuts différents de fours. Dans un premier temps, le cas le plus fréquent est celui du four «banal» qui correspond à 9 édifices : Granges-le-Bourg (n°12, dit «banal» en 1491), Saulnot (n°19, en 1506), Vellechevreux (n°20, en 1506), Arcey (n°21, en 1491), Courbenans (n°24, en 1672), Moffans (n°28, en 1506), Médière (n°29, 1514), Montenois (n°45, en 1645), auxquels peut être rajouté celui de Bournois (n°31). Sans entrer dans le détail de la chronologie de chaque équipement, tous sont référencés dans la comptabilité dès 1423, exceptés pour le four de Courbenans (n°24) nouvelle acquisition en 1553, et celui de Montenois (n°45) acquisition partielle de 1633. La gestion de ces édifices banaux se fait par une amodiation, soit à un ou plusieurs particuliers (souvent des couples), soit à une communauté villageoise dans son ensemble comme c’est le cas de l’édifice d’Arcey (n°21) et de Montenois (n°45). Mais l’exemple d’Arcey (n°21) démontre également que l’entité amodiatrice peut changer puisqu’il fut amodié par un particulier jusqu’en 1479-1480, puis à nouveau en 1523. Le second type de four est celui intégré à une maison d’habitation. Au nombre de cinq, les deux fours situés à Moffans (n°39, 40) résultent d’une «permission [...] pour avoir un fourt en sa maison», le premier en 1557 et le second en 1569. Tous deux cessent d’être fonctionnels en 15901591. Il est tout a fait envisageable que les trois cas restant, apparaissant tardivement à Montenois (n°25, 26, 49) en 1672, relèvent du même processus. Si l’aspect très privatif de ces cinq édifices laisse perplexe sur les droits du seigneur concernant ces cas précis, la rente payée annuellement et la place des mentions de ces derniers dans la rubrique comptable «pour les fours et moulins de la seigneurie» prouvent leur statut de «seigneurial». Aussi, les mentions démontrent que le seigneur se réserve le droit d’annuler l’autorisation et la permission : en 1563, les officiers de Granges détruisent une première fois le premier four de Moffans (n°39), et, en 1590, les possesseurs du second édifice de la même localité (n°40) ont l’obligation d’aller cuire leur pain au four banal de Moffans. Les deux derniers fours sont des cas plus particuliers ni dit «banaux», ni rattachés à une habitation comme les cas précédents. Il s’agit des deux seuls cas «douteux» quant à leur appartenance seigneuriale. Le cas du four d’Onans (n°51) peut être rapproché des fours particuliers mentionnés précédemment mais peut également être un élément du château d’Onans d’après une mention, peu précise, de 1478. En revanche, celui de Taillecourt (n°52) ne ressemble à aucun cas encore présenté. A ce stade et sans indications supplémentaires, ces deux cas problématiques sont conservés dans le catalogue. Dans la chronologie générale, les sept cas mentionnés dès 1423, sont tous détruits en 1474. Si le four d’Arcey (n°21) nécessite plus de temps pour sa réparation, les six autres sont à nouveau fonctionnels dès le compte suivant de 1478. En 1528 le four d’Arcey (n°21) subit à nouveau des dommages et arrête sa production jusqu’en 1545. A partir de cette date le seigneur bénéficie, en moins de 25 ans, entre 1546 et 1569, de la rente de quatre fours supplémentaires entre la reconstruction de celui d’Arcey (n°21), l’acquisition de celui de Courbenans (n°24) et l’autorisation pour les deux fours de Moffans (n°39 et 40). Exceptée la destruction de l’un des fours de Moffans (n°40), la 110 situation reste stable jusqu’en 1633 et un nouveau four est même acquis à Montenois (n°45). Entre 1633 et 1644 seuls les fours de Granges-le-Bourg (n°12) et Saulnot (n°19) sont mentionnés. Il s’avère que ce sont en réalité les seuls encore en état de fonctionnement puisque le compte de 1645 présente tous les autres fours détruits ou abandonnés. Seule la situation du four de Courbenans est mal connue puisqu’il est à nouveau mentionné en 1648 en état de marche. Ceux d’Arcey (n°21) et de Bournois (n°31) sont remis en fonction entre 1645 et 1647. Le four de Médière alterne entre abandon (1645-1647, 1649-1650, 1656-1659) et amodiation (1648, 1651-1655). Celui de Montenois fonctionne à nouveau en 1647 jusqu’en 1682 (dernière mention), celui de Moffans (n°28) de 1648 jusqu’en 1682 (pas de mention en 1672). Enfin, le four de Vellechevreux est à nouveau opérationnel de 1651 jusqu’en 1682 (pas de mention en 1672). Les mentions nombreuses sur ces édifices, et particulièrement en ce qui concerne les fours banaux, démontrent que ces structures de chauffe nécessitent d’importants travaux, des rénovations constantes et sont régulièrement détruits et reconstruits. Sur les 16 fours seigneuriaux, seul celui de Granges-le-Bourg est localisé grâce au plan du XVIIIe siècle représentant le château de Granges et ses alentours [Fig. 39]. Cependant, la carte des limites communales avant fusion présente une concentration des fours au sud et à l’ouest de Granges-le-Bourg. Seul Moffans se situe au nord. StGermain Dambenoîtlès-Col. Adelans Bithaineet-le-Val Bouhanslès-L. Amblans LURE Palante EvetteSalbert Clairegoutte Lyoffans Arpenans Montjustinet-Vel. LesAynans Gouhenans BELFORT Lomont LaVergenne Mandrevillars Buc Chagey Courmont Vacher. Châlonvillars Chenebier Belverne t onto Moffans Offemont Etobon FrédéricMagny- F. J. Vouhenans Le-Valde Gouh. Eloie Valdoie Cravanche Frahier-etCh. Echavanne Andornay Froteylès-L. Vy-lès-L. Mollans MagnyDanigon Roye MagnyVernois Chaux Serma magny Errevet CHAMPAGNEY La-Côte Velotte Genevreuille Lachapelle/ Chaux Plancher-B. Ronchamp Lom Luze Essert Echenans/ Mt-Vaudois Faymont Danjoutin Bavilliers Urcerey Ardelnans Botans Sévenans CoutheDorans Champey nans Malval St- s Coiserge MignaAilleGeo vaux villers GRANGESBrevilliers Bermont . HERICOURT Essou. vans fon Villafans LEGr.oite Verlans OppeEtr TréveBorey BOURG Saulnot Stnans Trémoins Senargent LeChatenoisnans Tavey laSulpice s n Vernoy les-Forges fa Chavanne na Moimay ig VyansVille Beveuge DamM Laire VILLERAibre le-V. VillersBethonNom- benois Sece- Crevans SEXEL VillersMarast surGdcourt may Gon- Saulnot St- Vellechevreux nans Semond. la-V. Charmont s La Chap. Bron Raynans villars Villar- Ferjeux Désand. na gnard be Vxgent Esprels ur Gémonval Autrey Echen. !Charmont Co Georfans Issans le-Vay AllonSt-JulienMONTSoch. Mélecey Marvelise LesArcey dans Pont/ lès-M. BELIARD Etupes Magny l'Ognon SteExinc. Dung CourGramSuz. chaton PrésenteCourc.mont Fallon SteTaillec. villers lès-M. Marie Onans BonArbouens Bart Cubrial Montenois nal AbbeBavans Bretigney nans Audincourt Accolans Cubry Faimbe Geney Bournois Voujeaucourt CuseValenDampierre/ Beutal Lougres et-Adr. Etratigney D. Berche Nans ROUGEMONT ppe SelonMancecourt Uzelle Médière Etouvans nans LongevelleGondenansAppesur-D. les-M. LaColombiernans Soye BondeMathay Prétière Font. Gouhelans Mandeure L'ISLEval FontenelleSURBlussanThulay M. GondenansRomain LEgeaux St-MauriceM. HuanneDOUBS Ecot Col. VillarsMont. Rochesous-Ecot MésanBourguiRang PompierreBlussans Fontaineles-Bl. dans gnon Viéthorey sur-D. lès-Cl. Sourans Ecurcey Trouvans SantSt-GeorgesRillans p oche am GouxMauch Armont VergBlamont Autechauxlès-Dambelin L'Hôpitalranne PONTRoide Lanthenans CLERVAL St-Lief. Verne DE-ROIDE Rémondans Voillans HyémonOricourt elle s Longevelle N NO OG Luxiol Branne Autechaux HyèvrePar. Légende BAUMELES-DAMES VillersSt-Martin HyèvreMag. Rochelès-Cl. S UB DO Crosey- Lomont/ Adamlès-Pass. St-Juan dans Anteuil Chauxlès-Cl. le-Pt Crête Limites départements Hydrographie Cusance VelleLimites communales Guillonvans les-B. avant Monti- fusion Servin Pontles-M. Banvillars Athesans Corc Froideterre LaNeuvellelès-L. Malbouhans vernage VytVellerotlès-Bel. lès-B.OUR F Croseyle-Gd Orve Chazot Randevillers Rahon 1 équipement Belvoir 2 équipements 3 équipements Sancey4 équipements le-Lg Vernoislès-B. Péseux Rosièressur-B. Sanceyle-Gd Vaudri- Champsol Dampjoux Bief Les-Terresde-Chaux Froidevaux LaGrange Villarles-Bl. Montéchéroux Noirefontaine Feule Densité des équipements par commune ProvenEquipement non représenté :0 chère Lanans Solemont Valonne Pierrefontaineles-Bl. Neuchât. U. Villars/ Damp. Vaivre Mambelin Valoreille Vauclusotte OrgeansBlanchef. villers Ouvans Cour-avant fusion. Figure 51 : Localisation des «fours» selon les Surmont limites communales Passavant Belleherbe Aïssey Orsans Couretetainet-Salans Landresse Laviron St-Maurice Vaucluse BattenansVarin Mtde-Vougney 111 Le bourg de Granges est également muni d’une halle (n°9). Cet édifice, mentionné à travers ses «marchiers» dès 1423, dispose de sa propre unité de poids. Détruit une première fois en 1474 et remis immédiatement en état, elle subit des travaux réguliers tout au long de la période. L’année 1643 marque le début de sa ruine. L’édifice s’effondre progressivement avant d’importants travaux effectués en 1659 qui Figure 52 : Représentation de Granges-le-Bourg et, possiblement, de la halle formée d’un alignement de boutiques maintiennent la structure et permettent, semble-t- autour de la place il, une activité normale jusqu’en 1682 (pas de Source : H. Schickhardt, Landtafel von Mömpelgard, SEM,1616 mention en 1672). Cependant en 1689 l’édifice est à nouveau en ruine (pas de mention en 1684). Construction sur deux étages, c’est un espace de vente avec une enfilade de nombreuses boutiques, sous la forme d’une galerie à colonnade, à l’étage inférieur. Il s’agit également d’un lieu de stockage dont les greniers, à l’étage supérieur, conservent les céréales et entreposent des matériaux de construction. Enfin, il s’agit aussi d’un important lieu de rassemblement composé d’une «audience» mentionné en 1510. Situé à côté de la chapelle Saint-Césaire, la halle a aujourd’hui complètement disparu sous les aménagements contemporains. Sa localisation est donc connue à travers le plan du XVIIIe siècle conservé aux AD 70 [Fig. 39]. StGermain Dambenoîtlès-Col. Adelans Bithaineet-le-Val Froideterre Bouhanslès-L. Amblans LaNeuvellelès-L. Malbouhans LURE Palante MagnyVernois Clairegoutte Lyoffans LesAynans LaVergenne Vacher. Lomont Courmont Eloie Valdoie Cravanche Offemont BELFORT Châlonvillars Chenebier Belverne t onto Moffans Lom Arpenans Montjustinet-Vel. Echavanne Frahier-etCh. Etobon FrédéricMagny- F. J. Vouhenans Le-Valde Gouh. Chaux Serma magny EvetteSalbert Andornay Froteylès-L. Vy-lès-L. Mollans MagnyDanigon Roye Lachapelle/ Chaux Errevet CHAMPAGNEY La-Côte Velotte Genevreuille Plancher-B. Ronchamp Chagey Luze Faymont Mandrevillars Buc Echenans/ Mt-Vaudois Essert Bavilliers Urcerey Danjoutin Ardelnans Botans SéveBannans villars Dorans Champey tMalval S Longees Mignag r AilleGeo velle villers Brevilliers GRANGESBermont . HERICOURT Essou. vans fon Villafans LEGr.oite Verlans OppeEtr TréveBorey BOURG Saulnot Stnans Trémoins Senargent LeChatenoisnans Tavey Sulpice s lan Vernoy les-Forges fa Chavanne na Moimay ig VyansVille Beveuge DamM Laire VILLERAibre le-V. VillersBethonNom- benois Sece- Crevans SEXEL VillersMarast surGdcourt may Gon- Saulnot St- Vellechevreux nans Semond. la-V. Charmont Brons La Chap. Raynans villars Villar- Ferjeux Désand. na gnard be Vxgent Esprels ur Gémonval Autrey Echen. !Charmont Co Georfans Issans le-Vay AllonSt-JulienMONTSoch. Mélecey Marvelise LesArcey dans Pont/ lès-M. BELIARD Etupes Magny l'Ognon SteExinc. Dung CourGramSuz. chaton PrésenteCourc.mont Fallon SteTaillec. villers lès-M. Marie Onans BonArbouens Bart Cubrial Montenois nal AbbeBavans Bretigney nans Audincourt Accolans Cubry Faimbe Geney Bournois Voujeaucourt CuseValenDampierre/ Beutal Lougres et-Adr. Etratigney D. Berche Nans ROUGEMONT ppe SelonMancecourt Uzelle Médière Etouvans nans LongevelleGondenansAppesur-D. les-M. LaColombiernans Soye BondeMathay Prétière Font. Gouhelans Mandeure L'ISLEval FontenelleSURBlussanThulay M. GondenansRomain LEgeaux St-MauriceM. HuanneDOUBS Ecot Col. VillarsMont. Rochesous-Ecot MésanBourguiRang PompierreBlussans Fontaineles-Bl. dans gnon Viéthorey sur-D. lès-Cl. Sourans Ecurcey Trouvans SantSt-GeorgesRillans p oche am ch GouxMau Armont VergBlamont Autechauxlès-Dambelin L'Hôpitalranne PONTRoide Lanthenans CLERVAL St-Lief. Verne DE-ROIDE Rémondans Voillans HyémonPierrefontainedans Neuchât. Branne Anteuil Villarles-Bl. U. Vaivre Auteles-Bl. ChauxHyèvreLuxiol Mambelin Villars/ chaux lès-Cl. Par. Damp. Montéchéroux RocheChampsol Noirelès-Cl. HyèvreFeule fontaine Mag. VytVellerotSoleCroseyBAUMElès-Bel. lès-B.ALLE Valonne mont Dample-Gd LES-DAMES Croseyjoux le-Pt VillersLomont/ Orve VernoisSt-Martin Bief Rahon 1 équipement Crête Limites départements Les-Terreslès-B. Péseux Chazot Belvoir de-Chaux 2 équipements Hydrographie PontRosièresCusance Velleles-M. 3 équipements sur-B. Guillon- Limites communalesvans SanceyRandeles-B. avant Froide4 équipements Monti- fusion Servin le-Lg villers Valovaux vernage Adamreille ProvenEquipement non représenté : 0 lès-Pass. chère SanceyLanans Lale-Gd St-Juan VaucluOrgeansGrange Vaudrisotte Blanchef. villers Ouvans Surmont CourPassavant St-Maurice Belleherbe VauAïssey BattenansLandresse CouretetainLaviron cluse MtVarin et-Salans Orsans de-Vougney Gouhenans Athesans Couthenans Coisevaux elle s Oricourt Légende Corc N NO OG S UB DO H Densité des équipements par commune Figure 53 : Localisation de la «halle» selon les limites communales avant fusion. 112 En 1672, est mentionnée pour la première fois l’unique huilerie de la seigneurie (n°14). En fonction au moins jusqu’en 1689, cette construction est connue, comme pour certains fours, à travers la rente payée régulièrement pour la permission de bâtir l’édifice en question. Par analogie, le bâtiment est donc conservé dans le catalogue en tant qu’édifice seigneurial. Aucune carte ne permet de localiser avec précision l’édifice mais les mentions font savoir qu’elle est construite sur la rivière qui passe près de la localité de Vacheresse, le Rognon. Elle est donc rattachée à ce village de Vacheresse. StGermain Dambenoîtlès-Col. Adelans Bithaineet-le-Val Froideterre Bouhanslès-L. Amblans LaNeuvellelès-L. Malbouhans LURE Palante MagnyVernois EvetteSalbert Clairegoutte Andornay Froteylès-L. Vy-lès-L. Mollans MagnyDanigon Roye Velotte Genevreuille Lyoffans Montjustinet-Vel. LesAynans Gouhenans LaVergenne Vacher. Lomont Frahier-etCh. Valdoie Offemont Cravanche BELFORT Châlonvillars Chenebier Belverne t Moffans Lom onto Arpenans Echavanne Eloie Etobon FrédéricMagny- F. J. Vouhenans Le-Valde Gouh. Chaux Serma magny Errevet CHAMPAGNEY La-Côte Lachapelle/ Chaux Plancher-B. Ronchamp Courmont Chagey Luze Faymont Mandrevillars Buc Echenans/ Mt-Vaudois Essert Danjoutin Bavilliers Urcerey Ardelnans Botans Sévenans CoutheDorans Champey nans Malval St- s Coisege Mignar o AilleGe vaux villers GRANGESBrevilliers Bermont . HERICOURT Essou. vans fon Villafans LEGr.oite Verlans OppeEtr TréveBorey BOURG Saulnot Stnans Trémoins Senargent LeChatenoisnans Tavey Sulpice ns laa Vernoy les-Forges af Chavanne n g Moimay i VyansVille Beveuge DamM Laire VILLERAibre le-V. VillersBethonNom- benois Sece- Crevans SEXEL VillersMarast surGdcourt may Gon- Saulnot St- Vellechevreux nans Semond. la-V. Charmont La Chap. s Bron Raynans villars Villar- Ferjeux Désand. na gnard be Vxgent Esprels ur Gémonval Autrey Echen. !Charmont Co Georfans Issans le-Vay AllonSt-JulienMONTSoch. Mélecey Marvelise LesArcey dans Pont/ lès-M. BELIARD Etupes Magny l'Ognon SteExinc. Dung CourGramSuz. chaton PrésenteCourc.mont Fallon SteTaillec. villers lès-M. Marie Onans BonArbouens Bart Cubrial Montenois nal AbbeBavans Bretigney nans Audincourt Accolans Cubry Faimbe Geney Bournois Voujeaucourt CuseValenDampierre/ Beutal Lougres et-Adr. Etratigney D. Berche Nans ROUGEMONT ppe SelonMancecourt Uzelle Médière Etouvans nans LongevelleGondenansAppesur-D. les-M. LaColombiernans Soye BondeMathay Prétière Font. Gouhelans Mandeure L'ISLEval FontenelleSURBlussanThulay M. GondenansRomain LEgeaux St-MauriceM. HuanneDOUBS Ecot Col. VillarsMont. Rochesous-Ecot MésanBourguiRang PompierreBlussans Fontaineles-Bl. dans gnon Viéthorey sur-D. lès-Cl. Sourans Ecurcey Trouvans SantSt-GeorgesRillans oche amp GouxMauch Armont VergBlamont Autechauxlès-Dambelin L'Hôpitalranne PONTRoide Lanthenans CLERVAL St-Lief. Verne DE-ROIDE Rémondans Voillans HyémonPierrefontainedans Neuchât. Branne Anteuil Villarles-Bl. U. Vaivre Auteles-Bl. ChauxHyèvreLuxiol Mambelin Villars/ chaux lès-Cl. Par. Damp. Montéchéroux RocheChampsol Noirelès-Cl. HyèvreFeule fontaine Mag. VytVellerotSoleCroseyBAUMElès-Bel. lès-B. Valonne UILERIE mont Dample-Gd LES-DAMES Croseyjoux le-Pt VillersLomont/ Orve VernoisSt-Martin Bief Rahon 1 équipement Crête Limites départements Les-Terreslès-B. Péseux Chazot Belvoir de-Chaux 2 équipements Hydrographie PontRosièresCusance Velleles-M. 3 équipements sur-B. Guillon- Limites communalesvans SanceyRandeles-B. avant Froide4 équipements Monti- fusion Servin le-Lg villers Valovaux vernage Adamreille ProvenEquipement non représenté :0 lès-Pass. chère SanceyLanans Lale-Gd St-Juan VaucluGrange OrgeansVaudrisotte Blanchef. villers Ouvans Surmont CourPassavant St-Maurice Belleherbe Athesans Longevelle elle s Oricourt Banvillars Corc N NO OG S UB DO Légende H Densité des équipements par commune Figure 54 : Localisation de l’«huilerie» selon les limites communales avant fusion. Aïssey Orsans Couretetainet-Salans Landresse Laviron Vaucluse BattenansVarin Mtde-Vougney 113 Le catalogue comprend 12 moulins qui se répartissent de la manière suivante : trois moulins à Granges-le-Bourg (n°8, 11, 47), trois moulins à Sécenans (n°15, 41, 50), un à Saulnot (n°16), un à Moffans (n°22), un à Faymont (n°23), un à Mignavillers (n°27), un à Arcey (n°34) et un à Sénargent (n°46). Il est important de noter que le moulin de la Sappoye de Saulnot (n°16) se situait, d’après les mentions dans la comptabilité, au «finage de Saulnot» mais figure, sur les cartes plus récentes, sur le territoire de Villers-sur-Saulnot. Cinq moulins sont connus dès 1423 (n°8, 11, 15, 16 et 22). Ils sont, comme pour les fours, tous détruits en 1474. Leur reconstruction est plus lente : le moulin de la Boulloye (n°11) est réparé en 1479, celui de Quicampois de Granges-le-Bourg (n°8) est à nouveau fonctionnel en 1491, celui de la Sappoye (n°16) entre 1491 et 1506, tandis que le moulin de l’Etang de Secenans reste en ruine jusqu’en 1556. La remise en état la plus rapide est celle de l’édifice de Moffans (n°22), opérationnel dès 1478, date à laquelle est également mentionné pour la première fois, et peut-être unique fois, le moulin Novat de Secenans (n°50). En 1485 apparaît le moulin de Faymont (n°23) et celui d’Arcey en 1507 (n°34) mais il ne s’agit probablement pas des années de construction. En 1550 est nouvellement construit celui de Mignavillers (n°27) et en 1581 est récupéré celui au Mahuz de Secenans (n°41). A partir de cette date, la seigneurie compte 9 moulins jusqu’en 1633. En 1639-1640, seuls les 2 moulins de Granges-le-Bourg (n°8 et 11) sont clairement attestés par la comptabilité, et en état. Celui de Quicampois (n°8) reste opérationnel jusqu’en 1689 (lacune entre 1672 et 1684), mais celui de la Boulloye (n°11), non mentionné entre 1641 et 1647, semble en ruine d’après l’unique mention de 1646 où il est question d’enlever les meules1. Il est à nouveau en état entre 1648 et 1689 (pas de mentions entre 1672 et 1684). La situation pour celui de Saulnot (n°16) mentionné en état de fonctionnement en 1642 jusqu’en 1682 (pas de mention en 1672). A partir de 1645 les mentions recommencent à être plus nombreuses mais elles présentent un état mitigé. Le moulin d’Arcey (n°34) semble avoir résisté et fonctionne de 1648 à 1656 (dernière mention). Celui de Faymont (n°23) est vendu aux Faucogney entre 1648 et 1659, la seigneurie de Granges le récupère entre 1659 et 1672 (dernière mention). Le moulin de Moffans (n°22) est présenté en ruine en 1647-1648 et menace de s’effondrer, il change de propriétaire entre 1649 et 1651, revient à la seigneurie, en état à partir de 1652 jusqu’en 1659 (abandon temporaire en 1654 et en 1682 la rubrique est prête mais vide). Le moulin de Mignavillers (n°27) est totalement ruiné entre 1645 et 1659 (dernière mention), tout comme celui au Mahuz de Secenans (n°41). En revanche, le second moulin de Secenans (n°15), dit de l’Etang, est probablement en ruine jusqu’en 1646 et à nouveau fonctionnel de 1647 à 1689 (pas de mention entre 1659 et 1684). A partir du milieu du XVIIe siècle apparaissent deux nouveaux moulins : un à Sénargent (n°46) probablement encore en construction en 1651 et une nouvelle construction semble être engagée à Granges-le-Bourg (n°47) en 1689. Cette mention à la limite de nos bornes chronologique ne permet pas de l’affirmer. Ces édifices présentent de nombreuses similarités dans leur gestion avec les fours. Dans quatre cas, le moulin est défini comme banal : les moulins de la Boulloye et de Quicampois de Granges-le-Bourg (n°8 et 11), celui de Moffans (n°22) et celui de Mignavillers (n°27). Aussi, le 1 AD70 , E165, 1646, f°25 114 montant de l’amodiation est payée, soit par un particulier, soit pas la communauté villageoise dans son ensemble comme c’est la cas pour les édifices de Faymont (n°23) et d’Arcey (n°34). Cependant, il semble que, lors d’une amodiation par la communauté villageoise, l’entretien de l’édifice est à sa charge puisque dans chaque cas présenté ci-dessus, aucun frais d’entretien n’a été rapporté par le receveur. En revanche, les mentions des réparations effectuées sur les édifices dont la charge revient au seigneur démontrent, tout comme pour le cas des fours, la nécessité d’effectuer d’importants travaux régulièrement. La connaissance de la nature de ces travaux permet également d’affirmer, pour six cas, que les moulins sont hydrauliques : les moulins de la Boulloye et de Quicampois de Granges-leBourg (n°8, 11), le moulin de Secenans (n°15), celui de la Sappoye à Saulnot (n°16), celui de Moffans (n°22) et celui de Mignavillers (n°27). Ces derniers se composent tous, entre autres, d’une «baye» [système d’ouverture et de fermeture d’une écluse du moulin1], de «chenaulx» [canaux], et d’une «ruhe» [roue] pour actionner le système des la (ou des) meule(s). Ainsi, seul le moulin de Quicampois à Granges-le-Bourg (n°8) est composé de deux meules. Les cartes anciennes représentent assez systématiquement les moulins. Cela permet de connaître l’emplacement plus ou moins précis dans la commune et sur son ruisseau pour sept moulins (n°8, 11, 16, 23, 27, 46, 50) [Fig.56]. Aussi, cette typologie de «moulin hydraulique» peut, très certainement, être appliquée à tous les moulins. En effet, cette région de la Haute-Saône ne comporte aucun moulin à vent et seuls des moulins hydrauliques sont référencés dans ce secteur de la vallée de l’Ognon. Les localisations dites «douteuses» dans le catalogue résultent souvent de plusieurs emplacements possibles proposés par les cartes anciennes pour un seul moulin et pour une seule localité. La carte des limites communales avant fusion [Fig.55] présente une concentration des moulins au nord et à l’est de Granges-le-Bourg, entre Moffans et Secenans. Seule la localité d’Arcey se situe au sud-ouest. 1 http://atilf.atilf.fr, définition de «beee» 115 Oricourt LesAynans LaVergenne Vouhenans Le-Valde Gouh. MagnyVernois LURE Vacher. Moffans Froteylès-L. Roye MagnyDanigon Faymont Lomont Courmont Etobon Chagey Couthenans Coisevaux Luze Errevet Echenans/ Mt-Vaudois Mandrevillars Buc Châlonvillars Chaux Bavilliers Essert Offemont Eloie Ardelnans Danjoutin BELFORT Valdoie Serma magny Cravanche Urcerey EvetteSalbert Lachapelle/ Chaux Frahier-etCh. Plancher-B. Echavanne Chenebier CHAMPAGNEY Belverne Clairegoutte FrédéricMagny- F. J. Lyoffans Andornay Palante La-Côte Ronchamp S UB DO Athesans Densité des équipements par commune M Figure 55 : Localisation des «moulins» selon les limites communales avant fusion. Légende N NO OG Gouhenans Botans SéveBannans villars Dorans Champey tMalval S Longeges Mignar o AilleGe velle villers Brevilliers GRANGESBermont . HERICOURT Essou. vans fon Villafans LEGr.oite Verlans OppeEtr TréveBorey BOURG Saulnot Stnans Trémoins Senargent LeChatenoisnans Tavey Sulpice s lan a Vernoy les-Forges af Chavanne n Moimay ig VyansVille Beveuge DamM Laire VILLERAibre le-V. VillersBethonbenois Crevans NomSeceSEXEL VillersMarast surGdcourt may Gon- Saulnot St- Vellechevreux nans Semond. la-V. Charmont La Chap. s Bron Raynans villars Villar- Ferjeux Désand. na gnard be Vxgent Esprels ur Gémonval Autrey Echen. !Charmont Co Georfans Issans le-Vay AllonSt-JulienMONTSoch. Mélecey Marvelise LesArcey dans Pont/ lès-M. BELIARD Etupes Magny l'Ognon SteExinc. Dung CourGramSuz. chaton PrésenteCourc.mont Fallon SteTaillec. villers lès-M. Marie Onans BonArbouens Bart Cubrial Montenois nal AbbeBavans Bretigney nans Audincourt Accolans Cubry Faimbe Geney Bournois Voujeaucourt CuseValenDampierre/ Beutal Lougres et-Adr. Etratigney D. Berche Nans ROUGEMONT ppe SelonMancecourt Uzelle Médière Etouvans nans LongevelleGondenansAppesur-D. les-M. LaColombiernans Soye BondeMathay Prétière Font. Gouhelans Mandeure L'ISLEval FontenelleSURBlussanThulay M. GondenansRomain LEgeaux St-MauriceM. HuanneDOUBS Ecot Col. VillarsMont. Rochesous-Ecot MésanBourguiRang PompierreBlussans Fontaineles-Bl. dans gnon Viéthorey sur-D. lès-Cl. Sourans Ecurcey Trouvans SantSt-GeorgesRillans oche amp ch Gouxau M Armont VergBlamont Autechauxlès-Dambelin L'Hôpitalranne PONTRoide Lanthenans CLERVAL St-Lief. Verne DE-ROIDE Rémondans Voillans HyémonPierrefontainedans Neuchât. Branne Anteuil Villarles-Bl. U. Vaivre Auteles-Bl. ChauxHyèvreLuxiol Mambelin Villars/ chaux lès-Cl. Par. Damp. Montéchéroux RocheChampsol Noirelès-Cl. HyèvreFeule fontaine Mag. VytVellerotSoleCroseyBAUMElès-Bel. lès-B. Valonne OULIN mont Dample-Gd LES-DAMES Croseyjoux le-Pt VillersLomont/ Orve VernoisSt-Martin Bief Rahon 1 équipement Crête Limites départements Les-Terreslès-B. Péseux Chazot Belvoir de-Chaux 2 équipements Hydrographie PontRosièresCusance Velleles-M. 3 équipements sur-B. Guillon- Limites communalesvans SanceyRandeles-B. avant Froide4 équipements Monti- fusion Servin le-Lg villers Valovaux vernage Adamreille ProvenEquipement non représenté : 0 lès-Pass. chère SanceyLanans Lale-Gd St-Juan VaucluOrgeansGrange Vaudrisotte Blanchef. villers Ouvans Surmont CourPassavant St-Maurice Belleherbe VauAïssey BattenansLandresse CouretetainLaviron cluse MtVarin et-Salans Orsans de-Vougney Montjustinet-Vel. Vy-lès-L. Velotte Bouhanslès-L. Arpenans Amblans Mollans Genevreuille Bithaineet-le-Val Froideterre t Adelans LaNeuvellelès-L. Malbouhans onto Lom StGermain elle s Corc Implantation des moulins Arcey Moulin de la Sappoye [n°16] s Doub Figure 56: Carte représentant le réseau hydrographique fin et les reliefs généraux autour de Granges-le-Bourg avec la localisation supposée des moulins Source : Carte de Cassini DAO : Schittly Marie-Aude (2017) Nombre de moulins non représentés : 5 Hydrographie Relief Commune avec moulin Moulin Secenans Moulin de Quicampois [n°8] (?)Saulnot Granges-le-Bourg Moulin de la Boulloye [n°11] Faymont Moulin de Faymont [n°23] Moulin de Secanans [n°50] (?) Moulin de Mignavillers [n°27] Mignavillers Moffans Senargent Moulin de Senargent [n°46] Légende Scey gn on Ro Dambenoîtlès-Col. 116 Adelans Bithaineet-le-Val Froideterre Bouhanslès-L. Amblans LURE Palante Froteylès-L. Vy-lès-L. Mollans MagnyDanigon Roye MagnyVernois Clairegoutte Arpenans LesAynans Moffans Le-Valde Gouh. Echavanne Cravanche Courmont Offemont BELFORT Châlonvillars Chenebier Belverne Lomont LaVergenne Frahier-etCh. Eloie Valdoie Etobon FrédéricMagny- F. J. Vouhenans Montjustinet-Vel. Chaux Serma magny EvetteSalbert Andornay Lyoffans Lachapelle/ Chaux Errevet CHAMPAGNEY La-Côte Velotte Genevreuille Plancher-B. Ronchamp Lom onto t Le pont d’Essouavre (n°42) est le seul édifice de ce type connu par la comptabilité. Mentionné pour la première fois en 1586, il est noté pour renseigner sur la localisation d’un pré amodié à proximité. Il n’est représenté sur aucune carte ancienne. LaNeuvellelès-L. Malbouhans StGermain Dambenoîtlès-Col. Chagey Luze Mandrevillars Buc Essert Bavilliers Urcerey Danjoutin Ardelnans Echenans/ Vacher. Faymont Botans Mt-Vaudois SéveBannans villars CoutheDorans Champey nans tMalval S Longees MignaCoiserg AilleGeo velle vaux villers Brevilliers GRANGESBermont . HERICOURT Essou. vans fon Villafans LEGr.oite Verlans OppeEtr TréveBorey BOURG Saulnot Stnans Trémoins Senargent LeChatenoisnans Tavey Sulpice ns laVernoy les-Forges fa a Chavanne n Moimay ig VyansVille Beveuge DamM Laire VILLERAibre le-V. VillersBethonNom- benois Sece- Crevans SEXEL VillersMarast surGdcourt may Gon- Saulnot St- Vellechevreux nans Semond. la-V. Charmont Brons La Chap. Raynans villars Villar- Ferjeux Désand. na e gnard b Vxgent Esprels ur Gémonval Autrey Echen. !Charmont Co Georfans Issans le-Vay AllonSt-JulienMONTSoch. Mélecey Marvelise LesArcey dans Pont/ lès-M. BELIARD Etupes Magny l'Ognon SteExinc. Dung CourGramSuz. chaton PrésenteCourc.mont Fallon SteTaillec. villers lès-M. Marie Onans BonArbouens Bart Cubrial Montenois nal AbbeBavans Bretigney nans Audincourt Accolans Cubry Faimbe Geney Bournois Voujeaucourt CuseValenDampierre/ Beutal Lougres et-Adr. Etratigney D. Berche Nans ROUGEMONT ppe SelonMancecourt Uzelle Médière Etouvans nans LongevelleGondenansAppesur-D. les-M. LaColombiernans Soye BondeMathay Prétière Font. Gouhelans Mandeure L'ISLEval FontenelleSURBlussanThulay M. GondenansRomain LEgeaux St-MauriceM. HuanneDOUBS Ecot Col. VillarsMont. Rochesous-Ecot MésanBourguiRang PompierreBlussans Fontaineles-Bl. dans gnon Viéthorey sur-D. lès-Cl. Sourans Ecurcey Trouvans SantSt-GeorgesRillans oche amp GouxMauch Armont VergBlamont Autechauxlès-Dambelin L'Hôpitalranne PONTRoide Lanthenans CLERVAL St-Lief. Verne DE-ROIDE Rémondans Voillans HyémonPierrefontainedans Neuchât. Branne Anteuil Villarles-Bl. U. Vaivre Auteles-Bl. ChauxHyèvreLuxiol Mambelin Villars/ chaux lès-Cl. Par. Damp. Montéchéroux RocheChampsol Noirelès-Cl. HyèvreFeule fontaine Mag. VytVellerotSoleCroseyBAUMElès-Bel. lès-B. ONT Valonne mont Dample-Gd LES-DAMES Croseyjoux le-Pt VillersLomont/ Orve VernoisSt-Martin Bief Rahon 1 équipement Crête Limites départements Les-Terreslès-B. Péseux Chazot Belvoir de-Chaux 2 équipements Hydrographie PontRosièresCusance Velleles-M. 3 équipements sur-B. Guillon- Limites communalesvans SanceyRandeles-B. avant Froide4 équipements Monti- fusion Servin le-Lg villers Valovaux vernage Adamreille ProvenEquipement non représenté :0 lès-Pass. chère SanceyLanans Lale-Gd St-Juan VaucluGrange OrgeansVaudrisotte Blanchef. villers Ouvans Surmont CourPassavant St-Maurice Belleherbe Lachapelle/ VauAïssey Chaux BattenansLandresse Chaux Plancher-B. CouretetainLaviron cluse Varin Mtet-Salans Orsans de-Vougney Serma Eloie Erremagny CHAMPAGNEY vet EvetteValdoie Salbert Gouhenans Athesans elle s Oricourt Corc N NO OG S UB DO Légende P Densité des équipements par commune Figure 57 : Ci-contre, localisation du «pont» selon les limites communales avant fusion. StGermain Dambenoîtlès-Col. Adelans Bithaineet-le-Val Froideterre Bouhanslès-L. Amblans LaNeuvellelès-L. Malbouhans LURE Palante MagnyVernois Clairegoutte Andornay Froteylès-L. Vy-lès-L. Mollans MagnyDanigon Roye Velotte Genevreuille Ronchamp La-Côte Lyoffans LesAynans Lomont Courmont LaVergenne Cravanche Offemont BELFORT Châlonvillars Chenebier Belverne t onto Moffans Le-Valde Gouh. Lom Arpenans Frahier-etCh. Etobon FrédéricMagny- F. J. Vouhenans Montjustinet-Vel. Echavanne Chagey Mandrevillars Buc Luze Essert Bavilliers Urcerey Danjoutin Ardelnans Echenans/ Vacher. Faymont Botans Mt-Vaudois SéveBannans villars CoutheDorans Champey nans tMalval S Longees MignaCoiserg AilleGeo velle vaux villers Brevilliers GRANGESBermont . HERICOURT Essou. vans fon Villafans LEGr.oite Verlans OppeEtr TréveBorey BOURG Saulnot Stnans Trémoins Senargent LeChatenoisnans Tavey Sulpice ns laVernoy les-Forges fa a Chavanne n Moimay ig VyansVille Beveuge DamM Laire VILLERAibre le-V. VillersBethonNom- benois Sece- Crevans SEXEL VillersMarast surGdcourt may Gon- Saulnot St- Vellechevreux nans Semond. la-V. Charmont Brons La Chap. Raynans villars Villar- Ferjeux Désand. na e gnard b Vxgent Esprels ur Gémonval Autrey Echen. !Charmont Co Georfans Issans le-Vay AllonSt-JulienMONTSoch. Mélecey Marvelise LesArcey dans Pont/ lès-M. BELIARD Etupes Magny l'Ognon SteExinc. Dung CourGramSuz. chaton PrésenteCourc.mont Fallon SteTaillec. villers lès-M. Marie Onans BonArbouens Bart Cubrial Montenois nal AbbeBavans Bretigney nans Audincourt Accolans Cubry Faimbe Geney Bournois Voujeaucourt CuseValenDampierre/ Beutal Lougres et-Adr. Etratigney D. Berche Nans ROUGEMONT ppe SelonMancecourt Uzelle Médière Etouvans nans LongevelleGondenansAppesur-D. les-M. LaColombiernans Soye BondeMathay Prétière Font. Gouhelans Mandeure L'ISLEval FontenelleSURBlussanThulay M. GondenansRomain LEgeaux St-MauriceM. HuanneDOUBS Ecot Col. VillarsMont. Rochesous-Ecot MésanBourguiRang PompierreBlussans Fontaineles-Bl. dans gnon Viéthorey sur-D. lès-Cl. Sourans Ecurcey Trouvans SantSt-GeorgesRillans oche amp GouxMauch Armont VergBlamont Autechauxlès-Dambelin L'Hôpitalranne PONTRoide Lanthenans CLERVAL St-Lief. Verne DE-ROIDE Rémondans Voillans HyémonPierrefontainedans Neuchât. Branne Anteuil Villarles-Bl. U. Vaivre Auteles-Bl. ChauxHyèvreLuxiol Mambelin Villars/ chaux lès-Cl. Par. Damp. Montéchéroux RocheChampsol Noirelès-Cl. HyèvreFeule fontaine Mag. VytVellerotSoleCroseyBAUMElès-Bel. lès-B. Valonne RESBYTÈRE mont Dample-Gd LES-DAMES Croseyjoux le-Pt VillersLomont/ Orve VernoisSt-Martin Bief Rahon 1 équipement Crête Limites départements Les-Terreslès-B. Péseux Chazot Belvoir de-Chaux 2 équipements Hydrographie PontRosièresCusance Velleles-M. 3 équipements sur-B. Guillon- Limites communalesvans SanceyRandeles-B. avant Froide4 équipements Monti- fusion Servin le-Lg villers Valovaux vernage Adamreille ProvenEquipement non représenté :0 lès-Pass. chère SanceyLanans Lale-Gd St-Juan VaucluOrgeansGrange Vaudrisotte Blanchef. villers Ouvans Surmont CourPassavant St-Maurice Belleherbe Gouhenans Athesans elle s Oricourt Corc N NO OG S UB DO Légende Aïssey Orsans Couretetainet-Salans Landresse Le second édifice religieux compris dans ce catalogue est le presbytère de Moffans (n°53). Connu à travers la mention du «chasal de la maison de l’église» puis de «la maison curiale» à partir de 1606, l’édifice est référencé dans la comptabilité dès 1423 et la rente est payée chaque année par le curé de Moffans jusqu’en 1682. Aucune information ne permet de localiser précisément cet édifice. P Densité des équipements par commune Laviron Vaucluse BattenansVarin Mtde-Vougney Figure 58 : Ci-contre, localisation du «presbytère» selon les limites communales avant fusion. 117 Adelans Bithaineet-le-Val Froideterre Bouhanslès-L. Amblans LaNeuvellelès-L. Malbouhans LURE Palante MagnyVernois EvetteSalbert Clairegoutte Andornay Froteylès-L. Vy-lès-L. Mollans Lyoffans Arpenans LesAynans LaVergenne Vacher. Offemont Cravanche BELFORT Châlonvillars Chenebier Belverne Lomont Eloie Valdoie Etobon FrédéricMagny- F. J. t onto Moffans Le-Valde Gouh. Frahier-etCh. Echavanne Vouhenans Montjustinet-Vel. Chaux Serma magny Errevet CHAMPAGNEY MagnyDanigon Roye Velotte Genevreuille Lachapelle/ Chaux Plancher-B. Ronchamp La-Côte Lom La prison de Gouhenans (n°44) est attestée par la mention de prisonniers en ce lieu en 1607. Cependant les informations succinctes fournies par la comptabilité permettent difficilement de prouver que l’édifice est du ressort du seigneur de Granges. Par ailleurs, il est également possible que ces prisons soit en réalité une pièce du château de Gouhenans, tout comme pour le château de Granges et qui n’a pas fait l’objet d’un enregistrement particulier dans le catalogue. L’édifice est donc «douteux» et non localisé. Cependant, il est conservé dans le catalogue car les frais des détenus de cette prison sont à la charge du receveur de Granges. StGermain Dambenoîtlès-Col. Chagey Courmont Luze Mandrevillars Buc Essert Ardelnans Echenans/ Mt-Vaudois Faymont Danjoutin Bavilliers Urcerey Botans SéveBannans villars Dorans Malval St- s e Mignarg AilleGeo villers Brevilliers GRANGESBermont . HERICOURT Essou. vans fon Villafans LEGr.oite Verlans OppeEtr TréveBorey BOURG Saulnot Stnans Trémoins Senargent LeChatenoisnans Tavey Sulpice ns laVernoy les-Forges fa a Chavanne n Moimay ig VyansVille Beveuge DamM Laire VILLERAibre le-V. VillersBethonNom- benois Sece- Crevans SEXEL VillersMarast surGdcourt may Gon- Saulnot St- Vellechevreux nans Semond. la-V. Charmont Brons La Chap. Raynans villars Villar- Ferjeux Désand. na e gnard b Vxgent Esprels ur Gémonval Autrey Echen. !Charmont Co Georfans Issans le-Vay AllonSt-JulienMONTSoch. Mélecey Marvelise LesArcey dans Pont/ lès-M. BELIARD Etupes Magny l'Ognon SteExinc. Dung CourGramSuz. chaton PrésenteCourc.mont Fallon SteTaillec. villers lès-M. Marie Onans BonArbouens Bart Cubrial Montenois nal AbbeBavans Bretigney nans Audincourt Accolans Cubry Faimbe Geney Bournois Voujeaucourt CuseValenDampierre/ Beutal Lougres et-Adr. Etratigney D. Berche Nans ROUGEMONT ppe SelonMancecourt Uzelle Médière Etouvans nans LongevelleGondenansAppesur-D. les-M. LaColombiernans Soye BondeMathay Prétière Font. Gouhelans Mandeure L'ISLEval FontenelleSURBlussanThulay M. GondenansRomain LEgeaux St-MauriceM. HuanneDOUBS Ecot Col. VillarsMont. Rochesous-Ecot MésanBourguiRang PompierreBlussans Fontaineles-Bl. dans gnon Viéthorey sur-D. lès-Cl. Sourans Ecurcey Trouvans SantSt-GeorgesRillans oche amp GouxMauch Armont VergBlamont Autechauxlès-Dambelin L'Hôpitalranne PONTRoide Lanthenans CLERVAL St-Lief. Verne DE-ROIDE Rémondans Voillans HyémonPierrefontainedans Neuchât. Branne Anteuil Villarles-Bl. U. Vaivre Auteles-Bl. ChauxHyèvreLuxiol Mambelin Villars/ chaux lès-Cl. Par. Damp. Montéchéroux RocheChampsol Noirelès-Cl. HyèvreFeule fontaine Mag. VytVellerotSoleCroseyBAUMElès-Bel. lès-B. Valonne RISON mont Dample-Gd LES-DAMES Croseyjoux le-Pt VillersLomont/ Orve VernoisSt-Martin Bief Rahon 1 équipement Crête Limites départements Les-Terreslès-B. Péseux Chazot Belvoir de-Chaux 2 équipements Hydrographie PontRosièresCusance Velleles-M. 3 équipements sur-B. Guillon- Limites communalesvans SanceyRandeles-B. avant Froide4 équipements Monti- fusion Servin le-Lg villers Valovaux vernage Adamreille ProvenEquipement non représenté :0 lès-Pass. chère SanceyLanans Lale-Gd St-Juan VaucluGrange OrgeansVaudrisotte Blanchef. villers Ouvans Surmont CourPassavant St-Maurice Belleherbe LaVauStAïssey NeuvelleBattenansLandresse DambenoîtCouretetainLaviron cluse Germain lès-L. Varin Lachapelle/ Mtlès-Col. et-Salans Chaux Chaux Plancher-B. Orsans Malde-Vougney Ronchamp Adelans bouhans FroideSerma terre Eloie BithaineErremagny CHAMPAGNEY Bouhanset-le-Val LURE La-Côte vet lès-L. MagnyEvetteDanigon Valdoie Salbert Roye Amblans Velotte Offemont CraFrahier-etPalante Clairegoutte GeneEchaMagnyvanche Ch. vreuille Andorvanne Vernois nay Etobon FrédéricFroteyBELFORT Magny- F. lès-L. ChâlonVy-lès-L. CheneEssert J. Lyoffans Mollans villars bier Vouhenans Gouhenans Athesans Champey Longevelle Couthenans Coisevaux Corc elle s Oricourt N NO OG S UB DO Légende P Densité des équipements par commune Figure 59 : Localisation de la «prison» selon les limites communales avant fusion. Arpenans Montjustinet-Vel. LesAynans Gouhenans LaVergenne Vacher. onto t Belverne Lomont Courmont Chagey Luze Mandrevillars Buc Echenans/ Mt-Vaudois Faymont Danjoutin Bavilliers Urcerey Ardelnans Botans Sévenans Dorans Champey Malval St- s rge Mignao e AilleG villers GRANGESBrevilliers Bermont . HERICOURT n Essou. vans fo Villafans LEGr.oite Verlans OppeEtr TréveBorey BOURG Saulnot Stnans Trémoins Senargent LeChatenoisnans Tavey Sulpice s laan Vernoy les-Forges af Chavanne n Moimay ig VyansVille Beveuge DamM Laire VILLERAibre le-V. VillersBethonbenois Crevans NomSeceSEXEL VillersMarast surGdcourt may Gon- Saulnot St- Vellechevreux nans Semond. la-V. Charmont s La Chap. Bron Raynans villars Villar- Ferjeux Désand. na gnard be Vxgent Esprels ur Gémonval Autrey Echen. !Charmont Co Georfans Issans le-Vay AllonSt-JulienMONTSoch. Mélecey Marvelise LesArcey dans Pont/ lès-M. BELIARD Etupes Magny l'Ognon SteExinc. Dung CourGramSuz. chaton PrésenteCourc.mont Fallon SteTaillec. villers lès-M. Marie Onans BonArbouens Bart Cubrial Montenois nal AbbeBavans Bretigney nans Audincourt Accolans Cubry Faimbe Geney Bournois Voujeaucourt CuseValenDampierre/ Beutal Lougres et-Adr. Etratigney D. Berche Nans ROUGEMONT ppe SelonMancecourt Uzelle Médière Etouvans nans LongevelleGondenansAppesur-D. les-M. LaColombiernans Soye BondeMathay Prétière Font. Gouhelans Mandeure L'ISLEval FontenelleSURBlussanThulay M. GondenansRomain LEgeaux St-MauriceM. HuanneDOUBS Ecot Col. VillarsMont. Rochesous-Ecot MésanBourguiRang PompierreBlussans Fontaineles-Bl. dans gnon Viéthorey sur-D. lès-Cl. Sourans Ecurcey Trouvans SantSt-GeorgesRillans p oche am ch GouxMau Armont VergBlamont Autechauxlès-Dambelin L'Hôpitalranne PONTRoide Lanthenans CLERVAL St-Lief. Verne DE-ROIDE Rémondans Voillans HyémonPierrefontainedans Neuchât. Branne Anteuil Villarles-Bl. U. Vaivre Auteles-Bl. ChauxHyèvreLuxiol Mambelin Villars/ chaux lès-Cl. Par. Damp. Montéchéroux RocheChampsol Noirelès-Cl. HyèvreFeule fontaine Mag. VytVellerotSoleCroseyBAUMElès-Bel. lès-B.UITS Valonne mont Dample-Gd LES-DAMES Croseyjoux le-Pt VillersLomont/ Orve VernoisSt-Martin Bief Rahon 1 équipement Crête Limites départements Les-Terreslès-B. Péseux Chazot Belvoir de-Chaux 2 équipements Hydrographie PontRosièresCusance Velleles-M. 3 équipements sur-B. Guillon- Limites communalesvans SanceyRandeles-B. avant Froide4 équipements Monti- fusion Servin le-Lg villers Valovaux vernage Adamreille ProvenEquipement non représenté :0 lès-Pass. chère SanceyLanans Lale-Gd St-Juan VaucluOrgeansGrange Vaudrisotte Blanchef. villers Ouvans Surmont CourPassavant St-Maurice Belleherbe Athesans Couthenans Coisevaux Longevelle Corc N NO OG Aïssey Orsans Banvillars elle s Oricourt S UB DO Légende Figure 60 : Localisation du «puits» selon les limites communales avant fusion. Moffans Le-Valde Gouh. Lom Au moins un puits est attesté dans la commune de Saulnot (n°32). Connu à partir de 1506 pour un curage, mais d’une construction plus ancienne, il est bouché avec des planches de bois en 1586. Profond d’environ 25 mètres et situé, d’après la comptabilité, devant un hôtel particulier, aucune carte ancienne et plan ne permettent aujourd’hui de localiser le «viez puis» de Saulnot. Couretetainet-Salans Landresse P Densité des équipements par commune Laviron Vaucluse BattenansVarin Mtde-Vougney 118 A partir de 1457, la mention des «bernes» de Saulnot atteste de l’existence d’une saline (n°18), probablement plus ancienne. Cet important édifice représente un gain financier régulier dans la comptabilité de la seigneurie de Granges jusqu’en 1590. La mention en 1586 de «coseigneurs» démontre que plusieurs seigneurs ont une part dans cette saline. Après 1590, l’entretien reste à la charge du receveur mais le gain revient directement au duc de Wurtemberg ou à des particuliers sans passer par le Figure 61 : Représentation de Saulnot avec sa receveur de Granges. Saline Mentionné jusqu’en 1684, l’édifice est utilisé pour Source : H.Schickhardt, Landtafel von Mömpelgard, SEM, 1616 la production de sel et son organisation interne est presque aussi complexe que celle du château de Granges. Une enceinte en pierre délimite un espace composé de puits à sel, de puits à eau mais également de bâtiments abritant plusieurs structures de chauffe, les «chauldières» qui subissent d’importantes améliorations autour de 1600. Un «Baumestre» des fours et cheminées, qui n’est autre qu’Heinrich Schickhardt, est appelé pour mettre en place sa «nouvelle invention» qui optimise la combustion de la houille, et un nouveau puits à sel à partir de 15931. De manière générale, les mentions sur la saline sont nombreuses et renseignent aussi bien sur les réparations que sur les accidents personnels survenus pendant la production de sel. Au niveau de la cartographie, H.Schickhardt représente en 1616 cette «Salz Brick» [Fig. 61] sur une colline au sud de Saulnot. Cassini mentionne les «salins» [Fig. 62]. Aujourd’hui, il reste encore à Saulnot une «rue des Salines» mais l’emplacement exact de l’ancien édifice n’a pas été localisé. N NO OG StGermain Dambenoîtlès-Col. Adelans Bithaineet-le-Val Froideterre Bouhanslès-L. Amblans LaNeuvellelès-L. Malbouhans LURE La-Côte Velotte Genevreuille EvetteSalbert Clairegoutte Andornay Froteylès-L. Vy-lès-L. Mollans MagnyDanigon Palante MagnyVernois Lyoffans LesAynans LaVergenne Vacher. Cravanche Chagey Courmont Offemont BELFORT Châlonvillars Chenebier Belverne Lomont Eloie Valdoie Etobon FrédéricMagny- F. J. t onto Moffans Le-Valde Gouh. Lom Arpenans Frahier-etCh. Echavanne Vouhenans Montjustinet-Vel. Chaux Serma magny Errevet CHAMPAGNEY Roye Lachapelle/ Chaux Plancher-B. Ronchamp Luze Mandrevillars Buc Echenans/ Mt-Vaudois Faymont Essert Bavilliers Urcerey Danjoutin Ardelnans Botans SéveBannans villars Dorans Malval St- s e Mignarg AilleGeo villers Brevilliers GRANGESBermont . HERICOURT Essou. vans fon Villafans LEGr.oite Verlans OppeEtr TréveBorey BOURG Saulnot Stnans Trémoins Senargent LeChatenoisnans Tavey Sulpice s laan Vernoy les-Forges af Chavanne n Moimay ig VyansVille Beveuge DamM Laire VILLERAibre le-V. VillersBethonbenois Crevans NomSeceSEXEL VillersMarast surGdcourt may Gon- Saulnot St- Vellechevreux nans Semond. la-V. Charmont Brons La Chap. Raynans villars Villar- Ferjeux a Désand. n gnard be Vxgent Esprels ur Gémonval Autrey Echen. !Charmont Co Georfans Issans le-Vay AllonSt-JulienMONTSoch. Mélecey Marvelise LesArcey dans Pont/ lès-M. BELIARD Etupes Magny l'Ognon SteExinc. Dung CourGramSuz. chaton PrésenteCourc.mont Fallon SteTaillec. villers lès-M. Marie Onans BonArbouens Bart Cubrial Montenois nal AbbeBavans Bretigney nans Audincourt Accolans Cubry Faimbe Geney Bournois Voujeaucourt CuseValenDampierre/ Beutal Lougres et-Adr. Etratigney D. Berche Nans ROUGEMONT ppe SelonMancecourt Uzelle Médière Etouvans nans LongevelleGondenansAppesur-D. les-M. LaColombiernans Soye BondeMathay Prétière Font. Gouhelans Mandeure L'ISLEval FontenelleSURBlussanThulay M. GondenansRomain LEgeaux St-MauriceM. HuanneDOUBS Ecot Col. VillarsMont. Rochesous-Ecot MésanBourguiRang PompierreBlussans Fontaineles-Bl. dans gnon Viéthorey sur-D. lès-Cl. Sourans Ecurcey Trouvans SantSt-GeorgesRillans oche amp GouxMauch Armont VergBlamont Autechauxlès-Dambelin L'Hôpitalranne PONTRoide Lanthenans CLERVAL St-Lief. Verne DE-ROIDE Rémondans Voillans HyémonPierrefontainedans Neuchât. Branne Anteuil Villarles-Bl. U. Vaivre Auteles-Bl. ChauxHyèvreLuxiol Mambelin Villars/ chaux lès-Cl. Par. Damp. Montéchéroux RocheChampsol Noirelès-Cl. HyèvreFeule fontaine Mag. VytVellerotSoleCroseyBAUMElès-Bel. lès-B. Valonne ALINE mont Dample-Gd LES-DAMES Croseyjoux le-Pt VillersLomont/ Orve VernoisSt-Martin Bief Rahon 1 équipement Crête Limites départements Les-Terreslès-B. Péseux Chazot Belvoir de-Chaux 2 équipements Hydrographie PontRosièresCusance Velleles-M. 3 équipements Limites communales sur-B. Guillonvans SanceyRandeles-B. avant Froide4 équipements Monti- fusion Servin le-Lg villers Valovaux vernage Adamreille ProvenEquipement non représenté :0 lès-Pass. chère SanceyLanans Lale-Gd St-Juan VaucluGrange OrgeansVaudrisotte Blanchef. villers Ouvans Surmont CourPassavant St-Maurice Belleherbe Gouhenans Athesans Champey Longevelle Couthenans Coisevaux Corc elle s Oricourt S UB DO Légende Figure 62 : Représentation des «salins» de Saulnot Source : Cassini, exemplaire dit de «Marie-Antoinette», XVIIIe siècle [BNF] Aïssey S Densité des équipements par commune Figure 63 : Localisation de la «saline» selon les limites communales avant fusion. Orsans Couretetainet-Salans Landresse Laviron Vaucluse BattenansVarin Mtde-Vougney 1 Bouvard, «Heinrich Schickhardt à Montbéliard», p.24 119 Le catalogue comprend également deux scieries, appelées «rasses» en comtois médiéval et moderne. Ces édifices servent à la découpe et à la provision en bois. La mieux connue est celle de Mignavillers (n°43). Mentionnée pour la première fois en 1512, il n’est pas précisé s’il s’agit d’une nouvelle construction. Après une période de ruine entre 1612 et 1615, cette scierie est totalement abandonnée à partir de 1648 jusqu’en 1659 (dernière mention). Le second édifice de ce type se situe à Vacheresse (n°48) et est mentionné dans la même amodiation que pour l’huilerie de Vacheresse (n°14). Elle en reprend donc toutes les caractéristiques: première apparition en 1672, elle est en fonction au moins jusqu’en 1689 (pas de mention entre 1672 et 1689). Elle est conservée, dans le catalogue, par analogie avec les mentions des fours que le seigneur a autorisé à construire. Aucun de ces deux édifices n’a pu être localisé avec précision, mais les mentions disent que, pour la première, elle se situe à proximité de Mignavillers, dans le bois de Granges, sur le lieu-dit «en Saulvernes», et, pour la seconde, elle est construite sur la rivière qui passe à proximité de la commune de Vacheresse, à savoir le Rognon. La carte des limites communales avant fusion présente une implantation de ces édifices, et donc de l’activité du bois, regroupée au nord de Granges-le-Bourg. StGermain Dambenoîtlès-Col. Adelans Bithaineet-le-Val Froideterre Bouhanslès-L. Amblans LaNeuvellelès-L. Malbouhans LURE Palante MagnyVernois EvetteSalbert Clairegoutte Andornay Froteylès-L. Vy-lès-L. Mollans MagnyDanigon Roye Velotte Genevreuille Lyoffans Montjustinet-Vel. LesAynans Gouhenans LaVergenne Vacher. Lomont Frahier-etCh. Valdoie Offemont Cravanche BELFORT Châlonvillars Chenebier Belverne t onto Moffans Lom Arpenans Echavanne Eloie Etobon FrédéricMagny- F. J. Vouhenans Le-Valde Gouh. Chaux Serma magny Errevet CHAMPAGNEY La-Côte Lachapelle/ Chaux Plancher-B. Ronchamp Courmont Chagey Luze Faymont Mandrevillars Buc Echenans/ Mt-Vaudois Essert Danjoutin Bavilliers Urcerey Ardelnans Botans Sévenans CoutheDorans Champey nans tMalval S s LongeCoiserge MignaAilleGeo velle vaux villers GRANGESBrevilliers Bermont . HERICOURT Essou. vans fon Villafans LEGr.oite Verlans OppeEtr TréveBorey BOURG Saulnot Stnans Trémoins Senargent LeChatenoisnans Tavey Sulpice s laan Vernoy les-Forges f Chavanne na Moimay ig VyansVille Beveuge DamM Laire VILLERAibre le-V. VillersBethonNom- benois Sece- Crevans SEXEL VillersMarast surGdcourt may Gon- Saulnot St- Vellechevreux nans Semond. la-V. Charmont s La Chap. Bron Raynans villars Villar- Ferjeux Désand. na gnard be Vxgent Esprels ur Gémonval Autrey Echen. !Charmont Co Georfans Issans le-Vay AllonSt-JulienMONTSoch. Mélecey Marvelise LesArcey dans Pont/ lès-M. BELIARD Etupes Magny l'Ognon SteExinc. Dung CourGramSuz. chaton PrésenteCourc.mont Fallon SteTaillec. villers lès-M. Marie Onans BonArbouens Bart Cubrial Montenois nal AbbeBavans Bretigney nans Audincourt Accolans Cubry Faimbe Geney Bournois Voujeaucourt CuseValenDampierre/ Beutal Lougres et-Adr. Etratigney D. Berche Nans ROUGEMONT ppe SelonMancecourt Uzelle Médière Etouvans nans LongevelleGondenansAppesur-D. les-M. LaColombiernans Soye BondeMathay Prétière Font. Gouhelans Mandeure L'ISLEval FontenelleSURBlussanThulay M. GondenansRomain LEgeaux St-MauriceM. HuanneDOUBS Ecot Col. VillarsMont. Rochesous-Ecot MésanBourguiRang PompierreBlussans Fontaineles-Bl. dans gnon Viéthorey sur-D. lès-Cl. Sourans Ecurcey Trouvans SantSt-GeorgesRillans oche amp GouxMauch Armont VergBlamont Autechauxlès-Dambelin L'Hôpitalranne PONTRoide Lanthenans CLERVAL St-Lief. Verne DE-ROIDE Rémondans Voillans HyémonPierrefontainedans Neuchât. Branne Anteuil Villarles-Bl. U. Vaivre Auteles-Bl. ChauxHyèvreLuxiol Mambelin Villars/ chaux lès-Cl. Par. Damp. Montéchéroux RocheChampsol Noirelès-Cl. HyèvreFeule fontaine Mag. VytVellerotSoleCroseyBAUMElès-Bel. lès-B. Valonne CIERIE mont Dample-Gd LES-DAMES Croseyjoux le-Pt VillersLomont/ Orve VernoisSt-Martin Bief Rahon 1 équipement Crête Limites départements Les-Terreslès-B. Péseux Chazot Belvoir de-Chaux 2 équipements Hydrographie PontRosièresCusance Velleles-M. 3 équipements sur-B. Guillon- Limites communalesvans SanceyRandeles-B. avant Froide4 équipements Monti- fusion Servin le-Lg villers Valovaux vernage Adamreille ProvenEquipement non représenté :0 lès-Pass. chère SanceyLanans Lale-Gd St-Juan VaucluGrange OrgeansVaudrisotte Blanchef. villers Ouvans Surmont CourPassavant St-Maurice Belleherbe Athesans elle s Oricourt Banvillars Corc N NO OG S UB DO Légende S Densité des équipements par commune Figure 64 : Localisation des «scieries» selon les limites communales avant fusion. Aïssey Orsans Couretetainet-Salans Landresse Laviron Vaucluse BattenansVarin Mtde-Vougney 120 Le «signe patibulaire», ou gibet, est mentionné dans la comptabilité seigneuriale une première fois en 1547 et une dernière fois en 1615, mais un autre document prouve son entretien jusqu’en 17541. Le «signe patibulaire» correspond au lieu d’exécution des accusés et l’entretien est financé par le receveur mais effectué avec l’aide des sujets de la seigneurie. C’est un symbole de la présence d’une haute justice sur la terre dans laquelle ce signe est implanté. Les mentions permettent de savoir que ce gibet est formé de trois piliers en pierre de taille, surmontés par un aménagement de bois, le tout maintenu par des éléments en fer. Bien que dans le Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Denis Diderot définit le «signe patibulaire» comme un simple poteau ou carcan, la description fait fortement penser aux «fourches patibulaires» [Fig. 67] relativement bien connues dans les pays bourguignons2. Diderot précise également que l’usage de trois piliers est réservé au châtelains, tandis que les «simples seigneurs» n’en ont que deux et que les barons en dressent six. Les cartes de Cassini [Fig.66] et de J.-F. Fallot [Fig.65] semblent proposer une représentation de cet aménagement judiciaire, qui a aujourd’hui disparu, et pouvait, d’après l’emplacement sur les deux prédites cartes, se trouver sur la «côte de Secenans». Figure 65 : Représentation du «signe patibulaire» au sud de Granges-le-Bourg Source : JF Fallot, Carte géographique de la Principauté de Montbélliard, 1750 [BNF] Figure 66 : Représentation de la «Justice» au sud de Granges-le-Bourg Source : Cassini, exemplaire dit de «Marie-Antoinette», XVIIIe siècle [BNF] 1 AD HS, E502 (Andornay) 2 Diderot, Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Tome 5, p.224 121 Figure 67 : Représentation de fourches patibulaires (cercle rouge) Source : Anonyme, Venus und Mars. Das mittelalterliche Hausbuch aus der Sammlung der Fürsten von Waldburg Wolfegg, München 1997 (produit entre 1475 et 1500) StGermain Dambenoîtlès-Col. Adelans Bithaineet-le-Val Froideterre Bouhanslès-L. Amblans LaNeuvellelès-L. Malbouhans LURE Velotte Genevreuille EvetteSalbert Clairegoutte Andornay Froteylès-L. Vy-lès-L. Mollans MagnyDanigon Palante MagnyVernois Lyoffans LesAynans LaVergenne Vacher. Chagey Courmont Offemont Luze Mandrevillars Buc Echenans/ Mt-Vaudois Faymont Essert Bavilliers Urcerey Danjoutin Ardelnans Botans SéveBannans villars Dorans Malval St- s e Mignarg AilleGeo villers Brevilliers GRANGESBermont . HERICOURT Essou. vans fon Villafans LEGr.oite Verlans OppeEtr TréveBorey BOURG Saulnot Stnans Trémoins Senargent LeChatenoisnans Tavey Sulpice s laan Vernoy les-Forges f Chavanne na Moimay ig VyansVille Beveuge DamM Laire VILLERAibre le-V. VillersBethonNom- benois Sece- Crevans SEXEL VillersMarast surGdcourt may Gon- Saulnot St- Vellechevreux nans Semond. la-V. Charmont Brons La Chap. Raynans villars Villar- Ferjeux Désand. na e gnard b Vxgent Esprels ur Gémonval Autrey Echen. !Charmont Co Georfans Issans le-Vay AllonSt-JulienMONTSoch. Mélecey Marvelise LesArcey dans Pont/ lès-M. BELIARD Etupes Magny l'Ognon SteExinc. Dung CourGramSuz. chaton PrésenteCourc.mont Fallon SteTaillec. villers lès-M. Marie Onans BonArbouens Bart Cubrial Montenois nal AbbeBavans Bretigney nans Audincourt Accolans Cubry Faimbe Geney Bournois Voujeaucourt CuseValenDampierre/ Beutal Lougres et-Adr. Etratigney D. Berche Nans ROUGEMONT ppe SelonMancecourt Uzelle Médière Etouvans nans LongevelleGondenansAppesur-D. les-M. LaColombiernans Soye BondeMathay Prétière Font. Gouhelans Mandeure L'ISLEval FontenelleSURBlussanThulay M. GondenansRomain LEgeaux St-MauriceM. HuanneDOUBS Ecot Col. VillarsMont. Rochesous-Ecot MésanBourguiRang PompierreBlussans Fontaineles-Bl. dans gnon Viéthorey sur-D. lès-Cl. Sourans Ecurcey Trouvans SantSt-GeorgesRillans p oche am ch GouxMau Armont VergBlamont Autechauxlès-Dambelin L'Hôpitalranne PONTRoide Lanthenans CLERVAL St-Lief. Verne DE-ROIDE Rémondans Voillans HyémonPierrefontainedans Neuchât. Branne Anteuil Villarles-Bl. U. Vaivre Auteles-Bl. ChauxHyèvreLuxiol Mambelin Villars/ chaux lès-Cl. Par. Damp. Montéchéroux RocheChampsol Noirelès-Cl. HyèvreFeule fontaine Mag. VytVellerotSoleCroseyBAUMElès-Bel. Valonne IGNElès-B. ATIBULAIRE mont Dample-Gd LES-DAMES Croseyjoux le-Pt VillersLomont/ Orve VernoisSt-Martin Bief Rahon 1 équipement Crête Limites départements Les-Terreslès-B. Péseux Chazot Belvoir de-Chaux 2 équipements Hydrographie PontRosièresCusance Velleles-M. 3 équipements sur-B. Guillon- Limites communalesvans SanceyRandeles-B. avant Froide4 équipements Monti- fusion Servin le-Lg villers Valovaux vernage Adamreille ProvenEquipement non représenté :0 lès-Pass. chère SanceyLanans Lale-Gd St-Juan VaucluOrgeansGrange Vaudrisotte Blanchef. villers Ouvans Surmont CourPassavant St-Maurice Belleherbe Gouhenans Athesans Champey Longevelle Corc N NO OG S UB DO Légende Aïssey Orsans Couthenans Coisevaux elle s Oricourt Figure 68 : Localisation du «signe patibulaire» selon les limites communales avant fusion. Cravanche BELFORT Châlonvillars Chenebier Belverne Lomont Eloie Valdoie Etobon FrédéricMagny- F. J. t onto Moffans Lom Arpenans Montjustinet-Vel. Frahier-etCh. Echavanne Vouhenans Le-Valde Gouh. Chaux Serma magny Errevet CHAMPAGNEY La-Côte Roye Lachapelle/ Chaux Plancher-B. Ronchamp Couretetainet-Salans Landresse S P Densité des équipements par commune Laviron Vaucluse BattenansVarin Mtde-Vougney 122 Le dernier équipement qu’il reste à présenter du catalogue est la tuilerie de Granges-le-Bourg (n°36). Il s’agit du seul édifice du catalogue ayant fait l’objet d’une campagne de fouille entre 2003 et 20061. En 1537, le bâtiment est mentionné pour la première fois dans la comptabilité. Le dépouillement effectué pour l’élaboration du rapport du fouille présente un document qui laisse supposer une construction entre 1535 et 15372. L’historique élaboré depuis 69 : Extrait du «Plan en la corvée des Grands Champs» ou ce dépouillement mentionne un procès Figure est représnté l’édifice de la tuilerie (XVIIIe siècle) en 1537-1538 suite à la destruction par Source : AD HS, E177. Ce carton semble contenir le plan de tout le territoire de Granges-le-Bourg certains habitants de Granges d’une partie du bâtiment de la tuilerie3. En 1543, Conrad Tanchard en dispose comme d’un bien propre, à condition qu’il en assure son état et son fonctionnement d’après la close du bail ajoutée par Christophe de Wurtemberg. Son héritier Frédéric Tanchard, à défaut d’avoir pu honorer cette close renonce, moyennant paiement, à l’acensement. La tuilerie est reprise en 1602 sous la même condition et le tuilier ne peut, sans autorisation de Son Altesse, livrer sa production ailleurs qu’au château. Cette rupture entre 1593 et 1602 se perçoit parfaitement dans la comptabilité, où il est écrit qu’elle est remise «au domaine de la seigneurie dudit Granges», sauf qu’elle est à nouveau rentable qu’en 16054. Denis Morin explique qu’entre 1610 et 1669, il n’existe aucune preuve de la production et du fonctionnement de la tuilerie mais la comptabilité prouve son amodiation jusqu’en 1627 par Henri Trouchot et des réparations et ameublements jusqu’en 1632 (dernière mention). Cependant, son histoire semble perdurer jusqu’en 1901, date à laquelle Denis Morin dispose de preuves suffisantes pour affirmer que la structure de l’édifice est totalement détruite5. Comme son nom l’indique, c’est le lieu de production des tuiles plates et faîtières mais également de tous les éléments architecturaux en terre cuite tels que les carreaux de sol, et de céramiques, notamment de la faïence et des céramiques émaillées. L’édifice fait l’objet de nombreuses réparations tout au long de la période. Plusieurs fours sont ainsi mentionnés dans la comptabilité et la fouille archéologique a permis de préciser l’organisation du bâtiment composé d’un grand four tuilier, de deux fours de forme quadrangulaire et circulaire pour la production de faïence et de céramiques émaillées, accolés par deux ateliers. La fouille permet également de confirmer l’emplacement de l’édifice supposé dans les cartes anciennes. Aussi, les différents lègues et possessions permettent à Denis Morin d’affirmer qu’il s’agit de la «tuilerie Colin» sur l’Atlas cantonal de la Haute Saône [Fig. 70]. 1 Morin, Morin-Hamon, La tuilerie briqueterie faïencerie..., p.6-9 2 Morin, Morin-Hamon, La tuilerie briqueterie faïencerie..., p.15 3 Morin, Morin-Hamon, La tuilerie briqueterie faïencerie..., p.10. Toutes les mentions chronologiques suivantes, exceptées celles portant sur la comptabilité, proviennent de la même référence. 4 AD70, E156, f°16 5 Morin, Morin-Hamon, La tuilerie briqueterie faïencerie..., p.12 123 StGermain Dambenoîtlès-Col. Adelans Bithaineet-le-Val Froideterre Bouhanslès-L. Amblans LaNeuvellelès-L. Malbouhans LURE Genevreuille Palante MagnyVernois Froteylès-L. Vy-lès-L. Mollans MagnyDanigon Roye Velotte Clairegoutte LesAynans Gouhenans LaVergenne Vacher. Lom ont ot Arpenans Montjustinet-Vel. Moffans Lomont Echavanne Frahier-etCh. Eloie Valdoie Offemont Cravanche Etobon FrédéricMagny- F. J. BELFORT Châlonvillars Chenebier Vouhenans Le-Valde Gouh. Serma magny EvetteSalbert Andornay Lyoffans Chaux Errevet CHAMPAGNEY La-Côte Lachapelle/ Chaux Plancher-B. Ronchamp Belverne Courmont Chagey Luze Faymont Mandrevillars Buc Echenans/ Mt-Vaudois Essert Danjoutin Bavilliers Urcerey Ardelnans Botans Sévenans CoutheDorans Champey nans tMalval S LongeCoiseges Mignar o AilleGe velle vaux villers GRANGESBrevilliers Bermont . HERICOURT Essou. vans fon Villafans LEGr.oite Verlans OppeEtr TréveBorey BOURG Saulnot Stnans Trémoins Senargent LeChatenoisnans Tavey laSulpice s n Vernoy les-Forges fa Chavanne na Moimay ig VyansVille Beveuge DamM Laire VILLERAibre le-V. VillersBethonNom- benois Sece- Crevans SEXEL VillersMarast surGdcourt may Gon- Saulnot St- Vellechevreux nans Semond. la-V. Charmont Brons La Chap. Raynans villars Villar- Ferjeux Désand. na gnard be Vxgent Esprels ur Gémonval Autrey Echen. !Charmont Co Georfans Issans le-Vay AllonSt-JulienMONTSoch. Mélecey Marvelise LesArcey dans Pont/ lès-M. BELIARD Etupes Magny l'Ognon SteExinc. Dung CourGramSuz. chaton PrésenteCourc.mont Fallon SteTaillec. villers lès-M. Marie Onans BonArbouens Bart Cubrial Montenois nal AbbeBavans Bretigney nans Audincourt Accolans Cubry Faimbe Geney Bournois Voujeaucourt CuseValenDampierre/ Beutal Lougres et-Adr. Etratigney D. Berche Nans ROUGEMONT ppe SelonMancecourt Uzelle Médière Etouvans nans LongevelleGondenansAppesur-D. les-M. LaColombiernans Soye BondeMathay Prétière Font. Gouhelans Mandeure L'ISLEval FontenelleSURBlussanThulay M. GondenansRomain LEgeaux St-MauriceM. HuanneDOUBS Ecot Col. VillarsMont. Rochesous-Ecot MésanBourguiRang PompierreBlussans Fontaineles-Bl. dans gnon Viéthorey sur-D. lès-Cl. Sourans Ecurcey Trouvans SantSt-GeorgesRillans oche amp GouxMauch Armont VergBlamont Autechauxlès-Dambelin L'Hôpitalranne PONTRoide Lanthenans CLERVAL St-Lief. Verne DE-ROIDE Rémondans Voillans HyémonPierrefontainedans Neuchât. Branne Anteuil Villarles-Bl. U. Vaivre Auteles-Bl. ChauxHyèvreLuxiol Mambelin Villars/ chaux lès-Cl. Par. Damp. Montéchéroux RocheChampsol Noirelès-Cl. HyèvreFeule fontaine Mag. VytVellerotSoleCroseyBAUMElès-Bel. lès-B. Valonne UILERIE mont Dample-Gd LES-DAMES Croseyjoux le-Pt VillersLomont/ Orve VernoisSt-Martin Bief Rahon 1 équipement Crête Limites départements Les-Terreslès-B. Péseux Chazot Belvoir de-Chaux 2 équipements Hydrographie PontRosièresCusance Velleles-M. 3 équipements sur-B. Guillon- Limites communalesvans SanceyRandeles-B. avant Froide4 équipements Monti- fusion Servin le-Lg villers Valovaux vernage Adamreille ProvenEquipement non représenté : 0 lès-Pass. chère SanceyLanans Lale-Gd St-Juan VaucluGrange OrgeansVaudrisotte Blanchef. villers Ouvans Surmont CourPassavant St-Maurice Belleherbe Athesans Cor cell es Oricourt N NO OG S UB DO Légende Aïssey Banvillars T Densité des équipements par commune Figure 70 : Localisation de la «tuilerie» selon les limites communales avant fusion. Orsans Couretetainet-Salans Landresse Laviron Vaucluse BattenansVarin Mtde-Vougney 124 3. Etude de cas : analyse géographique comparative des fours et des moulins Les cartes de répartition des équipements par catégorie, selon les limites communales avant fusion, présentent souvent une ou deux localités. Seules celles des fours et des moulins disposent de suffisamment d’entités pour offrir des cartes comparables [reprises en Fig. 71 et 72]. Il est intéressant de constater, à partir du tableau Commune Four Moulin récapitulatif de l’emplacement de ces édifices, que les localités Bournois 1 x 1 x disposant de moulins ne possèdent, bien souvent, pas de fours Courbenans Médière 1 x [Tableau 12]. Ainsi, quatre localités disposent des deux types Montenois 4 x d’édifices. Il s’agit des communes d’Arcey, de Saulnot, de Onans 1 x 1 x Moffans et de Granges-le-Bourg. Pour ces derniers lieux, on Taillecourt Vellechevreux 1 x distingue également des nuances et des préférences. Si à Saulnot Faymont x 1 et Arcey, chaque commune dispose d’un seul four et d’un seul Mignavillers x 1 Secenans x 3 moulin, à Moffans, les fours sont majoritaires et au nombre de 3 Senargent x 1 tandis qu’il n’y a qu’un seul moulin. A Granges-le-Bourg, c’est Arcey 1 1 3 1 le schéma inverse qui s’observe avec 3 moulins pour un seul Moffans Saulnot 1 1 four. Sept autres localités (Vellechevreux, Courbenans, Onans, Granges-le-Bourg 1 3 Montenois, Bournois, Taillecourt et Médière) disposent de fours Total 16 12 mais sont démunies de moulin. A l’inverse, quatre endroits Tableau 12 : Tableau récapitulatif du nombre de fours et de moulins dans (Faymont, Mignavillers, Senargent et Secenans) disposent d’un chaque commune moulin mais pas de four. Les deux cartes de répartition [Fig. 71 et 72] offrent une certaine bipolarité avec une installation privilégiée des moulins au nord de Granges-le-Bourg. Seul Arcey dispose d’un moulin au sud de ce bourg et Secenans au sud-ouest. L’installation de fours se concentre quant à elle au sud. Seul Moffans dispose de fours au nord de Granges-le-Bourg. Une explication est possible si l’on compare ces installations au réseau hydrographique plus fin représenté sur la troisième carte, établie d’après les informations de la carte de Cassini [Fig. 73]1. Le réseau hydrographique est beaucoup plus dense au nord et nord-ouest, entre Courbenans et Moffans, du fait des affluents du Scey, qu’au sud, au niveau de Montenois et d’Arcey. Aussi l’installation d’un moulin hydraulique nécessite pour sa construction un cours d’eau passant, suffisamment puissant pour activer l’ensemble du mécanisme qui permet de faire tourner les meules. A défaut de ruisseau puissant, une étude plus poussée démontrerait l’installation d’aménagements spacieux, comme des plans d’eau et des étangs en amont, pour augmenter la pression, le tout fonctionnant de la même manière qu’un barrage. Courbenans, Vellechevreux, Bournois et Onans se trouvent dans une situation de fond de vallée. A Montenois les cours d’eau sont éloignés et l’installation de four est favorisée à celle des moulins. Saulnot se situe également en fond de vallée, au bout d’un ruisseau, probablement trop petit et trop faible pour pouvoir construire de moulin hydraulique. Ce dernier est donc établi à proximité de Villers-sur-Saulnot où passe un ruisseau plus puissant. L’installation de ces édifices résulte donc, au moins en partie, des contraintes environnementales puisque les communes disposant d’un moulin sont celles situées à proximité d’un ruisseau passant et non en fond de vallée. 1 En raison des dimensions de la carte, Taillecourt n’a pas pu être représenté. 125 Cette carte du réseau hydrographique fait ressortir deux cas particuliers. Le premier est la localité de Médière pour laquelle aucun moulin n’est connu alors que la commune se situe à proximité du Doubs. Le second cas particulier est celui d’Arcey pour lequel les comptes font mention d’un moulin alors que le village se situe en hauteur et relativement éloigné de tout cours d’eau. Ces cas particuliers laissent supposer un autre facteur, non environnemental, dans l’implantation de ces édifices. Cette bipolarité dans l’implantation des fours et des moulins laisse croire à un certain déséquilibre de l’occupation de l’espace par les différentes catégories d’équipements. Il est alors tentant de supposer que les habitants du sud se déplacent au nord pour moudre leur blé, et que ceux du nord doivent voyager vers le sud pour cuire leur pain. Mais cela paraît quelque peu saugrenu. De fait, il ne faut pas oublier que quatre localités disposent des deux catégories d’équipements. Grâce à la carte, nous pouvons voir que, si Saulnot est très proche de Granges-le-Bourg, les trois autres villages sont équidistants et alignés avec, tout d’abord, Moffans au nord, Granges-le-Bourg au centre et, enfin, Arcey au sud. Il est donc possible de déduire que, même si l’installation de certaines catégories d’équipements est favorisée dans certains secteurs, l’implantation de ces édifices est réfléchie de telle sorte que les habitants disposent de l’équipement nécessaire à proximité grâce à trois «étapes» réparties équitablement du nord au sud de l’espace. Ainsi, les sujets dans le secteur d’Onans et Montenois ne sont pas loin du moulin d’Arcey. Ceux de Mignavillers, Senargent, Secenans, Vellechevreux, Courbenans et alentours peuvent se déplacer jusqu’à Granges-le-Bourg. Enfin, Faymont est relativement proche de Moffans. Il demeure le problème de Bournois, Médière et Taillecourt, isolés de cette organisation. La carte ne permet pas de résoudre la question de leur éloignement, il faudrait connaître toutes les installations de toutes les administrations du secteur pour comprendre de quel(s) réseau(x) ils dépendent. 126 Oricourt LesAynans Gouhenans Athesans LaVergenne Vouhenans Le-Valde Gouh. MagnyVernois LURE Vacher. Moffans Froteylès-L. Roye MagnyDanigon Faymont dans Courmont Etobon Luze Errevet Neuchât. U. Villars/ Damp. Echenans/ Mt-Vaudois Mandrevillars Buc Chaux Banvillars Offemont Eloie Pierrefontaineles-Bl. Sévenans Ardelnans Danjoutin BELFORT Botans Bavilliers Essert Valdoie Serma magny Cravanche Urcerey EvetteSalbert Châlonvillars Frahier-etCh. Chagey Echavanne Chenebier CHAMPAGNEY Belverne Clairegoutte FrédéricMagny- F. J. Lomont Lyoffans Andornay Palante La-Côte Ronchamp Lachapelle/ Chaux Autechaux Aïssey S UB DO Crosey- Rochelès-Cl. Branne Vaudrivillers vernage Lanans Hydrographie Cusance VelleGuillon- Limites communalesvans les-B. avant Monti- fusion Servin VillersSt-Martin Orve F VytVellerotlès-Bel. lès-B.OUR Anteuil Valonne Mambelin Solemont Vaivre Rahon 1 équipement Belvoir 2 équipements 3 équipements Sancey4 équipements le-Lg Sanceyle-Gd Froidevaux Péseux LaGrange Rosièressur-B. ProvenEquipement non représenté :0 chère Randevillers Chazot Vernoislès-B. Densité des équipements par commune Croseyle-Gd Chauxlès-Cl. le-Pt Lomont/ Crête Limites départements HyèvreMag. HyèvrePar. Vauclusotte OrgeansBlanchef. Valoreille Bief Noirefontaine Dampjoux Les-Terresde-Chaux Feule Orsans Couretetainet-Salans Landresse Laviron Belleherbe Vaucluse BattenansVarin Mtde-Vougney Ouvans Surmont communales avant Cour- fusion. Figure 71 : Localisation des «fours» selon les limites Passavant St-Maurice St-Juan Adamlès-Pass. Pontles-M. BAUMELES-DAMES Légende Luxiol N NO OG Montéchéroux Champsol Villarles-Bl. CoutheDorans Champey nans Malval St- s LongeCoiserge MignaAilleGeo velle vaux villers GRANGESBrevilliers Bermont . HERICOURT Essou. vans fon Villafans LEGr.oite Verlans OppeEtr TréveBorey BOURG Saulnot Stnans Trémoins Senargent LeChatenoisnans Tavey Sulpice s laan Vernoy les-Forges af Chavanne n Moimay ig VyansVille Beveuge DamM Laire VILLERAibre le-V. VillersBethonNom- benois Sece- Crevans SEXEL VillersMarast surGdcourt may Gon- Saulnot St- Vellechevreux nans Semond. la-V. Charmont s La Chap. Bron Raynans villars Villar- Ferjeux Désand. na gnard be Vxgent Esprels ur Gémonval Autrey Echen. !Charmont Co Georfans Issans le-Vay AllonSt-JulienMONTSoch. Mélecey Marvelise LesArcey dans Pont/ lès-M. BELIARD Etupes Magny l'Ognon SteExinc. Dung CourGramSuz. chaton PrésenteCourc.mont Fallon SteTaillec. villers lès-M. Marie Onans BonArbouens Bart Cubrial Montenois nal AbbeBavans Bretigney nans Audincourt Accolans Cubry Faimbe Geney Bournois Voujeaucourt CuseValenDampierre/ Beutal Lougres et-Adr. Etratigney D. Berche Nans ROUGEMONT ppe SelonMancecourt Uzelle Médière Etouvans nans LongevelleGondenansAppesur-D. les-M. LaColombiernans Soye BondeMathay Prétière Font. Gouhelans Mandeure L'ISLEval FontenelleSURBlussanThulay M. GondenansRomain LEgeaux St-MauriceM. HuanneDOUBS Ecot Col. VillarsMont. Rochesous-Ecot MésanBourguiRang PompierreBlussans Fontaineles-Bl. dans gnon Viéthorey sur-D. lès-Cl. Sourans Ecurcey Trouvans SantSt-GeorgesRillans p oche am GouxMauch Armont VergBlamont Autechauxlès-Dambelin L'Hôpitalranne PONTRoide Lanthenans CLERVAL St-Lief. Verne DE-ROIDE Rémondans Voillans Hyémon- Montjustinet-Vel. Vy-lès-L. Velotte Arpenans Amblans Mollans Genevreuille Bouhanslès-L. ot Bithaineet-le-Val ont Lom Froideterre es Plancher-B. Oricourt LesAynans Gouhenans Aïssey Vacher. Moffans Froteylès-L. Roye Faymont Etobon Luze Errevet Chagey Echenans/ Mt-Vaudois Mandrevillars Buc Châlonvillars Chaux Banvillars Offemont Eloie Ardelnans Danjoutin BELFORT Botans Bavilliers Essert Valdoie Serma magny Cravanche Urcerey EvetteSalbert Lachapelle/ Chaux Frahier-etCh. Plancher-B. Echavanne Chenebier CHAMPAGNEY Belverne Courmont FrédéricMagny- F. J. Lomont Lyoffans Clairegoutte Ronchamp MagnyDanigon Andornay Palante La-Côte LaNeuvellelès-L. Malbouhans S UB DO M Densité des équipements par commune Orsans Couretetainet-Salans Landresse Laviron Vaucluse BattenansVarin Mtde-Vougney Figure 72 : Localisation des «moulins» selon les limites communales avant fusion. Légende N NO OG Athesans LaVergenne Vouhenans Le-Valde Gouh. MagnyVernois LURE Froideterre StGermain Sévenans CoutheDorans Champey nans tMalval S s LongeCoiserge Mignao e AilleG velle vaux villers GRANGESBrevilliers Bermont . HERICOURT Essou. vans fon Villafans LEGr.oite Verlans OppeEtr TréveBorey BOURG Saulnot Stnans Trémoins Senargent LeChatenoisnans Tavey Sulpice ns laVernoy les-Forges fa a Chavanne n Moimay ig VyansVille Beveuge DamM Laire VILLERAibre le-V. VillersBethonNom- benois Sece- Crevans SEXEL VillersMarast surGdcourt may Gon- Saulnot St- Vellechevreux nans Semond. la-V. Charmont s La Chap. Bron Raynans villars Villar- Ferjeux Désand. na gnard be Vxgent Esprels ur Gémonval Autrey Echen. !Charmont Co Georfans Issans le-Vay AllonSt-JulienMONTSoch. Mélecey Marvelise LesArcey dans Pont/ lès-M. BELIARD Etupes Magny l'Ognon SteExinc. Dung CourGramSuz. chaton PrésenteCourc.mont Fallon SteTaillec. villers lès-M. Marie Onans BonArbouens Bart Cubrial Montenois nal AbbeBavans Bretigney nans Audincourt Accolans Cubry Faimbe Geney Bournois Voujeaucourt CuseValenDampierre/ Beutal Lougres et-Adr. Etratigney D. Berche Nans ROUGEMONT ppe SelonMancecourt Uzelle Médière Etouvans nans LongevelleGondenansAppesur-D. les-M. LaColombiernans Soye BondeMathay Prétière Font. Gouhelans Mandeure L'ISLEval FontenelleSURBlussanThulay M. GondenansRomain LEgeaux St-MauriceM. HuanneDOUBS Ecot Col. VillarsMont. Rochesous-Ecot MésanBourguiRang PompierreBlussans Fontaineles-Bl. dans gnon Viéthorey sur-D. lès-Cl. Sourans Ecurcey Trouvans SantSt-GeorgesRillans p oche am GouxMauch Armont VergBlamont Autechauxlès-Dambelin L'Hôpitalranne PONTRoide Lanthenans CLERVAL St-Lief. Verne DE-ROIDE Rémondans Voillans HyémonPierrefontainedans Neuchât. Branne Anteuil Villarles-Bl. U. Vaivre Auteles-Bl. ChauxHyèvreLuxiol Mambelin Villars/ chaux lès-Cl. Par. Damp. Montéchéroux RocheChampsol Noirelès-Cl. HyèvreFeule fontaine Mag. VytVellerotSoleCroseyBAUMElès-Bel. lès-B. Valonne OULIN mont Dample-Gd LES-DAMES Croseyjoux le-Pt VillersLomont/ Orve VernoisSt-Martin Bief Rahon 1 équipement Crête Limites départements Les-Terreslès-B. Péseux Chazot Belvoir de-Chaux 2 équipements Hydrographie PontRosièresCusance Velleles-M. 3 équipements sur-B. Guillon- Limites communalesvans SanceyRandeles-B. avant Froide4 équipements Monti- fusion Servin le-Lg villers Valovaux vernage Adamreille ProvenEquipement non représenté :0 lès-Pass. chère SanceyLanans Lale-Gd St-Juan VaucluGrange OrgeansVaudrisotte Blanchef. villers Ouvans Surmont CourPassavant St-Maurice Belleherbe Montjustinet-Vel. Vy-lès-L. Velotte Bouhanslès-L. Arpenans Amblans Adelans Mollans Genevreuille Bithaineet-le-Val Dambenoîtlès-Col. ot Adelans cell Cor ont Lom LaNeuvellelès-L. Malbouhans es StGermain cell Cor Dambenoîtlès-Col. 127 Moffans Moulin de Faymont [n°23] gn on Faymont Ro Mignavillers Moulin de Senargent [n°46] Moulin de Mignavillers [n°27] Scey Moulin de la Boulloye [n°11] Granges-le-Bourg Senargent Moulin de Secanans [n°50] (?) Moulin de Quicampois [n°8] (?)Saulnot Moulin de la Sappoye [n°16] Secenans Vellechevreux Courbenans Arcey Onans Bournois Montenois Doub s Médière Légende Implantation des fours et des moulins Hydrographie Relief Commune avec four et moulin Commune avec four Commune avec moulin Moulin Nombre de commune avec fours non représentées : 1 Nombre de moulins non représentés : 5 Figure 73 : Carte représentant le réseau hydrographique fin et les reliefs généraux autour de Granges-le-Bourg avec les communes disposant d’un four et/ou d’un moulin, et la localisation supposée des moulins DAO : Schittly Marie-Aude (2017) 128 C. Répartition générale des équipements : exploitation du catalogue 1. Catégorisation des équipements La présentation des 56 équipements du catalogue a mis en avant une répartition de ces derniers en 19 catégories : borne, chapelle, château, enceinte, fontaine, forge, fossé, four, halle, huilerie, moulin, pont, presbytère, prison, puits, saline, scierie, «signe patibulaire» et tuilerie. Les fours sont prédominants et représentent presque le tiers du nombre total des édifices avec 16 bâtiments (29%), suivis par les moulins qui forment 21% du corpus avec 12 entités. Ces deux groupes forment la moitié des édifices du catalogue (50%). Loin derrière, les cinq châteaux sont le troisième groupe majoritaire (9%), suivis par les trois bornes (5%) et les trois fontaines (5%). Ainsi, les 5 premières catégories forment près des 3/4 du catalogue (69% avec 39 équipements). Les 14 autres catégories sont faiblement représentées. Chacune d’elle ne comprend, au maximum, que deux édifices. Il faut également noter que dans 5 cas le statut seigneurial et/ou le caractère de construction particulière de l’édifice demeure douteux : le château de Velle (n°5), la prison de Gouhenans (n°44), le moulin Neuf de Granges-le-Bourg (n°47), le four d’Onans (n°51) et le four de Taillecourt (n°52). Répartition des équipements par catégorie (sur un total de 56 équipements) Presbytère 1 Prison Pont 2% 1 1 2% 2% Saline 1 2% Puits 1 2% Moulin 12 21% Borne 3 5% Chapelle 1 2% Château 5 9% Fontaine 3 5% Huilerie 1 2% Halle 1 2% Scierie 2 4% Signe Patibulaire 1 2% Tuilerie 1 2% Four 16 29% Fossé 2 4% Enceinte 1 2% Forge 2 4% Figure 74 : Graphique de répartition des équipements par catégorie 129 2. Répartition des équipements par commune Au niveau de la localisation de ces Répartition des équipements par état de localisation au sein de l'espace communal équipements, le détail des informations (sur un total de 56 équipements) contenues dans le catalogue a mis en avant la possibilité, pour plusieurs d’entre eux, de proposer une localisation relativement exacte au sein de l’espace communal rattaché à chaque édifice. Sur la totalité des édifices, 13 (23%) bénéficient d’informations suffisantes pour cette localisation. A cela s’ajoute le seul édifice fouillé, la tuilerie (n°36), dont la localisation est, par conséquent, indiscutable. Au total, 14 équipements, soit 25%, peuvent Figure 75 : Graphique de répartition des équipements par état de être localisés au sein de la commune dont ils localisation au sein de l’espace communal dépendent. Cependant, il demeure que pour 75% des éléments du catalogue, les indications ne sont pas suffisantes pour proposer un emplacement précis. C’est pour cela que le choix a été fait de se contenter de réfléchir au niveau communal. Rappelons également que pour un seul édifice, l’une des trois bornes (n°56), la localisation communal n’a pas pu être déterminée. Toutes les communes n’hébergent pas le même nombre d’équipements sur leur territoire [Tabl. 13]. Sur les 21 villages identifiés, près de la moitié, soit 10 localités (45% des communes), sont composés d’un seul édifice. Il s’agit des communes de Bournois, Courbenans, Crevans, Essouavre, Faymont, Gouhenans, Malval, Médière, Senargent, Taillecourt et Villers-sur-Saulnot. Deux équipements sont référencés pour 4 lieux (18%) : Mignavillers, Onans, Vacheresse et Vellechevreux. Arcey et Secenans disposent de 3 équipements chacun (9%), tandis que Montenois Nombre d'équipements en abritent 5 (5%). par commune Moffans et Saulnot ont 6 (sur un total de 22 communes ) équipements sur leur 14 équipements territoire (9%) et 1 5% Granges-le-Bourg Comm. inco. 5 équipements 1 6 équipements 1 comprend le plus grand 5% 2 5% 9% nombre d’aménagements 3 équipements avec 14 équipements 2 9% seigneuriaux référencés 1 équipement 10 (5%). 48% Fouillé 1 2% Localisé 13 23% Non localisé 42 75% 2 équipements 4 19% Figure 76 : Graphique de répartition du nombre d’équipements par commune 130 Nb équi/ N° N° Commune commun Cat. Base 1 56 119 ??? 1 31 47 Bournois 1 24 38 Courbenans 1 13 16 Crevans 1 42 64 Essouavre 1 23 37 Faymont 1 44 88 Gouhenans 1 38 58 Malval 1 29 43 Médière 1 46 91 Senargent 52 108 Taillecourt 1 2 2 2 2 3 3 5 Equipement Borne Four Four Forge Pont Moulin Prison Fontaine Four Moulin Four 27 41 Mignavillers 43 68 Mignavillers 30 45 Onans 51 102 Onans 14 17 Vacheresse 48 95 Vacheresse Moulin Scierie Château Four Huilerie Scierie 5 20 21 6 Vellechevreux 27 Vellechevreux 28 Arcey Château Four Four 33 34 15 49 Arcey 51 Arcey 18 Secenans Fontaine Moulin Moulin 41 63 Secenans Moulin 50 101 Secenans 25 39 Montenois 26 40 Montenois 45 90 Montenois 49 96 Montenois 55 118 Montenois Moulin Four Four Four Four Borne Nom Sandey/Saudel (?) Nb équi/ N° N° commun Cat. Base 4 5 16 22 17 24 6 18 25 19 26 32 48 3 4 22 29 28 42 6 39 61 40 62 De Velle 14 de l'Estang /Jehan Mol / Neuf Mahuz / Mahoux / Jean Virot Nonat/Novat Commune Saulnot Saulnot Saulnot Saulnot Saulnot Saulnot Moffans Moffans Moffans Moffans Moffans Equipement Château Moulin Fossé Saline Four Puits Château Moulin Four Four Four Nom Saulnot de la Sapoie/Sappoye Neuf (?) Guillaume Arlet Jehan Boucard / Bouccard 53 116 Moffans Presbytère 1 1 Granges-le-Bourg Château De Granges 2 2 Granges-le-Bourg Signe Patibulaire 6 8 Granges-le-Bourg Fossé 7 9 Granges-le-Bourg Enceinte 8 10 Granges-le-Bourg Moulin du Parc / de Saulant / de Quincampois 9 12 Granges-le-Bourg Halle 10 13 Granges-le-Bourg Forge 11 14 Granges-le-Bourg Moulin de la Boulloye/Bouloye 12 15 Granges-le-Bourg Four 35 52 Granges-le-Bourg Chapelle Saint-Sezaire 36 55 Granges-le-Bourg Tuilerie 37 57 Granges-le-Bourg Fontaine 47 92 Granges-le-Bourg Moulin 54 117 Granges-le-Bourg Borne Neuf Maillard du meix Mestenrey Tableau 13 : Tableau récapitulatif des équipements par commune, classé par nombre croissant d’équipements Sur une carte [Fig. 77], Granges-le-Bourg apparaît comme la commune la plus importante avec ses 14 aménagements (en rouge). A l’inverse, 10 communes ne présentent qu’un seul édifice (en jaune). Entre ces deux extrêmes, deux autres groupes ont été formés par les localités comprenant 5 à 6 équipements (orange foncé), et, celles composées de 2 ou 3 aménagements seigneuriaux (orange clair). Ce qu’il est possible de déduire de cette première carte de répartition des équipements seigneuriaux est une installation d’aménagement plus ou moins favorisée suivant la localité, mais aussi une répartition de ces derniers plutôt correcte puisque les localités peu équipées se trouvent toujours à proximité d’autres bien équipées. Les cas de Bournois et de Taillecourt font exceptions. 131 LaNeuvellelès-L. Malbouhans StGermain Dambenoîtlès-Col. Adelans Bithaineet-le-Val Froideterre Bouhanslès-L. Amblans LURE Genevreuille Froteylès-L. Vy-lès-L. Clairegoutte Andornay Echavanne Oricourt LesAynans Gouhenans LaVergenne Vacher. Lom ont ot Arpenans Montjustinet-Vel. Moffans Serma magny Chagey Courmont Luze Faymont Athesans Valdoie Offemont Cravanche BELFORT Châlonvillars Chenebier Belverne Lomont Frahier-etCh. Eloie Etobon FrédéricMagny- F. J. Lyoffans Vouhenans Le-Valde Gouh. Chaux EvetteSalbert Palante MagnyVernois Mollans MagnyDanigon Roye Lachapelle/ Chaux Errevet CHAMPAGNEY La-Côte Velotte Plancher-B. Ronchamp Champey Couthenans Coisevaux Mandrevillars Buc Echenans/ Mt-Vaudois Essert Danjoutin Bavilliers Urcerey Banvillars Ardelnans Botans Dorans Sévenans Malval St- s rge Mignavillers GRANGESBrevilliers Bermont HERICOURT Essou. Villafans LEGr.oite Verlans OppeEtr TréveBorey BOURG Saulnot Stnans Trémoins Senargent LeChatenoisnans Tavey Sulpice ns laVernoy les-Forges fa a Chavanne n g Moimay i VyansVille Beveuge DamM Laire VILLERAibre le-V. VillersBethonNom- benois Sece- Crevans SEXEL VillersMarast surGdcourt may Gon- Saulnot St- Vellechevreux nans Semond. la-V. Charmont Brons La Chap. Raynans villars Villar- Ferjeux Désand. na gnard be Gémonval Vxr gent Esprels u o Autrey Echen. !Charmont C Georfans Issans le-Vay AllonSt-JulienMONTSoch. Mélecey Marvelise LesArcey dans Pont/ lès-M. BELIARD Etupes Magny l'Ognon SteExinc. Dung CourGramSuz. chaton PrésenteCourc.mont Fallon SteTaillec. villers lès-M. Marie Onans BonArbouens Bart Cubrial Montenois nal AbbeBavans Bretigney nans Audincourt Accolans Cubry Faimbe Geney Bournois Voujeaucourt CuseValenDampierre/ Beutal Lougres et-Adr. Etratigney D. Berche Nans ROUGEMONT ppe SelonMancecourt Uzelle Médière Etouvans nans LongevelleGondenansAppesur-D. les-M. LaColombiernans Soye BondeMathay Prétière Font. Gouhelans Mandeure L'ISLEval FontenelleSURBlussanThulay M. GondenansRomain LEgeaux St-MauriceM. HuanneDOUBS Ecot Col. VillarsMont. Rochesous-Ecot MésanBourguiRang PompierreBlussans Fontaineles-Bl. dans gnon Viéthorey sur-D. lès-Cl. Sourans Ecurcey Trouvans SantSt-GeorgesRillans oche amp GouxMauch Armont VergBlamont Autechauxlès-Dambelin L'Hôpitalranne PONTRoide Lanthenans CLERVAL St-Lief. Verne DE-ROIDE Rémondans Voillans HyémonPierrefontainedans Neuchât. Branne Anteuil Villarles-Bl. U. Vaivre Auteles-Bl. ChauxHyèvreLuxiol Mambelin Villars/ chaux lès-Cl. Par. Damp. Montéchéroux RocheChampsol Noirelès-Cl. HyèvreFeule fontaine Mag. VytVellerotSoleCrosey- ARTE BAUMElès-Bel.DE lès-B. Valonne ÉNÉRALE ÉPARTITION DES ÉQUIPEMENTS mont Dample-Gd LES-DAMES Croseyjoux le-Pt VillersLomont/ Orve St-Martin Bief Crête Limites départements 1Rahon équipement VernoisLes-Terreslès-B. Péseux Chazot Belvoir de-Chaux Hydrographie 2 < équi. ≤ 3 PontRosièresCusance Velleles-M. 5 < équi. ≤ 10 sur-B. Guillon- Limites communalesvans SanceyRandeles-B. avant FroideMonti- fusion Servin 10 < équipements le-Lg villers Valovaux vernage Adamreille ProvenEquipement non représenté : 1 lès-Pass. chère SanceyLanans Lale-Gd St-Juan VaucluGrange OrgeansVaudrisotte Blanchef. villers Ouvans Surmont CourPassavant St-Maurice Belleherbe VauAïssey BattenansLandresse CouretetainLaviron cluse Varin Mtet-Salans Orsans de-Vougney Longevelle . fon Geo cell es Aillevans Légende Cor N NO OG S UB O D C G R Nombre d'équipements par commune Figure 77 : Carte de la répartition générale des équipements 132 3. Répartition typologique des équipements par commune La présentation des 19 catégories, dans lesquelles sont réparties les 56 équipements, fait ressortir 6 principaux «types» d’édifices seigneuriaux. Les fontaines, four, halle, moulin et puits sont perçus comme des équipements de service. En effet, ils sont dédiés à tous les sujets et sont accessibles par l’ensemble de la communauté. Ce sont des espaces communs, que l’on pourrait qualifier presque de lieu de vie et de rencontre. Ils permettent aux habitants de subvenir aux besoins de première nécessité, à savoir l’eau et la nourriture, à travers la transformation et/ou le stockage des matières premières. Ce premier groupe, le plus important, représente plus de la moitié des édifices (59%) avec 33 entités. Un second ensemble d’aménagements sert clairement à la défense de l’espace : les châteaux, l’enceinte et les fossés. Ce groupe représente 14% des édifices seigneuriaux avec 8 entités. Le cas du château est particulier puisqu’il regroupe en réalité des fonctions multiples par son complexe monumental et les différents types de locaux qu’il abrite mais c’est la fonction primaire défensive qui est retenue pour catégoriser ce type d’édifice. Dans un troisième groupe, il est possible de rassembler les bâtiments abritant de la production d’objets, de matériaux de construction ou de produits alimentaires spécifiques, qui nécessitent, d’une manière générale, un savoir-faire particulier : c’est l’artisanat. On y trouve les forges, l’huilerie, les scieries, la tuilerie et la saline et qui représentent 12% des édifices avec 7 entités. Les trois derniers groupes sont moins conséquents. Il y a, tout d’abord, celui formé par des équipements propres à l’organisation de l’espace, à savoir les bornes et les ponts. Ils sont perçus comme des éléments de voirie et représente 7% des aménagements seigneuriaux avec 4 entités. Quelques aménagements sont de type judiciaire et correspondent aux espaces où la loi, et les sentences prononcées, sont appliquées, à savoir la prison et le «signe patibulaire». E n f i n , Répartition des équipements par type le presbytère et (sur un total de 56 équipements) la chapelle sont clairement de type Judiciaire Voirie Défensif 2 4 8 religieux. Il sont Artisanal 4% 7% 14% 7 12% voués au culte ou Religieux 2 4% mis au service des serviteurs de Dieu. Servi ce 33 59% Figure 78 : Graphique de répartition typologique des équipements 133 Cette répartition des équipements seigneuriaux en différents types suppose que, d’après les données extraites de la comptabilité, la seigneurie matérielle s’organise globalement de la manière suivante : Forge Artisanat Huilerie Fabrication d'objets ou de matériaux nécessitant un certain savoir-faire Scierie Exemples : manufacture, tuiles, objets en fer, sel... Tuilerie Saline Défensif Permet la défense des espaces Exemples : structures en élévation, structures en creux... Seigneurie Judiciaire Lieux d'application de la loi Exemples : exécution, emprisonnement... Religieux Pour le culte Château Enceinte Fossé Prison "Signe Patibulaire" Presbytère Chapelle Fontaine Service Four à pain Accessibles et utiles à l’ensemble de la communauté Halle Exemples : cuisson de pain, hébergement, espace de vente... Moulin Puits Voirie Organisation de l'espace Borne Pont Cette organisation n’est pas homogène au niveau communal. Toutes les communes n’hébergent pas le même nombre d’équipements, les types d’édifices diffèrent également. Aussi, le tableau [Tabl. 14] démontre que, si certaines communes disposent d’un seul type d’édifice, d’autres peuvent en avoir plusieurs. Les équipements de service sont présents dans 17 communes sur les 21 référencées. Ainsi, ce type recouvre 80% des localités. Cinq communes ont un édifice de type artisanal : Crevans, Mignavillers Vacheresse, Saulnot et Granges-le-Bourg. Cinq communes disposent d’un édifice de défense : Onans, Vellechevreux, Saulnot, Moffans, Granges-le-Bourg. Trois communes ont un élément de voirie : Essouavre, Montenois et Granges-le-Bourg. Deux localités disposent d’un équipement d’ordre judiciaire : Gouhenans et Granges-le-Bourg. Enfin, deux communes ont un édifice religieux : Moffans et Granges-le-Bourg. D’autre part, 14 localités disposent d’un seul type d’aménagement seigneurial. Pour 10 d’entre elles il s’agit d’un ou de plusieurs équipements de service : Bournois, Courbenans, Faymont, Malval, Médière, Sénargent, Taillecourt, Villers-sur-Saulnot, Arcey, Secenans. A Crevans et à 134 Vacheresse, l’édifice est de type artisanal. A Essouavre, il s’agit d’un élément de voirie. Enfin, à Gouhenans, c’est le judiciaire qui est représenté. Deux types différents sont référencés pour 4 localités : Mignavillers dispose d’artisanat et de service, Onans et Vellechevreux possèdent de la défense et du service, et Montenois abrite du service et de la voirie. Deux autres localités disposent de trois types différents. Saulnot s’organise entre de l’artisanat, de la défense et du service, et Moffans entre de la déf